dimanche 15 septembre 2013

Impôts : quand le gouvernement fait le lit des néolibéraux


Il y a quelques jours, Le Monde avait recensé pas moins de 84 nouveaux impôts qui ont été créés par Nicolas Sarkozy et François Hollande depuis 2011. Pas un jour ou presque ne passe sans l’évocation d’un nouveau projet, nourrissant un profond ras-le-bol fiscal, pas totalement injustifié.



Blanc bonnet et bonnet blanc

Les décomptes du Monde sont assez édifiants. Sur les budgets 2011 et 2012, la majorité sortante avait déjà voté pour 32 milliards d’impôts supplémentaires (et 4 milliards de baisse). Le nouveau gouvernement socialiste a chargé la barque de 28 milliards pour 2012 et 2013. On attend encore la note pour 2014, qui pourrait atteindre une dizaine de milliards. Mais ce qui est stupéfiant, c’est le choix de le faire par le biais de pas moins de 84 mesures différentes, soit 84 nouvelles occasions pour les Français de débattre de ce choix mais aussi de bien sentir la douloureuse dans leur porte-monnaie.

La raison de ce double choc fiscal est simple : le choix d’essayer de réduire rapidement le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2013 pour se conformer aux objectifs européens. Au final, ce déluge de taxes n’a fait que casser la croissance, imposant de repousser l’objectif de deux ans, à 2015. Et avec la baisse du pouvoir d’achat, cette forte hausse de la pression fiscale pèse sur les ménages. Il faut noter ici que la Grande-Bretagne parvient à afficher 7% de déficit budgétaire cette année, sans subir les foudres des marchés, parce qu’elle a conservé sa monnaie, comme l’explique Paul Krugman.

Le lit du néolibéralisme ?

Parallèlement, les médias parlent de plus en plus des parasites fiscaux et de la désertion fiscale des plus riches et des multinationales, créant un profond sentiment d’injustice parmi les citoyens. En effet, comment accepter sans broncher de payer plus tous les jours dans de multiples domaines alors que s’étalent les histoires d’Amazon qui paie sa TVA à 15% au Luxembourg, de Starbucks, qui ne déclare aucun profit en France ou en Grande-Bretagne en transférant ses gains dans des parasites fiscaux ? Logiquement, les citoyens français normaux ont l’impression d’être les dindons de la farce.

Quand, en plus, un rapport en vient à proposer de taxer tous les propriétaires de logement pour compenser le « loyer fictif » qu’ils devraient verser, il y a de quoi créer une véritable révolte fiscale. C’est sans doute pour cela que Jean-François Copé n’a pas hésité à remonter sur les vieux chevaux du néolibéralisme en promettant pour 2017 pas moins de 130 milliards de baisse d’impôts, une promesse qui semble assez ridicule étant donnés le mandat de Nicolas Sarkozy et les déficits actuels. Bien entendu, on attend encore le détail des coupes qu’il serait obliger de faire pour mener cela à bien.

Il est naturel que les Français expriment leur révolte contre cette multitude de hausses d’impôt, Malgré tout, je crois que les Français sont loin d’adhérer aux fadaises néolibérales. Ils veulent que l’argent public soit dépensé de manière responsable et un impôt plus justement réparti et stable dans le temps.

19 commentaires:

  1. L’impôt est accepté par une large majorité si nous savons a quoi il sert après tout il y eu des tranches d'impositions supérieures a 80% aux USA au Royaume Uni en France de la fin de la guerre 39/45 jusqu'aux années 60 ce qui devient insupportable c'est le puits sans fond de la dette

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  2. Comme l'aurait dit Robespierre : "citoyens, vouliez-vous la rigueur sans la rigueur ?"

    "En effet, comment accepter sans broncher de payer plus tous les jours dans de multiples domaines alors que s’étalent les histoires d’Amazon qui paie sa TVA à 15% au Luxembourg, de Starbucks, qui ne déclare aucun profit en France ou en Grande-Bretagne en transférant ses gains dans des parasites fiscaux ?"

    Vous, vous avez regardé le documentaire d'Arte.

    Dans lequel les problèmes sont du côté anglais et français, et les solutions du côté allemand.
    Et dans lequel la méchante banque française BNP Paribas est accusée de faire de l'évasion fiscale pour ses clients (ce que bien sûr les banques allemandes ne feraient pas...). Vite, plaçons-la sous supervision européenne ! Cela tombe bien, il y a un projet en ce sens en discussion en ce moment. Et toute réserve à cet égard ne pourrait être interprétée par les contribuables excédés que comme la défense de privilèges indus.

