mardi 16 décembre 2014

Les électeurs japonais plébiscitent les Abenomics





Plébiscite démocratique

Bien sûr, l’opposition ne semblait pas vraiment à même d’affronter les urnes face aux élections anticipées et le taux de participation est très faible, à 52%. Mais l’ampleur du succès du Premier Ministre japonais et de son parti, le PLD, représente un vrai triomphe démocratique. Le PLD ne passe tout simplement pas loin de son record du nombre de députés élus depuis sa création en 1955 ! Avec près de 290 élus sur 475 sièges, il conserve avec son allié la majorité des deux tiers qui lui permet de passer des lois malgré le désaccord du Sénat, qu’il domine de toutes les façons aujourd’hui.

Ce succès montre que les électeurs Japonais approuvent le retour du politique dans leur pays. Ce faisant, Abe fait encore mieux que Koizumi, l’autre Premier Ministre des dernières décennies qui avait montré à son pays qu’il est parfaitement encore possible de faire de la politique et que les dirigeants politiques peuvent ne pas se contenter de simplement faire de la gestion à la petite semaine, en affirmant souvent faussement que l’on ne pourrait pas faire autrement, alors qu’ils ne font que théoriser leur manque de volonté d’agir sur le fond. Merci donc aux électeurs Japonais pour ce message.

Pour une réussite économique

Bien sûr, le PIB Japonais a accusé une forte baisse au second trimestre (-1,9%) et a encore perdu 0,4% au troisième, mais il ne faut pas oublier qu’il avait progressé de 1,5% au premier et que l’année 2013 avait été largement positive. Déjà, cela relativise les nuages des derniers mois, provoqués par la forte hausse de la TVA, d’autant plus que la population du pays diminue, ce qui rend délicat toute comparaison avec d’autres pays. En outre, l’économie japonaise n’est pas sans faiblesse, comme sa démographie, et il serait illusoire de penser que la direction prise par Shinzo Abe est parfaite.

Néanmoins, faute est de constater que, comme Shinzo Abe le disait pendant sa campagne : « le taux de chômage a baissé, les salaires ont commencé à augmenter, pensez-vous qu’il faille que l’on arrête, ou faut-il continuer ? ». Pour la première fois, le pays semble enfin sortir de la déflation dans laquelle il était enfermée par le biais d’une politique volontariste et complète, jouant sur les leviers monétaires, budgétaires et fiscaux, tout en poussant les entreprises à changer de politique salariale. Et le Japon montre que l’on peut vivre avec une dette de 245% du PIB, quand on a maîtrise sa monnaie.

Le message envoyé par les électeurs Japonais est extrêmement positif. Il montre que les électeurs ont bien compris la pertinence de la politique menée par le Premier Ministre. Tout ceci montre qu’il faut avoir foi dans la démocratie, que tôt ou tard, un bon chef se présente et les citoyens le suivent.

6 commentaires:

  1. ça me parait naïf, voire enfantin, de croire qu'on s'enrichit en imprimant des wagons de billets de banque. La catastrophe sera évitée tant que la confiance en la valeur du yen tiendra, mais est-ce que ça durera encore longtemps ? Ce qui se passe en ce moment c'est une fuite en avant, aussi bien du gouvernement japonais que des électeurs.

    http://www.primeview.fr/documents/Focus-eclairages-japon-ce-que-annonces-de-boj-changent-les-marches-196-fr.pdf

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    1. Justement, ils n'impriment pas de billets. Ils "impriment" des promesses!!

      Et les promesses, en cas de faillite du système, ça disparaît...

      On peut donc penser que ça supprime le risque d’hyper-inflation.
      Et que le risque est celui que les QE essayent d'éviter : la récession (voire dépression).

      Atténuer la dépression en une décroissance lente est ce que peuvent espérer les japonais dans le meilleur des cas. Leur population diminuant de manière très rapide (immigration 0 + natalité à 1.4) : ils perdent plus de 200 000 habitants par an (0.2% de la population).

      C'est le choix logique politique d'une population vieille : éviter un effacement de dette qui ruinerait les épargnants (qui sont en majorité vieux).

      Le Japon a la politique de sa démographie. Y a rien à y dire du point de vue démocratique.
      Pas comme dans la zone euro où les allemands cherchent à faire rembourser leur dette par les habitants des autres pays de la zone.

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  2. Je resterais prudent sur la pérennité du modèle économique japonais (et notamment la possibilité de conserver durablement une croissance économique vigoureuse dans un pays occidental). Je crois que le succès électoral de Shinzo Abe vient aussi, et peut-être surtout, du fait qu'il a su incarner dans son pays une forme de "patriotisme intelligent". C'est un homme qui croit en sa nation, sa grandeur, son identité mais qui sait en même temps paraître crédible et moderne, en évitant de céder à des réflexes "populistes" ou "réactionnaires". S'il était européen, il siègerait probablement dans le groupe ECR avec les conservateurs britanniques et polonais ou encore l'AfD allemande. Je ne pense pas qu'il côtoierait les trolls comme Grillo ou Farage. Une source d'inspiration pour des souverainistes français qui chercheraient à se démarquer réellement du Front National.

    Talisker.

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  3. @ Toutatis

    Tout n’est pas réglé, mais le Japon va beaucoup mieux.

    @ Bip

    Le Japon démontre qu’il est possible de mener une autre politique monétaire

    @ Talisker

    Réflexion intéressante. C’est pour cela que je me réjouis de son parcours

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  4. Autre avis plus conforme à la réalité à mon avis

    http://www.objectifeco.com/economie/politiques-economiques/banques-centrales/q-e-bientot-l-heure-de-verite.html

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    1. @ Toutatis
      La métaphore du "dopage" n'est pas un argument suffisant. Le problème n'est pas dans le principe du QE, car contrairement à ce que prétend l'auteur l'émission de monnaie agit bel et bien sur une économie dont les moyens de paiement circulent mal.
      Mais - et c'est là le vrai problème - il faut que les flux monétaires se dirigent vers la production et pas le désendettement ou les marchés financiers. D'où la nécessité d'une politique budgétaire forte, d'augmentations de salaires plus volontaristes qu'évoquées jusqu'à présent par Abe et, surtout, de mesures pour empêcher le détournement des flux vers des bulles.

      L'ampleur du QE n'est que le reflet de celle des fuites hors du circuit productif. La priorité est de museler la finance pour restaurer l'efficacité des politiques économiques. A partir de là, on obtiendra beaucoup plus d'effet avec des injections de monnaie moins massives.

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