samedi 22 août 2015

De la croissance et Hollande, du réalisme et du dogmatisme




En aucun cas un blanc-seing à Hollande

D’abord, je veux remercier Marianne et le FigaroVox de publier un papier qui n’allait pas dans le sens initial de leur analyse, signe d’une ouverture d’esprit pas toujours partagée dans les médias. Certains ont parlé d’une bienveillance à l’égard du pouvoir et beaucoup d’autres en sont restés au seul chiffre global du 0% de croissance au second trimestre pour rejeter l’analyse que j’avais faite. Avant tout, je tiens à préciser que je n’ai aucune indulgence pour François Hollande, mon blog démontrant que je suis en opposition complète avec les politiques menées depuis son arrivée au pouvoir. Je peux même rappeler que, malgré un très fort rejet de Nicolas Sarkozy, j’ai préféré voter blanc en mai 2012 (contrairement à 2007), signe du peu d’estime que j’ai toujours porté au locataire actuel de l’Elysée.

Mais je ne conçois pas l’opposition à François Hollande d’une manière dogmatique, même si je me suis opposé à quasiment toutes les politiques menées depuis trois ans. Car être en opposition ne signifie pas non plus qu’il faille s’opposer pour s’opposer ou interpréter de manière malhonnête ou malhabile les chiffres de l’actualité. Après une croissance de 0,4% l’an dernier, Hollande compte sur une accélération progressive, à 1 ou 1,2% cette année, puis 1,5% l’an prochain, une dynamique (même si elle est limitée et illusoire) qui pourrait permettre une stabilisation du chômage (voir une légère baisse, entre contrats aidés et statistiques ajustées). La question qui se pose, c’est de savoir si les résultats du second trimestre confortent ou non le plan de l’exécutif et c’est la question que j’ai traitée.

Un résultat qui conforte bien Hollande

Il y a quelque chose d’assez effarant dans la lecture de chiffres d’un trimestre sans remise en perspective plus globale. Les Echos ont vu dans le recul de 0,4% du PIB du Japon au second trimestre une remise en cause des Abenomics. Pourtant, une telle interprétation est absurde car le PIB avait fortement progressé au premier trimestre (1,1%), ce qui permet à l’économie nippone d’afficher une croissance de 0,7% au premier semestre, chiffre d’autant meilleur que la population du pays décroit. Il faut toujours remettre en perspective les chiffres sur une plus longue période pour bien les interpréter. Et le phénomène est similaire en France où le mauvais résultat apparent du second trimestre, cumulté au premier, donne une croissance de 0,7% aussi, soit un rythme annuel de 1,4%, conforme aux objectifs.

Et pour qui prend en compte les mouvements de stocks, qui expliquent souvent les variations trimestrielles, il ressort que, neutralisé de leurs évolutions, le PIB a progressé de 0,4% au premier et au second trimestre (la constitution de stock contribuant à 0,3% de la hausse au premier trimestre et à -0,4% au second). En clair, non seulement, la croissance de fond de l’économie semble stable, mais en outre, elle ressort à 0,8% sur un semestre (hors stocks), soit 1,6% en rythme annuel, conforme aux objectifs. Mieux, la baisse des stocks du dernier trimestre permet d’anticiper un bon 3ème trimestre, d’autant que la saison touristique semble bonne. Bien sûr, cette croissance est largement illusoire, mais, après après avoir couru après ses objectifs, cette année, comme la prochaine, Hollande pourrait bien les atteindre.


C’est sans doute cela d’ailleurs qui lui permet aujourd’hui de promettre une baisse d’impôts, à laquelle il ne serait sans doute pas risqué autrement. Et ce n’est pas parce qu’on est dans l’opposition qu’il ne faut pas reconnaître qu’Hollande devrait atteindre son plan, aussi mauvais soit-il.

14 commentaires:

  1. Vous refaites la même erreur qu’il y a quelques années, lorsque déjà vous annonciez une reprise illusoire de la croissance. Relisez votre billet :
    http://www.gaullistelibre.com/2013/01/vers-une-sortie-illusoire-de-crise-en.html

    La zone euro est entrée dans une longue période de déflation/stagnation comme le Japon en a connue. Il n’y aura donc pas d’amélioration significativef.

    Certes, le chiffre de 0 % du second trimestre n’est pas suffisant pour annoncer une rechute, mais il faut regarder la situation globale. Les derniers indicateurs PMI montrent qu’il y a un ralentissement de l’activité en France. La zone euro ne sort pas de la déflation malgré le QE et la crise grecque n’est pas terminée. Et la situation mondiale, avec le ralentissement chinois et la dévaluation du yuan, n’incite pas à l’optimisme. La croissance est revue à la baisse un peu partout. Même si le gouvernement atteint son objectif de 1 % en 2015, il est fort peu probable que 2016 et 2017 soient bons.

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    1. A propos de votre billet de 2013, il faut relire les commentaires, celui que j'avais mis où j'annonçais que la reprise ne serait que de 0.5% environ (anonyme) et votre réponse :

      "@ Anonyme

      0,5%, ce ne serait pas une sortie de crise, même illusoire. Il faut au moins passer le cap du 1% (voir 1,5%) pour considérer que c’est une reprise. Je crois que cela est possible, même si cela est illusoire et que cela ne permettra pas de réduire le chômage de manière importante."

