lundi 21 octobre 2013

Philippe Cohen, esprit de service public




J’ai appris ce matin avec une grande tristesse la disparition de Philippe Cohen sur les réseaux sociaux. Notre pays perd un de ses grands journalistes. Aujourd’hui, je pense à sa famille et ses amis. Il m’avait recruté parmi les blogueurs associés de Marianne, mais je ne le connaissais pas bien. Je ne l’avais rencontré que lors des buffets offerts deux fois par an aux blogueurs. De bons moments passés à échanger avec des personnes aux idées différentes, mais réunies par une foi commune dans les valeurs de la République, et de l’aventure commune que peuvent et doivent être la politique et la Nation.

Je garderai de Philippe Cohen l’image d’un grand journaliste curieux, ouvert et modeste. Quelle belle aventure que de rassembler au sein du site de Marianne, le seul hebdomadaire que j’ai jamais acheté, des blogueurs venus d’horizons aussi différents : gauche radicale, socialistes, écologistes, centristes, gaullistes. Même si nous n’étions bien évidemment pas toujours d’accord, j’ai beaucoup apprécié de faire partie de cette équipe, avec Slovar, SuperNo, Sarkofrance, Romain Pigenel, Malakine, David Desgouilles, Coralie Delaume, RST, Philippe Bilger, l’Hérétique et bien d’autres, avec qui je n’ai sans doute pas assez échangés. Je pense également à la belle équipe de journalistes qu’il avait su réunir, Bénédicte, Mathieu, Gérald, Emmanuel, Laureline et Tefyandria.

En fait, Philippe Cohen était animé par un véritable souci de service du public, souci aujourd’hui compliqué par la crise du modèle économique des médias. Quoi de plus proche de l’esprit de ce que devrait être le service public que son respect profond de la diversité de l’opinion, sa capacité à traiter tout le monde de la même manière, et non en se courbant devant les puissants et en se riant des petits ou son exigence dans les enquêtes qu’il réalisait. Lui, comme Jean-François Kahn (lire son hommage ici), ou Jean-Jacques Bourdin, sont sans doute les hommes qui incarnent, mieux que quiconque, un certain esprit du journalisme qui sait dépasser les clivages et les opinions, au service désintéressé, mais exigeant, du public.

6 commentaires:

  1. Comme on dit parfois que ce sont les meilleurs d'entre nous qui partent les premiers, c'est un esprit libre, lucide, critique donc rare dans sa profession qui nous manquera.

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  2. Je ne connaissais le journaliste que de nom.
    Mais je salue comme d'autre le journaliste et l'honnête homme qu'il était, d'autant plus qu'il est extrêmement difficile de rester ce que l'on est dans l'exercice de sa profession, surtout pour un journaliste.

    Reconnaissons aussi que nous rendons rarement honneur aux journalistes - c'est mon cas - car on s'attarde sur le pire en négligeant le meilleur, mais, comme tu le dis fort bien, Laurent, le modèle économique actuel des médias explique ce qu'ils peuvent faire et surtout ne pas faire. Placés en général sous le joug de propriétaires dirigistes et de rédacteurs en chef zélés, ils n'ont que plus de mérite à défendre leurs convictions, quand le seul choix est souvent de s'en aller.
    Comme Hervé Kempf, qui a quitté récemment Le Monde pour rester libre.

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    1. Hervé Kempf défend peut-être ses convictions. Le problème, c'est qu'elles sont mauvaises, et que cela n'est pas sans conséquences puisqu'il y a des gens qui l'écoutent.

      Il faut savoir connaitre ses limites : quant on n'a ni formation scientifique ni expérience professionnelle, autant ne pas se mêler d'écologie, sauf à y raconter n'importe quoi.

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    2. Votre remarque relève du jugement de valeur. On peut ne pas être d'accord avec lui sur ses prises de position, c'est mon cas. Il n'en demeure pas moins qu'il met à notre disposition des infos sérieuses et utiles, ce que ne font la plupart de nos médias serviles.

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    3. De plus, la formation scientifique ou l'expérience professionnelle sur les sujets écologiques n'apporte aucune légitimité comme allant de soi. Combien y-a-t-il de scientifiques qui travaillent au service de gouvernements ou de multinationales qui pourrissent l'environnement sans scrupules ? Sont-ce des collègues d'Hervé Kempf, qui oeuvrent chez Monsato, Bayer ou Areva ?

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  3. Philippe Cohen était un des rares journaliste de France et aussi du monde cette profession s'est réduite comme peau de chagrin remplacé par des communicants aux ordres .

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