mercredi 14 mars 2012

La crise de la zone euro s’offre un répit


Hier, le CAC 40 a atteint 3550 points, son point le plus depuis le mois d’août, une progression de plus de 25% par rapport au plus bas atteint l’automne dernier, en plein crise financière. La question est de savoir combien de temps ce répit peut-il durer.

Une pause qui pourrait durer

Pourtant, bien des choses devraient déprimer les marchés : la zone euro est en récession, le prix du baril s’envole, la dette de la Grèce s’échange largement sous sa valeur, indiquant un probable nouveau défaut, le déficit de l’Espagne est bien plus élevé que prévu. Bref, théoriquement, il y a suffisamment de mauvaises nouvelles pour provoquer une nouvelle crise. Pourtant, les indices boursiers grimpent et les taux sur la dette italienne et espagnole sont tombés à 5%.

La principale raison qui explique le calme retrouvé des marchés est bien sûr l’intervention de la Banque Centrale Européenne. En effet, mi-décembre, le dernier plan européen semblait avoir échoué et les bourses étaient reparties à la baisse. Le point de départ de la reprise est le premier prêt de 489 milliards de la BCE aux banques privées. Et le second prêt de 529 milliards a permis d’apporter encore un peu plus d’air frais aux banques, prolongeant la reprise boursière.

Ces interventions démontrent que les autorités européennes sont prêtes à tout pour essayer de faire fonctionner cette construction monétaire baroque et artificielle qu’est l’euro, quitte à engager des sommes délirantes au nom des peuples européens. C’est pour cela que je crois depuis longtemps que la fin de l’euro pourrait tarder, même s’il est vrai qu’une crise en Grèce pourrait déclencher à tout moment le jeu de dominos qui mènera à la fin de la monnaie unique.

Une pause illusoire

Pourtant, il est bien évident que cette pause dans la crise de la zone euro, aussi longue soit elle (quelques mois ou quelques années), est totalement illusoire. Les fondamentaux de l’union monétaire européenne sont calamiteux. Même si sa vie est prolongée de quelques années par les largesses totalement inconsidérées de la Banque Centrale Européenne, cela ne corrige pas les déséquilibres majeurs provoqués par l’euro, et que la monnaie unique ne fait qu’amplifier.

En outre, les politiques d’austérité menées en Europe ne font qu’accroître le mal. On voit bien en Grèce que la rigueur sauvage ne mène nulle part. Le poids de la dette s’est littéralement envolé, passant de 113% du PIB en 2008 à 198% en 2012. Et le plan de refinancement de la dette d’Athènes est fondamentalement fantaisiste quand on étudie un peu sérieusement les hypothèses de la troïka. Comment l’Europe pourrait-elle croître en réduisant agressivement ses déficits ?

Le pragmatisme des Etats-Unis montre bien qu’il faudrait suivre une autre voie que celle qui consiste à réserver l’immense majorité du bénéfice des politiques monétaires non conventionnelles aux banques, comme en Europe, mais de l’utiliser au bénéfice de l’Etat et donc de la collectivité. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été avertis par des économistes prestigieux, dont de nombreux prix Nobel comme Krugman et Stiglitz qui expliquent que l’Europe va dans une impasse.

Bref, la crise financière a peut-être pris fin temporairement dans la zone euro. Mais cette fin est doublement illusoire. Tout d’abord, le continent s’enfonce dans la récession (ou, au mieux, une croissance très faible) et surtout, la crise reprendra tôt ou tard…

8 commentaires:

  1. L'affaire "espagnole" (Rajoy qui "impose" son propre déficit et parvient plus ou moins à ses fins malgré les demandes de Bruxelles) est assez "exemplaire" dans le sens où, pour une fois, un dirigeant européen défend d'abord les intérêts de pays et ne se couche pas tout de suite devant Bruxelles. Si ça pouvait être généralisé, ça serait super...

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  2. L'indépendant14 mars 2012 à 20:05

    Le blog pro-sarko saladelle.fr, pratique une fois de plus l'anathème à l'égard de nos idées. L'auteur sous-entend que les souverainistes sont des menteurs.

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  3. Le répit est du court terme pour la Grèce puisque le dernier financement européen ne lui permet de ne tenir que jusqu'au mois de juin.

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  4. Mercredi 14 mars 2012 :

    Le budget de l'Union Européenne au bord du défaut, selon le Parlement européen.

