lundi 25 novembre 2019

Macron / Le Pen : l’impasse par défaut dont les Français ne veulent pas




Ci-gisent le PS, LR et LFI

Quel paradoxe en effet de voir les deux finalistes de 2017, très majoritairement impopulaires l’un comme l’autre rassemblant deux tiers des Français contre eux, donnés encore plus largement en tête d’un premier tour présidentiel hypothétique aujourd’hui. Bien sûr, un sondage si longtemps en avance a peu de valeur, mais ces résultats en disent long sur notre paysage politique. Aussi impopulaires et fragiles soient-ils, Macron et Le Pen sont les seuls rescapés de notre paysage politique. Ne dit-on pas qu’au pays des aveugles, les borgnes sont rois ? En cela, je suis largement d’accord avec la lecture que fait David Desgouilles dans le FigaroVox de ces sondages.

Ce paradoxe vient simplement de l’extrême faiblesse du reste du paysage politique. Le PS ne se relèvera pas de l’épisode Macron, qui n’est que la prolongation et l’accentuation de ses compromissions passées. Le PS, qui a plus privatisé que la droite, qui a abandonné Alstom, qui a refusé tout coût de pouce au SMIC, qui a donné des dizaines de milliards aux entreprises et a largement entamé la déconstruction du droit du travail n’a aucune légitimité à incarner une offre politique vraiment plus sociale et distincte de la majorité actuelle, dont beaucoup des chefs en sont issus, qui plus est.

Et comme le soutient David Desgouilles, LR n’est pas moins pris au piège Macron, qui ne laisse plus le moindre espace politique à la droite classique, dont il incarne parfaitement la ligne libérale, atlantiste et européenne. Sur la question économique, il est allé bien plus à droite que Sarkozy, ne laissant comme possibilité pour se distinguer qu’une radicalisation impossible. Pire, sur les questions sécuritaires, il devient difficile d’imaginer une alternative de droite à ce pouvoir, volontiers liberticide, sécuritaire et dur avec les Gilets Jaunes, à défaut d’avoir assuré l’ordre, et qui ose même prendre position pour des quotas de migrants, dont la droite parlait mais qu’elle n’osait pas faire

La France Insoumise avait un boulevard pour s’imposer, comme l’indiquaient les sondages du printemps 2018, qui faisait logiquement de Mélenchon le premier opposant à Macron, après la campagne ratée de Le Pen en 2017. L’autoroute est large à gauche de Macron aujourd’hui… Mais Mélenchon a probablement achevé de se discréditer, entre sa réaction aux perquisitions de l’automne 2018, son discours sur le Vénézuela et son adoption d’une ligne islamo-gauchiste à rebours de son discours d’il y a quelques années, qui légitimait toute critique des religions, et plus globalement des valeurs de notre République et de la place des femmes dans notre société, comme le dit Céline Pina.

Bref, avec les trois principales autres alternatives potentielles déconsidérées ou sans espace politique, ne subsiste plus que Macron et Le Pen, exactement ce que souhaite le président qui y voit un billet pour un second mandat. Mais ce calcul n’est pas sans limite. D’abord, à force d’incarner un bloc élitaire sourd aux besoins et demandes du peuple, l’issue de 2022 promet d’être bien plus serrée qu’en 2017, comme le soutient Jérôme Sainte-Marie. Ensuite, je suis d’accord avec David Desgouilles pour dire que l’extrême insatisfaction des Français à l’égard de Macron et Le Pen rend possible aujourd’hui encore l’émergence d’une alternative qui balayerait tout sur son passage d’ici à 2022.


Bien sûr, 2022 pourrait voir une redite du duel de 2017. C’est encore l’option par défaut qu’indiquent les sondages d’opinion. Mais le fait que 72% des citoyens souhaitent autre chose indique bien que les Français attendent quelqu’un d’autre que Macron et Le Pen, et que cet autre ne viendra probablement pas du PS, de LR ou même de LFI. Les Français veulent un véritable changement.

