dimanche 6 septembre 2015

De Hollande, de la TVA et de la modestie calculée




Maladresse ou révélation assumée ?

Françoise Fressoz, journaliste au Monde, publie un livre, « Le stage est fini », sur le début de mandat de François Hollande. Elle y affirme que le président de la République lui aurait confié que, si c’était à refaire, « je ne serais pas allé aussi loin, j’aurais gardé l’augmentation de la TVA décidée par Nicolas Sarkozy pour boucler le budget qu’il nous avait laissé », alors que candidat, il critiquait cette mesure, jugée alors « injuste et inefficace ». Plus fort encore, il lui a confié : « j’ai engagé des réformes qui ne sont pas toutes de gauche, mais servent l’intérêt général ». Stéphane Le Foll a été mis en difficulté sur cette question en défendant le choix fait alors sur la TVA mais en défendant la deuxième partie en disant « on garantit notre modèle social parce qu’on est capable aussi de produire de la richesse ».

Certains journalistes y ont vu une nouvelle erreur du président, un peu trop bavard. Mais cette saillie a aussi été défendue, par d’autres membres du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem y voyant « un regard lucide sur une action (ce qui est) à la fois salutaire et nécessaire » et Ségolène Royal estimant que ce droit d’inventaire « fait partie de l’exigence même de l’action politique ». Sur Europe 1, Raphël Enthoven y a trouvé l’occasion de tisser les louanges du président de la République en affirmant que « l’on n’a jamais tort de reconnaître qu’on a tort ». Pour un homme aussi sous-estimé toute sa vie, que personne, ou presque, ne pensait arriver où il est, et encore actuellement à moitié enterré politiquement, ces révélations ne doivent pas être prises à la légère, comme une erreur de débutant.

Un nouveau Machiavel libéral ?

Car ces fuites sont loin d’être neutres. On peut penser qu’admettre qu’il fallait garder la hausse de la TVA est un moyen de s’exonérer en partie de de la hausse décidée plus tard. Et cela est assez cohérent avec le fait d’assumer, en partie, de ne pas mener une politique de gauche, surtout sur les questions économique. Ainsi, François Hollande continue à construire un positionnement très recentré, en admettant ne pas mener une politique de gauche, jusqu’au point de regretter d’avoir annulé une mesure de son prédécesseur. Voici une nouvelle pierre dans la construction débutée en janvier 2014, et qui place Hollande dans une position peut-être très habile d’un point de vue purement politicien. En assumant sa droitisation sur les questions économiques, ne peut-il pas asphyxier les Républicains ?

Mais il y a aussi une double dimension à ces révélations. De manière superficielle, on peut croire que cela entretient le procès en manque de caractère. Mais la double révélation dit peut-être l’exact contraire : d’un côté, il pourrait sans doute montrer un certain courage à admettre qu’il s’est trompé, mais aussi à assumer ne pas mener une véritable politique de gauche. Ainsi, on peut penser que cette séquence apparemment insignifiante véhicule l’image d’un homme à la fois plus humble, mais aussi plus décidé que Nicolas Sarkozy. Si la première assertion est assez évidente, la seconde se dessine petit à petit avec l’accumulation de choix qui font grogner l’aile gauche du PS, dont les grognements démontrent justement le caractère centriste, pour ne pas dire droitier, de la politique économique qui est menée.


Même si je combats sa politique, il faut reconnaître, que par ses décisions et leur communication, Hollande nous raconte une histoire, celle d’un PS qui suit le chemin de Tony Blair et veut occuper l’espace central politique. Ne disait-on pas qu’il avait été sous-estimé toute sa vie ?

10 commentaires:

  1. petite analyse intéressante sur la TVA sociale vantée à l'époque, qui vaut ce qu'elle vaut mais permet de réfléchir un peu

    http://econoclaste.org.free.fr/econoclaste/?p=6608

    Stan

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  2. allez encore une p'tiote analyse sur le sujet du regret du président hollande.....

