vendredi 3 juin 2016

Avis de mieux véritable, mais limité et purement conjoncturel

Il y a quelques semaines, quand François Hollande a osé dire que « cela va mieux », il a surtout déclenché un violent rejet, beaucoup voyant sa coupure profonde avec le pays réel. Cependant, il faut bien reconnaître que bien des indicateurs vont dans le bon sens depuis deux mois.



Du PIB, du chômage, de l’automobile et de l’immobilier

La très forte baisse du chômage au mois de mars a démarré une série de statistiques qui indiquent assez clairement que la conjoncture économique s’améliore. Les chiffres du PIB du premier trimestre, estimé en hausse de 0,5% dans un premier temps, ont confirmé le scénario retenu par le gouvernement. Depuis, les statistiques vont toutes dans le même sens. Pour la première fois depuis plusieurs années, le nombre de chômeurs a baissé pour un second mois consécutif, semblant amorcer le début de retournement promis par le président de la République. Puis, cette semaine, l’INSEE a annoncé que la hausse du PIB au premier trimestre a atteint 0,6% au lieu de 0,5% précédemment annoncé. Les ventes de voitures ont progressé de plus de 20% en mai et l’immobilier est au mieux depuis 5 ans.

Il serait donc un peu léger de refuser de voir ce léger mieux économique. Mais ce n’est pas parce que l’on accepte de regarder la réalité en face et de voir que les indicateurs s’améliorent, qu’il faut regarder cela avec complaisance. Car cette amélioration ne doit absolument rien aux politiques menées par le gouvernement. Elle est purement conjoncturelle et doit à la baisse conjuguée de l’euro, du prix des matières premières et des taux d’intérêt, qui ont pu, en plus, réduire l’austérité, limitant l’effet dépressif des politiques inspirées par l’Union Européenne. Et quand on y ajoute le rebond mécanique après une dépression, on comprend que les facteurs de soutien à l’activité sont très forts, relativisant le bien modeste rebond des derniers mois, même si on peut penser que les courants resteront porteurs.

Ce n’est pas en refusant de voir ce léger mieux que l’on fera progresser nos idées. C’est en reconnaissant la réalité, mais en étant les meilleurs décrypteurs des limites de cette réalité, à savoir que cette reprise, outre le fait d’être inégale et limitée, n’est que concturelle et donc temporaire

10 commentaires:

  1. Comme le prix du pétrole remonte, on peut être pessimiste sur cette reprise. Surtout, il ne faut pas perdre de vue que la croissance potentielle n'est plus ce qu'elle était avant la crise de 2008. Je continue de penser que les prévisions de croissance pour 2016 et surtout 2017 sont trop optimistes.

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  2. Il n'a fait que repeindre le "décor" en augmentant la dette, rien de plus! Par contre il nous met de plus en plus a la merci des financiers, "ses ennemies"!

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  3. il y a des réponses possibles qui démontrent que la faible croissance actuelle ne constitue en rien une amélioration car elle repose sur des présupposés fortement aléatoires, voire manipulés

    1° une amélioration de la consommation qui repose sur une hausse de l'endettement, ce qui n'est pas forcément bon signe, un gain de pouvoir d'achat superficiel "dû à l'alignement des planêtes" qui peut s'inverser du jour au lendemain 'comme l'écrit MOI ci dessus, avec hausse des prix de l'énergie ou/et une hausse des taux d'intérêt qui s'annonce et qui va mettre la finance cul par dessus tête.

    http://www.journaldunet.com/economie/magazine/1041006-endettement-des-menages-francais/

    2° l'amélioration du taux de chômage ne repose guère que sur le ratio nombre de chômeurs radiés ou non réinscrits/taux de chômage total..

    je rappelle une bricole de rien du tout qui a des conséquences sur les stats, mais un radié doit se réinscrire à paul emploi aujourd'hui sous une forme dématérialisée , ce qui limite pour beaucoup la volonté ou capacité de réinscription

    3° les élections de 2017 approchant, les financement et les offres de formation pour chômeur bat son plein.

    bref.. la baisse du taux de chômage pourrait bien être un soulèvement de tapis précédant une forte poussée de balai....

    Stan

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  4. l'autre aspect de la croissance, repose plus que la consommation de produits importés (habillement, transports et produits manufacturés que sur une probable reprise intérieure (voir les chiffres des douanes du 1er trimestre 2016.

