vendredi 31 mai 2013

Jacques Sapir et Frédéric Lordon imaginent l’après-euro


Au Portugal, « Cinquante nuances de gris » a été remplacé en haut des meilleures ventes de livres par « Pourquoi nous devons quitter l’euro ». Alors que les rangs des partisans de cette idée grandissent tous les jours, Jacques Sapir et Frédéric Lordon nous éclairent sur l’après.



Progrès dans la bataille des idées

En France, les idées progressent lentement du fait de l’incompétence de la principale avocate choisie par les médias, Marine Le Pen. Cependant, nous gagnons du terrain, comme le montrait cette tribune du Monde en mars ou cette interview de Philippe Villin. En Europe, l’idée ne cesse de progresser. Déjà, en Italie, même si cela ne s’est pas traduit au niveau de la formation du nouveau gouvernement, une majorité de la population a voté pour des partis très critiques à l’égard de l’Europe, dont notamment le parti de Beppe Grillo, qui appelait ouvertement à une sortie de la monnaie unique.

En Allemagne, le parti Alternative für Deutscheland rencontre un immense succès et a déjà rassemblé treize mille adhérents sur la promesse d’un retour au deutsche mark, très populaire en Allemagne. Toujours en Allemagne, Oskar Lafontaine, ancien président du SPD, a appelé à son démontage. Enfin, au Portugal, la question s’est invitée dans le débat avec la sortie le livre de Joao Fereira do Amaral, pour qui « nous devons réaliser que l’euro n’est tout simplement pas adapté au Portugal ».

Les scénarios de Jacques Sapir

Après avoir déjà chiffré le coût technique de sortie de la monnaie unique entre 300 et 700 millions d’euros fin 2012, Jacques Sapir avait écrit un scénario de sortie de la monnaie unique. Dans un nouveau papier, il en établit deux nouveaux : un scénario non coopératif et un hypercoopératif. Dans le premier, il prévoyait que le mark s’établisse à 1,495 dollars, contre 1,04 pour le franc, 0,975 pour la lire, 0,910 pour la peseta et 0,650 pour la drachme, des chiffres cohérents avec l’analyse de la Deutsche Bank.

Dans le scénario non coopératif, les écarts sont plus grands alors que dans le scénario hypercoopératif (qui aboutirait à la constitution de deux euros), ils le sont moins. L’impact sur la croissance est similaire et un peu inférieur pour le scénario non coopératif. L’impact sur l’inflation est plus différent (pointe à 5% pour le non coopératif, 3,8% pour le coopératif, 3,6% pour l’hyper-coopératif) mais les chiffres se rejoignent dès la 3ème année. Il conclut en montrant que l’Espagne et l’Italie ont sans doute intérêt à un scénario non coopératif, qui maximise le gain de croissance par une plus forte dévaluation.

La monnaie commune vue par Frédéric Lordon

Le dernier papier de l’intellectuel est toujours aussi amusant à lire (à condition d’avoir du temps). Il dénonce les bonnes âmes qui croient pouvoir obtenir une remise en cause du mandat de la BCE de l’Allemagne en expliquant que cela fait partie des points non négociables pour Berlin, quelque soit la majorité. Il ironise sur ceux qui attendent les élections législatives allemandes avec l’espoir d’une défaite d’Angela Merkel. La monnaie unique, c’est aux conditions de l’Allemagne ou rien ! Du coup, pour lui, le démontage de la monnaie unique doit se faire « avec ou sans l’Allemagne (comme elle voudra) ».

Frédéric Lordon souligne les limites d’un retour à l’ancien SME où les marchés exerceraient leur influence sur le cours des monnaies. Il propose un système élégant où si l’euro monnaie commune serait cotée sur les marchés contre les devises externes, au sein de ce SME, les monnaies nationales ne seraient « convertibles entre elles (…) uniquement au guichet de la BCE » pour garantir des parités fixes (évidemment ajustables, mais soustraites à l’influence des marchés). S’inspirant de Keynes, il propose également un mécanisme pour pousser à l’équilibrage des balances courantes.