17 commentaires:

  1. L’ennui, c’est que ça fait longtemps que les Français attendent autre chose sans oser provoquer une vraie rupture. En 2017, en élisant Macron, ils ont dégagé les partis de gouvernement traditionnels, mais sans rompre avec la politique néolibérale. Il suffirait donc qu’un nouveau personnage surgisse de nulle part avec les apparences de la nouveauté pour qu’il soit élu. Ce serait, comme on disait du temps de Giscard « le changement dans la continuité ». Et ce genre d’arnaque peut tout à fait réussir une nouvelle fois avec l’appui des médias qui sont très forts pour vendre du vent.
    Une autre possibilité, comme le dit Jérôme Sainte-Marie, c’est qu’à force de jouer la carte de l’épouvantail Le Pen, on finisse, à force de banalisation, par faire élire Marine Le Pen. Mais là encore, ce serait un changement dans la continuité puisque le RN n’est plus pour la sortie de l’UE et de l’euro.
    Bref, l’impasse politique n’est pas sur le point de se terminer.

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  2. A propos de votre phrase : « Ci-gisent le PS, LR et LFI », je ne trouve pas très judicieux de mettre ces 3 partis sur le même plan. Le déclin du PS et celui de LR s’expliquent par les mêmes causes : perte de leur espace politique au profit de LREM et discrédits de partis qui ont exercé le pouvoir et ont déçu les Français. Dans le cas de LFI, c’est très différent. Il y a toujours un espace politique pour la gauche antilibérale et LFI n’a pas subi l’usure du pouvoir puisqu’elle n’a jamais gouverné.

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    1. Bonjour Moi,

      Merci pour vos posts très intéressants (enfin moi ils m'ont intéressée ;-)).
      Concernant LFI, je vous rejoins quand vous dites que le parti n'a pas subi l'usure du pouvoir car il n'a jamais été porté à la tête du pays. Néanmoins, j'ai un doute sur sa possibilité d'être élu. Pas que l'anti-ultra-libéralisme n'a pas sa place et d'audience en France mais les positions de LFI sur l'immigration ou l'islam politique radical lui fait foiré à chaque fois une partie de ses campagnes électorales. En effet, en France et dans le reste de l'Europe (et on peut s'étendre aux Etats-Unis, l'Australie et on ne parlera pas du Japon)il y a une lame de fond qui traverse et travaille au corps les pays à propos de l'immigration, de l'islam radical.Je pense que beaucoup de Françaises et Français, parmi lesquels les plus fragiles ou celles et ceux qui sont sur la tangente socio-économique, adhèrent aux idées économiques et sociales développées par LFI. Surtout que LFI a dans ses rangs des membres qui savent parfaitement s'exprimer et développer leurs convictions et en plus viennent du "monde réel" (E. Macron...il a quelque chose de très irréel pour beaucoup d'entre nous). Mais sur la question de l'immigration ou de l'islam politique radical ça ne passe pas ou très peu. La participation à la manifestation (très controversée) contre l'islamophobie est un signal très négatif pour la partie des électeurs français qui pourraient voter pour LFI mais ne passe pas le capte car trop de contradictions, d’ambiguïtés, de positions immigrationnistes sur la question de l'immigration, de l'islam politique radical ou encore du communautarisme . Je connais pas trop mal l'Espagne (j'ai un peu de famille là-bas dans 2 régions très distinctes la Galice et Madrid la capitale). Podemos est apparu parmi les nouveautés politiques espagnoles. Le parti a attiré (et attire encore) électeurs, sympathisants et adhérents. Sauf que Podemos a dans son fondement d'idée un point tangent, ambigu voire négatif (moi j'opterai pour ambigu et tangent): l'immigration. Sur ce point Podemos ne fait pas l'unanimité en Espagne. Et l'arrivée d'un parti comme VOX met un peu plus en lumière ce point tangent et ambigu de Podemos auprès des Espagnols. Alors je ne néglige pas la crise catalane qui aussi joue en faveur de VOX. Mais le point de l'immigration freine, enraye une véritable progression et installation de Podemos. Cela dit VOX peut faire pschitt (pour reprendre une expression d'un de nos anciens présidents).
      En vous souhaitant une bonne journée (pas trop pluvieuse voire inondée)
      Sylvie

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    2. La question de l'immigration est précisément le point où la gauche antilibérale n'est plus vraiment ni de gauche ni antilibérale. Ouvrir les frontières toutes grandes à la misère du monde pour pouvoir y puiser une main-d'œuvre bon marché taillable et corvéable à merci est ce que demande partout le patronat. Mais c'est aussi le point aveugle du rapport du RN avec l'immigration. Un RN revenu aux thèses socio-économiques libérales desquelles il s'était écarté un moment ne peut que consentir aux flux de main-d'œuvre issus de pays pauvres. Ou, dans un pays au marché du travail largement verrouillé aux étrangers, recourir à des pressions sur les autochtones pour qu'ils consentent à la baisse de leurs rémunérations/prestations sociales. Dans le premier cas, le RN entre en contradiction avec son discours identitaire ; dans le second avec son discours social.