    ça aidera peut être à mieux comprendre ce qu'il regrette

    En revanche, il est à noter que nos gouvernants s'imaginent avoir assez de pouvoir pour influer sur le secteur privé en pensant que celui ci va baisser ses prix ou ses marges en échange d'aides massives publiques, comme on le voit pour le CICE et la pacte où "l'exigeante auto responsabilité " à la Moscovici devrait être le moteur de l'éthique des "entrepreneurs" (rires) des multinationales et autres officines financières...

    c'est triste à dire mais la révélation de hollande relève plus du domaine de la psychanalyse, que de l'économie ; il faudrait que quelqu'un lui dise qu'il a fait la même chose, différemment, que son prédécesseur :

    suivre les directives de bruxelles et du medef réunis...


    http://www.captaineconomics.fr/-la-tva-sociale-cest-quoi-en-fait
    http://www.captaineconomics.fr/-la-tva-sociale-cest-quoi-en-fait


    Stan

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    1. "Hollande a fait la même chose que son prédecesseur."

      Non, Stan, il a fait pire que Sarkozy en trahissant celles et ceux qui ont cru en lui au lieu de se garder de voter pour ce oui-ouiste impénitent. Il a bénéficié du fait que Sarkozy avait hystérisé la vie politique et que les électeurs ont la mémoire courte alors qu'il n'y a pas de contre-pouvoir et que la propagande intense est quotidienne.

      Pour revenir à ce triste personnage et à ses amis, ils ont le comportement écoeurant d'une caste de petits et grands bourgeois dangereux et cyniques, de notables méprisants envers le petit peuple. Enfin, on peut noter qu'ils sont nullissimes dans tous les domaines. Laurent fait ici référence à la TVA, qui ne règle rien comme l'indique ton renvoi, mais nous pourrions revenir sur nombre d'autres sujets, comme la politique internationale par exemple où leurs choix sont d'une bêtise aussi affligeante que dangereuse et coûteuse (cf. Syrie, Ukraine, Grèce ..). Hollande n'est qu'un manœuvrier sans vision, ni scrupules, dont l'unique objectif est de se maintenir au pouvoir quel qu'en soit le coût pour celles et ceux qui ne font pas partie de la super classe définie par son copain Attali.
      Extraits do Monde diplomatique : "Dès 1996, Jacques Attali rêvait d’une révolution culturelle susceptible de favoriser l’émergence d’une « surclasse européenne ». L’acceptation du neuf comme une bonne nouvelle, de la précarité comme une valeur, de l’instabilité comme une urgence et du métissage comme une richesse permettrait ainsi l’essor de tribus de nomades sans cesse adaptables, libérant mille énergies et porteuses de solidarités originales". On ne peu être plus clair sur le monde rêvé des socialistes.

      DemOs

      DemOs

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    2. DEMOS

      " Non, Stan, il a fait pire que Sarkozy en trahissant celles et ceux qui ont cru en lui au lieu de se garder de voter pour ce oui-ouiste impénitent................."

      on ne peut pas forcément nier ton affirmation, mais comme je suis assez dé -complexé, dé-sabusé, et dé- (tout ce qu'on veut) vis à vis de la faune politique, d'où je regarde, je ne vois que de la platitude à ma grande désolation.


      en réalité je trouve que le mot "trahison" est impropre pour les individus qui ne semblent pas ou plus avoir bien conscience de ce que peut être la responsabilité d'un état comme la France, pays de 65 millions d'habitants dont il faut rappeler que c'est encore la 6 ou 7 eme puissance mondiale et la 21 eme ( de mémoire en démographique à l'échelle du monde.....et que sarko et hollande ont amené au rôle de chien chien d'à peu près tout le monde .....


      quand tu vois que les médias s'amusent à suivre la "bagarre" comique et familiale des le pen, faut il que la politique soit descendue bien bas.....

      on doit être au niveau des américains d'ailleurs avec leur bush familie, les Reagan et l'autre guignol milliardaire en campagne actuelle...

      bref...tu dois voir à peu près où j'en suis avec ce sujet...

