mardi 23 janvier 2018

Merci Catherine Deneuve



Ce que cela signifie, et ce que cela ne signifie pas

Je reste encore surpris par la réaction d’un commentateur de longue date, qui m’a interpellé sur les réseaux sociaux comme si je relativisais le harcèlement ou les agressions. Quelle surprise alors que je me considère comme très sensible aux causes des femmes, défendant depuis les débuts du blog, par exemple, une vraie réglementation de la représentation des femmes dans la communication et dénonçant les excès de bien des campagnes publicitaires, véhiculant une vision de la femme profondément choquante. Je ne prends pas à la légère la nécessaire lutte contre les agressions sur les femmes et partage volontiers les témoignages accablants rapportés par Abd Salam sur les réseaux sociaux.

Parce que certains ne semblent (ou ne peuvent ?) pas comprendre, je tiens à rappeler l’évidence, souligné dès le premier papier fait à ce sujet, que le viol est un crime, que je condamne toute agression ou tout harcèlement et que je considère qu’il faut protéger toutes les victimes, et donc leur permettre de parler pour sanctionner les coupables. Il n’y a pas la moindre ambiguité de ma part sur le sujet. Je considère que la condition de la femme est un marqueur fort de l’état d’une société, et que si beaucoup de choses ont été faites, il en reste encore beaucoup à faire, notamment contre les violences faites aux femmes et je n’ai pas la moindre complaisance pour le harcèlement ou les agressions.

Catherine Deneuve a signé un bon texte dans Libération pour exprimer sa position que certains ne veulent pas comprendre. Elle rappelle que « rien dans le texte ne prétend que le harcèlement a du bon ». Pour moi, le texte initial voulait sensibiliser au besoin de bien faire la différence entre une drague importune, mais pas irrespectueuse, et le harcèlement ou l’agression, à un moment où même la première semble remise en question. Il alertait également sur les dangers d’une pseudo justice expéditive. Et enfin, il mettait en garde contre une forme de puritanisme, refusant une vision trop binaire du débat où l’on ne pourrait être que du côté des gentils féministes ou de celui des méchants agresseurs.



Merci donc d’apporter de la contestation dans une époque qui y est de plus en plus fermée. Puis, de nous alerter sur le fait que si la lutte contre le harcèlement ou les agressions est essentielle, nous devons veiller à ne pas aller trop loin dans la définition des limite, et, même si celui contre Harvey Weinstein était justifié, à ne pas céder trop facilement au lynchage médiatique ou aux réflexes parfois totalitaires de notre époque.

17 commentaires:

  1. A quoi sert tout ce baratin, personne n'a jamais été condamné en France pour cause de drague lourde, déjà que beaucoup de violeurs passent les mailles de la justice faute de preuves suffisantes, il est encore plus difficile de prouver un harcèlement( sexuel ou pas ), alors vous pensez concernant une drague un peu appuyée... c'est zéro risque.

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  2. Les féministes de gauche veulent instaurer un certain type de relations hommes femmes, de la méfiance, du mépris de l'homme d'origine européenne hétérosexuel et l'inscrire dans la loi. La réalité, l'intérêt général ne les intéressent pas.
    Macron a le pouvoir de décision, bizarrement, je ne suis pas sûr qu'il choisira quelque chose de constructif.

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  3. La réflexion sur les excès, les dérives est compréhensible. Mais là le débat arrive trop tôt, c’est pas le bon timing.

    C’est comme si des pompiers lutaient pour éteindre un incendie au 6ème étage, et qu’on leur disait : « Dites donc les amis, personne ne cautionne le feu mais allez-y molo avec l’eau parce que là vous risquez de créer des inondations au premier ».

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  4. "de la méfiance, du mépris de l'homme d'origine européenne hétérosexuel et l'inscrire dans la loi"

    J'ai rarement lu une connerie pareille !

    Les féministes ne sont pas que de gauche et veulent simplement que la loi soit respectée, peu importe le sexe ou la couleur de peau du fautif.

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    1. En l'occurence certaines personnes autoproclamées feministes font preuve d'un fort communautarisme dans leur discours...