Le calme retrouvé des marchés peut conduire certains à désespérer de la fin de la monnaie unique. Mais la détérioration économique de la zone euro (où le PIB recule depuis 6 trimestres) et l’évolution du débat public font que tôt ou tard, un peuple décidera d’abandonner cette construction bancale. Et là, nous serons prêts.

32 commentaires:

  1. Le problème avec les "scénarios coopératifs" est que d'une part ils sont improbables, vu la résistance désespérée des europhiles et les intérêts divergents des pays, et surtout d'autre part qu'ils supposent un compromis systématique qui suppose une fois de plus de s'adapter au pays le plus puissant, à savoir l'Allemagne. Avec une "monnaie commune", chaque dévaluation des monnaies nationales sera l'objet d'un bras de fer avec l'Allemagne, et il y a fort à craindre que cela nous ramène au SME où l'obsession de stabiliser les parités monétaires et l'incapacité à contrôler les mouvement de capitaux amenait déjà à casser la croissance et l'emploi pour s’aligner sur l'Allemagne.
    La proposition de Lordon d'une gestion politique des parités par la négociation ne résout en rien ce problème ; l'effet serait une fois de plus de donner carte blanche aux gouvernements en court-circuitant la gestion nationale des politiques économiques.
    Cette idée de monnaie commune est certes souhaitable économiquement, mais ingérable politiquement, sauf peut-être entre un petit nombre de pays dont les intérêts et les politiques économiques seraient compatibles...
    Les scénarios non coopératifs présentent l'avantage d'être plus réalistes, et surtout d'éviter de s'engluer à nouveau dans un marécage institutionnel.

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    1. Lordon propose des réévaluations ou dévaluations selon des principes mécaniques en fonction de la balance commerciale de chaque pays participant.

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    2. Ce serait un bon principe mais je vois mal comment il s'imposerait pratiquement en l'absence d'une autorité supranationale.

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  2. Personnellement je ne vois pas comment il serait possible de "démonter" l'Euro sans "démonter" aussi l'UE, chose Hautement souhaitable, à mon avis, la finalité même de l'UE étant la destruction des Etats membres.
    Et, Laurent, on a compris, vous savez :-) ! Vous n'aimez pas Marine Le Pen.

    Sancelrien

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  3. La sortie de l'euro n'est pas d'abord un problème de "compétence", mais de volonté politique. Or MLP est la seule, avec NDA, à prévoir clairement cette sortie.
    Il paraît donc plus urgent de chercher à rassembler tous ceux qui veulent cette sortie et à rassurer ceux qui la craignent que de tracer un cercle de feu autour du FN et, surtout, de ses électeurs: traiter les vrais problèmes permettra beaucoup plus efficacement de désamorcer les penchants xénophobes ou fascisants de certains courants.

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    1. Vous plaisantez, ils naviguent tous deux dans le brouillard à vue de sondages sur ce thème, n'osant pas aborder le sujet dans leur profession de foi à la présidentielle de 2012 si ce n'est par de vagues ellipses politico-métaphysiques autorisant toutes les interprétations et leur contraire.
      Rien à voir avec la ligne claire d'Asselineau, par exemple.... en réalité, le seul exemple disponible.

      Le Gars Spaccio

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  4. Coopérer, sans être pieds et mains liés !!!!
    C'est sortir de l'europe, rester indépendant les uns et les autres dans leurs gestions nationales, mais coopérer au niveau européen (échanges mondiaux), les états restant les "tenants" de la politique européenne...(protectionisme)
    En finir avec le pouvoir bruxellois fonctionnarisé !!!
    Un GROUPEMENT ECONOMIQUE des ETATS, géré et dirigé par les états.....et, soumis au controle du parlement !!!
    Quant à l'euro, chaque nation dispose de son EURO NATIONAL

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  5. @J. Halpern
    La question me semble être: est ce que les pays qui auraient intérêt à quitter la zone euro peuvent se permettre de retrouver des monnaies nationales convertibles (et donc pouvant être soumises à la spéculation), car je ne pense pas qu'on puisse décréter un "franc non convertible" ?

