jeudi 12 février 2015

Lion Capital saigne les surgelés Picard

C’est un exemple qui pourrait nourrir à la critique du néolibéralisme de Frédéric Lordon. L’Agefi révèle que les surgelés Picard vont augmenter leur dette de 88% pour pouvoir payer un dividende de 600 millions. Comme une impression de rançonnage ou de pillage par des actionnaires-brigands…



Des chiffres qui donnent le tournis

Les chiffres sont étourdissants et merci à l’Agefi de parler de ce qui n’est pas juste un fait divers mais est sans doute trop typique du mode de fonctionnement de notre économie, où les actionnaires se comportent comme les piranahs des entreprises qu’ils possèdent, qu’ils pressurent ou découpent comme des carcasses de bêtes mortes. Picard réalise 1,3 milliards d’euros de chiffres d’affaires pour 10% de marges. D’abord racheté en 2001 par Candover, puis par BC Partners en 2004, avant de devenir la propriété de Lion Capital en 2010, pour 1,5 milliard d’euros dont 975 millions à crédit, Picard va émettre 425 millions de dettes à 5 ans et augmenter de 325 millions sa ligne à taux variables.

Comme le rapporte l’Agefi, « Fitch a placé sous perspective négative sa grille de notation (…) L’agence souligne que l’opération va faire bondir de 88% » la dette. Les près de 750 millions de dettes de plus vont permettre à Picard de verser un dividende exceptionnel de 602 millions d’euros, près de la moitié du chiffre d’affaires annuel et 4 à 5 fois les bénéfices annuels ! Comment ne pas avoir l’impression que les surgelés Picard sont rançonnés par leurs actionnaires, contraints qu’ils sont d’emprunter pour payer des dividendes juteux, qui permettront à Lion Capital de mettre du beurre dans ses épinards, et faire in fine payer par les consommateurs les juteuses rémunérations du fond.

Un capitalisme actionnarial indécent

Malheureusement, les exemples effarants se multiplient, outre ceux cités par Frédéric Lordon. Et le monde de la finance n’est pas le seul à s’être illustré. Il y tout juste un an, la bible de la globalisation néolibérale, The Economist, s’était ému des 2,5 milliards de dollars de bonus extraordinaires des 40 dirigeants d’ABI (dont 289 millions de dollars pour le seul PDG), obtenus en vendant pour quelques années des filiales de l’entreprise à des fonds d’investissement, pour les racheter quelques années plus tard, bien plus cher, dans un jeu financier effarant. The Economist a aussi dénoncé la vogue des rachats de leurs propres actions par les entreprises, pas moins de 500 milliards de dollars !

Tout ceci montre qu’il y a un vrai problème structurel dans l’organisation de nos sociétés, qui donne un pouvoir délirant aux actionnaires (qui sont sans doute aussi ceux dont HSBC organisait la désertion fiscale), qui se comportent comme des vautours pour l’économie réelle. Car derrière ces milliards de dettes, de dividendes, et de rémunérations pour les actionnaires et les dirigeants (dont les intérêts sont alignés avec les premiers), il y a aussi de nombreux emplois détruits ou transférés dans des pays à bas coût. L’indécence de ce capitalisme actionnaire dérégulé devient chaque jour plus éclatante, au point que mêmes les gazettes qui défendent cette dérégulation en prennent un peu conscience.

Merci donc à l’Agefi de faire la chronique de ce capitalisme devenu cannibale où une petite élite largement inconsciente, se repêt des entreprises qu’elle possède ou dirige. Il faut rappeler ces anecdotes qui n’en sont pas pour permettre la prise de conscience de la nécessité d’un vrai changement. 

21 commentaires:

  1. La vache payer 1.5MMM pour une boite de surgeles qui fait 1.3MMM de CA, c'est cher !!

    RépondreSupprimer
  2. La question est comment se fait il que des concurrents moins gourmands ne lui prennent pas des parts de marché puisque leurs coûts ne seraient pas impactés par la charge de cette dette et celle des dividendes ?

    Il y a un problème de concurrence, voire de cartel si les concurrents font de même.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il manque des informations économiques ( les trois derniers bilans) pour émettre un avis notamment sur Lion capital et Picard surgelés.

      Surtout en économie, il faut garder raison et se méfier des récits des journalistes même de ceux d'Agefi, qui recherchent avant tout à faire un papier accrocheur.

      Seuls les PDG respectifs et membres des conseils d'administrations pourraient expliquer leurs stratégies de gestion.

      Il faudrait aussi consulter les annexes aux bilans de chaque unité et la consolidation finale de groupe.

