samedi 10 juillet 2021

Blanquer, fossoyeur du bac et de la République

90,5% d’admis avant même le rattrapage, dont 95,2% des candidats de la filière générale ! Cette année encore, le baccalauréat a été très largement donné aux lycéens, provoquant de nombreuses réactions de professeurs indignés par les directives du ministère. Malheureusement, la situation risque de continuer à empirer avec le nouveau projet de réforme délétère de Jean-Michel Blanquer, qui aboutirait à une forme de déconstruction quasiment finale du baccalauréat républicain.

 


Détruire ce qui reste de méritocratie

 

Même s’il est une épreuve pour beaucoup, le baccalauréat ancienne formule avait de grands mérites. D’abord, il était un rite de passage à l’âge adulte et était un élément fondateur partagé par une grande partie de chaque génération de Français. Mieux, il était un véritable outil d’ascension sociale, le moyen pour des élèves de toutes les conditions de se comparer les uns aux autres. Avec le baccalauréat, un élève de ZEP pouvait se comparer aux élèves des plus grands lycées, et s’il faisait mieux qu’eux, il pouvait espérer être admis dans de meilleurs établissements. Quelles ques soient les limites de cette session unique d’évaluation, elle avait la force de mettre toute une génération à égalité de traitement et permettre à une mention Très Bien à Saint Denis de valoir plus qu’une mention Bien à Louis Legrand.

 

Bien sûr, les partisans de la déconstruction actuelle ne manqueront pas, à raison, de souligner que la réussite est bien plus forte à Louis Legrand qu’à Saint Denis, et rappeleront le caractère de plus en plus inégalitaire du système éducatif français, où la réussite est de plus en plus liée au milieu de naissance. Malheureusement, ce problème n’est pas spécifiquement français, comme le rappelait Paul Krugman dans son livre de 2008, qui pointait qu’un élève du dernier quart de la classe, mais dont les parents faisaient partie du premier quart des revenus, avait autant de chances d’accéder à l’université qu’un élève du premier quart de classe, mais dont les parents faisaient partie du dernier quart pour les revenus. Or Blanquer casse ce qui reste de méritocratie dans le bac, comme le souligne justement Céline Pina.

 

Les deux réformes Blanquer, la première, et la nouvelle, en augmentant la part de contrôle continu, posent de multiples problèmes. Dans le système d’avant, pour évaluer un élève de terminale, il était possible de prendre en considération ses résultats au bac et son livret scolaire. Demain, l’intrication des deux revient à faire reposer l’évaluation surtout sur le livret scolaire, comme le pointe la Société des Agrégés qui défend « la primauté des épreuves nationales (pour) une évaluation impartiale et rigoureuse des élèves ». En effet, le contrôle continu ne repose pas sur un même examen standardisé, ce qui rendra les notes non comparables : on pourra accorder une plus grande valeur à des notes inférieures obtenues dans un lycée prestigieux qu’à de meilleures notes obtenues dans un lycée moins réputé. Tout deviendra relatif sans le repère commun indiscutable qu’est le baccalauréat qui ne repose que sur des examens nationaux.

 

En outre, comme certains professeurs le rapportent, l’importance accrue des notes du contrôle continu va amplifier la pression des élèves et des parents pour les gonfler. Cela risque d’accoître l’inflation générale qui a cours depuis des décennies et qui fait qu’un 16 d’aujourd’hui vaut moins qu’un 14 d’une génération avant. Le système de notation est devenu complètement fou, avec d’innombrables ajustements à la hausse qui reviennent à donner aux lycéens des messages profondément mensongers sur leur niveau. Bien sûr, la sanction d’une note peut être dure, mais nous voyons bien en France que le grand relâchement des exigences à travers une notation de moins en moins stricte est concomittante à une baisse du niveau, ce qui amène à se demander si cela ne contribue pas au contraire à cette baisse.

 

Plus globalement, le passage de Jean-Michel Blanquer est en tout point calamiteux pour notre éducation nationale. Non seulement il veut achever de saborder le baccalauréat avec une seconde réforme, sans avoir fait le moindre bilan de sa calamiteuse première réforme. Mais toute sa gestion de l’éducation nationale est à revoir. La correction des copies de philosophie sur écran plutôt qu’en physique a été un fiasco complet du fait de nombreux bugs, rappelant que l’opérationnel n’est pas le fort du ministre, qui avait improvisé un enseignement à distance dans des conditions déplorables. Enfin, il faut rappeler ici que le manque de revalorisation de la condition des professeurs, malgré les effets d’annonce, continue à appauvrir le vivier de candidats, mesuré par la baisse continue des candidatures au Capes.