    Tout cela est un peu masqué par la baisse conséquente de l'import des produits liés à l'énergie..

    quant à l'investissement, il faut reconnaitre qu'il est au niveau de celui de 2008, il faut donc rechercher un cocorico bien sonore dans les archives de l'INA ...

    allez, la croissance est en marché selon saint coué, et surtout pensez à bien voter

    Stan

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  5. Cela fait près de 18 mois que le prix du pétrole et de toutes les matières premières et agricoles ont spectaculairement baissé et c'est simplement maintenant que nous avons en effet une légère embelllie économique qui a été retardée par les hausses d'impôts et taxes en tous genres qu'Hollande et Ayrault ont accablé les ménages, austérité européenne oblige, en début de quinquennat. La situation aurait été moins dégradée si es hausses n'avaient eu lieu.

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  6. Pour la Banque de France, la reprise est déjà terminée

    "La banque centrale anticipe une progression du PIB de 1,4% en 2016. L'acquis de croissance s'élevant à 1,1% à la fin du premier trimestre, on peut donc en conclure que l'économie française devrait quasiment stagner jusqu'à la fin de l'année."

    http://www.latribune.fr/economie/france/pour-la-banque-de-france-la-reprise-est-deja-terminee-576512.html

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  7. "Il serait donc un peu léger de refuser de voir ce léger mieux économique." Cette seule phrase pourrait me mettre en colère si je n'étais pas calme par nature et décidé à ne pas "tirer à vue". Enfin, Laurent, si tu es en contact avec la réalité quotidienne, tu dois bien te rendre compte qu'une vague de fond est en train de parcourir notre société et que l'ensemble de notre édifice social et économique va passer "cul par-dessus tête". Le pouvoir est en train de déréguler, les grandes entreprises cassent l'emploi et les salariés ou se préparent à le faire à grand renfort de com' sucrée avec la complicité ou l'inertie de la plupart ds syndicats. Je le vis et le vois quotidiennement et je peux te dire qu'il existe deux alternatives pour demain : soit notre système va être mis en miettes avec une conséquence directe : l'appauvrissement de la plupart d'entre nous, soit il y aura une explosion sociale dans une configuration et des conséquences qu'on ne peut pas prédire.
    Alors, faut-il saluer comme un heureux présage le redressement de quelques microns d'une courbe ou s'inquiéter de la déliquescence d'une société détruite de l'intérieur par ceux qui sont censés la développer dans l'intérêt de tous, mais surtout, faut-il continuer à rêver ou se préparer à lutter pour des valeurs, qui ne sont pas financières, celles-là.

    DemOs

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  8. Si l'immobilier recommence déjà à augmenter la reprise est condamnée de toute façon. En France les rigidités structurelles qui font avorter les périodes de reprise (depuis 1974 une fois sous la droite et une sous la gauche) ne se trouvent pas dans le code du travail mais dans celui de l'urbanisme.

    Une politique économique astucieuse (pour mémoire) ou en l’occurrence une conjoncture internationale favorable peuvent toujours amorcer un début de croissance. Ensuite soit la croissance passe la deuxième vitesse, soit elle cale. Dans le cas de la France :

    Si on peut construire les logements qui manquent l'activité et l'emploi se développent, ce qui stimule et prolonge la croissance et l'embauche pendant plusieurs années, directement et indirectement. A la fin le gain de pouvoir d'achat des ménages dû à la baisse spectaculaire des loyers et des traites qui suit immanquablement la résorption de la pénurie offre une nouvelle rallonge de croissance.

    Si on ne peut pas parce que cela est interdit (hauteurs limites de construction, densités maximales d'occupation des sols, sites classés...) on assiste seulement à une "bulle" des loyers et des prix qui siphonne les gains précédemment constitués et les détruit au lieu de les féconder, au seul profit de la stérile rente immobilière, dont l'existence repose entièrement sur les normes d'urbanisme malthusiennes.

    Au lieu de passer la deuxième le moteur de la croissance cale.

    Ivan

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  9. Dans le même style, autre bonne nouvelle : les inondations vont accélérer le renouvellement de véhicules et donner du travail aux entreprises du BTP...

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  10. Zone euro : la croissance toujours sans vraie dynamique (Romaric Godin, la Tribune) :

    "Les données disponibles laissent présager d'un ralentissement de la croissance de la zone euro au deuxième trimestre. Globalement, la reprise semble toujours sans réel entrain."

    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/zone-euro-la-croissance-toujours-sans-vraie-dynamique-576625.html

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