samedi 23 novembre 2013

Fin de l’euro : l’option allemande progresse


En quelques jours, la probabilité d’une telle issue a fortement augmenté. En effet, non seulement la BCE a décidé de baisser ses taux contre la volonté unanime de l’Allemagne (SPD compris), mais en plus, Bruxelles a lancé une procédure visant les excédents excessifs de notre voisin.



Bataille pour la politique de la BCE

Et si le début du divorce avait commencé il y a quinze jours, quand la banque centrale européenne a décidé de baisser ses taux ? Malgré le secret qui entoure ses décisions, un article du Telegraph résume bien toutes les tensions provoquées par cette décision, peu perceptibles en France, et souligne qu’outre la baisse des taux, un membre éminent de la BCE a déclaré que « le bilan de la banque centrale peut également être utilisé. Cela inclut les rachats directs (de créances) que n’importe quelle banque centrale peut le faire ». Cela se rapproche des pratiques plus anglo-saxonnes de la Fed.

Mais le problème est que l’Allemagne toute entière est vent debout contre une telle politique, comme le rapporte l’Agefi. Le patron du groupe parlementaire CDU-CSU a affirmé que « le risque de bulle dans le prix des actifs existe et il ne va pas être abaissé par cette décision. Il y a déjà trop de liquidités qui circulent », position soutenue par le SPD. Ceci est relayé par le Bild Zeitung qui parle d’une menace contre le pays. La Bundesbank évoque les « risques pour la stabilité financière », du fait notamment de la hausse des prix immobiliers. Pour le Telegraph « une politique adaptée au Club Med est destructrice pour l’Allemagne. Et une politique adaptée à l’Allemagne est destructice pour le Club Med ».

Bruxelles en guerre contre Berlin

Déjà, en soit, ce conflit sur la direction de la politique de la BCE est extrêmement grave étant donnée la place qu’a la monnaie dans l’imaginaire de l’Allemagne. Mais les sources de tension ont été encore attisées par la procédure lancée par la Commission contre les déséquilibres de l’économie allemande et la tribune du commissaire européen Oli Rehn dans le FAZ demandant la réduction de son excédent courant ! Une telle demande est incompréhensible pour les Allemands car elle revient un peu pour eux à demander au meilleur élève de faire quelques fautes pour se rapprocher du niveau moyen.

En outre, une telle politique reviendrait à réduire la croissance du pays dans les prochaines années. Et ces excédents apparaissent nécessaires étant donnée la démographie du pays. Enfin, les salaires ont déjà commencé à augmenter outre-Rhin. La récente critique du niveau de l’euro par un Vice-Président de la Commission Européenne ne risque pas de rassurer les Allemands. Comme je l’évoquais en janvier 2011, la position de l’Allemagne est ambiguë sur l’euro. Elle semble de plus en plus critique et prête à le quitter, d’autant plus que la structure de son commerce le permet davantage.

Charles Sannat a raison d’envisager une sortie de l’Allemagne, que Patrick Artus trouve justifiée. Mais l’histoire fait que Berlin a des réticences à prendre l’initiative. Dans ce cas, elle pourrait pousser l’Italie ou l’Espagne à le faire, comme l’évoque déjà la CSU, et comme je l’étudierai demain.

23 commentaires:

  1. OMT-La Cour de Karlsruhe ne se prononcera pas cette année :

    « KARLSRUHE, Allemagne, 21 novembre (Reuters) - La Cour constitutionnelle de Karlsruhe ne se prononcera pas cette année sur la conformité des Opérations monétaires sur titres (OMT) à la Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne, a déclaré jeudi un porte-parole de la juridiction suprême.

    Le dispositif annoncé en septembre 2012 par la Banque centrale européenne (BCE) lui permet de racheter des obligations souveraines sans limitation et la cour doit examiner si c'est un moyen pour la banque centrale de financer les Etats membres de la zone euro par une voie détournée. Il continue de susciter un vif débat en Allemagne, et en particulier les critiques virulentes de la Bundesbank.

    Les juges de Karlsruhe doivent évaluer la légalité des OMT à l'aune de la constitution de la république fédérale et de ses prescriptions en matière de contrôle des questions budgétaires par le parlement.

    Ils ne peuvent pas ordonner la suppression des OMT mais s'ils estiment qu'elles enfreignent le droit souverain du parlement en matière de budget, ils peuvent bloquer la participation de l'Allemagne au programme ou en contester certains aspects, comme son caractère "illimité".

