vendredi 26 mai 2017

Grèce : comme toujours, Tsipras cède sans rien obtenir




L’horreur européenne sévit encore et toujours

On ne peut pas dire qu’Alexis Tsipras fasse dans la demi-mesure pour plaire à ses créanciers. Après avoir dégagé un excédent budgétaire plus important encore que demandé, au point de se faire taper sévèrement sur les doigts pour avoir osé vouloir dépasser une partie seulement de l’excès d’excédent, il a affronté des manifestations suite au vote d’un nouveau plan d’austérité. Si le montant de 5 milliards parait modéré, il faut le rapporter à l’échelle de la Grèce, plus de 2,5% du PIB, soit l’équivalent de plus de 50 milliards à l’échelle de la France, sous forme de baisse des retraites, hausses d’impôts, et privatisation de services publics, dont certains d’ors et déjà promis à des entreprises allemandes

Pour Tsipras, « nous attendons et nous méritons une décision lundi lors de l’Eurogroupe sur le règlement de la dette publique, qui correspondrait aux sacrifices du peuple grec ». Et alors que certains évoquaient des mesurettes comme l’allongement de la durée de remboursement ou la baisse des taux d’intérêt (pas injuste vu leur niveau actuel), l’Allemagne est restée inflexible, le patron de l’Eurogroupe repoussant la discussion à la fin du programme actuel, en 2018 ! Même Libération finit par s’émouvoir du sort fait à ce pays, qui a vu les salaires baisser de 35% de 2010 à 2016, et les pensions de 45%, pour un PIB en chute de 27%. Nous sommes dans le domaine de la persécution pure et simple.


Ce qui est effarant, c’est que la Grèce ne voit pas plus clairement que la seule issue est une sortie de l’euro. Certes, un ancien ministre, Panagiotis Lafazanis, est arrivé à cette conclusion, mais il est stupéfiant, même si cela est en partie compréhensible, qu’une telle idée ne s’impose pas davantage. Le plus triste est que tout cela était prévisible. Il n’y a pas de salut au sein de cette UE.

11 commentaires:

  1. Le blocage vient du fait que les européens ou une partie des États européens, membres de la zone euro, dont l’Allemagne, veulent forcer le FMI à participer financièrement à la poursuite du plan d’aide mais ce dernier ne veut pas le faire sans allégement préalable significatif de la dette grecque. Donc une solution avait été trouvée pour contourner le problème.le néerlandais Jeroen Dijsselbloem a proposé lundi que le FMI "fasse un grand pas", en entrant dans le programme, tout en ne déboursant pas sa participation "avant que la question de la dette ne soit résolue".

    http://static.aws.la-croix.com/Economie/Grece-bloque-projet-compromis-Berlin-FMI-2017-05-25-1300850119

    Le gouvernement grec n’a pas voulu de ce compromis parce qu’il ne veut pas signer un accord qui ne comporte aucun allègement de dette, mais comme il a fait jusqu’à présent la démonstration de sa soumission totale à l’Union Européenne et à ses créanciers, il y a peu de doute qu’un accord sera trouvé le 25 juin afin de permettre à la Grèce de recevoir l’argent lui permettant de rembourser sept milliards d'euros de sa dette en juillet 2017.

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2017/05/12/97002-20170512FILWWW00355-grece-la-bce-veut-un-accord-credible.php

    Il parait qu’une étude du mécanisme européen de stabilité a démontré que la Grèce n’aurait pas besoin d’un allègement de dette si elle était capable de maintenir un excédent primaire de son budget supérieur à 3% pendant encore 20 ans. Mais ce ne serait qu’au prix d’une austérité terrible sur une très longue période de temps. Au point où en sont les choses, ceux qui la dirigent devraient finalement choisir de prendre ce chemin imposé, car ils excluent une sortie de l’Euro.

    https://www.reuters.com/article/us-eurozone-greece-debt-idUSKBN18K1RG

    Saul

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    1. je serais curieux de connaître les hypothèses prises pour cette étude du MES, notamment au regard du recul de la croissance induit par ces politiques d'austérité. On voit bien que non seulement la dette ne recule pas, mais elle continue d'augmenter rapportée au PIB.

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  2. Ce qui est encore plus stupéfiant, c'est qu'en dépit de l'exemple grec, des souverainistes français (FN, DLF...) qui préconisaient la sortie de l'euro, font maintenant machine arrière!