    L'avantage d'une "monnaie commune" (en fait une Unité de Compte Commune) c'est qu'elle permet l'intégration de monnaies non convertibles, la seule "monnaie" convertible étant cette "monnaie commune".

    J'avoue que j'hésite encore...

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  6. Sortir de cette impasse de l’euro, retrouver sa liberté, sa souveraineté, son destin d’accord mais, cela ne suffit pas. Pour dynamiser ce vieux pays, il serait peut être judicieux de le doper à l’autonomie régionale, et non plus, à cette lourdeur nationale, partisane, au caractère monarchique. Où les vieux démons sommeillent.

    La France est prisonnière de ses fonctionnaires, c’est un état dans un Etat. C’est évident, ils l’entravent plus qu’ils ne la servent. Il faut changer de système pour s’en défaire.
    Eclatons cette France en six régions, sensiblement équilibrées et correspondantes aux régions militaires, voir aux provinces du temps de la royauté et donnons à ces régions une autonomie législative, économique, fiscale, judiciaire, sécuritaire, éducative des mœurs et coutumes locales. La diversité l’histoire font la force, un peu comme le démontre ces petits territoires autonomes que sont : La principauté de Monaco, le Luxembourg, etc. Tous ces petits territoires de caractère, s’en sortent mieux que les grands. Ils n’attendent pas l’ordre ou la loi languissante du Pouvoir central, pour réagir. De plus, la démocratie fonctionne nettement mieux sur des petites surfaces que sur un territoire distendu et déséquilibré.

    Ces entités politiques régionales seront plus à même d’équilibrer dépenses et recettes et aussi, de se défaire de cette perversion idéologique des droits de l’homme sans les devoirs. L’immigration régionale serait le fruit de compétence et non plus de colonisation et de confort social. La fonction publique serait réduite aux contrôles et respect du cahier des charges régionale. Plus de syndicalisme pour le fonctionnaire, celui-ci travaille pour une communauté qui le paie, il doit en être responsable d’autant qu’on oblige pas à rester fonctionnaire. C’est un choix sécuritaire et régalien.

    Par le fait, Sénat et Assemblée nationale, seront supprimés ainsi que département et toutes ces connexions nationales fonctionnarisées.
    Le Chef de l’Etat aurait un rôle uniquement représentatif de la France. Il importe que ce Haut-personnage, soit un référent digne de représentation et de compétence, une sorte d’Ambassadeur-président. Il devra avoir satisfait à une culture présidentiable c’est-à-dire une maîtrise attestée en économie, politique, histoire, arts et de communications.
    Il aurait la responsabilité uniquement de la Défense du territoire sous le contrôle et le vote des six chefs de région, lors de décisions graves à prendre impliquant un casus belli et aussi de dépenses innovantes à la Défense.
    Qu’en pensez-vous ?

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    1. Bonjour,

      Perso, pour tout un tas de raisons je suis defavorable a cette regionalisation (qui est d'ailleurs compatible/complice avec l'UE et le pouvoir laisse aux marches/lobbys).

      Concernant votre point sur les fonctionnaires (que je ne partage pas non plus, ce sont des bouc-emissaires un peu faciles), je crois que la regionalisation ne resoudra pas ce probleme. Il me semble au contraire que la delocalisation augmente encore le poids de l'administration (a chaque etage on recree de l'admin.) et cree des baronnies locales avec risque accru de corruption/copinage.
      En effet, la proximite augmente aussi le risque de conflits d'interets...

      Si on fait tourner les prefets/juges/haut-fonctionnaires (?), c'est aussi pour que des gens independants puisse jeter un regard plus objectif sur certaines affaires locales.

      Bien sur, la proximite a aussi des avantages (plus au fait des pbs locaux), mais ce n'est pas une panacee...

