mardi 5 mai 2015

Fascisme à outrance (Les Nouveaux inquisiteurs) (billet invité)

Billet invité de l'oeil de Brutus




Est-il encore possible de s'exprimer librement en France ?[i] La question mérité d’être posée tant il est vrai que « l’usage abusif et aveuglant du mot fascisme »[ii] révèle l’incapacité de toute une frange de la classe politico-médiatique à accepter le débat. Née dans les rangs de l’extrême-gauche à une époque, aujourd’hui relativement lointaine où des partis autoritaires et souvent xénophobes se projetaient en partis uniques et dictatoriaux (mais est-ce encore le cas de nos jours en France ?[iii]), l’obsession antifasciste, sous l’impulsion du politiquement correct, a progressivement gagné tout, ou presque, le spectre politique, avec cette « envie que les problèmes d’aujourd’hui soient exactement ceux d’hier et qu’il n’y ait rien de nouveau à penser »[iv]. Or, « ce refus de penser conduit à l’interdiction de penser et de nommer. Grâce à la reductio ad hitlerum, quiconque parle de la patrie, du travail et de la famille est un adepte de Pétain. Quiconque parle des problèmes posés par certains immigrés recommence la Shoah »[v]. Et c’est bien là tout le but : interdire l’accès au débat. Comme les questions économiques, sous l’égide du « TINA », ne se discutent pas (voir les chapitres précédents), il ne reste plus qu’à fermer les questions sociales au nom de la lutte contre l’Hydre et le débat ne pourra se concentrer que sur quelques vagues questions sociétales (et encore, voir les chapitres suivants). Le citoyen n’aura plus alors que le choix entre deux clans de la même dyarchie, affichant consensus sur toutes les questions de fond (l’Europe, la Nation, l’économie, la diplomatie, l’immigration, l’école, etc.) mais instrumentalisant une fausse alternative avec de savantes doses de compassions clientélistes (les clientèles étant les seules variantes des deux clans), étant bien entendu qu’ils ont de toutes façon sciemment abandonné depuis belle lurette tout forme de pouvoir réel (c’est finalement fatiguant à exercer, et bien peu gratifiant au final) aux marchés et aux technocrates.

Une fois ces bases du politiquement correct posées, on peut donc se lancer dans tous les procès en sorcellerie. Deux jeunes rebelles de salon et eux pacotilles peuvent donc se targuer de vouloir interdire de tribune Marcel Gauchet sous prétexte des supposées intentions réactionnaires de celui-ci[vi]. Mieux encore, un ci-devant premier ministre, de « gôche », peut initier un véritable « tir groupé qui relève du procès en excommunication, comme si pointer les dérives dites « réactionnaires » des intellectuels de gauche était désormais devenu un marqueur identitaire d’une gauche labellisée « véritable », mais en état de mort cérébrale, d'asphyxie politique et incapable de penser le progressisme au-delà de quelques questions sociétales et d’indignations relevant du réflexe pavlovien »[vii]. La cible : Michel Onfray. On est décidemment jamais mieux trahi que par les siens. Néanmoins, les sorties de Manuel Valls, ses distributions de bons points et de mauvais aux « intellectuels » qui ont le bonheur de lui plaire (si tant est que l’on puisse qualifier BHL[viii] d’ « intellectuel »), sont finalement un mal pour un bien : elles jettent le masque de la vertu pour que tout à chacun puisse contempler le visage de l’intégrisme intolérant et dogmatique, dont la violence verbale n’est que le dernier refuge d’une incompétence patente et d’une inculture crasse[ix].

Rien d’étonnant à cela alors que, dans des débats autrement plus graves, le « fasciste » des sophistes bien-pensants soit dans le camp exactement opposé au « fasciste », pour le coup bien réel, de la réalité. Le nouveau gouvernement de Kiev, installé après un véritable coup d’état appuyé, sinon fomenté, par les Etats-Unis et l’Union européenne, peut accueillir en son sein d’authentiques néo-nazis[x], dont certains commémorent avec nostalgie les divisons SS ukrainiennes, le politiquement correct a choisi son camp : les « fascistes » sont ailleurs et c’est une véritable traque au prorusse[xi], ou assimilé comme tel (le politiquement correct ne connaît aucune forme de nuance, donc toute critique un tant soit peu appuyée du gouvernement de Kiev est foncièrement de nature pro-russe, donc pro-Poutine – car Russie = Poutine bien sûr ! -, celui-ci, avec guère de nuance, étant évidemment assimilé au fasciste) qui est initiée par toute la bien-pensance[xii].

