dimanche 31 août 2014

La scandaleuse privatisation des autoroutes



Jackpot pour les exploitants

Le journal de TF1 notait hier que le prix de l’essence est 20 centimes plus élevé sur les autoroutes que dans le reste des stations-services et que le prix de tous les produits vendus dans les stations services, de l’eau minérale au sandwiches, est aussi bien supérieur au prix des supermarchés. Mais ce qui est dommage, c’est que le reportage n’ait pas fait le parallèle avec les profits extravagants réalisés par les entreprises qui ont les concessions autoroutières. Vinci, par exemple, réalise 13,9% de son chiffre d’affaire avec les concessions et 58,8% de son résultat opérationnel. En clair, les concessions affichent une rentabilité 9,4 fois supérieure à celle des contrats de construction classique, dont il n’a jamais semblé qu’ils étaient mal payés par l’Etat ou les collectivités territoriales. Et que penser des tunnels et autres parkings ?

Une défaite pour la collectivité

En outre, ce qui est frappant, c’est à quel point les péages des autoroutes se sont automatisés. Pour avoir beaucoup circulé cet été, je peux témoigner qu’il ne semble presque plus y avoir de cabines de péages où il est possible de rencontrer une personne humaine. Bien sûr, on peut penser que cela est plus efficace et que ces emplois ne sont pas les emplois les plus valorisants. Néanmoins, à une époque où pas moins de 6 millions de personnes recherchent un travail si on prend en compte toutes les catégories de demandeurs d’emploi, il semble aberrant d’avoir laissé faire ses suppressions de poste qui n’ont servi qu’à enrichir les actionnaires et les dirigeants des sociétés qui exploitent les autoroutes.

Non seulement, la France a probablement vendu à des conditions trop favorables pour les acheteurs les concessions des autoroutes. Mais la collectivité y perd doublement ensuite puisque les usagers paient sans doute des prix encore plus élevés qu’avant dans les stations services et aux péages, comme le rapportent de nombreuses associations de consommateurs. Mais en plus, l’Etat indemnise toutes les personnes qui ne sont plus employées aujourd’hui pour faire payer aux péages. Tout ceci montre à nouveau à quel point la privatisation des autoroutes, mise en place pendant le quinquennat de Jacques Chirac est une mauvaise affaire pour les français, qui y perdent bien plus qu’ills y gagnent.

Le service public doit rester public. Il est totalement aberrant de privatiser des monopoles comme celui des autoroutes car cela revient à accorder des rentes juteuses à des entreprises au détriment de l’ensemble des Français. Mais de cela, les « socialistes » ne se soucient plus depuis longtemps.

19 commentaires:

  1. Du fait des prix actuels des autoroutes je ne prend plus que la nationale sinon je ne peux pas aller voir mes enfants a 200 et 400 kilomètres de mon domicile,c trop vraiment trop avec des services aux prix abusifs que l'Etat devrait regarder d'un peu plus près la clientèle y étant captive .

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  2. Comme les politiques n'ont aucun compte à rendre et ne sont pas tenus de réparer les dégâts qu'ils causent avec les lois qu'ils votent ou font voter dans le seul intérêt de leurs petits copains (les actionnaires de Vinci disent merci), on n'est pas près devoir cesser ce genre de spoliation légalisée. On l'a dans le baba, définitivement.. On pourra lire autant de tribunes d'autres politiques offusqués, ça ne changera rien aux choses. #fatalisme

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  3. Je ne vois pas bien l'intérêt de conserver des emplois aux péages. Maintenir des emplois c'est bien mais il faut quand même se soucier de productivité, si l'on veut pouvoir payer les gens sans que cela ne pèse trop sur le revenu moyen. Quand la technologie existe qui permet d'automatiser les péages, la productivité des emplois rendus superflus devient assez faible, non ? Je ne dis pas qu'elle devient nulle, mais elle devient faible.