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    2. @ Gaston

      Idée originale. Mais pas d’accord. Le problème des régions est multiple :
      - cela risque d’entraîner une course au moins-disant fiscal et aux subventions (cf ce qui se passe aux Etats-Unis : http://gaullistelibre.ragemag.fr/quand-les-multinationales-mettent-les-etats-en-concurrence/)
      - plus petite taille, donc moindre capacité d’action, même si l’Islande nous montre que l’on peut faire des choses en étant petits, mais les régions n’auraient pas les mêmes attributs qu’un Etat-nation (dans votre schéma, j’imagine que l’on garde une monnaie nationale)
      - le meilleur niveau de gestion d’un Etat me semble être la nation : suffisamment homogène et fort. Il me semble que l’histoire le démontre bien : le problème, ce sont les Etats qui veulent englober plusieurs nations (cf Etats-Unis) mais un fédéralisme sur le mode Suisse ou étasunien ne me semble pas correspondre à ce que nous sommes et à notre histoire

      En outre, point souligné par la première réponse, c’est un vœu de l’UE, mauvais signe… Et il y a le risque de baronnies locales. L’Etat a supprimé des postes de fonctionnaires, pas les collectivités territoriales

      Si Monaco, Luxembourg ou la Suisse vont bien, c’est parce que ce sont des parasites fiscaux…

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  7. @gaston, si je suis d'accord avec vous :"la france est prisonnière de ses fonctionnaires". Je rajoute quelle est à l'image de l'europe.
    Par contre pour le reste, je suis d'accord avec @anonyme, vous êtes à l'image de l'europe actuelle ! que je ne veux plus !!!
    mon billet à 10 h 39, est clair.
    @anonyme, les fonctionnaires dites vous sont victimes de la finance ? peut être mais ils constituent une "toile", qui immobilise le fonctionnement des états, de l'économie, font partie d'une caste que j'appelle "système corporatiste" ou la France tient une large part, dans le dysfonctionnement en EUROPE et, chaque jour l'accentue chez NOUS ....
    Le gouvernement français est bien à la botte des fonctionnaires européens... Mais le gouvernement français, le parlement français sont aussi des fonctionnaires !!!
    C'est celà qu'il faut attaquer !!

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    1. @ Glico56

      Je crois qu’il ne faut pas systématiser sur les fonctionnaires. La grande majorité fait bien son boulot, sans être toujours très bien payé et il y a eu beaucoup de coupes dans beaucoup d’administration, qui font que l’on atteint l’os aujourd’hui (cf lutte contre la désertion fiscal, contrôles sanitaires…)

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  8. Permettez-moi de vous remercier de votre conférence à Montpellier le jeudi 30 mai dernier, conjointement avec Madame Magdalini VOGA et Monsieur Alkis VOSKAIDES. Le témoignage de ces derniers aura permis de renforcer votre démonstration de la fragilité de la construction européenne (la maison construite en zone inondable... j'ajouterai sans permis de construire cad en l'absence de la légitimité politique !)et du laboratoire mis en place sous forme de crash test en ce qui concerne ces deus pays cobayes !
    Merci encore de nous permettre de devenir plus intelligent à la sortie de votre conférence ! Bien cordialement. Michel-Raphaël DAVID (auditeur qui vous a demandé de réitérer votre démonstration de sortie de l'euro)

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  9. Je viens de relire tranquillement l'article de Frédéric Lordon. Il espère que l'euro actuel pourrait, par la simple négociation entre les 17, devenir une monnaie commune et que chacun des pays accepterait, sans sourciller, la détermination ex ante d'un taux de change fixé entre monnaies nationales.
    Je n'en crois rien: aucune négociation n'aboutirait . Il faut d'abord quitter l'euro, il faut d'abord que chaque pays retrouve sa monnaie nationale pleine et entière (dont la parité est déterminée par les marchés ou décision de non convertibilité avec contrôle des changes, ce qui serait peu efficace avec le système financier actuel et le peu de contrôle aux frontières) avant de vouloir tenter de reconstruire entre pays intéressés une monnaie commune (simple unité de compte et non monnaie au sens habituel du terme) souhaitable