Ce sont cependant les suites de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo qui ont montré jusqu’à quel point – pour l’instant, c'est-à-dire en attendant « mieux » - pouvait monter l’intolérance idéologique de cette bien-pensance. Que l’on soit choqué par la violence faite à des vies humaines, d’une part, et par la remise en cause intrinsèque de la liberté d’expression que représentaient les actes de MM. Coulibaly et Kouachi, d’autre part, est pour le moins « normal » dans une démocratie humanisme. Et l’on était effectivement en droit d’attendre que tout Français qui assume l’histoire, l’héritage et les valeurs de son pays le soit. Mais que l’on intime, de manière plus ou moins sous-entendue, l’ordre d’adhérer à la ligne éditoriale d’un « journal » qui ne survit que sur la base d’une satyre provocatrice, marque d’un faux anticonformisme (qui n’est finalement que terriblement conformiste à l’ère d’un temps qui a fait de la transgression une norme), en est une autre. Or, comme le souligne fort justement Frédéric Lordon[xiii], tout le mouvement « Je suis Charlie » a reposé sur cette ambiguïté, dont il ne s’est jamais vraiment extrait. « Qui fait l’ange, fait la bête ». C’est donc alors que, sous couverts des plus hautes vertus de la tolérance, on a vu apparaître, jusqu’aux sommets médiatico-politiques, l’intolérance la plus abjecte. On a alors osé, par un véritable stratagème rhétorique orwellien, appeler Voltaire à la rescousse pour bâillonner toute forme d’expression discordante de la pensée unique. On a pu ainsi entendre une ci-devant soi-disant « journaliste », en charge du service politique de plus grande chaîne du « service » « public » télévisuel, Nathalie Saint-Cricq pour ne pas la nommer, clamer qu’il ne « faut pas faire preuve d’angélisme. C’est justement ceux qui ne sont pas “Charlie” qu’il faut repérer, ceux qui, dans certains établissements scolaires ont refusé la minute de silence, ceux qui “balancent” sur les réseaux sociaux et ceux qui ne voient pas en quoi ce combat est le leur. Eh bien ce sont eux que nous devons repérer, traiter, intégrer ou réintégrer dans la communauté nationale »[xiv]. Mais l’on avait encore rien vu. Car le ministre de l’Education nationale lui emboîtait rapidement le pas : « il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves, et nous avons tous entendu les “oui je soutiens Charlie, mais…”, les “deux poids deux mesures”. “Pourquoi défendre la liberté d’expression ici et pas là ?” Ces questions nous sont insupportables, surtout lorsqu’on les entend à l’école qui est chargée de transmettre des valeurs »[xv]. Mettez ces mots dans la bouche de Pol Pot ou dans celle d’un Mao de la Révolution culturelle, vous n’aurez pas grand-chose à y changer ! Le bien-pensance ne veut voir dépasser aucune tête[xvi]. Qu’on n’ose même pas la plus petite once de remise en cause : ici, il n’y a pas de « pourquoi »[xvii] !

« Néo fachos » au pire (pour ceux qui expriment leur opposition depuis toujours), « gauchos réac » au mieux (pour les « traitres » à qui l’on conserve encore une certaine (pseudo) amitié ou que l’on espère peut-être encore voir rejoindre le camp du Bien)[xviii], tout opposition à l’ordre libéral-libertaire se trouve cantonné entre ces deux bornes. Une fois arrivé là, rien d’étonnant donc, à ce qu’un journaliste bien en cour au sein de l’oligarchie (en l’occurrence Jean-Michel Apathie, mais à sa décharge il ne fait exprimer là tout haut, ce que nombre de ses membres murmurent de plus en plus haut) en viennent à interdire de se présenter aux élections ceux que sa haute et souveraine bien-pensance aura jaugé comme « inutiles »[xix].
Toujours aussi marquant dans ses anticipations, Georges Orwell avait, dès 1946[xx], annonçait que « le mot "fascisme" a désormais perdu toute signification et désigne simplement "quelque chose d'indésirable"»[xxi]