      Supprimer
  3. Bonjour,

    Question subsidiaire :
    Qui prête 425 M à Picard ?

    Si un actionnaire veut endetter sa boîte à hauteur de 88% de son CA, pour se reverser des dividendes, certes c'est sans doute pirahna... mais bon !

    Par contre il serait intéressant de savoir qui finance et comment la dette sera titrisée pour être diluée dans des portefeuilles d'investisseurs lambdas !

    Belle finance qui bosse pour l'économie bien réelle !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un actionnaire ne peut pas endetter sa boite, parce qu'il ne possède pas de boite. C'est un actionnaire, il possède un titre financier, un bout de papier qui s'appelle une action. L'entreprise, la boite, est structurée sous la forme d'une société de capitaux, qui a la personnalité juridique et n'appartient à personne d'autre qu'elle-même.

      Ce qui peut se passer, c'est que le directeur de l'entreprise, c'est à dire la personne mandatée par la société de capitaux pour gérer ses intérêts, commet un délit, en violant son mandat social. En effet, pour la société de capitaux les dividendes sont un coût, donc l'intérêt de la société de capitaux est de les réduire au minimum possible. En augmentant les dividendes au delà du nécessaire, le mandataire agit contre les intérêts de son mandant : c'est un abus de mandat social, en collusion avec les actionnaires, pour dévaliser la société de capitaux.

      Quant à la théorie de la valeur actionnariale, c'est une incitation à commettre le délit d'escroquerie.

      Mais vu que personne ne veut ou ne peut poursuivre ce genre de délinquant, ça va passer comme une lettre à la poste.

      Supprimer
  4. Ce capitalisme est plus qu'indécent ce ne sont que des prédateurs, des vautours qui doivent être mis hors d'état de nuire.

    RépondreSupprimer
  5. Une fois de plus la démonstration est faite :
    LES IDEOLOGIES EMPÊCHE DE REFLECHIR.

    PICARD à un chiffre d’affaire moyen de 1,28 milliard sur les 5 ans passés et 95 millions de bénéfice en moyenne (7,5% et non 10% come annoncé dans le blog)
    L’achat s’est fait pour 1,5 milliards soit un rapport de 6% ce qui n’est pas négligeable.
    Le financement des 1,5 milliards qu’il soit une épargne de l’actionnaire d’un fond de placement retraite où celle des épargnants dans les banques est sans importance. Seul le rendement est en question.
    Quel doit être ce rendement ?
    Au minimum celui de l’inflation, du coût de fonctionnement de l’organisme financier fond de placement ou banque et la part d’impôt sur les sociétés et sur les dividendes. il ne faut alors regarder que le solde pour connaitre l’exact revenu du GRAND CAPTAL.
    Qui peut répondre à cette question.

    Est-il interdit à un citoyen se substituer au GRAND CAPITAL ?

    Concernant les prêts ceci n’est que diversion. Le capital appartient aux actionnaires et aux prêteurs qui prennent des garantis sur le bien et sur l’actionnaire (donc peu de risque) et c’est l’actionnaire qui risque de gagner ou de perdre et quand cet actionnaire à recours à l’emprunt il doit en rembourser le capital avec ses revenus après frais et impôts.

    Ceci explique que la gestion de l’emprunt nécessite des ajustements pour optimisation en fonction du solde des dividendes. Dans le cas de Picard l’emprunt a été 975 millions. Les bénéfices sur 5 ans 475 millions.
    Tout les prêts fait après l’acquisition en 2010 ne sont que des ajustements de modes de prêt qui contrairement à ce qu’annonce ce blog le montant des prêt n’a pas été augmenté (l’annonce de 88% d’augmentation n’est que sur un mode de prêt alors que les autres modes ont en baissés).

    Conclusion en cinq ans picards dispose de 475 millions pour payer, les intérêts, les impôts de la société et la distribution aux actionnaires dont une partie sert à payer ses impôt personnel sur ce revenu et éventuelle son remboursement de prêt personnel ou par l’intermédiaire de la société financière.

    Maintenant si les actionnaires veulent emprunter pour se payer des royalties en quoi les consommateurs sont-ils toucher ?
    Pour une société l’important est d’avoir des prix compétitifs et c’est la concurrence qui doit empêcher l’augmentation du revenu ‘’du capital’’. Le seul risque contre lequel il faut se mobiliser c’est l’entente qui détruit la concurrence.


    La seule chose juste à retenir de ce blog est :
    « Faire, in fine, payer par les consommateurs les juteuses rémunérations du fond. »

    Voila un sujet intéressant à traité : comment faire pour que ce ne soit pas ainsi ?