    De toute façon ces autoroutes devraient surtout être nationalisées et gratuites, avec un financement fiscal pour le fonctionnement et monétaire pour la construction. Comme dirait Friedman, cette activité relève du « monopole technique »… Et même dans un cadre nationalisé, percevoir des taxes auprès des conducteurs est aberrant : même si l'automatisation réduit les coûts administratifs, ces coûts ne disparaissent pas ; la technologie permet déjà de réduire le ralentissement imposé aux véhicules et permettra bientôt de le supprimer complètement et d'atteindre ainsi la même fluidité qu'avec la gratuité ; mais il restera des coûts administratifs supplémentaires par rapport à un financement fiscal. Donc la seule solution rationnelle, la moins coûteuse, la plus avantageuse en terme de productivité, est de faire comme pour les autres routes : une gestion administrée et un usage gratuit. Je pense que c'est évident pour à peu près tout le monde, sauf pour ceux qui, tout en prétendant bien souvent défendre la « valeur travail », entendent maintenir un système qui permet à des petits ou grands actionnaires de gagner de l'argent sans rien foutre et sans même prendre, en l'espèce, de véritable risque financier. C'est de la pure prédation économique.

    Quand je pense que des gens font mine aujourd'hui de découvrir que nos « socialistes » ne sont pas vraiment socialistes… Ils reviennent d'un voyage dans le système de Gliese 581 ou quoi ? Le gouvernement Jospin a trempé dans cette affaire il y a plus de dix ans…

    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/07/DESCAMPS/47973

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    1. Totalement d'accord.

      Et on pourrait ajouter une taxe sur les véhicules étrangers pour financer la gratuité totale du réseau.
      C'est pas normal que des camions étrangers puissent emprunter les nationales et ne rien payer pour traverser le pays.

      Et aussi les touristes étrangers qui ne font que traverser la France pour aller en Espagne et qui payaient l'autoroute doivent continuer à payer.

      Autant profiter de notre position géographique.

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  4. Je serais curieux de savoir pourquoi la commission européenne n'intervient pas, car il s'agit clairement d'une situation monopolistique proche du phénomène de cartellisation. Les autoroutes devraient appartenir à l'état. Mais je suis pour le péage, il faut bien les entretenir, donc ceux qui les utilisent, français mais aussi étranger, camions...doivent payer. Alors que le péage automatique fonctionne et permettra avait les nouvelles versions d'éviter les bouchons de péage, conserver du personnel serait totalement aberrant. A ce compte, il faut aussi revenir aux pompistes et ce raisonnement absurde est applicable à de nombreux domaines. En tant que client, j'ai essayé les caisses automatiques en super marché, et je trouve ça très pratique, surtout quand j'ai peu d'articles, ça évite de perdre du temps dans les files d'attente des caisses manuelles.

    Pour revenir aux autoroutes, le gouvernement a là un gisement à récupérer, pour retrouver de l'argent et redonner un peu de pouvoir d'achat aux français en rétablissant des tarifs de péage raisonnables.

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    1. La question des adaptations dues aux progrès technologiques ne se pose pas a priori de façon générale, mais au cas par cas. Concernant la productivité, la seule question qui vaille pour moi est de savoir comment sont répartis les gains de productivité, à qui elle profite en un mot. Et nous connaissons la réponse : aux multinationales, à leurs actionnaires et à leurs dirigeants. Demandez donc à Zacharias combien il a empoché quand il a pris sa retraite ... dorée sur tranche.

      Demos

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  5. Le système suisse ou autrichien de péage par vignette sur le pare brise me parait bien plus intelligent car il évite les bouchons de péage qui sont un coût en temps et carburant gaspillés.

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  6. Des péages trop cher sont aussi pénalisant pour le tourisme, français et étrangers peuvent finir par décider d'aller passer leurs vacances ailleurs, ça augmente aussi le trafic sur les nationales dont l'entretien est assuré par l'état entrainant aussi une consommation de carburant plus forte et plus de risques d'accidents.

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  7. Concernant le prix de l'essence et de la restauration sur les aires d'autoroutes, ils ont toujours été plus chers qu'ailleurs, cela ne date pas des privatisations. La raison en est que les commerçants qui sont installés sur ces aires doivent payer une redevance à la société d'autoroute, redevance qui est répercutée sur leurs tarifs.