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  5. Le problème de cette tribune ce n'est ce que revendique les femmes qui l'ont rédigées.
    Ce qui est reprochable aux signataires, et ce que les détracteurs ne prennent pas en compte et du coup se plantent de contestation (et en plus on peut contester avec courtoisie et calme...) c'est mieux pour le débat) c'est que la tribune met une phrase de principe. Le viol est un crime. Et puis c'est tout. Pas que les signataires devaient en faire des caisses sur le harcèlement, les agressions ou même le viol. Mais bien rappeler que la drague doit être consentie, le baiser volé doit fait dans de belles circonstances etc...Car une drague lourde, inopportune ou un baiser volé lors de ce type de drague, ne sommes-nous déjà pas dans un comportement ambigu voire à un pré-stade d'un comportement qui peut s'avérer condamnable. Par ailleurs, si certaines féministes ont la très fâcheuse posture de faire de toutes les femmes des victimes, les signataires de la tribune elles, ont une fâcheuse tendance à faire de toutes les femmes des consentantes à la drague lourde, inopportune car elles ont un aplomb de fer. Or, tout cela manque bien de nuances et de subtilité des deux côtés. Toutes les femmes ne sont pas des victimes car elles ne se considèrent comme telle et car elles ont la force, les réseaux, l'éducation etc...ce que vous voulez pour se défendre ou faire acte de résilience. Et puis il y en a d'autres qui ignorent tout de leurs réactions car elles n'ont jamais subi de drague lourde ou se sont fait voler un baiser et pire. Et d'autres qui sont victimes et rencontrent des difficultés à s'en sortir. Et pourquoi notamment ? Car la société, l'éducation, la justice ne savent pas ou ne veulent pas ou relativisent les comportements agressifs voire criminels. Même pas 10% des femmes victimes de viol portent plainte.
    Bonne journée
    Sylvie

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    1. @sylvie @laurent

      Sylvie, je suis entièrement d'accord avec votre post. Le problème n'est pas le choix assumé des signataires de la "fameuse" tribune (merci mesdames cela fait du bien) mais le relativisme qui peut se dégager de la tribune. Poser comme postulat de départ que le viol est un crime. Oui, 1000 fois oui et après....on passe à de la drague inopportune, lourde consentie. Oui mais...déjà le mot drague est un mot familier qui signifie en substance une tentative de séduction pour tenter d'aboutir à une aventure (dixit la définition du Larousse). Du coup, le terme drague n'est franchement pas beau ni délicat lorsque l'on parle de séduction, de jeux de séduction et pourquoi pas de libertinage. Ensuite associé aux adjectifs inopportune et lourde, sachant qu'inopportune signifie "qui se présente à un moment qui ne convient pas" et sachant que lourde signifie "pénible", je pense que l'ambiguïté est déjà dans le propos. Car que défendent les signataires c'est tout simplement le droit de vivre, d'accepter des jeux de séduction voire de libertinages en toute liberté et consentement. Or drague inopportune et lourde...nous sommes loin de ce concept et cette réalité. Alors certains diront que c'est jouer avec les mots. Peut-être, mais nous sommes riches d'une langue très étendue, très complexe pour savoir que drague associée à inopportune et lourde eh bien cela ne sonne pas de la même façon. Dire que l'on défend bec et ongles les femmes et leurs causes, que le viol est un crime etc etc...et après remercier des rédactrices et signataires d'une tribune très mal rédigées, introduisant du relativisme, c'est, à mon sens, relativiser aussi non pas le viol (car clairement exposé et dénoncé comme un crime) mais tout ce qui se produit qui ne relève pas dans cette catégorie : harcèlement, insultes, menaces, agressions etc...

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    2. .../...

      Or, ce sont bien ces comportements que relativisent cette tribune. Comme le rappelle très justement l'anonyme du 23 janvier 2018 à 10:14 le viol, c'est à peine 10% de plaintes. Alors quant aux autres comportements agressifs, menaçants et insultants passibles de la loi...c'est peanuts en terme de plaintes.
      En revanche, je ne suis pas sûr que toutes les féministes qui sont montées au créneau (ce qui est tout à leur honneur) ont si bien défendu les causes de la femme dans cette affaire. Car comme vous l'écrivez très justement Sylvie, tout cela manque gravement de nuances et de subtilités. Toutes les femmes sont vues soit comme des guerrières sachant en découdre avec les bonhommes trop entreprenants ou sont toutes des victimes autour desquelles il faut ériger quasiment des forteresse. Or, comme vous l'écrivez toujours très justement Sylvie, toutes les femmes n'ont pas réagi, ne réagissent pas et ne réagiront pas de la même façon face à une situation de dérapage voire de crime. Donc que ce soit les féministes ou les signataires, elles empruntent des raccourcis qui relativisent le problème. Et le problème de la menace, harcèlement, agression et crime sexuels est très mal pris en compte en France. La loi et la justice ne sont pas vues souvent à la hauteur des faits (on se rappelle de l'annulation de la loi sur le harcèlement sexuel...). Mais elles ne sont pas seules, l'éducation, la société consumériste, le milieu professionnel enfin c'est toute une société qui est prise dans la tourmente de cette problématique.