    "La décision sur la question MES/BCE ne sera plus annoncée cette année", a déclaré le porte-parole, ajoutant que la Cour faisait tout ce qu'elle pouvait pour rendre sa décision aussi vite que possible. La complexité du dossier explique ce report mais aussi les négociations visant à former une coalition gouvernementale qui traînent en longueur.

    Certains experts pensent que la cour de Karlsruhe pourrait en définitive laisser le soin à la Cour de justice de l'Union européenne de trancher. »

    http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL5N0J649D20131121

    Il risque d'y avoir une situation de crise si la cour constitutionnelle de Karlsruhe indique que le caractère illimité de l'OMT n'est pas compatible avec la constitution allemande, surtout si dans autre côté l'Allemagne continue de bloquer l'union bancaire :

    http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20131118trib000796366/pourquoi-l-allemagne-bloque-l-union-bancaire.html

    Saul

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    1. Également sur l'union bancaire:

      http://www.lepoint.fr/economie/l-union-bancaire-patine-22-11-2013-1760936_28.php

      Saul

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    2. Patrick Artus : France-Allemagne, les frères ennemis :

      http://www.lepoint.fr/invites-du-point/patrick-artus/patrick-artus-france-allemagne-les-freres-ennemis-21-11-2013-1759415_1448.php

      Résumé : L’Allemagne et la France ont fait des choix de développement très différents. Elles ont des structures économiques différentes (industrie en Allemagne, services en France). Elles mènent des politiques économiques différentes (politique de l'offre en Allemagne, de la demande en France). Elles ont une vision différente de l'organisation du marché du travail (travailleurs pauvres en Allemagne, salaire minimum élevé et chômage structurel élevé pour les non-qualifiés en France). Elles regardent différemment la dette et le crédit (soutien de la croissance en France, risque pour le futur en Allemagne). Ce qui a pour conséquence qu'il est difficile de croire que ces pays puissent avoir le même taux de change (divergences des structures économiques et de la compétitivité), des politiques budgétaires (règles budgétaires, structure différente de la fiscalité) ou sociales (charges sociales, salaire minimum) coordonnées et puissent avancer vers une unification politique avec budget commun, émissions de dettes communes.

      Saul

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  2. Concernant le solde du commerce extérieur, il existe une législation qui le limite à 6% du PIB, l'Allemagne doit s'y soumettre. Mais sortir de l'Euro est une autre affaire: avec un retour au DM, cette monnaie serait brutalement réévaluée, et le commerce extérieur allemand en pâtirait profondément, c'est bien clair.

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  3. Comment la commission peut reprocher à un pays son excédent commercial alors que tout a été fait dans les traités européens pour maximiser la compétition ? Barroso cet imbécile heureux a même déclaré que l'avenir de l'Europe était dans la compétitivité (entretuez-vous le Dieu Marché reconnaitra les siens...)

    Ils demandent aux pays de décréter le niveau de leur balance commerciale, ou c'est juste qu'ils ne comprennent rien à rien ?
    Il y’avait une solution beaucoup plus simple, tout en restant europeiste, c'est de laisser 1 monnaie non convertible par pays et une monnaie de réserve européenne pour les échanges extérieur et les balances commerciales vont s'auto-limiter. Mais ce serait trop demander a nos européistes pour qui les nations ne sont que des vestiges à achever plutôt que des entités homogènes qui permettent des politiques efficaces.

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  4. garlaban

    Je ne suis pas si certain qu'une réévaluation d'un nouveau DM soit si handicapant, ça demande quelques mesures économiques, mais payer ses intrants et acquisitions de filiales à l'étranger encore moins cher, c'est pas négligeable... L'élasticité prix faible allemande le faciliterait, selon la condition de Marshall-Lerner :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Condition_de_Marshall-Lerner

    Sinon, je viens de trouver de nouvelles très bonnes idées techniques qui si ça se confirme profiteront à... l'Allemagne. C'est tout de même couillon que je n'ai pu valoriser mes idées et expérience en France. Pourtant, j'ai essayé avec persistance, mais j'ai baissé les bras tellement ce que j'y ai vu était merdique.

    olaf

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    1. Article tres interessant.

      Questions de beotien : si l'Allemagne sort de l'Euro, celui-ci continue-t-il d'exister ou explose-t-il forcement ? Et si jamais l'Euro survit sans l'Allemagne, la France aura-t-elle du coup interet à y rester (politiquement, economiquement) ?