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    1. Ceci dit, en relisant encore et parce que sa pensée est toujours difficile à cerner, je pense qu'en fait j'ai fait une erreur d'interprétation de ce que signifie Lordon
      //" Au point de destruction économique et sociale où nous en sommes, et surtout dans l’état de tétanie généralisée des gouvernements de droite décomplexée ou complexée, il n’existe vraisemblablement plus aucune solution disponible pour une reconstruction européenne à froid. Il n’y aura donc pas d’autre alternative à la stagnation mortifère que le chaud d’une crise terminale. On peut bien se raconter toutes les histoires de la Terre : qu’on va réformer l’euro à 17, qu’on ouvrira éventuellement l’épreuve de force pour faire plier l’Allemagne et l’amener à résipiscence : l’Allemagne ne pliera pas. Elle ne sacrifiera pas ses principes cardinaux à l’Europe, et ne tient à l’Europe que pour autant que cette dernière se montre compatible avec ce qu’elle considère comme ses intérêts vitaux — à défaut de quoi elle prendra la tangente sans hésiter. Par une ironie dévastatrice, on la verra alors user de l’argument que les européistes (français) d’aujourd’hui ne veulent même pas entendre, et qu’il leur faudra pourtant bien souffrir à ce moment-là : sortir de la monnaie unique européenne ne signifie nullement s’enfermer derrière de hauts murs, n’hypothèque en rien tous les liens économiques — et extra-économiques ! — tissés par ailleurs avec les autres Etats-membres. Même l’argument qu’une échappée de retour au mark lui vaudrait une réévaluation carabinée, et l’évaporation d’une bonne partie de ses excédents commerciaux, ne la retiendrait pas : car, entre une statistique momentanée et ses principes, son cœur ne balance pas.

      Inutile, non plus, de se raconter les histoires symétriques : à 16 ou à moins, on ne prépare pas comme ça une « Europe monétaire alternative » en douce, sous le regard débonnaire des marchés financiers. Et on ne fait pas non plus surgir une nouvelle architecture institutionnelle tout armée en un week-end de fermeture des marchés. Ce sera donc, d’abord, le retour, sans doute légèrement agité, aux monnaies nationales, étape difficilement évitable cependant avant de reprendre éventuellement la marche en avant. Il est donc temps de savoir ce qu’on veut : il n’y a dans le système actuel rigoureusement aucune force de changement endogène, simplement le possible redéploiement sous des formes un peu différentes (eurobonds, gouvernement économique, « fédéralisme » à la sauce Hollande-Merkel ou autre) des mêmes principes monétaires, invariants, constitutionnalisés et catastrophiques — allemands.

      Dans ces conditions, ou bien l’on abandonne tout espoir de transformation et l’on se soumet à l’Europe à l’allemande. Ou bien l’on attend que la crise elle-même se charge de produire la table rase. "//

      Lordon a bien écrit " Ce sera donc, d’abord, le retour, sans doute légèrement agité, aux monnaies nationales, étape difficilement évitable cependant avant de reprendre éventuellement la marche en avant. "
      ... et c'est tout à fait ce que je pense: inutile de se leurrer en croyant à une quelconque possibilité de passage direct de la monnaie unique à la monnaie commune.

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    2. Nous sommes d'accord, en fait. J'ajouterais cependant que ce passage direct à une monnaie commune serait tout de même possible, mais au prix une fois de plus de la soumission aux conditions allemandes (quelque chose comme le "scénario hyper-coopératif" de Sapir). Nous retournerions au SME et notre politique resterait contrainte.

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  10. @ J Halpern et A-J H

    Je suis moins pessimiste. Je crois que beaucoup de pays ne sont plus vraiment convaincus par la monnaie unique mais personne ne veut prendre l’initiative du démontage du fait de la peur des perturbations. Mais le jour où la France siffle la fin de la récréation, je crois que tout le monde sera content de passer à l’Europe monétaire d’après. Je ne sais pas s’il sera possible de passer directement à cette étape, sans passer par une étape non coordonnée, mais cela ne me semble pas impossible (cf décisions de l’automne 2008 pour sauver le système financier). En outre, je suis sûr que tout le monde a déjà préparé le scénario…

    Sur le texte Lordon, je crois que l’apport principal de son texte, c’est la gestion des monnaies nationales, non cotées, pour éviter la spéculation. Sur les mécanismes de dévaluation, ils doivent, à mon sens, rester in fine dans les mains des Etats nations, qui doivent pouvoir à la fin du fin, choisir souverainement de modifier le cours de leur monnaie.