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  8. Les privatisations des autoroutes ont été faites aussi bien sous des gouvernements socialistes que sous des gouvernements UMP. Le problème est que les sociétés d'autoroutes ont des contrats de concession avec des dates éloignées, je ne sais pas s'il serait facile juridiquement de les "renationaliser" avant l'échéance des concessions.

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  9. Lorsque les sociétés d'aurotoures ont été créées (à l'époque il s'agissait de sociétés d'économie mixte), il avait été dit que les autoroutes seraient payantes tant que le réseau ne serait pas totalement financé. Aujourd'hui il l'est mais les usagers paient toujours et même de plus en plus cher...

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  10. Au nom des contribuables français, un grand merci à Dominique de Villepin. Un peu moins de recettes de l'Etat se traduit par un peu plus d'endettement. Mais on est content pour les actionnaires de Vinci.

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  11. Au Benelux et Allemagne , le réseau est gratuit pour les véhicules particuliers (les camions sont taxés en Allemagne).En Autriche , je payais une vignette pour utiliser le réseau.

    C'est pour cela que je m' amuse de constater que beaucoup d' Alsaciens et Lorrains passent par le Luxembourg -Belgique pour aller dans le nord de la France au lieu d' utiliser l' A4 et l' A26 française.

    Mais bon, en France , c'est une spécialité de se faire arnaquer par les politiciens: l' exemple de la privatisation d' Aerospatiale à Lagardère très en dessous de son prix du marché et en moins e 15 jours par le gouvernement Jospin montre qu'ils ne travaillent pas pour les français .

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  12. Sur autoroute les vitesses se retranchent, elles ne s’additionnent presque jamais, puisqu’il n’y a quasiment pas de collisions frontales.

    Raison pour laquelle les limitations de vitesse sont moins sévères sur ce type de voie, avec un risque de mortalité divisé par 5 par rapport aux routes nationales.

    En France, les autoroutes étant payantes, elles ne remplissent pas leur fonction : soulager les voies secondaires (et leurs riverains) de l’essentiel du trafic de transit, comme en Allemagne.

    Avec inévitablement une importante surmortalité, dont le gouvernement ne parle jamais, puisqu’elle frappe d’abord ceux pour qui le montant du péage est un vrai problème, et donc pas les plus aisés.

    Cependant, comme chaque entrée/sortie d’autoroute nécessite la construction et l’exploitation d’une coûteuse infrastructure de péage, il y en a une tous les 20/30 km en France, contre 3/4 km en Allemagne.

    Cela réduit encore l’utilité de nos autoroutes, qui ne peuvent pas, le plus souvent, être empruntées pour les trajets quotidiens, et cette fois nos riches ont tort de se réjouir d’avoir l’autoroute pour eux tout seuls.

    Si les autoroutes étaient gratuites, la mortalité générale baisserait notablement, mais la part des autoroutes dans le total serait très supérieure à ce qu'elle est aujourd'hui.

    Ivan

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    1. "Si les autoroutes étaient gratuites, la mortalité générale baisserait notablement"

      Eh oui, quand tous les ministres viennent vanter leur engagement pour la sécurité routière, c'est du vent.
      La mortalité étant plus faible sur autoroute que sur route, si le véritable objectif était la baisse du nombre de morts, on inciterait les automobilistes à emprunter les autoroutes.
      Et pour ce faire, on les rendrait gratuites.

      Et on pourrait financer ça en plaçant des péages tout au long des frontières pour que chaque véhicule étranger paye une taxe pour emprunter le réseau routier français financé par les citoyens français.

      Mais bon aucune chance que nos chers dirigeants prennent des mesures populaires et dans l'intérêt de la France.
      Donc on continuera à se faire rançonner et à voir que notre réseau routier est un cadeau aux routiers étrangers au détriment des routiers français...

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  13. @Laurent

    Pour en revenir au débat sur la nécessité de changer de régime, je comprends ton souci d'efficacité de maintenir des mécanismes permettant un pouvoir fort. Pour que çà avance au lieu de patauger dans le marécage parlementaire. Mais je ne comprends pas que tu trouves secondaires les faiblesses actuelles qui ont créé la grave connivence actuelle entre élites politiques et milieu d'affaires.