      Enfin, pourrait-on imaginer qu'au lieu de se dissoudre completement, l'Euro se scinde simplement en deux monnaies : un Euro du Nord, un Euro du Sud (perspective que j'ai entendu dans une emission, et il se posait la question de savoir si la France serait alors le plus faible pays du Nord ou bien le plus fort du Sud...) ?

      Merci d'avance pour vos eclairages.

      Talisker.

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    2. Dans les scénarii de leur étude pour la Fondation Res Publica (http://www.fondation-res-publica.org/docs/etude_euro_respublica.pdf), J. Sapir et ses collègues envisagent l'hypothèse dite H2 de la constitution de deux zones euro, au sud et au nord. La France y est intégrée à la zone sud, au côtés de la Belgique, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande. Les auteurs considèrent à l'issue de leurs analyses que cette option de deux euros n'est viable que pour la France, mais insoutenable à terme pour les autres pays de la zone sud (les deux autres scénarii étant une dissolution concertée et une explosion incontrôlée).

      Voir aussi http://russeurope.hypotheses.org/1254

      YPB

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  5. Mon message plus haut est un commentaire pour tout le monde dont Laurent, il ne s'adresse pas uniquement à Olaf. J'ai utilisé le mauvais bouton pour poster :)

    Talisker.

    Talisker

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  6. Solidarité, mais jusqu'ou doit elle s'exercer ? Si j'étais allemand, je pense que je raisonnerais comme je raisonne en tant que français, je souhaiterais justice et égalité !!!! j'en aurais un peu marre de voir la ségrégation de mon peuple, les UNS qui triment sur le dos des autres !!!! bien loin de la théorie de AJ H

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  7. @Gilco

    Quelle théorie (j'en ai plusieurs ;-) ) ?

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  8. "Mais les sources de tension ont été encore attisées par la procédure lancée par la Commission contre les déséquilibres de l’économie allemande et la tribune du commissaire européen Oli Rehn dans le FAZ demandant la réduction de son excédent courant ! Une telle demande est incompréhensible pour les Allemands car elle revient un peu pour eux à demander au meilleur élève de faire quelques fautes pour se rapprocher du niveau moyen."

    Ceci nous montre une fois de plus combien est faux l'argument "l'euro, c'est la paix". Alors qu'on a sous les yeux les tensions qu'il crée!!

    Que les dirigeants allemands laissent penser qu'il est normal d'avoir un excédent commercial absolument colossal sur des pays qui sont censés être des partenaires, puisque partageant la même monnaie, est dangereux.
    "Nous sommes le bon élève"... Comme si leur action n'avait aucune incidence sur les "mauvais élèves" qui n'auraient que ce qu'ils méritent. Comme si la construction de l'euro et de l'UE n 'étaient pas en grande partie responsable de biens des problèmes au Sud.

    Le mépris avec lequel sont considérés des pays comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne, l'Italie et même la France peut avoir de graves répercussions sur l'entente avec ces pays.
    Voir des affiches de Merkel habillée en nazi ou des drapeaux allemands brûlés en Grèce devrait au minimum faire réfléchir les dirigeants européens!!

    Et la honte que jette sur la France la conduite des dirigeants français qui ne s'opposent en rien à ce comportement des dirigeants allemands (et certainement même l'assistent-ils) nous rappellent de bien sombres heures...

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    1. @bip,
      en fait, si la Commission Européenne tape sur les Allemands, c'est parce que justement, contrairement à Sarkozy, Hollande a définitivement renoncé à donner le change dans l'affichage du soi-disant couple "franco-allemand". En un sens, ce n'est pas plus mal, car cela nous évite à nous Français d'être associés à l'opprobre de la politique de Merkel, comme ce fut le cas du temps de Merkozy...
      Seulement voilà: au lieu d'avoir instauré un rapport de force France-Allemagne, tout à son tempérament, Hollande a choisi l'évanescence et l'effacement devant le leadership allemand. Résultat, pour conserver ses prérogatives, la Commission Européenne commence à montrer les dents... Et pour le coup, elle le fait pour une très bonne raison: l'excédent de la balance des paiements allemandes est en train de tuer l'économie de la zone euro, donc leur gagne-pain!
      Certes, ces excédents ne datent d'hier, et il était bien temps que les responsables de l'UE s'en aperçoivent, mais si ça peut faire évoluer les choses (ce dont je doute franchement, car je ne crois pas que Merkel tolérera une telle ingérence dans ses affaires...) pour accélérer la fin de l'euro, je suis preneur...