    Que se soit dividendes, impôts sur les sociétés, charges salariales, charges patronales et autres prélèvement, inclus dans le prix du surgelés, il n’y a que le consommateur qui paye et jamais le salarié, ni l’entreprise.

    Peut être que si le fond appartient aux 4800 salariés de PICARD (312 500E par salarié) ils ne demanderont rien de plus que leurs salaires plus inflation, frais, intérêt à taux réduit, même en étant propriétaire, cela permettra de baisser le prix de leurs surgelés de 3 où 4% pour prendre des parts de marchés aux autres qui feront pareils?
    Et prendre sur leurs salaires le remboursement du prêt de 312 500E et une augmentation de leurs impôts correspondant à ceux prélevée sur les dividendes et les bénéfices de la société.

    Unci TOÏ-YEN

    RépondreSupprimer
  6. Mais puisque nos économistes de T.V vous répètent qu'attirer les investisseurs va nous sauver c'est que c'est surement vrai n'est ce pas ?

    RépondreSupprimer
  7. De toute façon, avant de faire la leçon aux financiers qui font telle ou telle chose, vous feriez mieux de balayer devant votre porte.

    Ils engagent l'avenir à long terme de cette entreprise pour se verser des dividendes ? La belle affaire.
    Vous faites la même chose, en soutenant une politique d'immigration qui est en train de changer de manière irréversible votre pays, pour des gains idéologiques de court terme.

    Avant de demander aux financiers de se comporter de manière rationnelle et durable, commencez donc par le faire vous même, en commençant par les sujets les plus importants : démographie, territoire, souveraineté... Sans cela, quelle légitimité à vos leçons ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous avez tout du parfait crétin a côté de la plaque ,vous !
      Vous arriveriez a cracher votre haine d 'imbécile raciste sur une publicité pour bonux !

      Supprimer
    2. Non mais vous avez vu les pubs Ricoré ou tout le monde est de type caucasien ? Un scandale ma bonne dame...

      Supprimer
  8. Mais pourquoi le font ils , qu'est ce qui les y oblige , cet article n'explique finalement rien !

    RépondreSupprimer
  9. Merci pour cette article, à vomir. La faillite de Mory ducros il y a quelques semaine est aussi un bon exemple de pillage. Je me souviens avoir discuté avec un représentant CGT de cette boite qui m'avait expliqué comment s’était passé leur rachat par LBO puis le pillage en réglé de tout leurs actifs. Ce qui m'avais paru le plus hallucinant était que le nouveau propriétaire pour rembourser le près qu'il avait fait pour acheter la boite avait vendu les camions de la boite quelques mois après sont achat la condamnant ainsi à terme...

    Donc globalement ces gens s'endettent pour racheter une boite rentable, rembourse le près avec les actifs de la boite! (et la saigne à mort pour en tirer un max de pognon avant de passer à une autre victime...) Ce systeme devrait être interdit. l'argent d'une entreprise n'est pas celui des actionnaires...

    Enfin, on trouve ce type de pillage à toute les échelle y compris les plus grandes:
    http://www.lesmotsontunsens.com/france-telecom-des-dividendes-superieurs-aux-benefices-7201

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour cette article, à vomir. La faillite de Mory ducros il y a quelques semaines est aussi un bon exemple de pillage. Je me souviens avoir discuté avec un représentant CGT de cette boite qui m'avait expliqué comment s’était passé leur rachat par LBO puis le pillage en réglé de tout leurs actifs. Ce qui m'avais paru le plus hallucinant était que le nouveau propriétaire pour rembourser le prêt qu'il avait fait pour acheter l’entreprise avait vendu les camions de cette même entreprise quelques mois après son achat, la condamnant ainsi à terme...

      Donc globalement ces gens s'endettent pour racheter une boite rentable et remboursent ensuite le prêt avec les actifs de la boite! (Puis la saigne à mort pour en tirer un max de pognon avant de passer à une autre victime...) Ce système devrait être interdit et les connards qui font cela jugés pour crime économique. L’argent d'une entreprise n'est pas celui des actionnaires...

      Enfin, on trouve ce type de pillage à toutes les échelles y compris les plus grandes:
      http://www.lesmotsontunsens.com/france-telecom-des-dividendes-superieurs-aux-benefices-7201

      Supprimer
  10. Les fonds financiers vivent en apesanteur de la réalité, et nuisent gravement à l'économie réelle en achetant / revendant telle ou telle entreprise. Seule la rentabilité de court-terme les intéresse. Ils ne sont pas du métier, n'y connaissent rien au niveau opérationnel, et méprise l'aspect RH.
    Combien de groupes ne sont plus dirigés que par des financiers... Je l'ai constaté dans ma boîte : "maîtrise de coûts" pour les filiales, zéro investissement, aucune vue à long terme, aucune prise de risque. Le "développement" ne se fait qu'à coups d'acquisitions ! Mais des ratés, des plantages... quelle liste !