    En débloquant celles-ci, en rétablissant de vraies garanties d'indépendance et de contrôle démocratique, on résoudrait le noeud du problème qui fait justement que la Vème République fait du sur place et maintient un statu quo défavorable à l'Intérêt Général.

    Ces réformes méritent donc un processus constituant.

    Bien à toi!

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  14. @ Anonymes

    Un témoignage édifiant. Mais un jour, nous aurons une révolution démocratique

    La commission n’intervient pas car elle est favorable aux monopoles privés…

    @ Joe Liqueur

    Quand il y a 6 millions de demandeurs d’emplois, il est aberrant de supprimer des emplois. Ce qui est gagné (qui plus est, dans les profits de Vinci & Co) est perdu par la collectivité en allocations chômage.

    @ Moi

    Oui, ce n’est pas nouveau, mais la tendance ne semble pas s’améliorer. UMP et PS sont complices sur cette question en effet.

    @ Ivan

    Merci pour ce point de vue intéressant

    @ Jauresist

    Pas d’accord. Je ne pense pas que ce soit la 5ème République qui les produise particulièrement. On constate exactement la même chose (voir pire) partout ailleurs. Le problème de vient pas des institutions à mon sens et je pense qu’elles sont le moyen de s’en sortir, même si certaines réformes devraient être menées pour en améliorer le fonctionnement et éviter les comportements des hiérarques des grands partis.

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  15. En Allemagne tout le réseau routier et autoroutier était financé par la recette de la TIPP (jusqu'à l'introduction récente d'un début de péage pour les camions) et le carburant n'est pas plus cher que chez nous.

    C'est manifestement le meilleur système pour les motos et les voitures. D'ailleurs si les voitures électriques devaient aussi cotiser à la TIPP les constructeurs s'empresseraient de ranger dans leurs tiroirs les projets de voitures nucléaires qu'ils nous présentent comme écologiques et durables.

    Cependant ce système ne convient pas pour les camions car l'usure de la route n'est pas seulement une fonction simple de la vitesse (une voiture use 2 fois plus la route à 100 km/h qu'à 50) c'est aussi une fonction cubique du poids par essieu. Un camion à 2 essieux de 10 tonnes use 1000 fois plus la route à vitesse égale qu'une voiture d'1 tonne à 2 essieux.

    Autant dire que l'essentiel du coût d'entretien du réseau est imputable au trafic marchandises, ce qui rend encore plus inexcusable les gigantesques et coûteuses infrastructures déployées pour soutirer des péages aux automobilistes et motocyclistes français.

    Le fret est aussi responsable de la moitié du coût d'investissement. Il existe en Chine des autoroutes urbaines (payantes) réservées aux voitures et aux motos qui ont coûté moitié moins cher à construire que si elles avaient été prévues pour pouvoir aussi accueillir les camions. Les premières autoroutes allemandes ont dû être complètement refaites juste après leur inauguration à cause des semi-remorques qui venaient d'arriver sur le marché et pour lesquels elles n'avaient pas été prévues.

    Si on veut instaurer une concurrence loyale avec le fer, ce qui est indispensable pour financer les énormes investissements nécessaires dans le ferroutage, inciter les transporteurs à ajouter des essieux sous leurs camions car en général il y a la place, et restituer un peu d'espace aux véhicules légers sur la route et l'autoroute, il faut taxer le poids transporté par essieu jusqu'à concurrence du coût réel du transport des marchandises par la route.

    Le système Ecomouv n'était pas fait pour cela, sans même parler de ses autres vices qui suffisaient à le disqualifier.

    Ivan

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  16. "Quand il y a 6 millions de demandeurs d’emplois, il est aberrant de supprimer des emplois. Ce qui est gagné (qui plus est, dans les profits de Vinci & Co) est perdu par la collectivité en allocations chômage."

    Je propose de remettre des poinçonneurs de ticket de métro. Ca va relancer du tonnerre de Dieu l'économie et l'emploi.

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