    Le budget de l'Union européenne est "au bord du défaut", les grands contributeurs - fortement mis à contribution pour sauver l'euro - rechignant à augmenter leur participation, a averti mercredi Alain Lamassoure, président de la commission des Budgets du Parlement européen.

    La Commission européenne doit présenter le 26 avril sa proposition pour le budget 2013, mais il est "peu probable" que les Etats acceptent une augmentation, a estimé M. Lamassoure au cours d'un point de presse au Parlement européen à Strasbourg avec le commissaire au Budget Janusz Lewandowski.

    Les Etats ont imposé un budget d'austérité pour 2012 avec des dépenses limitées à 129,1 milliards d'euros, loin des 133,1 milliards demandés par le Parlement.

    Le commissaire au Budget Janusz Lewandoswki a confirmé avoir des difficultés pour trouver 11 milliards d'euros afin de rembourser aux Etats les factures présentées fin 2011, et il a annoncé travailler à un projet rectificatif nécessaire pour au moins la moitié de cette somme.

    "Le budget européen n'a pas un euro de déficit, mais il est au bord du défaut", a lancé Alain Lamassoure.

    "Nous sommes face à un problème politique. La France, l'Allemagne, les Pays Bas, la Finlande, l'Autriche, qui sont les pays contributeurs nets, refusent toute augmentation de leur contribution nationale, car ils sont les principaux supports du fonds de sauvetage de l'euro et ils ne veulent pas payer deux fois", a-t-il expliqué.

    http://www.boursorama.com/actualites/le-budget-de-l-ue-au-bord-du-defaut-selon-le-parlement-europeen-50ed664755db6a518316dffc504af25a

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  5. " La France, l'Allemagne, les Pays Bas, la Finlande, l'Autriche" : ils oublient juste l'Italie, l'Espagne...

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  6. Les crises financières et économiques actuelles sont principalement dues à l'envolée des dettes (des États, des particuliers, des entreprises, etc.). Ceci a notamment été rendu possible par du crédit pas cher et sans contrepartie (pour l'immobilier c'est des taux à marges négatives pour les banques avec financement à 110 % dans plus de 15 % des cas).

    Une fois que tout se grippe, la BCE ne trouve rien de mieux à faire que de décaler de quelques mois le problème en prêtant une masse considérable d'argent dans le système bancaire...

    Les bulles sur les actifs qui peinent à se dégonfler prendront d'autant plus de temps à être corrigées. La facture n'en sera que plus salée et plus douloureuse.

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  7. En matière de finance, tout est vrai, le pour comme son contraire : sans doute y a-t-il une clique qui fait député ou ministre qui lui chante, d'où l'invraissemblable arnaque des prêts aux "banques" qui prêtent aux "états-nations" sortis des mêmes "grandes écoles" et des mêmes "cabinets ministériels"...mais inversement, il n'y a pas vraiment de clique : tout le monde spécule, de la même manière : ouvrez les armoires : tout est venu de CHINE : les occidentaux ne savent-plus-rien-faire, du haut en bas de l'échelle sociale...et ce, probablement grâce à notre-sainte-mère L'ECOLE.
    Le mécanisme de l'arnaque euro-libéralo-barrosiste vous paraissait-il vraiment trop simple...mais que n'avez-vous jamais vu députés et militants s'agiter dans un hémicycle ou dans un stade ? A quel âge mental régressent-ils à chaque fois, dès qu'ils étaient plus de deux ???
    Résultat,la crise s'arrêtera quand on voudra, quand on le décidera.
    Avec HOLLANDE ou SARKOZI, c'est mal parti !!!
    Le malheur, ce n'est que le vol sème la mort en CHINE et en AFRIQUE : c'est qu'il sème aussi la mort en OCCIDENT.

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  8. Le système risque d'exploser bientôt. L'argent qui a été inséré en Grèce va ou a déjà quitter le pays, on exploite davantage le peuple, et bientôt les autres pays qui se font également piller protesteront davantage. Comme beaucoup le pense, on arrive à tenir la population car il n'y pas encore assez de monde au chômage ou dormant dans la rue (et pourtant il y en a beaucoup)

    J'ai écrit un petit projet, www.imagine-2012.fr, qui propose un autre système monétaire et je crois que ça pourrait servir, si jamais cela venait à exploser... car, changer c'est bien, mais changer pour quoi ?

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