lundi 30 septembre 2013

L’Italie en pleine crise politique


Coup de théâtre samedi : Silvio Berlusconi a annoncé la démission des ministres de son parti, le PDL, du gouvernement d’Enrico Letta. L’explosion de cette fragile coalition fait de nouveau entrer l’Italie dans une période d’instabilité dont l’issue est extrêmement incertaine.



Comme un air de 4ème République

La situation de l’Italie n’est pas sans ressembler à la situation de la France de l’après-guerre où il était impossible de former des majorités stables, où les gouvernements duraient moins d’un an en moyenne et où il était très difficile au pays de trouver des réponses aux questions qui se posaient. En fait, l’issue était assez prévisible. En effet, les élections de février avait un produit un parlement très instable avec trois grands blocs, le centre-gauche, arrivée légèrement en tête, ce qui lui avait permis d’obtenir une légère majorité au Parlement, devant le bloc de centre-droit, puis le parti de Beppe Grillo.

Du coup, même si Silvio Berlusconi avait exclu pendant la campagne de s’allier avec le centre-gauche, le refus de Beppe Grillo d’épauler quiconque avait imposé une telle solution. Mais les soucis judiciaires du Cavaliere ont précipité la fin de la coalition. Après une nouvelle condamnation judiciaire, le Sénat examine son exclusion, casus belli pour l’ancien Premier Ministre. Tout ceci montre une nouvelle fois que la principale motivation de Silvio Berlusconi en politique est la défense de ses intérêts et de se protéger de ses innombrables soucis judiciaires et en aucun cas le sort des Italiens.

Quel avenir pour l’Italie ?

La situation actuelle est particulièrement instable. Peut-on imaginer un instant un accord avec le centre-gauche et le centre-droit dont le prix serait la non exclusion de Silvio Berlusconi du Sénat ? Cela semble (heureusement) totalement impossible tant les deux mouvements se sont opposés dans le passé. Cela représenterait un reniement impossible à justifier aux électeurs. Du coup, la seule issue possible semble être la convocation de nouvelles élections. Mais ni le président de la République ni les médias ne semblent le souhaiter pour l’instant étant donnés les sondages.

En effet, à date, les deux principaux blocs resteraient au coude à coude dans les sondages, devançant le Mouvement Cinq Etoiles de Beppe Grillo. Du coup, en cas de nouvelles élections, il y aurait de grandes chances que le résultat soit un Parlement et un Sénat où la majorité ne serait pas plus stable qu’aujourd’hui. Encore qu’il est hasardeux de pronostiquer le résultat d’élections. Les électeurs ne pourraient-ils pas décider de renvoyer ces partis qui gouvernent le pays depuis si longtemps et qui semblent plus se servir que les servir et qui n’ont pas réglé la crise économique ?

Le destin de l’Italie est crucial pour l’Europe. En effet, après avoir été le lieu de signature de l’accord qui a donné naissance à la CEE, la grave crise économique que le pays traverse depuis l’adoption de l’euro pourrait bien amener les Italiens à des choix plus radicaux encore qu’en février dernier.

16 commentaires:

  1. Si l'on veut garder une dose de proportionnelle dans un Parlement il faut mettre en place un système de Hondt ou équivalent. Le parti arrivé en tête prends d'office 51% des sièges et l'ensemble des partis se partagent proportionnellement les 49 restant.

    RépondreSupprimer
  2. Depuis qu'il s'est fait foutre dehors par Goldman-Sachs en raison de son manque d'enthousiasme à "moderniser" l'Italie, Silvio m'est devenu sympathique. Qu'il continue à foutre le boxon. Si les médias italiens sont aussi nuls que leurs homologues français, c'est plutôt bon signe qu'ils ne veuillent pas d'élections pour le moment. On rase probablement les murs à Bruxelles...