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[i] Est-il encore possible de s'exprimer librement en France ?, Dominique Jamet, Atlantico.fr, 18-févr-12.
[ii] Petit rappel entre amis : le fascisme, c'est quoi ?, Atlantico.fr, André Sénik, 08/06/2013.
[iii] Concrètement Marine Le Pen (et ses sbires) se rêve-t-elle vraiment en Mussolini à la française, dissolvant toute forme d’opposition et imposant sa vision de la société d’autorité à tous les Français ? On peut raisonnablement en douter. Non : le FN n’est pas un parti « fasciste », c’est une autre forme d’extrême-droite, banalement populiste, vaguement xénophobe (pour la majorité de ses membres, ce qui lui permet de drainer l’extrême minorité d’imbéciles qui croit encore à la différenciation des races), foncièrement opportuniste. Un simple avatar de poujadisme.
[iv] Andé Sénik, ibid.
[v] Id.
[vi] Edouard Louis: Plus rebelle que moi, tu meurs !? Régis Soubrouillard, Marianne, 05-août-14 ;
Débattre en France, Joseph Macé-Scaron, Marianne, 09-août-14
[vii] Michel Onfray, le nouveau paria de la gauche, Régis Soubrouillard , Marianne, 21-sept-14.
[viii] Lire BHL, Le seigneur et maîtres des faussaires, L’œil de Brutus, 15/10/2012.
[ix] Manuel Valls, les intellectuels et l'inculture triomphante, Vincent Tremolet de Villers, Figarovox, 20-mars-15.
[x] Sur le sujet, lire l’excellent série de billets réalisées par Olivier Berruyer sur le site Les Crises, en particulier :
Pendant ce temps là en Ukraine…, Olivier Berruyer, Les Crises, 22-janv-15.
[xi] Lie les papiers de Jacques Sapir sur son blog Russeurope, en particulier :
Un scandale, Jacques Sapir, russeurope, 25-janv-15.
Nouvelles du Donbass, Jacques Sapir, russeurope, 02-févr-15.
Peut-on sauver l’accord de Minsk? , Jacques Sapir, russeurope, 14-févr-15.
[xii] Halte à la chasse aux "prorusses" !, Roland Hureaux, Marianne.
[xiii] Charlie à tout prix ?, Frédéric Lordon, repris par Les Crises, 13-janv-15.
[xiv] Journal de 13h de France 2, 12/01/2015.
[xv] Mme Vallaud-Belkacem, Assemblée Nationale, 14/01/15.
[xvi] Charlie, je ne veux voir dépasser aucune tête, Alain Gresh, Blog Le Monde diplomatique, 20-janv-15.
[xvii] « Hier ist kein warum » (Ici, il n’y a pas de pourquoi), Noëlle Cazenave-Liberman, Les Crises, 30-janv-15.
[xviii] Néos fachos et gauchos réacs, Jean-Paul Brighelli, Bonnet d’âne, 04/10/2014.
[xix] Jean-Michel Aphatie, la démocratie et les « candidats inutiles », Julien Salingue, Acrimed.org , 03-févr-12.
[xx] Georges Orwell, La politique et la langue anglaise, avril 1946, cité par Pierre-André Taguieff, La Revanche du nationalisme , PUF 2015
[xxi] Sur le sujet, lire La "renaissance du fascisme", une illusion tenace, Marianne, 05 Avril 2015. 

16 commentaires:

  1. Ne vous en déplaise, je ne peux être d'accord avec la conclusion de votre point iii...tous les anthropologues médico-légaux savent, comme c'est mon cas, qu'au seul examen des os d'un squelette on est en mesure d'identifier, son sexe...et sa race...et oui, il y a bien des races malgré la bien pensance...il y en a 3...les africains, les caucasiens et les asiatiques...et où on se rend compte de la stupidité de ce néo-fascisme de gauche, c'est que justement, ce serait un argument de poids, car figurez vous que les maghrébins sont des...caucasiens...Comme les européens...et qu'il serait ainsi facile de démontrer que le raisonnement sur l'infériorité de certaines races, est une ânerie...Quant au reste, non les races ne sont pas égales, elles sont simplement différentes, à preuve la pharmacopée thérapeutique, par laquelle on constate que le médicament pour les blancs, peut être toxique pour les noirs, voire certains sémites...les races sont différentes, ça n'en rend aucune inférieure, et appeler les races des ethnies ou je ne sais quel terme ampoulé, ne change rien au problème...ce n'est pas le mot de race qui est dangereux..c'est l'imbécilité de ceux qui le pratiquent et qui de toute façon lorsqu'ils auront un bronzé devant eux auront, a priori, une réaction de refus...et tant que nos gouvernants n'auront pas compris que ce qu'il faut éradiquer de notre société, ce n'est ni le racisme, ni l'antisémitisme, ni l'homophobie, c'est la VIOLENCE, celle de tous les jours comme celle qui est exceptionnelle, celle du mari violent, comme celle du motocycliste qui met des coups de pied dans la portière des automobilistes qui le gênent, celle des cours de récréation, où de petits caïds imposent leur autorité à toute une école...car si on lutte contre la violence, le reste viendra tout seul, on n'aimera peut-être, toujours pas, les juifs ou les arabes...mais on cessera de s'agresser les uns les autres...