    @ Olaf

    Cette bonne idée peut encadrer le processus.

    @ Sancelrien

    Vous aviez remarqué ? ;-)

    Pas besoin de démonter l’UE pour démonter l’euro (cf 10 pays dans l’UE sans euro). En revanche, il y a quand même besoin de sortir complètement de l’ordre juridique de l’UE, pour le bien des peuples, mais les deux questions ne me semblent pas liées.

    @ Anonyme 10:07

    Bien d’accord : c’est une question essentiellement politique.
    Pas d’accord : je crois que le FN est l’assurance-vie du PS et de l’UMP. Tant qu’il reste la principale force d’opposition au système, ce dernier restera en place car les Français ne veulent pas du FN au pouvoir (cf plafond de verre de 2012, ou sondages qui donnent seulement 18% au FN pour les européennes de 2014 : si c’était un parti normal, il devrait faire 30%...)

    @ Le Gars Spaccio

    Désolé, mais c’est FA qui n’est pas clair sur les modalités de sortie de l’UE. J’ai eu deux sons de cloche différents sans qu’un papier clair de sa part tranche, dans le cas où nos partenaires ne nous faciliteraient pas la tâche, pouvant alors nous imposer de rester deux ans de plus dans l’ordre juridique européen au titre de l’article 50 :
    - soit, ce que certains UPR soutiennent, la France resterait 2 ans de plus, au motif, je les cite « que ce n’est que deux ans de plus »
    - soit, ils en sortent tout de suite, mais dans ce cas-là, à quoi passer par l’A50, si ce n’est pas pour le respecter (et soit dit en passant, cela revient à adopter notre stratégie de dénonciation immédiate des traités)

    @ A-J H

    En même temps, avec le contrôle des changes, la Chine parvient à contrôler le cours de la monnaie. N’est-ce pas le moyen d’y parvenir (en re-cloisonnant les marchés financiers sur l’échelon national).

    La monnaie commune a aussi l’avantage de simplifier la gestion des entreprises.

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    1. @ Laurent

      " je suis sûr que tout le monde a déjà préparé le scénario…" J'en suis également convaincu, et c'est bien ce qui m'inquiète. Les mêmes eurocrates essaieront de sauver ce qui peut l'être de leur empire, et cela passerait probablement par un SME bis qui introduirait un peu de souplesse mais sans changer fondamentalement le germanocentrisme du système. Le retour au contrôle des mouvements de capitaux en particulier est certainement exclu de ces scénarios néolibéraux...

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    2. Mouaip, c'est vrai qu'il y a quelque flottement chez Asselineau à ce sujet. Mais moins que sur l'Europe des patries ou sur toute "autre Europe" ne pouvant survenir que si un consensus à 27 était trouvé.

      Le Gars Spaccio

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  11. Article très intéressant qui permet de nouvelles perspectives : http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20130531trib000767678/on-a-perdu-15-million-d-allemands-.html.

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  12. Je trouve aussi le papier de Lordon excellent.
    En particulier, il explique bien la difference entre la "monnaie unique" et la "monnaie commune" (pour moi ce n'etait pas tres clair avant).

    Comme lui et vous, je crois qu'il faut regarder la realite en face et cesser d'esperer reformer le systeme. En particulier, il explique bien que les politiques eco sont gravees dans les traites et ne changeront pas avec l'election d'un nouveau chancelier All. ou president Fr., Ital., ...

    Je crois aussi que la seule voie realiste c'est d'en prendre acte et de sortir, puis ensuite eventuellement on pourra reconstruire...