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    3. .../...

      il y a 4/5 ans, ce débat serait apparu sur votre blog Laurent, j'aurais fait parti des relativistes et je l'aurais assumé et exposé. Et puis, ma fille est entrée dans un IUP privé en licence pro' commerce international. Dans son IUP, filles et garçons à quasi part égale en étude de commerce international, transport et logistique, force de vente, marketing et économie du tourisme. Donc pas un milieu plus féminin que masculin. Petit établissement car une classe de 30 élève max' par spécialité soit environ 150 élèves. Sur les 150 élèves, quelques gars très maladroits avec les filles dans leur approche et 3 se détachent du lot car ils pratiquaient la fameuse drague inopportune et lourde. Sûrs d'eux les mecs : beaux gosses (un en particulier), bonne famille, bons élèves ! Ma faille a eu affaire 2 fois avec un de ces 3 co...rds. Elle a su gérer. Les filles qui les connaissaient relativisaient "ouais...y'sont pas méchants et c'est bon c'est pas des cageots", d'autres les envoyaient balader sans complexe et d'autres plus fragiles, mal préparées ne supportaient pas. Mais quelle que soit la fille, aucune n'a accepté ou auraient accepté leurs avances notamment lors de leur drague lourde et inopportune car...elles étaient toutes très mal à l'aise dans ces moments. Leur comportement a été dénoncé au directeur qui a minimisé à mort la question si bien qu'en 2ème année cela a failli lui péter à la tronche car bah...nos trois beaux gosses ont pratiqué une drague lourde et inopportune avec une première année qui avait 17 ans et dont le père a mis les pieds dans le plat. Du coup, cela s'est calmé. Ma fille a fini sa scolarité (obtention d'une double licence commerce international et force de vente). Elle est partie en école de commerce. Un des 3 beaux gosses a intégré la même école qu'elle. Il s'est rangé des voitures comme on dit. Les 2 autres ont intégré des écoles d'ingénieurs en transports et logistique. Un des 2 en 5ème année s'est retrouvé avec une plainte au derrière car sa drague lourde et inopportune n'a pas été du goût de 2 étudiantes de 2ème année.
      Depuis cette histoire, j'ai relativisé mon relativisme sur la question. Je n'ai jamais accepté et n'accepte toujours pas le féminisme de certaines car totalement idéologique et souvent à côté de la plaque. Mais je réitère mon propos la "fameuse" tribune n'est pas une erreur, ni une honte ou je ne sais quoi mais sa rédaction est extrêmement lourde, inopportune et surtout maladroite.
      P.yves

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    4. Ne le prenez pas comme un reproche, hein, mais le fait qu'il aura fallu que votre propre fille soit concernée pour que vous relativisiez votre relativisme est assez révélateur de notre aveuglement ...

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    5. Ne vous inquiétez pas je ne le prends pas mal bien au contraire....C'est un des sens de mon propos ! Et comme je le dis c'est toute une société qui est prise dans la tourmente d'une problématique qui n'est pas et ne peut être traitée de façon manichéenne.
      Merci pour votre sens du débat !
      Bon week-end à vous
      P.yves

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  6. J'en veux terriblement aux médias car ils ne rapportent pas un fait mais le créent, le développent, le répètent comme des perroquets, font des analyses foireuse que l'on ne peut contester et nous obligent a les écouter au cas où il y aurait une "information" a ne pas louper!

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  7. Nous avions les crypto-monnaies, sans aucun lien avec le réel. Maintenant nous avons les crypto-polémiques. Elles naissent sur les réseaux sociaux, sont relayées dans les journaux, débarquent sur les plateaux télé, qui alimentent à leur tour les réseaux sociaux. Mais dans la vraie vie, tout le monde s'en tape.

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  8. Chômage en décembre 2017 : catégories A, B, C, D, E :

    6 614 400 inscrits à Pôle Emploi.

    Variation sur un mois : + 0,1 %

    Variation sur un an : + 0,8 %

    http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/di-mensuel_fdimbpt.pdf

    Jeudi 28 septembre 2017 :

    Le Secours populaire face à « un raz-de-marée de la misère ».

    « Un raz-de-marée de la misère » : le président du Secours populaire particulièrement touché par les retraités qui demandent à manger.