      CVT

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  9. "... car elle revient un peu pour eux à demander au meilleur élève de faire quelques fautes pour se rapprocher du niveau moyen"

    Meilleur élève, meilleur élève ... c'est vite dit ça dépends aussi comment il arrive à être le meilleur ... le professeur parle allemand et ses petits collègues d'Europe de l'est lui passent des pompes ...

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  10. Brillante analyse de Todd, qui met bien en perspective la "révolte bretonne" - à lire et méditer ! (même si toutes les hirondelles ne font pas le printemps...)
    http://www.marianne.net/Emmanuel-Todd-Les-bonnets-rouges-une-chance-pour-la-France_a233812.html

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    1. Amusant dans l'annuaire les noms sont massivement bretons donc :
      Quand le FN n'existe pas, la société a la cohésion nécessaire à la révolte.
      Conclusion pour que le FN n'existe pas ....

      Sacré Todd !

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    2. @J.Halpern,
      j'ai deux immenses réserves par rapport aux propos d'E.Todd à propos des "Bonnets Rouge".
      La révolte bretonne est d'essence poujadiste au sens plein du terme: anti-état et anti-impôts! Au nom de quelles spécificités les Bretons devraient-ils se soustraire à l'effort national? Il y a bien des régions qui sont plus sinistrées que la Bretagne, et pour autant, on les entend pas...
      En bon jacobin et républicain, je me méfie toujours quand des gens veulent des exemptions et surtout, des privilèges.
      Enfin, les Bretons ont quelque part eu ce qu'ils méritent: ils votent systématiquement pour la politique européenne et contre l'Etat soi-disant jacobin. Or ils sont victimes d'une politique agricole et européenne qu'ils ont approuvé depuis des décennies. Dès lors, ils sont mal venus de réclamer la solidarité nationale alors qu'ils ont tout fait pour s'y soustraire du temps des vaches grasses...
      Enfin, il faut tordre le cou à un canard: on va devoir payer encore plus d'impôts, justement pour compenser les méfaits de la crise. Or la propagande actuelle nous bassine avec le matraquage fiscal, ce qui est une mauvaise chose car il nous faudra faire des efforts. C'est dans ce sens que l'attitude égoïstes des Bretons est une mauvaise chose: le consentement à l'impôt, surtout en cas de crise, est fondamentale...

      CVT

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    3. Je suis aussi d'accord avec CVT les Bretons ont beaucoup joués le régional et nous savons tous que c'est la cinquième colonne de l'ue .Ainsi que les produits de très très mauvaise qualité avec son corolaire de dégradation de l'environnement .

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    4. @CVT
      "En bon jacobin et républicain, je me méfie toujours quand des gens veulent des exemptions et surtout, des privilèges."

      Toute révolte, dans le contexte actuel, partira d'un particularisme quelconque. Une conscience collective pourra émerger de la convergence de ces révoltes, à nous de montrer quel contenu politique pourrait avoir cette convergence.
      Todd remarque très justement que ce mouvement, comme beaucoup d'autres, charrie une confusion idéologique extrême qui est, malheureusement, notre point de départ. Mais il marque une (petite) rupture avec la résignation ambiante. D'ailleurs, si on y regarde bien, 1789 partait d'une révolte antifiscale initiée par des parlements régionaux réactionnaires... sauf que la révolte populaire s'est engouffrée dans cette brèche.
      "les Bretons ont quelque part eu ce qu'ils méritent:"

      Comme la grande majorité des Français, en effet... mais si nous restons entre ceux qui ont eu toujours raison, je crains que nous n'aillions pas très loin.

      Pour ce qui est du "consentement à l'impôt", soyons clair : les fanatiques antifiscaux profitent de cette situation, c'est entendu, mais l'augmentation des impôts en pleine dépression est une absurdité économique - qui plus est surdéterminé par une domination supranationale. Nous ne devons avoir aucun complexe vis-à-vis de la politique actuelle - même si je suis le premier à expliquer que la tendance de long terme sera à plus, et pas à moins, d'impôts.

      En tous cas, sachons appuyer la révolte où et comme elle se manifeste - ce qui ne nous interdit pas de faire preuve de pédagogie et de mettre ces questions en perspective. Ne nous retirons pas dans notre tour d'ivoire...