    Le Gars Huzac

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et s'il réussissait à faire péter l'euro, on pourrait peut-être même demander à DSK de lui organiser une soirée pour fêter ça. ;)

      Même si rien que nous permettre de voir une nouvelle fois tous ces prétendus défenseurs de la "democratie" bruxellois trembler à l'idée qu'un citoyen européen puisse mettre un bulletin dans une urne est déjà très réjouissant.

      Supprimer
  3. Hier sur le site de Beppe Grillo, il y avait la vidéo d’une intervention intéressante du professeur d’économie italien, Claudio Borghi Aquilini, expliquant les travers de l’euro (le système de l’euro rend le fort de plus en plus fort et le faible de plus en plus faible) et la nécessité pour l’Italie d’en sortir (je comprends un peu l’italien, la teneur d’une partie des propos tenus ne m’a pas échappée) :

    http://www.youtube.com/watch?v=awWFSw9lW2I&feature=c4-overview&list=UUbzGB8EV-oCpx5QPMBKuqaw

    En dehors de cela, la situation italienne illustre, en effet, la nécessité d’avoir un système électoral qui permette au parti arrivé en tête à une élection nationale de gouverner sans avoir à faire des alliances bancales qui ne peuvent pas durer pour une raison ou une autre.

    Saul

    RépondreSupprimer
  4. L UE est bien équipée en outils antidemocratiques voir par exemple l’emprisonnement des députés de l'aube dorée même si ceux ci ne le sont pas ; les choix plus radicaux sont bien encadrés peut être jusqu' l'explosion qui sera de plus en plus nécessaire .

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'UE n'a pas attendue l'emprisonnement de quelques dirigeants néonazis de l'Aube dorée grecque pour être antidémocratique: tous les plans de la Troïka, les Mémorandums, bafouent la constitution grecque. Chez nous depuis au moins le 29 mai 2005 notre classe dirigeante peut bafouer la volonté démocratique.

      Supprimer
    2. "Chez nous depuis au moins le 29 mai 2005 notre classe dirigeante peut bafouer la volonté démocratique".

      Et elle la bafoue en effet. La France n'a plus d'une démocratie que le nom, dans les faits c'est un régime totalitaire. Je résume :

      - Un "Président de la République" n'inspirant pas le moindre respect à qui que ce soit, méprisé et rejeté par la plus grande partie de la population, et qui s'est fait tant d'ennemis ( sans rater la moindre occasion de s'en faire davantage ) que la question de sa légitimité commence à se poser,
      - Un gouvernement divisé et incompétent dont les ministres ont été choisis sans autre critère que le copinage,
      - Un parti unique qui hait la France et méprise les Français,
      - Une religion d'Etat relayée par un invraisemblable "tissu associatif" ( 600 000 associations déclarées en France, figurez-vous ) vivant aux crochets de l'Etat, à base de morale hypocrite, de politiquement correct grotesque qui tient lieu de politique et de pseudo-écologie.
      - Le délit d'opinion reconnu et pourchassé,
      - La liberté d'expression supprimée au nom de la religion d'Etat,
      - Des juges qui protègent les criminels et punissent les victimes,
      - Un Garde des Sceaux qui veut vider les prisons,
      - Une presse et des médias aux ordres à un tel point qu'on ne l'a jamais vu ( il faut comprendre ces gens-là, par contre : le Président de la République vient lui même leur servir la soupe - au sens propre ! )

      Cela vous suffit ? J'espère parce que je vais me faire lyncher, moi !

      Sancelrien

      Supprimer
  5. J'ai écouté Mme Sylvie Goulard ce matin sur BFM Business.
    Européiste convaincue, elle a du mal à contrôler son agacement dès qu'on met en doute la viabilité de l'euro. Elle ne tarit pas d'éloge sur Mario Monti et Enrico Letta, 2 éminents membres de la Commission Trilatérale dont le tropisme démocratique est bien connu. Elle esr revenue sur le résultat de 2005 en disant qu'il était obsolète, sans toutefois proposer un nouveau référendum. En bref, la démocratie en Europe est un grand danger et il faut donner le pouvoir uniquement à ceux qui pensent "bien" Il parait qu'elle a réalisé un essai (ou un rapport) la-dessus avec Mario Monti.
    C'est dommage que Nicolas Doze ne l'invite jamais avec un vrai contradicteur.

