La
victoire du principe de réalité
Tout
d’abord, il faut noter que le délai donné à la France vient après plusieurs
délais donnés à d’autres pays, comme
l’Espagne. Ensuite, on peut penser que la Commission Européenne, las de
voir les prévisions de réduction de déficit non respectées en France, en Espagne,
au Portugal, en Grèce ou en Italie, a seulement pris acte du fait que les
calendriers de réduction des déficits étaient tout simplement totalement
irréalistes et a donc préféré lâcher un peu de lest pour regagner en
crédibilité, mais
aussi essayer d’améliorer son image, de plus en plus mauvaise dans toute
l’Europe.
Un
étranglement plus lent
En effet,
viser un déficit de 2,9% en 2014 était très risqué pour la France. Cela
représentait une baisse de 1,9% par rapport à 2012. Cela peut ne pas paraître si
difficile. Mais du fait de la révision à la hausse du multiplicateur (l’impact
d’une baisse des déficits sur le PIB), les coupes nécessaires pour obtenir un
tel chiffre sont bien plus importantes. En prenant un coefficient de 1, dans
le bas de la nouvelle étude du FMI, cela suppose que l’effort à réaliser
est du double, soit 3,8% du PIB en baisses de dépenses ou hausses d’impôts pour
réduire les déficits, du fait de la baisse du PIB.
Soit dit en
passant, cela signifie que si la France vise 2,9% de déficit en 2015, elle
devra faire un ajustement budgétaire équivalent à 3,8% du PIB, qui laissera le
PIB 3,8 points plus bas qu’il ne l’aurait été sans ce plan. Contrairement à ce
que dit Pierre Moscovici, l’austérité n’est pas finie. Elle sera seulement
davantage étalée dans le temps. Ce faisant, il n’y a aucune chance pour que le
chômage baisse avant 2015… Et c’est un bon moyen pour garder la pression pour faire
avancer les « politiques
structurelles », le nom politiquement correct du programme de
régression sociale européen.
De
l’Europe et de notre souveraineté