    Picard, mais quel dommage, quelle tristesse même...
    Un gibet de Montfaucon est la seule solution qui me vienne à l'esprit pour ces "financiers"...


    Olivier

    RépondreSupprimer
  11. @ Lowcarber

    Cela dépend de sa profitabilité, qui est bonne

    @ Anonymes

    1- Picard est un leader incontesté de son secteur, ce qui permet de meilleures marges

    2- Et si d’autres fonds lui prêtaient ? Après tout, ils se rachètent déjà les boîtes…

    3- Sauf qu’il s’agit ici d’une entreprise non cotée, ce qui libère de certaines contraintes…

    @ Un citoyen

    Une moyenne sur 5 ans peut différer du dernier résultat semestriel, qui affichait un bénéfice d’environ 10% du CA.

    @ Anonyme 13:06

    Commentaire effarant et un peu maladif, sans rapport avec le papier, ni avec ce que je dis.

    @ Bernard Henry Botul

    Aujourd’hui, c’est juste un laisser-faire effarant

    @ Red2

    Merci

    @ Olivier

    Bien d’accord

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une fois de plus la démonstration est faite :
      LES IDEOLOGIES EMPÊCHE DE REFLECHIR.

      Votre réponse est une nouvelle preuve.
      "Une moyenne sur 5 ans peut différer du dernier résultat semestriel, qui affichait un bénéfice d’environ 10% du CA."

      Tout est bon pour retomber sur votre idéologie ; votre préférence va à l’exception plus tôt que la normalisation moyenne.
      Mais votre affirmation n’est pas démontré.
      En cinq ans le bénéfice le plus haut est 8%
      La dernière année il est de 6,7% et le semestre suivant il augmente de 49% pour faire 10% avec un CA de seulement plus 2,2%?
      çà ne parait pas sérieux.

      Unci TOÏ-YEN

      Supprimer
    2. @ Un citoyen

      Vous pourriez me reprendre si j’avais dit que depuis 5 ans, le bénéfice était à 10% du CA. Mais ce n’est pas ce que j’ai fait. J’ai évoqué 10%, en m’appuyant sur le premier semestre 2014 uniquement. Vous pinaillez pour mieux pouvoir ignorer le fond du débat.

      Supprimer
    3. @ Laurent Herblay
      Vous pinaillez pour mieux pouvoir ignorer le fond du débat.

      En effet si dans mon intervention je dit:

      La seule chose juste à retenir de votre blog est :
      « Faire, in fine, payer par les consommateurs les juteuses rémunérations du fond. »

      Voila un sujet intéressant à traité : comment faire pour que ce ne soit pas ainsi ?

      Cette interrogation s'est engager un débat sur le fond et vous répondez
      et vous ne trouvez que comme réponses une diversion:

      Que ce que je dis " la moyenne des bénéfices en cinq ans est de 7,5% et non 10% parce que vous ne précisez pas que 10% est le bénéfice des 6 mois qui suivent les cinq ans dont vous parler dans votre blog.
      Je ne suis pas devin et je ne savez pas que durant ces 6 mois le bénéfice avez augmenté de 50% par rapport à l'année d'avant. C'est énorme, ce qui nécessiterait de votre part une confirmation que votre pinaillage confirme sans preuve ni explication de raison et laisse sans suite l'interrogation:

      « Faire, in fine, payer par les consommateurs les juteuses rémunérations du fond. »

      Voila un sujet intéressant à traité : comment faire pour que ce ne soit pas ainsi ?

      J'espère que vous ne vous défilerez pas, une fois de plus, et
      aller répondre sur le fond et non par des diversions.

      Supprimer
    4. Je ne comprends rien. Mais si le raisonnement est a niveau de l'orthographe, bonjour!

      Supprimer
  12. La publication dans la presse (Médiapart et la presse locale), la révolte des salariés et des clients, le courage des patrons (licenciés par ces fonds vautours) ont réussi à faire faire marche arrière aux 3 fonds d'investissement qui souhaitaient faire subir le même sort à la société FPEE (petite PME de la Sarthe).
    http://www.mediapart.fr/journal/france/120215/les-trois-fonds-vautours-qui-voulaient-depecer-une-pme-mordent-la-poussiere

    RépondreSupprimer