    Bref, ce documentaire était intéressant, mais méfiance.

    Déjà, la semaine précédente, leur documentaire sur l'énergie était en apparence un mea culpa allemand, mais qui appelait à plus d'Europe dans ce domaine. Vu les décisions précédentes (libéralisation, quota d'ENR) cela inquiète quand même un peu...

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  3. En 2008, le système fiscal français comportait [déjà] 214 impôts et taxes différents . ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_imp%C3%B4ts_et_taxes_fran%C3%A7ais )
    ... on est vraiment dans la folie furieuse d'un système administratif qui fait tout pour justifier sa propre croissance...

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  4. @Patrice Lamy
    " ce qui devient insupportable c'est le puits sans fond de la dette "
    Vous croyez vraiment qu'on la remboursera ?
    N'oubliez pas que si les intérêts sont chaque année comptabilisés dans la dette, en fait nous ne les payons pas... ce sont les nouveaux investisseurs qui les payent aux sortants.

    Mais évidemment dette et intérêts (dans l'objectif de l'équilibre des comptes publics) justifient les augmentations d'impôts et la volonté politique de "rigueur" à contre temps.

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    1. Je suis d'accord mon avis avait plutôt un caractère psychologique , c'est bien sur un justifiant .

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  5. Bonjour,

    Samedi il y avait pour une fois une emission "raisonnable" (sans propagande UE) de "l'economie en questions" sur Fr.Culture, et il en ressortait que la pression fiscale en France est similaire a celle des autres pays europeens. D'apres les intervenants, l'impot sur le revenu et la TVA sont proches des autres pays (y compris All.). La seule difference, c'est les cotisations sociales, qui passent par le public en France alors qu'elles sont incluses dans le secteur prive dans d'autres pays (All.). Cela fausse donc la comparaison, mais si on retablit en prenant en compte cette difference de denomination, les depenses sont proches (y compris pour la part "cotisations sociales", qu'elle soit geree par le public en Fr. ou le prive en All.).

    Leur conclusion etait qu'une baisse des "depenses" ne peut qu'etre l'autre nom d'une baisse des cotisations et des retraites... (que les plus riches basculeront sur le prive).

    Cela etant, il y avait debat sur la repartition menages/entreprises, et les intervenants etaient d'accord pour deplorer comme vous la complexite et l'illisibilite du systeme, qui le rend opaque aux entreprises ce qui est mauvais pour leur gestion.

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  6. Le problème, c'est que les théories survivent à leurs inventeurs, même lorsqu'elles sont fausses.
    Quiconque de bon sens sait que le Marché n'est pas auto-régulateur. C'est pourtant sur ce dogme qu'est basé le néoconservatisme. On est parti dans une voie systématique de destruction des Etats (surtout s'ils sont construits pour administrer une nation) et nous avons affaire à des "intégristes" qui veulent aller au bout de la démarche alors même que ceux qui l'ont initié ne s'y intéressent plus.
    Le Monde d'aujourd'hui se réorganise justement autour des Etats-nation
    J'en veux pour preuve l'attitude de Poutine qui reprend à son compte la pensée gaullienne en remettant en évidence la souveraineté des Etats et le "rapport de forces" comme seul moteur de leurs actions les uns en regard des autres.
    La "Gouvernance Mondiale", basée sur le soi-disant respect des droits de l'Homme et donnant de fait aux Etats-Unis le rôle de juge et de gendarme est un concept qui disparait. Les "Pays émergents" ne veulent plus qu'on leur dicte leur conduite et deviennent trés vigilants quant à leur souveraineté. Il n'y a guère qu'en Europe (et en France en particulier) que nos dirigeants UMP et PS feignent de ne pas le voir.
    "Il n'existe pas de pire déformation de l'esprit que de voir les choses non pas telles qu'elles sont, mais telles qu'on voudrait qu'elles soient" Ch de Gaulle.

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  7. Les mêmes qui claironnaient qu'il fallait vite vite ramener le deficit à 0 il y'a un ou deux ans se plaignent des impôts aujourd'hui ?
    Atteindre cet objectif avec les seules baisses de depenses publiques comme j'entends PARTOUT est un délire de gens qui ne réfléchissent qu'avec leur portefeuille.
    Car non seulement il faudrait les 150 milliards d’économies correspondant au deficit actuel mais il faut y rajouter l'effet dépressionnaire sur l’économie qui fait chuter les recettes fiscales et qui est impossible à chiffrer. Donc il faudra encore plus d'économies. Cela n'a aucun sens tant les chiffres sont élevés.
    Le désir égoïste de gagner sur tous les tableaux enlève toute raison.