      Stan


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    3. Concernant la Syrie, plus de 95% des civils tués le sont par le régime Assad, ISIS c'est 2,7%.

      https://thesyriacampaign.org/about/

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    4. @ Stan
      Je suppose que j'en suis au même point.
      Concernant l'idée d'une trahison, il s'agit en fait pour les politicards de dire à leurs électeurs potentiels (le cœur de cible) ce qu'ils ont envie d'entendre et pour certains électeurs, comme moi (parfois), de leur accorder naïvement du crédit en oubliant leurs méfaits et exactions passés.
      DemOs

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    5. DEMOS

      ce qui m'amuse réellement à propos de politique, c'est que nombre d'observateurs (comme on dit) et passionnés du sujet arrivent à faire des exercices de styles pour expliquer les différences entre une gauche et une droite de gouvernement (celles qui sont aux affaires alternativement) ; et dans le même temps, ne réussissent plus à en trouver entre extrème gauche et extrème droite, partis de part et d'autre du spectre politique. C'est assez déconcertant pour l'amateur que je suis.....

      Chacun bien sûr, est libre d'avoir les visions qu'il veut ; avec la religion, la politique est un des rares sujets qui autorise de longs débats inépuisables sur le sexe des anges ou sur la dernière déclaration, la petite phrase insignifiante lâchée entre deux micros que nombre de cerveaux essaie de décrypter pour en tirer la substantifique moelle.......quand il y en a une.

      Le dernier chic dans le domaine, étant de reprendre les passages des conférences télévisées pour analyser les erreurs historiques, les approximations statistiques ou carrément les derniers mensonges au regard de l'histoire, de l'économie ou de la réalité purement et simplement déniée.

      Tout s'analyse aujourd'hui à travers le prisme de la politique, ce qui permet de conforter le fait qu'il n'existe qu'une manière de penser le monde de manière modérée, quand toute autre possibilité alternative n'est plus que de la pensée déjantée, simplette, vieillote, dingue ou carrément dangereuse.

      comme disait Confucius :
      " quand il y a un problème et une solution, il n'y a pas de quoi s'en faire"
      " quand il y a un problème et pas de solution, il n'y a pas de quoi s'en faire non plus "

      Stan






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  3. En 2017, au Royaume-Uni, un référendum sera organisé à propos de la sortie ou du maintien dans l'Union Européenne.

    Aujourd'hui, coup de tonnerre ! Un sondage explosif à propos du Brexit ( = Britain Exit) :

    43 % des personnes interrogées veulent sortir de l'Union Européenne.

    40 % des personnes interrogées veulent rester dans l'Union Européenne.

    17 % sont indécis.

    Dimanche 6 septembre 2015 :

    La Grande-Bretagne voterait pour sortir de l'UE.

    Pour la première fois, un sondage a indiqué dimanche que les Britanniques voteraient pour une sortie de l'Union européenne.

    http://www.romandie.com/news/La-GrandeBretagne-voterait-pour-sortir-de-lUE/627450.rom

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    1. Une différence de 3% entre les pour et les contre, c'est pas franchement fracassant.

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  4. @ Démos

    Mais ses soutiens pensaient-ils qu’il mènerait une politique vraiment différente ? La seule vision qu’il a, c’est de faire des synthèses politiciennes lui permettant de rester au pouvoir… Merci pour la citation d’Attali

    Pire que Sarkozy ? Pas sûr, peut-être un peu plus incohérent (et encore que Sarkozy n’est pas le dernier pour les contradictions, lui qui parlait d’un nouveau traité limité aux questions institutionnelles et qui prendrait en compte le non, qui a oscillé entre communautarisme extrême et républicanisme, qui a parlé sans agir sur la sécurité, qui n’a pas suivi son discours de crise de faits)

    @ BA

    Mais la campagne n’aboutirait pas à un renforcement de la sortie

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