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    1. Vous êtes donc en désaccord avec vos collègues US qui croient généralement aussi, par exemple, en l'existence d'une race "hispanique" Ennuyeux, non ?

      Si la proposition "les races humaines existent et elles sont au nombre de trois" est scientifique au sens de Popper on doit pouvoir imaginer une expérience qui la réfuterait le cas échéant.

      Ivan

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    2. @ Axel,

      C'est marrant car beaucoup de médecins et de chercheur paléo disent qu'il est très difficile de déterminer si un squelette est celui d'un homme ou d'une femme...

      En effet, il y a une énorme diversité de types à l'intérieur d'une même espèce.
      Les squelettes sont trop souvent très éloignés d'un modèle type.

      Autre point, l'homophobie ou le racisme ou l'antisémitisme sont indissociable des violences que vous souhaitez voir combattre.

      Il n'y a pas de violences homophobes sans homophobie.

      Les racistes en ont rien à fiche en vérité que les races humaines existent ou non.
      Même si on leur démontrait que les races humaines n'existent pas, ça ne les feraient pas changer d'avis sur le racisme (qui est une conception hiérarchiques des races réelles ou supposées).

      Le racisme n'est pas simplement le constat qu'il y a des races humaines.

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    3. @Axel : vous confondez le patrimoine génétique, qui permet effectivement de dégager, comme vous le dites, de grandes tendances (Africains, Asiatiques et Caucasiens) avec des pathologies associées avec la notion de race. Les multiples métissages font qu'effectivement des tendances perdurent. Mais ce ne sont que des tendances. Cela ne forme nullement des "races".
      en pratique et par exemple, l'héritage des différentes migrations fait que chez un Algérien, il peut y avoir du kabyle, du berbère, du wisigoth, du romain, du phénicien, du normand, de l'africain et finalement très peu ... d'arabe !

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  2. Globalement d'accord avec cet article. Il y en a marre avec cette pensée unique qui interdit d'aborder des sujets. J'ai visionné récemment un débat ou quelqu'un refusait de mettre sur un pied d'égalité l'extrême-gauche et l'extrême-droite, sous entendant que la première est respectable. Et bien pour moi, pas pour moi ! Les deux sont nauséabondes.
    J'ai toujours dit pour ma part qu'il existait plusieurs races au sein de l'ESPECE humaine. N'oublions pas qu'au sein de l'espèce canine il y a aussi plusieurs races (mon propos n'est pas de mettre sur un pied d'égalité les hommes et les chiens mais d'effectuer un comparatif logique).

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    1. Si votre chien n'a pas de pedigree c'est un corniaud.

      Le pedigree garantit qu'il appartient à une lignée qui a été sélectionnée sur plusieurs générations pour obtenir et stabiliser des caractéristiques précises qui constituent les caractères de la race. Autrement dit tous les accouplements ont été décidés par une autorité extérieure dans le but d'obtenir ou de reproduire la race en question.

      Cela n'a jamais existé chez l'homme même si cela figurait au programme du IIIème Reich, qui avait commencé l'expérience, mais n'a pas régné assez longtemps pour atteindre ce but.

      Ivan

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    2. @ Ivan,

      Auriez-vous confondu "race" et "espèce" ?

      Un "corniaud" appartient à l'espèce canine... même s'il n'est pas un chien de race (mais un mélange de deux races canines ; ou un spécimen dont la généalogie n'est pas "garantie", ou "garantie" sans tares).

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    3. @ Abd_Salam

      Je n'ai pas confondu.