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  2. @LH,

    Les français ne se prononceront pas au travail d'une grille de lecture technique et économique, dont on ne sait d'ailleurs le lien véritable au réel, mais eu égard à la réalité qu'ils vivent, et au recul progressif de leurs libertés (travail, indépendance, identité, autonomie politique...)

    Il est d'ailleurs préférable à mon sens de se déterminer politiquement en fonction des grands enjeux politiques "classiques" en terme de liberté concrète, plus que par le filtre d'outils d'analyse économique qui demeurent une vision technicienne et très partielle du champ social et politique. Et ce à considérer même que ces outils permettent de rendre compte d'une part quelconque du réel lorsque l'on voit le décalage qui existe entre ceux-ci et la complexité d'un réel qui se recombine à chaque instant selon une infinité de paramètres se modifiant tous de surcroît et concomitamment les uns par rapport aux autres.

    Le résultat de ces outils d'analyse n'a-t-il pas d'ailleurs été illustré, quant à leur pertinence, leur efficience, leur vérité, par la seule crise de 2008 ?

    Je reste persuadé que ces long débats économiques qui occupent une grande part de l'espace public ont pour effet de sortir du champ de la discussion nécessaire les problèmes politiques les plus urgents.

    Quid par exemple de "l'insécurité culturelle" qui, à mon sens, sera un des thèmes majeurs des prochaines échéances.

    Notre époque a mis au centre du débat public, en cette ère libérale, le discours économique et les logiques qu'il porte. De fait, cette manière de débattre, cette grille de lecture contemporaine principale - les règles de la production... - nous a amené là où nous en sommes en matière de pensée et d'action public. Il n'y a pas d'objectivité du discours économique et de ses outils d'analyse.

    L'économie contemporaine rend raison à l'économie ; c'est pour moi un discours fermé sur lui-même qui ne rendra jamais raison au citoyen. Cette discipline nous enferme depuis 40 ans dans les mêmes débats menant aux mêmes conclusions.

    Pour ma part je ne me déterminerai pas pour ou contre le candidat Hollande en examinant des colonnes de chiffres et des dixièmes de pourcentage sur des périodes variables et interprétables de mille manières.

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    1. errata :
      Les français ne se prononceront pas au travers d'une grille de lecture technique et économique...

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    2. "l'insécurité culturelle" ?

      La cause des intermittents du spectacle est noble et légitime, mais je ne suis pas sûr que les prochaines échéances électorales se joueront là-dessus.

      Ivan

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  3. @ Moi

    En même temps, je ne fais que dire qu’il y aura autour de 1% de croissance cette année et que, sauf gros évènements, il semble jouable d’atteindre 1,5% l’an prochain, soit le plan de Hollande (ce qui ne signifie pas que j’approuve sa politique). Je ne pense pas que nous allons rentrer dans une période de déflation, du fait notamment du QE et de la réduction pas trop rapide des déficits. La dévaluation du yuan n’aura guère d’impact car elle est limitée, n’oubliez pas (elle ne fait que compenser un quart à un tiers de la baisse de l’euro). Et les produits chinois sont rarement en concurrence avec les produits européens puisque la croissance de la Chine a tout simplement annihilé de nombreux pans de notre industrie.

    Vous ne citez qu’une partie de ce que je dis. D’abord, en conclusion, je dis que « toute reprise en 2014 serait aussi faible qu’illusoire pour la grande majorité de la population ». Plus tard, dans les commentaires, je dis « qu’il devrait y avoir un peu plus de croissance en 2014 qu’en 2013 ». Notez l’emploi du conditionnel. Après, il est vrai qu’en janvier 2013, je pensais qu’il serait possible d’atteindre 1% de croissance en 2014, et cela n’a pas été atteint, puisqu’on a fait 0,4% (l’erreur n’est pas colossale non plus). Et il faut noter que quelques mois plus tard, je pronostiquais 0,5 à 1%. Et alors, je m’opposai surtout à ceux qui pronostiquaient une nouvelle récession. Et sur ce point, j’ai eu raison. Après, on verra pour 2015 et 2016.

    @ 1984

    Bien d’accord, les chiffres économiques ne sont qu’un élément parmi les autres, mais les tendances peuvent donner des impressions critiques pour les choix électoraux et une légère hausse de la croissance peut avoir un rôle. Ici, je ne traite qu’un aspect du débat public et il est bien évident que les choix se feront sur des problèmes bien plus globaux, dont l’insécurité ou l’insécurité culturelle.

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  4. @LH,

    "il est bien évident que les choix se feront sur des problèmes bien plus globaux, dont l’insécurité ou l’insécurité culturelle"

    Autant d'éléments qui rendent, au surplus des choix économiques arrêtés, impossible de voter pour le candidat Hollande (1er et 2nd tour) non ?

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  5. Les Français sont en demande d'une voie politique qu'ils retrouvent grossièrement avec le FN version Filippot.