    Il est dans son role d'intellectuel de reflechir aux possibilites a long terme, mais personne ne peut predire la situation apres la fin de l'euro si cela arrive, et la priorite politique devrait etre la sortie, sans exclure des reconstructions de plus long terme mais sans non plus trop s'avancer car on n'en sait rien.

    L'avantage de ces propositions c'est qu'elles peuvent rassurer les gens sincerement attaches a l'ideal europeen, ou a l'idee de cooperation avec les voisins, et aussi donner un message amical vis-a-vis des autres pays: il ne s'agit pas de s'isoler pour leur tourner le dos, seulement de faire face aux realites et de tourner une page.

    Malheureusement, je suis sur que de telles propositions nuancees/subtiles ne pourront pas passer dans les medias, qui caricatureront en pro- ou anti-Europe.

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  13. @Laurent
    "si c’était un parti normal, il devrait faire 30%..."
    Aucun parti ne fait 30% d'intention de vote ...
    http://www.lefigaro.fr/politique/2013/05/27/01002-20130527ARTFIG00534-europeennes-de-2014-un-sondage-place-l-ump-en-tete.php et le FN arrive quand même en 3 ième position . J'espère que DLR sera testé dans les prochains sondages.

    NB: il n'y a donc aucun parti normal ... :-)

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  14. Aujourd'hui, il y a deux Europe :

    - l'Europe des pays périphériques : ces pays sont en faillite. Le chômage atteint des niveaux catastrophiques ;

    - l'Europe des pays du nord : ces pays sont en train de sortir de la crise.

    Ces deux Europe s'éloignent l'une de l'autre de plus en plus vite.

    Zone euro : chômage pour le mois d'avril 2013 :

    1- Médaille d'or : Grèce. 27 % de chômage.

    2- Médaille d'argent : Espagne. 26,8 % de chômage.

    3- Médaille de bronze : Portugal. 17,8 % de chômage.

    4- Chypre : 15,6 % de chômage.

    5- Irlande : 13,5 % de chômage.

    6- Italie : 12 % de chômage.

    Et les pays qui ont le moins de chômage ?

    Pays-Bas : 6,5 % de chômage.

    Luxembourg : 5,6 % de chômage.

    Allemagne : 5,4 % de chômage.

    Autriche : 4,9 % de chômage.

    http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/3-31052013-BP/FR/3-31052013-BP-FR.PDF

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  15. J. Halpern31 mai 2013 20:33

    Dans la mesure où l'algorithme de calcul fait partie d'un traité signé, c'est contractuel, la BCE réformée faisant l'arbitre. La BCE actuelle n'est pas indépendante, elle est totalement ligotée par la règle sur l'inflation, comme si un système complexe pouvait être régulé qu'avec un seul paramètre. C'est totalement absurde, raison pour laquelle je n'ai jamais voté pour l'Europe telle qu'elle a été construite.

    Je suis plutôt favorable à une Europe fédérale parlementaire keynésienne, mais pas à celle actuelle qui n'a rien à voir. Vu l'obstination des politiciens actuels à ne rien changer, c'est le retour à des monnaies nationales qui s'annonce avec tous les risques imprévus en termes d'arriérés de dettes.

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  16. A propos de l'espace européen et des avantages pour les dominants, riches particuliers et multinationales, une citation de Cédric Durand reprise sur le blog de Jacques Sapir : "Tandis que les classes dominantes sont puissamment organisées et coordonnées à l’échelle européenne (et plus largement internationale), les mouvements sociaux et les organisations de gauche demeurent fragmentés géographiquement
    profondément ancrés dans les rythmes de leurs espaces nationaux". Une sorte d'avantage concurrentiel, comme dirait un bon libéral, mais avantage créé artificiellement grâce à des abus de pouvoir.