 

Bref, le bilan du ministre et, à travers lui, de Macron sur ce sujet, est totalement calamiteux. Ce qui devait être fait (la revalorisation de la condition des professeurs, l’ordre, ou la focalisation sur les fondamentaux) a été totalement oublié, tandis que des réformes nuisibles ont été entreprises, avec la déconstruction du bac ou l’apparition de nouveaux apprentissages, qui vont prendre un temps précieux qui aurait pu être consacré au renforcement nécessaire de l’apprentissage des bases.

8 commentaires:

  1. Avec le recul, et des mésaventures d'orientation à la fin de la seconde en partie dues à la réforme de la carte scolaire intervenue dans les années 2010, et bien que j'en ai chi***, je me dis que j'ai bien fait de laisser tomber le lycée (professionnel dans mon cas) et de passer la capacité en droit.
    Ce n'est pas la solution miracle car la capacité est en grande partie en totale désuétude. Il y a eu quelques rapports qui avaient envisagé de la supprimer. Et pour cause: diplôme très mal connu, peu exploité, difficile d'obtention etc...
    Dans mon cas cela a été une réelle révélation et une réelle seconde chance après une orientation injustifiée et foirée en bac pro' alors que je n'avais pas spécialement le profil et surtout que je ne l'avais pas demandée.
    Quand je vois ce qu'on fait du baccalauréat et de la mise en oeuvre hypocrite d'une sélection de plus en plus forte mais jamais désignée comme telle qui finalement touche les classes populaires et moyennes, ma capacité est une vraie fierté. Moi elle m'a sauvée mais elle n'est pas la solution. Mais p****quelle bonne idée et quelle chance j'ai eue en me tournant vers elle.
    Je n'ai pas fini en faculté de droit mais en marketing et stratégie commerciale. Bac +5 et je me rappelle quand j'avais postulé en licence puis en master, le fait d'avoir choisi le parcours capacité en droit avait impressionné les professeurs de fac' et m'avait fait gagné pas mal de point dans la sélection de mon dossier.
    Je plains les enfants des classes populaires et moyennes car ce sont elles qui paient le prix de ces réformes. Ceux qui ont des moyens et issus de certaines catégories sociales, ils/elles craignent peu car le système se tourne de plus en plus vers eux et elles. Et puis ils auront toujours une multitude de solutions de rechanges. Celles et ceux qui viennent des classes défavorisées bah...on continue à peu faire réellement pour elles et eux. Et puis la grosse majorité du milieu à qui l'école, le bac', la continuité des études s'adressaient jusqu'à présent...les parents vont devoir se battre pour que leurs enfants se rattrapent aux branches.

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  2. Je ne suis pas favorable à la réforme du baccalauréat de Blanquer, pas plus qu'au personnage de Blanquer en général, mais je suis un peu surpris par vos arguments (ie : ils demandent, à mon avis, à être creusés ; je ne les conteste pas a priori).

    Si vous faites allusion à la mention TB au bac permettant un accès direct à Sciences-Po, est-ce que cela représentait un nombre important d'élèves admis par ce biais ? D'autre part, il faut noter que la mention TB elle-même a perdu sa signification, car accordée à une proportion beaucoup plus important d'élèves.

    Lorsque vous dites que le contrôle continu augmente la pression sur les professeurs, je pense que c'est le cas mais il me semble qu'il faudrait préciser l'argument. En effet :
    - avant la réforme, le bac était facile à obtenir, mais il y avait déjà un enjeu très important sur les notes, qui était le dossier d'accès au supérieur. Il me semble donc qu'il y avait déjà de fortes raisons pour les parents d'élèves de mettre la pression aux professeurs pour avoir de bonnes notes.
    - après la réforme, on peut imaginer que ceux qui sont tangents pour le bac mettent aussi la pression, mais est-ce que tout le monde ne part pas du principe que le bac est quasi-donné et que l'enjeu réel est l'orientation post-bac ? Auquel cas le problème resterait avec un retour au format précédent du bac.