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    1. Leur base électorale est loin d'être acquise ,même s'ils sont majoritaires au FN les partisans de la sortie ne sont que 67%.
      C'est assez pour gagner un scrutin interne mais pas pour une élection nationale quand on sait que les autres français sont aux 3/4 opposés !
      Cette monnaie est une prison aussi bien pour la gauche internationaliste que la droite nationaliste .

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    2. La zone euro a bénéficié ces dernières années d’un surcroit de croissance du à ce qu’on a appelé l’alignement des planètes, mais qui est lié à des circonstances qui n’ont pas vocation à être pérennes : Politique monétaire ultra-expansionniste de la BCE destinées aux maillons faibles de la zone euro, baisse de l’Euro, baisse du pétrole qui profite à des pays importateurs que sont précisément les maillons faibles de la zone euro.

      On voit que la BCE répugne à sortir de sa politique monétaire ultra-expansionniste car elle sait que certains pays de la zone euro vont en souffrir, mais il faudra qu’elle le fasse ne serait-ce que le retrait du quantitative easing puis la remontée de ses taux d’intérêt qu’elle ne peut pas maintenir éternellement en négatif. À ce moment-là pourrait resurgir les problèmes des maillons faibles de la zone euro.

      Le fait que le Front national et Debout la France reculent sur la sortie de l’Euro ne signifie pas que les problèmes de la zone euro sont réglés, mais simplement qu’ils ne voient pas bien loin ou qu’ils pensent surtout à leur score électoral dans les élections de l’année en cours.

      Saul

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    3. Il faut surtout préciser que l'euro s’est déprécié par rapport au dollar. On était 1,6$ pour un euro en 2009, on est à 1.1$ pour un euro maintenant. C'est ce qui donne une amélioration dans l'Europe du Sud. Et cela montre d'ailleurs la puissance du taux de change. Au demeurant je n'entends guère les pseudo-économistes apeurés par la dévaluation sur cette énorme dévaluation qui a eu lieu dans un silence total de la part des médias, c'est pourtant une dévaluation nettement plus forte que celle qui avait eu lieu récemment en Russie et qui était présentée alors comme la fin du méchant régime poutinien. . Cela ne ressoude pas cependant le déséquilibre avec l'Allemagne, mais cela permet aux pays du sud de compenser en ayant des excédents avec les pays hors zone euro. L'euro n'est plus seulement maintenant un problème européen, c'est un problème mondial parce que cette mécanique va conduire la zone à accumuler toujours plus d'excédents commerciaux sur le reste du monde. En poussant la planète à la récession parce que la zone euro ne peut fonctionner qu'en externalisant ses problèmes internes.

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  3. " des souverainistes français (FN, DLF...) qui préconisaient la sortie de l'euro, font maintenant machine arrière!" Et oui, même l'euro a ses "munichois"!!!

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  4. Tel un syndicat jaune (On ne mord pas la main qui nous nourrit) il maintien son peuple dans le calme en pensant leur faire gagner du temps! En fait ce gain de temps est au profit de la zone administrative qu'est l'UE de Bruxelles et de cette monnaie en location qu'est l'euro, pour s'imposer par l'oublie de nos contemporains!

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  5. C'est simplement que l'Allemagne ne joue pas le jeu, veut le beurre et l'argent du beurre pendant que la France et autres pays baissent leur froc.

    Tant que les dirigeants politiques n'enverront pas se faire voir des sales types comme Schäuble qui est un criminel passible de la Cour pénale internationale, le merdier infâme continuera :

    https://www.letemps.ch/node/1049290

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  6. "Ce qui est effarant, c’est que la Grèce ne voit pas plus clairement que la seule issue est une sortie de l’euro. Certes, un ancien ministre, Panagiotis Lafazanis, est arrivé à cette conclusion, mais il est stupéfiant, même si cela est en partie compréhensible, qu’une telle idée ne s’impose pas davantage."

    Et, étonnamment, cette obstination stupéfiante à vouloir conserver l'euro n'est pas la faute de Marine Le Pen !

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  7. @ Saul

    Un grand merci pour ces liens ! Je suis bien d’accord avec vous

    @ Moi

    Bien d’accord

    @ Yann

    Très juste, et simple, mais impossible pour MLP de le placer dans le débat avec Macron…

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