jeudi 3 mars 2016

Etats-Unis : le message d’espoir des primaires




Nouvel uppercut pour les élites politiques

Côté démocrate, alors que lors des premières élections, malgré trois victoires, Hillary Clinton était présentée comme en grande difficulté, son succès dans sept Etats contre quatre pour son adversaire, en fait la grande vainqueur. Pourtant, son adversaire n’est pas défait et il continue la lutte, un résultat étonnant tant il semble loin du centre politique du pays, à moins justement qu’il n’ait contribué à le déplacer. Car son programme (mise en place d’un taux d’imposition sur le revenu maximal de 67% - comparable à celui des années 1970-, universités gratuites et déprivatisation de la Sécurité Sociale) le place à gauche de la politique que mène la gauche pseudo radicale de Syriza en Grèce. On peut y voir le signe d’un grand basculement idéologique de la jeunesse aux Etats-Unis, où Bernie Sanders triomphe.

Côté républicain, la panique semble s’emparer des dirigeants du parti, qui ne savent plus à qui se donner pour faire barrage à Donald Trump, qui gagne lui aussi 7 Etats, contre deux à Ted Cruz et 1 à Marco Rubio. Ce faisant, les électeurs des primaires envoient un véritable message de révolte contre leurs dirigeants puisque Ted Cruz n’est pas plus tendre que Donald Trump à leur égard. Son succès est intéressant car il tient un discours plus complexe qu’il n’y paraît. S’il est conservateur sur les questions de société, avec sa proposition de construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique, en revanche, sur l’économie, il est presque centriste, tenant un discours plus équilibré que les autres républicains, comme l’avait noté Paul Krugman, qui l’avait jugé plus raisonnable et progressiste.

Donald Trump tient également un discours très protectionniste, dénonçant, à raison, les conséquences de l’ouverture aux produits venus de Chine, et proposant la mise en place de droits de douane à 45% ! Mardi, Il a aussi déclaré qu’il va « créer des millions d’emplois ici en faisant en sorte par exemple qu’Apple fabrique ses IPhone en Amérique et pas en Chine », reprenant les raisonnements du Brésil et de l’Argentine, qui ont souvent imposé aux multinationales d’y construire des usines pour y vendre, ou plus généralement, de ce que fait une bonne partie de l’Asie. Ce faisant, outre le fait de gagner la primaire républicaine, il pourrait devenir un adversaire redoutable pour Hillary Clinton, même si sa popularité auprès des femmes, des dits hispaniques et des noirs représente un atout non négligeable.

Bien sûr, les outrances de Trump ne donnent pas envie qu’il s’installe à la Maison Blanche, mais finalement, face à une Hillary Clinton qui ne changerait pas grand chose (ses idées pour financer les études supérieures sont effarantes), on en viendrait presque à se dire qu’il est un choix plus raisonnable.

9 commentaires:

  1. Les élections aux USA ne sont que du grand spectacle, fait pour amuser la galerie planétaire une fois tous les 4 ans (comme la coupe du monde ou les JO), avec un an de primaires et de campagnes en tout genre.
    Le président des USA, présenté comme l'homme le plus puissant de la planète, ne peut pas grand chose face à tous les réseaux d'influence, face au Congrès, et se fait imposer la plupart de ses secrétaires d'Etat.

    Trump est un fils à papa mégalo, désigné pour faire le clown, assurer le spectacle et faire perdre les républicains au final.
    La Clinton, âme damnée du système en place, si elle est élue, ce qui semble se dessiner, lui devra une fière chandelle.
    De toute façon, quelque soit le résultat, c'est pile ils gagnent, face on perd.

    ***Jacko***

    RépondreSupprimer
  2. Pour ma part, je rejoins Laurent et je trouve par certains aspects le programme de Trump séduisant notamment au niveau économique par le protectionnisme.

    RépondreSupprimer
  3. @ Jacko

    Assez d’accord, mais je pense que derrière le succès de Trump, il y a un vent de révolte démocratique très sain. Et je commence à me demander s’il ne sera pas un adversaire plus difficile que prévu pour Hillary Clinton.

    @ JJS

    D’accord, même si certains aspects sont effarants (son programme fiscal n’est pas si progressiste, avec une proposition de baisse du taux marginal d’IR à 25% !). En revanche, il tient un discours intéressant sur le libre-échange et le comportement des multinationales

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour ma part, ce sont plutôt les premiers succès de Bernie Sanders que je trouvais sains a priori (mais parfois les a posteriori nous montrent que l'on s'est gouré).
      Parmi les challengers démocrates sortis de nulle part parfois portés aux primaires, histoire de dire qu'il y a match, seul Obama a su l'emporter, car il avait Wall Street derrière lui, excusez du peu, et que l'on était en pleine crise financière. Une fois élu, il a fait ce qu'il fallait pour sauver tout ce beau monde et pour prendre les mesures qui convenaient au système dominant.
      En plus d'être vieux, Bernie n'a apparemment pas les mêmes "qualités" qu'Obama.

      Parler de quelque chose de sain derrière les succès du clown Trump, qui s'assume en tant que tel, je suis assez dubitatif ?...

      ***Jacko***

      Supprimer
  4. Ce que j'ai retenu de Trump, c'est qu'il a été opposé à la guerre d'Irak dès le début, ce qui laisse espérer une politique étrangère moins aventuriste.

    RépondreSupprimer
  5. @ Jacko

    Bien sûr, Sanders me semble infiniment plus recommandable, mais le fait que les étasuniens votent pour Trump montre aussi le besoin de changement des citoyens, en soi un message d’espoir, aussi clownesque et outrancier soit-il. N’est-il pas finalement plus motif à espoir qu’ils votent pour lui plutôt que pour un énième clone néolibéral

    @ Jacques

    Juste. Mais il me semble assez aventurier

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Laurent, je ne suis pas sûr que la majorité des USA qui votent pour Trump aient la même sensibilité que toi, bien au contraire.
      Il me fait un peu penser à un Tapie au carré qui aurait réussi à créer le trouble en politique.

      ***Jacko***

      Supprimer
  6. Sur l'Irak Trump se serait montré plus opportuniste qu'il le prétend aujourd'hui

    http://www.slate.fr/story/114353/mensonge-donald-trump-guerre-irak

    Ivan

    RépondreSupprimer
  7. Autre point : Trump défend la gratuité universitaire... Nous sommes dans un temps bien éloigné de la lobotomie Reagan-Thatcher...
    En revanche, ses propos sur les musulmans sont affligeants.

    RépondreSupprimer