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  17. Je suis toujours étonné que des gens intelligent comme Sapir et Lordon tire des plans sur la comète et malgré leurs prévisions erronées continue a le faire , le pire ou le meilleur selon l'angle est toujours a craindre et je parie une bouteille de Romanée-Conti contre une de Kiravi sur l'explosion de la nanarderie européenne et je ne parle pas de l'ue mais de l'europe dont le nom même fait insulte a Europe qui épousa Zeus et donna naissance a Minos , Sarpédon et Rhadamante .

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  18. @ J Halpern

    Pas sûr que les eurocrates puissent sauver grand chose quand l’UE et l’euro s’effondreront. Les peuples voudront passer à autre chose et cette Europe est de moins en moins populaire…

    @ Le Gars Spaccio

    Merci de le reconnaître. Sur notre position, je pense qu’elle est très clair, même, si, du fait de son contenu, elle est forcément un peu plus compliquée. C’est plus simple de dire que l’on souhaite plus d’intégration ou que l’on souhaite sortir de l’UE. Là, pas d’ambigüité (encore que sur l’intégration, il y a ceux qui osent dire fédéralisme et ceux qui ne le disent pas).

    Mais notre position est cohérente depuis le début : les traités actuels sont illégitimes depuis 2005. Il faut faire table rase de ces traités pour construire (si possible) une nouvelle Europe des nations et des coopérations respectant pleinement la souveraineté des nations et pour éviter les problèmes actuels, en supprimer le centre (d’où la proposition de supprimer la Commission). Nous avions préparé un traité en 2008 en vue des élections de 2009 qui explique cela et qui est totalement cohérent avec cette vision.

    @ Anonyme 17 :54

    Plus que sortir, je pense qu’il vaut mieux les dénoncer et rester dedans pour faire exploser ce machin.

    Je crois qu’il est important de bien montrer que l’on croît à un avenir européen (certes radicalement différent) car aujourd’hui, il n’y a qu’une petite minorité de Français qui ne veulent plus du tout entendre parler de l’Europe, quelle qu’elle soit (20% environ) et que si nos compatriotes ont le choix entre pas d’Europe du tout et celle-là, ils choisiront l’actuel. En revanche, si on leur en propose une radicalement nouvelle, nous pourrons gagner.

    C’est un peu plus compliqué à expliquer mais c’est ce que je crois, et je pense que c’est le seul discours qui peut apporter le changement.

    @ Anonyme

    Dans le contexte actuel (PS qui échoue, UMP discrédité), le FN devrait être entre 25 et 30% minimum… Le fait que MLP n’ait pas progressé montre qu’il y a quelque chose qui cloche. DLR a été testé mais de manière malhonnête puisqu’ils ont attribué à l’UDI le score des divers droites de 2009 (MPF + DLR)…

    @ BA

    Merci pour le rappel

    @ Olaf

    Elle pourrait avoir une interprétation moins rigide de cet objectif (ce que fait la BoA d’ailleurs), comme le soulignent de nombreux économistes.

    Une Europe fédérale keynésienne, cela ne marchera pas : l’Allemagne refusera et le sort de la Tchécoslovaquie montre que l’on ne peut pas fusionner des pays comme des entreprises. Les risques sont moins grands qu’on ne le pense.

    @ Démos

    Pas d’accord sur cette interprétation car il suffit qu’un seul grand pays se révolte démocratiquement, et le château de cartes s’effondrera.

    @ Patrice

    La plupart du temps, ils ont raison (prévisions de récession en Europe du fait des plans d’austérité en 2010, prévisions de Sapir sur le déficit 2013, étonnamment précise, sur le report de l’objectif de 3%....)

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    1. http://lespoir.jimdo.com/2011/12/28/fin-de-l-euro-pourquoi-jacques-sapir-s-est-tromp%C3%A9/

      Jacques Sapir repond d'accord mais en juin 2013 le canard est toujours vivant

      Ce qui ne retire rien a la qualité de celui ci mais il faut arrêter de se gargariser de prévisions ce sont des boomerangs

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    2. et si 20% de Français c'est une petite minorité j'espère que DLR y sera bientôt

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  19. On peut sortir de la zone euro ...mais pour faire marcher à mort la planche à billets, il faut sortir de l'UE.

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