En aucun cas
ce papier a pour but de reprendre un débat en partie clôt par le vote de
l’Assemblée, auquel j’ai consacré plusieurs textes et pour
lequel je n’ai pas changé d’opinion, mais plutôt de s’interroger sur les
raisons qui ont poussé à un
climat de guerre civile bien peu propice au débat.
Zéro
partout : la démocratie perd
Bien sûr,
chaque camp va attribuer à l’autre la responsabilité du climat
détestable dans lequel s’est déroulé le débat sur le mariage pour tous. Mais
cette question est d’autant plus brûlante que d’autres pays ont débattu de la
même législation de manière beaucoup plus sereine, que
ce soit en Nouvelle-Zélande, où les débats parlementaires se sont conclus
par un chant, en
Uruguay, ou même en Grande-Bretagne, où
c’est un gouvernement de droite qui mène cette réforme. L’explosion
des violences homophobes semble être une conséquence détestable de ce
mauvais climat.
Après avoir
beaucoup débattu de la question, je crois que la raison principale de la
crispation vient d’un défaut d’écoute et d’un
refus de penser que l’opposant raisonne en fonction de sa vision de l’intérêt
général. Trop souvent, les opposants au mariage pour tous ont présupposé
que ses partisans, quand ils ne seraient pas eux-même homosexuels, le
faisaient par conformisme intellectuel libertaire ou qu’ils n’avaient pas vraiment
réfléchi à la question. Autre problème, ils ont refusé de limiter le débat
à la seule question qui était posée, y voyant un pas vers la reconnaissance de
la polygamie, voir la zoophilie… Pourtant, la question qui était posée n’était
en aucun cas celle de la PMA et encore moins de la GPA. En caricaturant la
proposition du gouvernement, ils ont largement contribué à accentuer les
tensions, déplaçant le débat sur des questions beaucoup plus clivantes, alors
que ce n’était pas le sujet.
Mais trop
souvent aussi, les partisans du projet gouvernement ont refusé d’écouter les arguments
des opposants, se contentant de les considérer comme des homophobes. J’ai pu, dans
un papier, dont je
me suis excusé dans un second temps, céder à cette tentation. Certes, il
s’agissait aussi d’une réaction aux caricatures outrageuses du camp d’en face,
mais on ne peut pas débattre sereinement si chacun s’accuse
d’arrières-penséees, quitte à totalement dériver du sujet initial. De même le
traitement médiatique a sans doute contribué à la crispation du débat. En
effet, comme en 2005, une partie de la population s’est sans doute radicalisée
en constatant (à raison) le biais partisan de la plupart des journalistes, Canal Plus récoltant sans doute la palme
du plus partisan. Les attaques dont a été victime Frigide Barjot ont été
souvent excessives étant donnée la façon dont elle s’est comportée, évitant
globalement les excès dans lesquels certains membres de l’UMP sont tombés, y
compris à l’Assemblée.
Un débat
mal géré