    En marge de la manifestation des retraités contre la hausse de la CSG, Julien Lauprêtre, président du Secours populaire, a témoigné jeudi 28 septembre sur franceinfo du « drame » des personnes âgées touchées par la pauvreté. Celui qui le touche « le plus ».

    « Le nombre de personnes âgées qui viennent demander de l’aide au Secours populaire français est en augmentation croissante, a-t-il détaillé. L’année dernière, nous avons aidé trois millions de personnes en France et il y avait parmi elles de nombreux retraités. C’est un raz-de-marée de la misère. »

    « C’est le drame qui me touche le plus, voir des retraités qui ont travaillé toute leur vie et qui viennent demander à manger au Secours populaire, c’est vraiment douloureux. »

    http://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/un-raz-de-maree-de-la-misere-le-president-du-secours-populaire-particulierement-touche-par-les-retraites-qui-demandent-a-manger_2393236.html

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    1. "La Cigale, ayant chanté
      Tout l'été,
      Se trouva fort dépourvue
      Quand la bise fut venue :
      Pas un seul petit morceau
      De mouche ou de vermisseau.
      Elle alla crier famine
      Chez la Fourmi sa voisine"

      Je vais le dire avec beaucoup moins d'élégance : le sort de ces retraités et soixante-huitards qui nous laissent pour tout héritage réchauffement climatique et déficits abyssaux est le dernier de mes soucis.

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    2. Je ne crois pas que les retraités qui affluent subitement au secours populaire ont travaillé toute leur vie.

      Je ne m'attendais pas à ce phénomène aussi tôt car ceux qui partent aujourd'hui en retraite (d'ailleurs avec un retard considérable) sont les derniers à avoir eu 18 ans avant 1974, quand l'embauche de la nouvelle génération s'est arrêtée pour ne plus jamais revenir.

      En théorie ils auraient pu échapper aux longues années de chômage non indemnisé, de jobs bidon et de stages parking qu'on traîne ensuite toute sa vie comme un boulet, lequel explose au moment de la retraite.

      Je suppose donc qu'ils ont été rattrapés par la règle du "dernier embauché, premier licencié" instaurée dans les années qui ont suivi 1974, à la demande des syndicats qui ne se rendaient pas compte qu'ils condamnaient leurs propres enfants. Un piège redoutable.

      C'est seulement quand les syndicats ont compris qu'ils ont ultérieurement accepté la revendication patronale de créer des préretraites, seul espoir des entreprises de recommencer à recruter un jeune de temps en temps.

      Mais le gouvernement a très vite été vent debout contre les préretraites, car en France (contrairement à ce qui se passait dans les pays nordiques) il n'était pas possible de financer les préretraites, même partiellement, grâce aux économies qu'elles permettent de réaliser sur l’indemnisation du chômage des jeunes, vu qu'en France les jeunes n'ont jamais eu droit à rien.

      En tout cas le secours populaire n'a rien vu encore. Maintenant ce sont les plus gros bataillons de baby-boomers qui vont arriver, ceux qui ont eu 18 ans à partir de 1974 et qui n'avaient aucune chance d'échapper au carnage.

      Ne nous faisons aucune illusion, tant que les jeunes chômeurs n'auront droit à rien (même pas au RSA) et donc ne coûteront rien, la retraite des vieux restera un problème et le chômage des jeunes la solution.

      Les syndicats ont perdu à partir des années 1990 la bataille de l'assurance vieillesse pour avoir refusé de livrer celle de l'indemnisation du chômage des jeunes dans les années 1970 et 1980.

      Au fait, vous avez raison de ne pas vous en faire pour les soixante-huitards. Ils ne sont absolument pas concernés par tout ceci. Les plus cigales et irresponsables d'entre eux ont déjà l'âge du minimum vieillesse. Les autres, qui ont été protégés du chômage par la règle du "dernier embauché, premier licencié" touchent des vraies retraites calculées sur des carrières complètes. Ce ne sont pas eux qui vont chercher à manger au secours populaire.

      Ivan

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  9. @ Sylvie

    Bien d’accord pour dire qu’il faut que les victimes puissent le plus facilement possible porter plainte. En cela, ce qui se passe depuis quelques mois est positif. Et c’est ce que reconnaissaient les signataires de la fameuse tribune.

    @ Pyves

    D’accord pour dire que certains choix de mots n’étaient pas bons. Notez que je n’ai pas employé les mêmes et précisé que cela ne devait pas être irrespectueux. En effet, il faut rester vigilant pour que notre société ne vire pas à la jungle

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