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    3. @Sylvie,
      Merci pour votre post. Je vais essayer d’y répondre, ou du moins de vous donner mon sentiment sur la question.
      Personnellement, je ne suis pas allé à cette manifestation contre l’islamophobie, et je la désapprouve. Mais je ne lui accorde pas une très grande importance.
      Lorsque vous dites que LFI a des positions ambiguës sur l’immigration, l’islam radical et le communautarisme, je ne pense pas que ce soit exact. LFI est un mouvement laïc et républicain qui est contre le communautarisme et la religion en politique, il n’y a aucun doute là-dessus.
      Sa participation à cette manifestation –qui était une erreur, je le répète – était surtout à la base une manifestation contre le racisme et les attaques contre la population musulmane qui respecte nos lois et nos principes républicains. L’ambiguïté, elle est dans le terme d’islamophobie qui peut vouloir dire tout et n’importe quoi et qui se prête à toutes les récupérations et à tous les amalgames.
      Concernant l’immigration, c’est un sujet qui attise des passions malsaines, mais au-delà des postures, les politiques de la droite et de la gauche sont très semblables. Tout simplement parce qu’il est difficile, pour ne pas dire impossible juridiquement, de refuser l’asile politique et le regroupement familial. Certains à droite et à l’extrême droite jouent les gros bras, mais une fois au pouvoir, ils ne font rien de plus que les autres. Salvini a empêché quelques bateaux de migrants d’accoster en Italie et il a bâti sa popularité sur ces opérations, mais quel est l’impact véritable de ces coups médiatiques sur les chiffres de l’immigration ?

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  3. Votre raisonnement part sur une hypothèse , à savoir que la force de Macron vient de la faiblesse de ses opposants. Mais attention ! De 2 choses l'une (oui, je sais, l'autre, c'est le soleil) : on peut aussi dire que la faiblesse des opposants vient de la force de Macron. Et là, votre raisonnement s'écroule.

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    1. La « force de Macron », je ne la vois pas tellement dans les sondages. Les enquêtes indiquent qu’une large majorité de Français ne souhaite pas un duel Macron/Le Pen. On est dans une impasse politique avec une probable victoire par défaut de l’un ou de l’autre – à moins qu’un troisième larron ne s’invite dans le paysage d’ici 2022.

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    2. "on peut aussi dire que la faiblesse des opposants vient de la force de Macron"

      Examinons comment Macron est initialement parvenu au pouvoir. Il a bénéficié d'un discrédit des Républicains qu'ils ont largement construit eux-mêmes. Il a tiré parti de la déconfiture de Hollande, qu'il a bien aidée, mais dont l'ancien Président et son parti restent les principaux responsables. Dans son affrontement avec la représentante du FN, celle-ci s'est très bien ridiculisée elle-même. Il reste la manière dont une large partie de la presse, après avoir soutenu l'arrivée de Macron au pouvoir, a renoncé à son rôle traditionnel de contre-pouvoir (https://lvsl.fr/comment-la-presse-a-renonce-a-son-role-de-contre-pouvoir/). C'est effectivement une force de Macron. Pour le reste, il n'est président que par défaut et on imagine le niveau de frustration qui serait celui de la grande majorité des Français, désemparés devant la médiocrité de l'offre politique, s'il devait menacer de refaire le même coup en 2022.

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  4. D’accord en tout point avec vous Laurent. Sauf sur le titre de votre billet. J'aurais plutôt mis :

    Macron / Le Pen : l’impasse par défaut. Les Français l’auront bien voulu, incapables qu’ils sont de s’entendre sur quoi que ce soit.

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  5. @ Moi

    La responsabilité n’est pas celle des Français, mais bien plus de l’offre politique qui leur est présentée. Le choix de Macron, c’est du fait de toutes les faiblesses de Le Pen, qui n’était pas une vraie rupture, dans l’UE et dans l’euro… D’accord avec Sainte-Marie, en effet, le caractère détestable de la présidence Macron rend une victoire de Le Pen possible désormais.