    Remonter la production française est la seule solution auquel tout le monde est d'accord. Mais...
    Si on aime son pays deja on ecarte toute régression sociale qui vise l'augmentation des profits ou la compétitivité.
    Seule la compétitivité par un gain de productivité est acceptable. Le protectionnisme et la monnaie nationale deviennent donc incontournables pour augmenter la production nationale.
    Voila pour l'urgence et sur du moyen terme une politique industrielle et une réduction de la dépendance énergétique avec un commissariat au plan et investissements publics me paraissent l'ensemble de solution les plus profitables à toute la nation. Avec ca DLR aura assurément mon vote.

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  8. SURPRISE, je pensais que tout le monde avait compris, tous les observateurs constate que la politique d'aujourd'hui est EXACTEMENT IDENTIQUE à CELLE D'HIER ???
    Eh bien non ? les préservés restent les préservés ?? la ligne est la même, plutôt que la justice et l'égalité sur l'économie, sur les dépenses publiques, ils préfèrent augmenter les impots, toujours sur les PLUS VULNERABLES, et sur le pouvoir d'achats : Ils sont à égalité de création de nouveaux impots depuis 3 ans : 84 impots nouveaux à égalité entre SARKOSY et HOLLANDE...
    On le savait ?
    Il faut agir, signer la pétition contre les lois européennes "ruineuses de notre économie et de notre souveraineté"
    HTTP://WWW.PETITIONS24.NET/NON AUX LOIS EUROPEENNES déposée pâr un des notres....

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  9. @ Patrice

    La dette serait parfaitement gérable avec une politique de croissance et de la monétisation.

    @ Anonyme

    Oui, j’ai vu le documentaire d’Arte. Mais j’en avais parlé avant. Pas d’accord sur l’issue. C’est au contraire l’UE qui a permis aux parasites fiscaux de prospérer, notamment avec la libre-circulation des capitaux. Pour moi, la désertion fiscale impose au contraire un retour des frontières nationales.

    @ A-J H

    Bien d’accord

    @ Anonyme

    Il y a de bonnes choses sur France Culture. C’est un bon décryptage.

    @ Cliquet

    Très juste.

    @ TeoNeo

    Bien d’accord.

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  10. Intéressant article. Merci pour l'information.

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  11. L'impôt augmente toujours. Dans l'immobilier, ce sont les propriétaires qui en sont le plus victimes.
    Et à force de vouloir faire payer encore plus aux acteurs de l'immobilier, on peut dire que l’État n'aide pas trop!

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  12. Les mêmes qui claironnaient qu'il fallait vite vite ramener le deficit à 0 il y'a un ou deux ans se plaignent des impôts aujourd'hui ?
    Atteindre cet objectif avec les seules baisses de depenses publiques comme j'entends PARTOUT est un délire de gens qui ne réfléchissent qu'avec leur portefeuille.
    Car non seulement il faudrait les 150 milliards d’économies correspondant au deficit actuel mais il faut y rajouter l'effet dépressionnaire sur l’économie qui fait chuter les recettes fiscales et qui est impossible à chiffrer. Donc il faudra encore plus d'économies. Cela n'a aucun sens tant les chiffres sont élevés.
    Le désir égoïste de gagner sur tous les tableaux enlève toute raison.

    Remonter la production française est la seule solution auquel tout le monde est d'accord. Mais...
    Si on aime son pays deja on ecarte toute régression sociale qui vise l'augmentation des profits ou la compétitivité.
    Seule la compétitivité par un gain de productivité est acceptable. Le protectionnisme et la monnaie nationale deviennent donc incontournables pour augmenter la production nationale.
    Voila pour l'urgence et sur du moyen terme une politique industrielle et une réduction de la dépendance énergétique avec un commissariat au plan et investissements publics me paraissent l'ensemble de solution les plus profitables à toute la nation. Avec ca DLR aura assurément mon vote.

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  13. L’impôt est accepté par une large majorité si nous savons a quoi il sert après tout il y eu des tranches d'impositions supérieures a 80% aux USA au Royaume Uni en France de la fin de la guerre 39/45 jusqu'aux années 60 ce qui devient insupportable c'est le puits sans fond de la dette

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  14. Merci pour cet article en tout cas !
    Streamiz Filmze

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  15. j'adore cet article, merci pour le partage des informations. Film Streaming

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  16. vraiment je trouve cet article plein d'informations utiles. Film Streaming

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