    RépondreSupprimer
  6. Côté France, c'est aussi de plus en plus aberrant :

    Il est vrai qu’une taxe sur l’EBE est un concept plus complexe que seuls les gens « intelligents » peuvent comprendre… Et pourquoi faire simple avec une bonne probabilité de toucher une cible quand on peut faire compliqué avec la certitude de la manquer?

    http://alternatives-economiques.fr/blogs/godard/2013/09/29/quelle-est-la-cible-de-la-taxe-sur-lebe/

    RépondreSupprimer
  7. Pourquoi être toujours en observation de ce qui se passe ailleurs : balayons donc à notre porte et, cela ira sans doute mieux (pour nous !!!) ensuite que chacun en fasse autant ?????, contre une europe à l'arrêt, qui n'a même jamais fonctionné !!!!
    Europe des nations et, CHACUN maitre chez lui !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. RAZ LE BOL de l'europe des nations ou non !

      Supprimer
  8. Ca ne va pas mieux pour l’Espagne : « La dette publique de l'Espagne proche des 100 % » :

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/09/30/la-dette-publique-espagnole-explose_3487244_3214.html#xtor=AL-32280515

    « Les chiffres de la dette publique espagnole, lors de la présentation lundi 30 septembre au Parlement du projet de budget 2014, sont bien supérieurs aux prévisions précédentes et devraient frôler les 100 % du PIB dès 2014. Alors que la dette espagnole avait fini l'année 2011 à un niveau relativement bas dans l'Union européenne (68,5 % du PIB), elle a explosé depuis, passant à 85,9 % à la fin 2012 et à 92,2 % à la fin du mois de juin 2013, tandis que le précédent budget du gouvernement conservateur prévoyait une dette de 90,5 % pour la fin 2013. Le gouvernement mise désormais sur une dette à 99,8 % du PIB à la fin 2014, tablant notamment sur des besoins bruts de financement de 243,888 milliards d'euros. »

    Dans ce domaine c’est toujours pire que prévu d’autant que les prévisions sont politiquement orientées. Combien de temps il va falloir pour prendre acte de la faillite de l’État espagnol, comme de l’État italien et d’autres dans le cadre institutionnel actuel. L’Etat italien est trop gros pour pouvoir être aidé avec une dette qui dépasse les 2000 milliards d’euros.

    Saul

    RépondreSupprimer
  9. Dans son libre "voleurs de la république", Nicolas dupont Aignan annonce 60 milliards de FRAUDE vers la paradis
    Agnès Verdier Molinié, nous en annonce autant dans les dépenses publiques ?
    120 milliards par an, çà vous dit quelquechose ? avec cela, je sauve la FRANCE

    RépondreSupprimer
  10. @ Anonyme

    C’est ce qu’il y a au Parlement, mais pas au Sénat.

    @ Le Gars Huzac

    Euh, quand même pas…

    @ Saul

    Très juste

    @ Cliquet

    Les euro béats sont effarants

    RépondreSupprimer
  11. Vous devriez lire ça, un liberal anti-euro analyse l'Italie (comme la plupart des libéraux authentiques et non pas les Sarkozy et autres qui n'en sont pas, encore moins ultra) :

    Libérez mon peuple ….Let my people go
    http://institutdeslibertes.org/let-my-people-go/

    RépondreSupprimer
  12. Nous aurions pu avoir l'Europe des Nations, l'Europe des citoyens ou tout ce que vous pourrez trouver d'autre qui vous soit sympathique. Au lieu de cela, nous avons l'Europe des bouffons. Et dire que nos médias, nos politiques et nos intellectuels ont si souvent raillé les républiques bananières alors que nous avons de si beaux spécimens tous les jours sous les yeux !

    RépondreSupprimer