    Ils attendent un discours de gauche concernant la macroéconomie, car ils perçoivent parfaitement bien, malgré toutes les injonctions anti-protectionnistes de l'élite bien lotie, que le néolibéralisme ruine la France et la plonge dans des déséquilibres sociaux dangereux.

    Ils attendent un discours de droite concernant la société, le vivre-ensemble dans notre pays. Ils sentent les effets néfastes d'un relativisme culturel bon teint qui affaiblit les valeurs qui font l'identité et le modèle culturel français, alors même que la société est de plus en plus malade des incivilités, de la délinquance et plus largement d'un individualisme croissant.

    Bref ils veulent que l'Etat retrouve de l'autorité sur le plan économique et sur le plan culturel.

    Malgré ses bons scores récemment, je suis sûr que les Français lâcheraient sans hésiter le FN qu'ils savent opportuniste s'ils trouvaient une issue authentiquement républicaine à leur désir.

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    1. Analyse crédible, mais qui concrètement ? Et surtout eu égard aux échéances de 2017.

      Je ne suis en revanche pas d'accord sur la notion "d'opportunisme", ce qui laisse entendre qu'MLP, Philippot, le parti d'MLP, ne seraient pas sincère dans leur engagement. Je ne vois pas quel élément permet ainsi d'indiquer de l'opportunisme. MLP une fois à la tête de ce mouvement n'a pas mis en oeuvre deux lignes politiques, mais une seule, parfaitement claire depuis 2012, soit le début des très bons résultats électoraux.

      Excellente prestation de MFG sur France Culture sur la situation du pays et l'Etat en France en 2015 (à partir de la 34ème minute) :

      http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=5071185

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  6. Sans vouloir être un oracle de la Pythie, majorité de nos concitoyens voteront aux prochaines échéances électorales en ne considérant que des préoccupations plus terre à terre, lorsqu'ils se sentent directement spoliés. Nous devons apporter une réponse républicaine et sans ambages, même si toutes les vérités sont parfois difficiles.

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  7. @ 1984

    Les Républicains ne sont meilleurs sur toutes ces questions, la situation s’étant au moins autant détériorée avec eux. Et le FN est une impasse. Voilà le problème de notre pays à date : les trois principaux partis sont des impasses

    @ Jauresist

    C’est un peu rapide. Si les Français s’y retrouvaient autant, alors vu le bilan désastreux du PS et de l’UMP, le FN aurait remporté la moitié des départements. Il n’a eu que quelques miettes au second tour. Je pense de plus en plus qu’un discours trop binaire, en étant caricatural, ne passe pas. Après tout, nous cumulons trop de laisser-faire d’un point de vue macro et sans doute trop de complexité d’un point de vue micro. Et sur les questions de société, je suis d’accord sur les questions de sécurité ou d’immigration, la France est plus à droite que ses dirigeants (il faut noter qu’Hollande s’est ajusté sur la question) mais sur d’autres sujets (mariage, euthanasie), ce n’est pas le cas.

    @ Benju

    Il nous revient également de parvenir à expliquer ce qui se passe d’une manière à y lier les solutions que nous proposons, ce que nous n’avons pas réussi sur l’euro, en étant trop centré sur l’objectif sans en expliquer suffisamment le pourquoi.

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    1. Entièrement d'accord avec toi sur l'écueil d'un discours trop simpliste. La plupart des gens perçoivent bien que la réalité est complexe et ils ne sont pas rétifs à la nuance du moment que le fond est clair et cohérent. D'accord sur le reste aussi.
      Côté idées on tient le bon bout Laurent c'est garantit.
      Notre problème c'est que faire pour 2017?
      L'échéance approche à toute allure et nous risquons de ne pas influer sur le cours des choses.
      Je pense que c'est trop tard pour espérer une candidature qui fasse son chemin. Même si nous avons l'option qui correspond aux attentes du pays, ne nous leurrons pas, la notoriété en politique ne se fait pas du jour au lendemain.
      Peser sur un candidat extérieur déjà assimilé par les Français? Je suis pessimiste car notre option transcende le clivage gauche/droite et signifie des mains tendues qui ne sont pas du tout à l'ordre du jour. Pour l'instant sur l'échiquier politique, malgré les gesticulations des uns et des autres, c'est un statu quo désolant. NDA et Mélenchon gèrent leurs petites boutiques bien fidèles à leur pré carré idéologique...

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  8. @LH,

    "le FN est une impasse"

    Pourtant ce parti souverainiste et républicain est le seul à être dans une grande dynamique de victoires électorales, quand les autres perdent des voix ou stagnent. Je ne comprends pas dès lors en quoi il constituerait une impasse. La situation politique et électorale de ce parti n'indique t-elle pas exactement l'inverse ?

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  9. @ 1984

    Quelques éléments de réponses :
    http://www.gaullistelibre.com/2015/04/le-fn-t-il-casse-le-plafond-de-verre-ou.html
    http://www.gaullistelibre.com/2014/06/pourquoi-le-fn-ne-passera-pas-par-moi-22.html

    Et je pense que ce qui s'est passé en Grèce va le handicaper plus encore

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