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    5. Le consentement a l’impôt fonctionne bien si la résultante est visible ; c'est a dire en gros si la santé la sécurité la défense de la nation les services publics sont de qualité ce qui est loin d’être le cas ou a minima d'avoir une vrai feuille de route intelligible par tous pour y revenir

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  11. Pour éclairer ce raidissement allemand et les clivages qui s'élargissent dans l'oligarchie, lire aussi l'édito de Krugman : http://www.rtbf.be/info/chroniques/detail_une-crise-permanente-paul-krugman?id=8138547&chroniqueurId=5032403

    Krugman,ne l'oublions pas, est un keynesien très modéré radicalisé par la conjoncture. Il en vient à l'idée que la dépression repose sur des causes structurelles que les seules politiques de relance ne parviendraient pas à relancer. Il n'en est pas (encore ?) à développer la perspective d'une réforme structurelle (réduction des inégalités, hausse programmée des salaires, endiguement de la finance et investissement public) mais il se place désormais dans la perspective d'un prolongement indéterminé des politiques macro-économiques accomodantes ("si notre économie a une tendance persistante à la dépression, nous allons vivre l’effet miroir de la dépression économique – ce principe selon lequel la vertu est un vice et la prudence une folie, selon lequel des tentatives pour économiser plus (y compris par des tentatives de réduire les déficits budgétaires) appauvrit tout le monde – pendant longtemps").

    Plus la situation s'enlise plus s'exacerbe le conflit entre le parti de la rente et de la déflation ouverte et ceux qui résistent aux perspectives d'effondrement économique et social que cela provoquerait. Les dirigeants italiens et français n'ont aucune vision d'avenir, si ce n'est le refinancement perpétuel de la finance et de compter sur un miracle venu d'Amérique. Les Allemands se cabrent, non sans raison mais avec le seul programme de la déflation. Le compromis de 2008, qui consistait à accepter une "parenthèse" hétérodoxe en attendant le retour à la norme néolibérale ne peut qu'éclater dans les mois qui viennent...

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    1. Pourtant 80 ans c'est pas si vieux que ça... Comment est-il possible que certains soient tentés par la même politique déflationniste que dans les années 30?

      Prendre le risque de retenter ça devrait être considéré comme un crime...

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  12. @ Saul

    Merci pour toutes ces précisions qui complètent mon papier.

    @ Gariaban

    Il ne me semble pas que cette législation soit très claire sur les sanctions à prendre. Sans sanction, une telle législation n’a donc aucun intérêt.

    L’Allemagne a un tel excédent qu’elle pourrait supporter une réévaluation. En outre, il est probable que ce serait plutôt les autres pays européens qui verraient leur monnaie baisser par rapport à l’euro actuel, mais pas le DM, qui resterait approximativement au cours actuel de l’euro. Et comme l’essentiel de l’excédent de l’Allemagne est fait hors UE maintenant, ce ne serait pas dramatique. L’Allemagne avait survécu à une réévaluation brutale et massive du DM dans les années 90.

    @ TelNeo

    Bien vu !

    @ Olaf

    Merci pour les précisions. Quel est votre sentiment sur l’opinion des allemands ? Ce que je dis vous semble-t-il juste ?

    @ Talisker

    Plus probablement, il cessera d’exister car la France ne pourra pas supporter seule les pays en difficulté et ces pays seront tentés de retrouver une BC à disposition. Nous n’aurions pas intérêt à être les seuls à soutenir les pays en difficulté.

    L’idée de deux euros me semble moins mauvaises qu’un seul. Mais le vrai optimum est d’avoir une monnaie par pays.

    @ Bip

    Bien d’accord. L’euro est au contraire facteur de crises et de tensions. D’accord sur l’Allemagne, mais ils ne font que défendre leurs intérêts quand les autres ne le font pas. Je crois que c’est surtout le système qui est dysfonctionnel. L’Allemagne est poussée à accumuler des excédents et elle râle légitimement quand on lui présente la facture (MES, FESF, euro obligations).

    La théorie de Lenglet dans son livre (déjà lue ailleurs), c’est que personne qui s’en souvient n’est vivant… D’où sans doute l’avance de Maurice Allais, qui pouvait se souvenir de la crise des années 30.

    @ CVT

    En même temps, ce que faisait Sarkozy, c’était seulement de l’affichage.

    D’accord sur les exemptions, le côté anti État et sur les votes. En revanche, la mauvaise spécialisation alimentaire de la Bretagne (dans le cadre du libre-échange et de la concurrence déloyale) fait que cette région souffre particulièrement. Et au final, si cela les fait passer du côté des opposants au système, cela aura un aspect positif.

    @ Anonyme

    Je suis d’accord. Mais je pense que c’est la façon dont ils le ressentent.

    @ J Halpern

    Merci. D’accord avec vos commentaires.

    Merci pour l’article de Krugman

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