samedi 16 janvier 2016

La comptabilité aussi effarante que révélatrice de Uber




L’économie de mercenaires

Dans l’absolu, les chiffres sont totalement ahurissants. Comment une entreprise peut-elle dépenser plus de deux fois ce qu’elle touche ? Plus effarant, les dépenses progressent plus vite que le chiffre d’affaire ! Mais l’entreprise ne se soucie pas de ses pertes, comme le rapporte L’Expansion, puisque ses dirigeants ont levé plus de 6 milliards de dollars, ce qui fait qu’elle dispose de plus de 4 milliards de dollars de liquidités, ce qui lui a permis de doubler les dépenses marketing entre le premier et le second trimestre ! Les lois du monde des affaires ne semblent pas avoir de prise sur cette entreprise qui réalise l’extraordinaire prouesse de valoir plus de 60 milliards de dollars alors que ses revenus sont 40 fois moins importants et que ses pertes sont abyssales pour le moment. Les investisseurs sont-ils fous ?

Le plus incroyable est que l’on peut trouver une logique. En effet, les marchés font un pari sur l’avenir : ils indiquent de la sorte qu’ils croient qu’Uber va pouvoir dominer le transport urbain, voir son chiffre s’envoler de même que sa rentabilité. Et finalement, la croissance de 34% le valide en partie. Mieux, les revenus nets progressent plus vite que les revenus bruts : Uber arrive à conserver une plus grande part des courses, ce qui permet une progression de sa marge. D’ailleurs, en France, l’entreprise a pu baisser de 20% le revenu des chauffeurs et elle a déjà mis en place tous les dispositifs habituels de désertion fiscale. Mais cela pose problème car les investisseurs font un pari autoréalisateur, car les moyens qu’ils donnent à Uber vont lui permettre d’écraser les marchés sur lesquels il opère.


Ainsi, commence à poindre une critique de cette nouvelle économie de coucous à la recherche de rentes, ces barbares dénoncés par Franck Dedieu, et dont la Tribune note qu’elle n’est ni sociale ni solidaire. Ces entreprises ne sont-elles pas les mercenaires barbares des marchés ?

4 commentaires:

  1. Uber n'est qu'un exemple de l'économie de spéculation ou l'économie casino. Elle est vouée à s'effondrer mais on ne sait quand mais peut-être bientôt étant le contexte depuis le début de cette année. Dans une moindre mesure le cas de Patrick Drahi n'est pas inintéressant.

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  2. UBER est l'antipode de la démocratie, de la vie en société et de la solidarité. Sous son air avantageux il appauvri et précarise non seulement ses concurrents mais aussi et surtout pour ses chauffeurs ses clients. Le coût réel pour les chauffeurs et clients est incommensurablement plus élevé que tout autre mode de transport car il renoncent en utilisant Uber à toute protection social, à tout financement des voiries à toute vie en société.
    Ceux qui croient devoir défendre Uber ne défendent en réalité que leur intérêts strictement immédiat et leur propre chute à moyen terme. Défendre Uber c'est être atteint de cécité.

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  3. uber est un modèle qui surfe sur toutes les tares que révèlent notre époque à base de pénurie organisée de travail, d'individualisme, de peurs,de très court termisme et de masse importante de liquidités qui cherchent des cibles porteuses d'avenir, étant donné que l'économie réelle est devenue une source de risques, selon les critères du financier bien né et bien éduqué...

    mais rien de nouveau en soi, les valeurs boursières de la net économie se sont déjà écrasées au début 2000 si mes souvenirs sont bons...

    brièvement :

    1° ce modèle attire nombre de désespérés de l'emploi ou de pluri actifs qui souhaitent arrondir leur fin de mois grâce au modèle de l'autoentreprenariat qui permet légalement de gagner moins que le smic...
    la devise devient " un tien vaut mieux que deux tu l'auras..."

    et entre nous, c'est bien naturel quand il faut bouffer...

    2° ce modèle assis sur internet permet de capter et d'unir des demandeurs et des offreurs en décidant des règles du jeu et en décidant en même temps l'essentiel des gains par un jeu pervers qui met le "salarié indépendant" en dépendance totale.
    La merveille suprême étant que le mécontent est trié, asséché de travail et donc ressorti par le seul jeu du clavier et de la désignation in fine du sous traitant du client...
    la commission peut être révisée à tout moment selon des critères impossibles à vérifier..

    3° la croissance dans les territoires est le seul but poursuivi, la masse critique doit être atteinte le plus vite possible et ça nécessite d'énormes investissements puisque tout se traite au niveau inter étatique, pour ne pas dire au niveau mondial....

    4° internet permet d'optimiser la recherche de clientèle sur un micro territoire géographique, la pratique relevant du calcul basique du libéralisme moderne qui dit "que les intérêts de la communauté constitue simplement la somme des intérêts des individus qui la composent.."
    Le modèle UBER fait exactement la synthèse entre "micro" (villes ou métropoles) et "macro" (pays)en ne faisant qu'additionner les intérêts individuels d'un territoire x nbre de territoires..

    voila pour le réel qui nous pousse gentiment dans les bras d'une forme de servitude volontaire par le seul effet de la force centrifuge de la pénurie d'emplois...


    Stan

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  4. sous l'aspect purement financier

    1° il n'y a rien de nouveau non plus à considérer que le développement ultra rapide dans le monde nécessite de ne pas trop calculer pour atteindre une masse critiques suffisante pour décider des stratégies et des prix en leader sur un marché.

    c'est ce qui rend "le ticket d'entrée" très cher pour les suiveurs ensuite.
    Prenez l'exemple d'un EDF, et d'autres qui ont dû racheter vite, à des prix exhorbitants des structures ici et là, sans trop regarder le cheval en recourant à l'endettement par effet de levier que permettent les taux d'intérêts proches de zéro...

    reste plus ensuite qu'à diminuer l'endettement grâce au client, ou passer des lignes de provisions si le cheval est pourri, comme c'est arrivé pour EDF dans certains pays...

    ah le très court terme...



    2° les liquidités monstrueuses créees par les QE des banques centrales se placent là où il reste encore des perspectives qu'il disent tous..

    Aujourd'hui une perspective même fumeuse est couverte de toute manière par les assureurs en dernier recours que sont les états, c'est à dire nous..

    si on regarde,
    - les obligations d'état sont parfois à intérêts négatifs ; parce que même si les états sont dits en faillite (rires) ils sont encore considérés comme plus sûrs que l'économie réelle. Normal une boutique coule, mais on a jamais vu un état en faillite dans l'histoire (mais c'est un autre débat)..

    - les actions sont à des sommets de valeur où il ne reste plus qu'à perdre et les entreprises les rachètent à tour de bras sur leurs bénéfices, il y en a donc de moins en moins..

    - l'économie réelle retombe comme un souffé raté en règle générale..


    - si on prend le territoire de l'UE où la concurrence savamment organisée entre ses 28 états par bruxelles joue à plein, quoi de plus normal que de développer des stratégies financières adaptées d'optimisation, puisque c'est offert. Là encore, il y a une bonne raison de miser sur la compréhension des rombiers comme juncker, draghi et consorts, aidés de leurs secrétaires nationaux qui ont clairement opté pour aider les cas soss des multinationales et autres actionnaires...


    en reste donc qu'à placer du pognon dans les boutiques qui font rêver parce que le développement sur la peur, sur la course aux prix moins chers en période de déflation généralisée est possiblement sans limite..

    juqu'au gros casse gueule général avec phares et klaxons..


    Stan

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