lundi 4 novembre 2019

Tesla : avis d’extravagante exubérance irrationnelle des marchés




Quand Tesla « vaut » plus que GM ou BMW…

Bien sûr, quelques faits donnent de l’eau au moulin de ceux qui achètent l’action. D’abord, le retour aux profits, après avoir affiché 1,1 milliard de pertes pour 11 milliards de chiffre d’affaires au premier semestre. Ce retour n’était pas attendu, ce qui explique probablement l’enthousiasme des marchés. En outre, la marge s’est redressée, à 22,8%, contre un point bas à 18,9% au second trimestre. Et pour couronner le tout, Tesla affirme être en légère avance dans son calendrier pour ces deux principaux projets de croissance à venir : le démarrage de son usine en Chine, et le lancement de son nouveau SUV, le Model Y, dont la production doit démarrer à l’été 2020. Mais cela vaut-il 13 milliards ?

D’abord, il faut relativiser les chiffres annoncés car le chiffre d’affaire recule de 12% par rapport au troisième trimestre de l’an dernier, et les profits de 54%... Il en va de même pour le niveau de marge, qui était 3 points supérieur. Pour la première fois depuis longtemps, le chiffre d’affaire recule sur une année ! Mais cette nouvelle a été plus qu’effacée par un retour timide à la rentabilité et les perspectives de croissance : l’ouverture du premier marché du monde avec l’usine en Chine et le renforcement sur les modèles les plus populaires aujourd’hui, les SUV. Cela n’a aucune logique puisque ces projets sont loins d’être nouveaux et montre que les marchés ont une mémoire de poisson rouge

En effet, il faut se souvenir qu’il y a un an, Elon Musk annonçait des résultats positifs tous les trimestres en 2019. Et il vient discrètement, mais de manière prévisible, d’ajuster à la baisse ses prévisions 2019. Pire, les perspectives de croissance ne semblent pas si roses. Qu’attendre réellement du marché chinois, où les constructeurs locaux n’ont pas attendu Tesla et dont les consommateurs ne seront pas forcément sensibles à la marque étasunienne ? Le succès y est tout sauf garanti. Le petit SUV arrive tard dans l’année. Pire, le développement de la concurrence, notamment allemande, pourrait peser sur les ventes, comme l’indique déjà le recul des ventes de Model S et X (-39% sur un an).

Encore pire, comment justifier aujourd’hui la valorisation boursière totalement délirante de l’entreprise : plus de 58 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaire attendu autour de 24 milliards, et des pertes annuelles. Il faut rappeler ici que BMW vaut moins, malgré un CA quatre fois plus important et un profit de plus de 7 milliards d’euros l’an dernier, en vendant plus de 2 millions de voitures ! Idem, GM ne vaut que 52 millilards pour 147 milliards de CA et 8 milliards de profits ! Rien ne justifie aujourd’hui que Tesla vaille plus que ces deux entreprises. Au mieux, en anticipant un CA 2022-23 de 50 milliards et 2 milliards de pofits, les multiples de l’industrie donneraient à Tesla une valeur de 15 milliards.


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