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samedi 31 août 2013

Copé et les morts-vivants du néolibéralisme


Jean-François Copé ne fait pas dans la dentelle. Certes, les Français expriment un véritable ras-le-bol fiscal que même Pierre Moscovici reconnaît, mais la feuille de route qu’il a récemment dessiné en cas de retour de l’UMP au pouvoir en 2017 représente un virage d’une brutalité sidérante.



Au secours, Thatcher et Reagan reviennent !

Impossible de ne pas penser à eux devant la radicalité des idées avancées. Il propose de réduire de pas moins de 130 milliards d’euros la dépense publique, dont la moitié servirait pour des baisses d’impôts pour les ménages et les entreprises. Ces dernières bénéficieraient de 40 milliards de baisse de charges sociales. S’il dit vouloir concilier « l’humanisme et la générosité », les 35 heures et le RSA seraient sérieusement remis en question. Il propose de « libérer l’éducation nationale », « libérer le marché du travail » (sur le temps de travail), réécrire les codes de l’urbanisme et du travail, ainsi que réformer notre modèle social (dégressivité des allocations, travail pour les bénéficiaires du RSA).

On ne pourra pas reprocher au président de l’UMP d’incohérence dans les propositions. Il s’agit d’un agenda très clairement néolibéral (même s’il s’en défend), qui fleure bon les années 1980 et le programme du RPR de 1986, qui lorgnait alors ouvertement vers Londres et Washington plus que vers Colombey-les-deux-églises. Il faut dire que les cures d’austérité créent un terrain favorable à de telles idées : hausse de l’endettement, maintien de déficits importants malgré les hausses d’impôt et les coupes budgétaires. L’Etat semble impotent, impuissant et obèse, de quoi provoquer une révolte fiscale et néolibérale sur laquelle Jean-François Copé semble parier, du moins, pour le moment.

Transformer Paris en Athènes

dimanche 25 septembre 2011

Joseph Stiglitz, pourfendeur des plans de sortie de la crise


L’auteur s’est fait connaître à la fois comme prix Nobel d’économie 2001 et également comme critique radical des pratiques du FMI, qu’il a dénoncées dans son livre « La grande désillusion ». Il vient de publier « Le triomphe de la cupidité », que je vous recommande vivement.


Une analyse de la crise


Joseph Stiglitz propose une bonne synthèse, centrée sur les Etats-Unis. Pour lui, la cause est financière : « il y avait une bulle, et elle a éclaté, en apportant la dévastation dans son sillage. Cette bulle était alimentée par des prêts douteux des banques, qui acceptaient pour nantissement des actifs dont la valeur était gonflée par la bulle. Des innovations récentes ont permis aux banques de cacher une bonne partie de leurs prêts pourris, de les retirer de leur bilan, et d’accroître ainsi leur effet de levier, ce qui a rendu la bulle encore plus grosse et le chaos quand elle a éclaté encore plus grave ».


Une histoire politique des Etats-Unis


S’il est un économiste de talent, Paul Krugman est également un homme engagé en politique et parallèlement à l’histoire économique de son pays, il en livre également une histoire politique, tout aussi passionnante, mais tout aussi engagée.


Les trois vies du Parti Républicain


La première vie du GOP s’étend de 1870 jusqu’en 1948, avec dans un premier temps une large domination de la vie politique nationale (jusqu’en 1932, il gagne 12 élections présidentielles sur 16 et est majoritaire sous 27 législatures sur 32). Et encore, Paul Krugman explique que les interludes sont limités à des « démocrates Bourbons », finalement peu différents. L’auteur dénonce la structure électorale du pays, qui exclut le quart le plus pauvre (les 15% d’immigrés et les 10% de Noirs du Sud sans droit de vote) et dénonce le rôle de l’argent. Le candidat républicain de 1896 a dépensé l’équivalent de 3 milliards de dollars actuels pour écarter un démocrate dangereux, qui avait dit : « vous ne crucifierez pas l’humanité sur une croix d’or ».


Une histoire économique des Etats-Unis


Paul Krugman a été désigné prix Nobel* d’économie en 2008. Il est également un éditorialiste extrêmement connu pour son opposition radical à l’administration Bush. Dans « L’Amérique que nous voulons », il raconte de manière passionnante, mais non moins engagée l’histoire de son pays.


De l’âge d’or à la « Grande Contraction »


Paul Krugman commence son récit par le fameux « Age d’or » qui a précédé la Grande Dépression. Il montre que l’augmentation des inégalités atteint un sommet en 1929, où 1% de la population concentre 17% des revenus (et 70% des dividendes) et 10% 43%. Il raconte comment la première tentative d’instaurer un impôt sur le revenu, en 1894, à hauteur de 2% des revenus, est finalement censuré par la Cour Suprême et devra attendre le 16ème amendement à la Constitution en 1913 pour être enfin autorisé. Les dépenses de l’Etat représente alors 4,7% du PNB dans les années 20, largement moins qu’en Europe.