    Bien sûr, le PS, LR et LFI ne sont pas exactement au même point, le PS étant probablement en décomposition terminale, LR au début et LFI en implosion globale, alors qu’ils avaient un boulevard en effet. J’ai l’impression néanmoins que les chances de LFI / Mélenchon sont terminées, l’épisode de la perquisition les a amenés au résultat des européennes et le tout est aggravé par les positions islamistes-compatibles… Et Mélenchon a fait partie de la majorité de 1997 à 2002… Mais un point commun important pour 2022 : je crois qu’aucun des trois ne sera en position de gagner. En cela, ils sont au même point.

    LFI laïc et républicain ? Pour moi, une partie de ses dirigeants verse dans le communautarisme anglo-saxon. Participer à la manifestation n’était pas acceptable. Le simple choix du terme « islamophobie » pose problème dans notre pays. Je pense qu’il est délicat de gérer les flux migratoires sans frontières extérieures… Un peu d’asile oui, mais aujourd’hui, une grande partie de ces demandes n’est pas légitime, eu égard aux pays d’origine il me semble. Et le regroupement n’est pas acceptable pour des personnes en situation irrégulière.

    Bien d’accord sur la force de Macron : elle n’existe pas quand deux tiers de la population s’oppose à lui. En outre, avec une opposition forte, il serait probablement encore plus bas. D’accord sur la conclusion.

    @ Sylvie

    Je partage largement votre point de vue

    @ Anonyme 15h53

    Très largement d’accord. La gauche a oublié Jaurès et l’extrême-droite a choisi l’identitaire quand elle aurait pu être sociale.

    @ Anonyme 15h10

    Mais comment parvenir à s’entendre sur les alternatives possibles. J’ai même brièvement étudié l’option Mélenchon dès le premier tour, en me demandant s’il ne pouvait pas la moins mauvaise option des quatre principaux candidats. Les 4 demi-finalistes étaient tous calamiteux…

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    1. @ Laurent Herblay,

      « La responsabilité n’est pas celle des Français, mais bien plus de l’offre politique qui leur est présentée. »
      En 2017, il y avait une offre diversifiée allant de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par la droite dure et la gauche radicale. Et il y avait des candidats eurosceptiques, dont Asselineau qui prône la sortie de l’UE et de l’euro.
      « Et Mélenchon a fait partie de la majorité de 1997 à 2002… »
      C’était il y a 20 ans. Depuis il y a eu l’euro, le référendum de 2005, la crise de 2008, etc. Le contexte politique n’est plus du tout le même.
      « Mais un point commun important pour 2022 : je crois qu’aucun des trois ne sera en position de gagner. En cela, ils sont au même point. »
      Vous n’en savez rien. En 2017, plus personne ne pariait sur Marine Le Pen après son débat désastreux face à Macron. Mélenchon peut rebondir, et puis il y a d’autres personnalités (comme Ruffin) qui peuvent prendre le relais.

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  6. La situation actuelle vient des institutions de la V ème république, quasiment aucun contre pouvoir à un président pourtant peu apprécié, mais ça vous êtes incapable de l'admettre.

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    1. Une fois que l'on aura affaibli le président de la République, ce dont on a l'expérience historique avec les IIIe et la IVe républiques, on s'apercevra que ce n'est pas la joie non plus, mais ça vous êtes incapable de vous en apercevoir.

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  7. @ Moi

    Oui, une offre très diversifiée, mais avec des tous de grosses limites : Le Pen, son manque de travail, son inconstance et tout ce que charrie son parti, Mélenchon, ses ambiguités (Europe, communautarisme) et son manque de pédagogie, Asselineau, donneur de leçons dont une partie des soutiens sont très sectaires…

    La ligne européenne de Mélenchon en 2017 était illisible avec son histoire de plan B

    Je peux me tromper, mais Mélenchon me semble appartenir au passé. Je ne vois pas comment il pourrait rebondir. Ruffin, c’est une autre histoire.

    @ Anonyme

    La 5ème République n’est pas responsable, puisque des régimes très différents produisent les mêmes résultats dans d’autres pays. En fait, c’est la solution, puisqu’elle permet, elle, un vrai changement

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