jeudi 12 novembre 2015

Macron peut-il asphyxier les Républicains ?

Mardi matin, le ministre de l’économie était l’invité d’Europe 1 pendant deux heures. Une auditrice avait du mal à voir des différences entre ce qu’il dit et François Fillon, dont elle notait pourtant qu’on le qualifier de tchatchérien. Un constat qui en dit long sur ce gouvernement.



Toujours plus loin dans le néolibéralisme



Réduire l’espace politique de l’adversaire

Il y a bien une logique dans tout ce que défend et fait avancer Emmanuel Macron : outre la libéralisation, on trouve un refus de l’Etat qui le mène à déconstruire toute logique de norme nationale unique pour permettre des négociations à la carte. Mais ceci pose bien des problèmes. D’abord, dans le contexte actuel, avec un fort chômage, cela est bien plus favorable aux entreprises qu’aux salariés ou chômeurs, qui négocient avec un pistolet sur la tempe. Ensuite, cela revient à libéraliser de manière diffuse et progressive, sans permettre de se rendre compte de l’ampleur des changements que cela permet, d’autant plus que ce sont les acteurs individuels qui le décident, et non un Etat, qui démissionne et en vient à laisser faire des rapports de force pourtant bien défavorables aux citoyens actuellement.

Ce faisant, il construit une société de plus en plus atomisée, avec un Etat en retrait qui laisse faire tous les atomes de la société, en fermant les yeux sur le fait que cela favorise les plus forts. Mais, outre l’adhésion idéologique à cette vision du monde, on peut aussi voir des motifs plus politiciens à la politique que mène le ministre. En effet, Emmanuel Macron occupe le flan droit de Manuel Valls, le Premier Ministre étant déjà à la base très à droite de la majorité. Mais ce faisant, sur les questions économiques, le président ne laisse plus d’espace politique aux Républicains, le ministre titulaire tenant un discours similaire à François Fillon, alors même que celui-ci appelle son camp à être plus libéral qu’il ne l’a été pendant cinq ans. On peut y voir une tentative de suivre les leçons politiciennes de Tony Blair


Bien sûr, il reste aux Républicains la possibilité de se démarquer sur les questions des migrants, de société ou de sécurité, ce qui explique sans doute que Nicolas Sarkozy ait choisi ce thème pour faire ses premières propositions. Rendez-vous en 2017 pour juger la pertinence de ces choix.

4 commentaires:

  1. Dans un entretien récent avec Pierre Manent publié par le Figaro, Alain Finkielkraut dit qu'il est désespéré car sur la question de l'école, les hommes politiques semblent mettre toute leur énergie à aggraver les choses.

    Hélas, c'est aussi le cas ailleurs...

    Il y a des dérives idéologiques, dans différents domaines, qui fait qu'on va toujours plus loin dans de mauvaises directions.

    Ces dérives idéologiques sur différents thèmes, qui en est indemne ? Travaillons aussi sur nous-mêmes, faute de pouvoir toujours se faire entendre des hiérarques.

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  2. @LH,

    « C’est très important pour notre pays et pour nos régions de tout faire pour empêcher que le FN n’accède aux responsabilités ».

    Phrase étonnante. Que ce passera-t-il si c'est là le choix du peuple souverain ?

    En l'état de cette indistinction enfin clairement assumée entre les options politiques de l'UMP et du PS, et dès lors au-delà enfin des postures médiatiques des hauts responsables de ces partis, le FN apparaît comme la seule force constituée capable de mettre en échec dès 2017 cet euro-libéralisme dévastateur qui ne sait que la dérégulation, l'affaiblissement de la nation, de l'Etat, l'abandon de la souveraineté, par suite l'affaiblissement de la démocratie elle-même.

    L'union des forces souverainistes est plus que jamais requise. A défaut, c'est faire le choix de l'euro-libéralisme.

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  3. Cette tactique du gouvernement s'appelle la triangulation du temps de Tony Blair et de ses "spin-doctors" ou autrement dit faire la politique de ses adversaires pour ne pas leur laisser de place idéologiquement parlant. Mais Macron, qui n'est pas un élu, se trompe parce que, l'électorat à part les bobos parisiens et des grandes métropoles, ne s'y retrouve pas dans cette politique et dans un premier temps, en tant que victime de cette politique, il s'abstient puis après un certain temps exaspéré il vote pour le Front national de Marine Le Pen. C'est ainsi que le FN "cartonne" en Picardie dont l'Oise et dans la méga et artificielle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie MLP a de grandes chances de gagner à moins que l'alliance UMPS ne l'en empêche pour cette fois. Cependant ce serait la pire des solutions que de se contenter de casser le baromètre du malaise social et politique pour lui ouvrir tôt ou tard un boulevard.

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  4. " Macron s’est même permis de dire « je ne sais pas quelles sont les bonnes réformes sur ce sujet. Peut-être que, même, il n’y en a pas. Peut-être que les choses se font seules ».............

    ça fait même prétentieux dit comme ça, ça laisse supposer qu'il y est encore pour quelque chose en captant ce qui serait de l'ordre de l'état de nature inexorable.

    en réalité, il répond à deux réflexes pavloviens :
    - obéir aveuglément à ses ex mentors banquiers, financiers et aux groupes dès lors qu'il émettent le même besoin, au son d'une clochette

    - capter tout ce qui se fait de pire ailleurs, sorte de benchmarking politique pour l'adapter aux français, au nom de la compétitivité et d'une soi disant liberté d'entreprendre...(baisse des salaires, des prestations sociales, vente des biens publics, instauration de la loi de la jungle au titre de la régulation économique...)...

    mais attention, tout cela a des limites car nombre de textes votés par ailleurs se préoccupent de serrer la gueule aux français dans nombre de domaines sociétaux (trafic routier, loi renseignement, comptes bancaires, restriction des retraits en liquide, etc....)

    alors Mr Herblay, excusez moi de ne pas vous suivre dans un soi disant "libéral libertaire." , à part pour le 1% des seigneurs qui en sont toujours dans une "exigeante auto régulation" de principe et qui peuvent truander à loisir grâce à une chiée de lois accommodantes, qui peuvent donc tout se permettre. D'ailleurs, pour s'en rendre compte, il suffit de regarder l'état de truandage général des chiffres et des stats pour donner encore une allure à toute cette politique qui en est à "puisque nous ne tenons plus rien, feignons de l'organiser"

    l'état me semble être un rabatteur à gibier dans une forme de politique qui pourrait s'appeler "libérale prédation"...
    dans la jungle, un lion attend que sa femelle chasse pour lui, chez l'humain du XXIeme, le "lion" attend que l'état lui arrange le coup...

    ce qui nous sauve, c'est encore de percevoir une forme d'action et de réflexion stratégique chez des leaders qui n'en sont plus qu'au suivi moutonnier...


    mais on s'en fout, encore une journée de boulot et c'est week end...


    Stan


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