      Le corniaud résultant du croisement entre 2 chiens de race est un cas particulier, puisque les premiers chiens étaient tous des corniauds, jusqu'au jour où la première race a été créée (le premier pedigree décerné)

      Ivan

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    4. c'est pas tout à fait ça...

      Les premiers chiens sont à la base déjà des résultats de croisements pour obtenir des "races" bien précises à partir des... loups.

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  3. Comme vous j'ai été choqué juste après le 11 janvier par les excès des "Je suis Charlie". Mais on en est bien revenu depuis : on ne fait plus la chasse aux islamistes mais aux islamophobes, et ce sont les dessinateurs de Charlie Hebdo qui sont traités de fascistes et réduits ad hitlerum.
    Je suis étonné d'avoir à défendre Charlie Hebdo mais il est faux de dire qu'ils voulaient être le plus provoquant possible. S'ils avaient vraiment voulu blasphémer contre l'Islam, c'est Allah qu'ils auraient représenté et non Mahomet, et ils n'ont jamais autant voulu choquer les cathos que Plantu qui a représenté Benoît XVI sodomisant un enfant.

    Guadet

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    1. Le blasphème est un interdit qui ne concerne que les disciples de la religion en question.

      Nul ne peut blasphèmer s'il n'est pas croyant.

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    2. Accuser de blasphème des non-croyants ; c'est comme de vouloir condamner des chrétiens parce qu'ils ne font pas le ramadan ou ne vont pas à la mosquée tous les vendredis.

      Les interdits religieux ne concernent que les croyants de la religion en question. Personne d'autres.

      Un croyant peut s'imposer à lui-même de ne pas manger de porc, ou de ne pas avorter ou de refuser les transfusions sanguines... si ça lui chante.
      Il ne peut en revanche obliger autrui à vivre selon ses préceptes personnels.

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    3. @ Abd_Salam

      + 1

      J'ajouterai qu'il est impossible pour l'Etat de réprimer le blasphème sans instituer d'une manière ou d'une autre une religion officielle au détriment des autres, c'est à dire violer non seulement la liberté d'expression mais aussi la liberté de religion elle-même.

      Exemple : soutenir que Dieu a un fils est blasphématoire pour de nombreux musulmans, soutenir qu'il n'en a pas est blasphématoire pour de nombreux chrétiens. Il n'y a donc auucn moyen d'interdire le blasphème sans adopter le point de vue d'une religion particulière et l'imposer aux adeptes des autres religions, ce qui veut dire supprimer la liberté de religion.

      Raison pour laquelles dans les pays démocratiques les lois sur le blasphème, quand elles sont encore en vigueur, ne sont plus appliquées depuis longtemps.

      Ivan

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  4. @ Abd_Salam & Ivan

    Bien d’accord sur le blasphème.

    @ L’œil de Brutus

    Papier très intéressant, mais je ne suis pas d’accord sur Charlie. Je ne pense pas que Charlie soit devenu une sorte de modèle incontournable. Il n’y avait pas d’ordre d’adhérer à la ligne éditoriale du journal, si ce n’est quelques individus isolés qui ont pu sombrer dans une telle dérive. La grande majorité a simplement témoigné son soutien aux victimes des différents attentats. C’est ce qui était derrière la mobilisation. Et on peut défendre le droit de Charlie Hebdo à faire ses unes, sans pour autant apporter de soutien systématique à ce que fait ce journal.

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    1. @Laurent : nous sommes d'accord sur le fond. Ce que j'attaque ici n'est pas le mouvement "Je suis Charlie" en lui-même, c'est l’ambiguïté qui a servi à l'instrumentalisé par de soi-disant leaders d'opinion (en l'occurrence ici avec l'exemple d'un journaliste et d'un ministre). Personnellement, je suis, comme Noëlle Cazenave-Liberman (« Hier ist kein warum » (Ici, il n’y a pas de pourquoi), Les Crises, 30-janv-15) profondément choqué qu'un ministre de l'Education nationale puisse clamer haut et fort qu'il lui est insupportable que des enfants posent des questions, aussi dérangeantes soient-elles, alors que son rôle même consiste à ce qu'ils puissent les poser et que des réponses leur soient apportées ! Cette citation de Mme Vallaud-Belkacem, tu peux la mettre dans la bouche d'un Pol Pot sans en changer ne serait-ce qu'une virgule !

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    2. Ne pas confondre ambigüité et récupération...

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