dimanche 9 novembre 2014

BCE, Fed, Banque du Japon : grande divergence et implications


Les 6 dernières années resteront longtemps comme une période exceptionnelle dans l’histoire des banques centrales. Les dernières semaines, et la grande divergence dans la politique des trois plus grandes banques centrales de la planète sont aussi extrêmement instructives pour les citoyens.



De Mars et de Vénus



La politique monétaire est bien une politique

Ce que cette séquence de six années démontre, c’est que la politique monétaire est bien une politique, à savoir qu’elle n’est pas une question technique qui peut être tranchée par des technocrates indépendants tant les réponses apportées à la crise diffèrent entre ces banques centrales, dont une, la japonaise, obéit au gouvernement, au contraire des deux autres. Bref, non seulement il est possible, aujourd’hui, d’avoir une politique monétaire aux ordres du gouvernement, comme au Japon, mais les réponses monétaires à donner à la crise ne sont pas évidentes. Les résultats économiques désastreux de la zone euro devraient pouvoir être sanctionnés par les électeurs pour changer de direction. Mais cela est doublement impossible, du fait de son indépendance et de l’impossibilité d’une démocratie européenne.

Les mesures annoncées par la BCE sont dérisoires car la somme totale annoncée correspond seulement à deux tiers de l’effort annuel japonais. Pire, c’est exactement le montant du plan précédent, dont il est difficile de dire qu’il a été à la mesure de la crise du continent. Et que dire du rachat d’ABS, qui faisaient partie des produits toxiques de la crise ! Le nouveau plan japonais démontre la puissance de l’arme monétaire que le gouvernement nippon, lui, n’hésite pas à utiliser. Sans doute un indice sur le moyen de sortir de la langueur économique du continent. La Fed ne nourrira plus la bulle, mais pousse le dollar à la hausse, ce qui ne sera pas neutre pour le contexte économique des prochaines années.

Tout ceci montre qu’il est une pure folie de sortir la politique monétaire du cadre démocratique, et que la politique menée par la BCE est désastreuse et tranche avec le volontarisme des politiques monétaires des Etats-Unis et du Japon, qui n’ont pas oublié que c’est un outil aussi puissant que le budget.

7 commentaires:

  1. "Tout ceci montre qu’il est une pure folie de sortir la politique monétaire du cadre démocratique". N'importe quel individu lambda, n'ayant fait ni Polytechnique, ni l'ENA, était capable d'imaginer qu'il était non seulement anti-démocratique, mais nuisible de créer une banque centrale indépendante. Malheureusement, la conjonction des délires de certains incapables notoires, comme Giscard et Delors, avec les phobies allemandes de l'inflation en ont décidé autrement. Par intérêt, idéologie ou stupidité ou, mieux, les trois à la fois.

    Demos

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  2. Est-ce que quelqu'un a des nouvelles de Jean-Claude Juncker ?

    Jean-Claude Juncker a disparu.

    Il n'accorde plus aucune interview, il fuit les journalistes, il évite toutes les caméras de télévision, il annule au dernier moment sa participation aux Journées de Bruxelles, etc. Bref, il se cache.

    Et, toujours aussi courageux, il laisse son porte-parole Margaritis Schinas affronter les questions des journalistes sur le scandale Luxleaks.

    Résultat : son porte-parole ne sait pas quoi répondre.

    Son porte-parole ne fait que répéter comme un robot : « M. Juncker est le président de la Commission européenne. Ceux qui doivent fournir les réponses, toutes les réponses, ce sont les autorités luxembourgeoises. »

    Jusqu'à quand Jean-Claude Juncker refusera de s'expliquer sur le scandale Luxleaks ?

    Jusqu'à quand Jean-Claude Juncker se cachera ?

    Lisez cet article :

    Luxleaks : le porte-parole de Juncker refuse d’évoquer son rôle en tant que Premier Ministre du Luxembourg.

    http://www.lesoir.be/700706/article/actualite/fil-info/fil-info-economie/2014-11-06/luxleaks-porte-parole-juncker-refuse-d-evoquer-son-role-en-tant-q

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  3. BA

    Faut arrêter, Juncker n'a pas créé de toutes pièces le système. Tous les gouvernements de l'UE ont signé les traités permettant ces montages fiscaux et s'étonnent maintenant. Tous comme les gouvernements de l'Euro ont signé les traités correspondants, puis s'en plaignent...

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    1. Les technocrates de l'UE font donc n'importe quoi, mais ils ne sont pas responsables. Comme les dirigeants politiques. Alors à qui la faute ? Aux Etats pardi ! et aux citoyens qui font n'importe quoi et ne sont pas prêts à faire des efforts. Tapons "à bras raccourcis" sur les Etats et vive l'idéologie libérale.

      Demos

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  4. @BA

    Merci. Il est tout de même paradoxal de l'avoir promu à ce rôle car il a été plus que solidaire de ce système.

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  5. Certains commentateurs sérieux, avec des arguments solides, soutiennent que les mesures prises par les banques centrales en dehors de l'Europe, surtout la japonaise, conduisent les pays concernés à  la catastrophe. Voir par exemple l'analyse de Charles Hugh Smith sur le Japon

    http://www.oftwominds.com/blognov14/Japan-budget11-14.html

    J'aime bien cette description des politiques accomodantes : "Keynesian Cargo Cult monetary stimulus".
    Les résultats, même aux Etats-Unis, ne sont pas au rendez-vous, surtout si on décortique les statistiques bidons (sur l'emploi), et on constate une explosion des inégalités. Les mesures prises par les BC apparaissent surtout comme un moyen d'échapper aux vraies réformes (comme une re-régularisation du système financier). A ce propos Charles Hugh Smith donne une citation de l'économiste John Kenneth Galbraith : "People of privilege will always risk their complete destruction rather than surrender any material part of their advantage."

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  6. @ Toutatis

    Mais tout ceci n'est sans doute pas vraiment keynésien car cela bénéficie trop disproportionnellement à la finance, aux multinationales et aux plus riches.

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