    Dernière remarque : le nom du lycée est Louis le Grand, (comme le roi soleil), pas Louis Legrand (comme le pédagogue). Je sais bien qu'il y a des "républicains" qui ont pour tradition de manger une tête de porc pour marquer l'exécution de Louis XVI, j'espère toutefois que vous n'en faites pas partie et que votre erreur n'est pas intentionnelle.

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  3. Dans l'objectif de hâter sa prochaine disparition volontaire, les autorités politiques en charge de la France relaient avec zèle, voire même anticipent, l'agenda mondialiste consistant à appauvrir matériellement, physiquement et moralement la plus grande masse des gens peuplant la planète au profit de quelques usurpateurs, véritables escrocs économiques qui ont, aujourd'hui, pris l'ascendant sur les pouvoirs politiques des États. Aussi, la France qui n'a aucune politique, et encore moins de politique socialiste, dans le sens « social » du terme, est en revanche l'un des principaux fers de lance de l'agenda globaliste, lequel prospère sur le développement de la misère humaine.
    Les cartes sont actuellement dans les mains des populations civiles : ces dernières ont enfin, phénomène unique dans l’histoire, la possibilité de reprendre leur destin en main ; ce qui signifie, très précisément, qu’elles ont la possibilité de réinstaurer des gouvernements politiques en lieu et place des ersatz actuels entièrement aux mains des puissances financières. Les peuples auront ce qu’ils méritent : ils recevront, s’ils acceptent de se prendre en charge (en contrepartie d’un peu de courage) des fruits extrêmement bénéfiques… mais l’accepteront-ils ? Là est la question.
    Les peuples ont aussi leur « Grand Reset » ; et celui-ci fait bien plus peur à nos « zélites », que celui du ridicule Klaus Schwab qui ne fait finalement peur à personne.
    Cordialement.
    Blog : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/

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  4. Souvenons-nous des débuts de Blanquer, qui promettait en 2017 de "laisser souffler" les gens et de "ne pas faire de réforme d'ampleur".
    Évidemment, c'était mensonge dès le départ, il est payé pour tout saboter et il a "fait le djobe", comme disent les ordures néolibérales.
    Vous avez oublié, d'ailleurs, la réforme de CAPES et le Grenelle, deux autres saloperies. Le CAPES est plus que jamais soumis aux pédagogos et aux bureaucrates, la part du disciplinaire réduite à peau de chagrin, pour recruter des animateurs dociles. Le "Grenelle", pour une demi-pizza d'augmentation concernant 1/5e de la profession, vise à introduire le "management" néolibéral. Ce machin a été écrit à l'avance et les parasites chargés de plancher sur "le professeur du XXIe siècle" étaient des DRH de multinationales, des inspecteurs ringards en retraite, des directeurs académiques en fin de carrière, des DASEN et autres, sans compter les écrivaillons de TV.

    Si on change de régime, il faudra considérer nul et non avenu tout ce qui s'est fait depuis Najat et Blanquer (les deux étant en parfaite continuité), abroger l'ensemble sans le moindre état d'âme pour repartir sur des bases moins malsaines.

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    1. Avant Najat et Blanquer, c'était Chatel...

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  5. J'ai lu certains des témoignages du Grand Maître Comlan AMANGNON sur la façon dont il a aidé de nombreuses personnes à ramener leurs amants en seulement 9 jours avec un sort d'amour. J'avais un problème avec mon petit ami alors j'ai décidé de le contacter parce que j'aime tellement mon petit ami. Il a quitté la maison et a dit qu'il n'était plus intéressé par la relation sans raison, j'étais sous le choc. J'ai contacté le Maître Comlan AMANGNON et il m'a dit que mon petit ami me reviendrait dans les 9 prochains jours, le Maître Comlan AMANGNON a lancé un sortilège d'amour et cela a ouvert les yeux de mon petit ami pour voir à quel point nous nous aimons et il est rentré à la maison. Au moment où j'écris ce témoignage, je suis la femme la plus heureuse du monde. Mon petit ami et moi vivons une vie heureuse et notre amour est maintenant plus fort qu'il ne l'était avant notre rupture. Tout cela grâce au Grand Maître Comlan AMANGNON pour le travail excessif qu'il a fait pour moi, m'aidant à retrouver mon petit ami. Si vous rencontrez un problème relationnel et souhaitez une solution rapide, contactez le Grand Maître Comlan AMANGNON par e-mail: contact.maitreamangnon@yahoo.com ou par WhatsApp: +229 97788791, il est un homme digne de confiance.


    Clotilde Lapage

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