mardi 30 juillet 2013

Monsanto, huile de palme : la mobilisation contre l’agro-business progresse


On en a trop peu parlé, mais le 25 mai, dans toute l’Europe, des milliers de personnes ont manifesté contre Monsanto et la commercialisation des OGM dans une mobilisation inédite contre les agissements d’une multinationale. Et le 2 juin, France 5 diffusait un reportage très instructif sur l’huile de palme.



Les scandales de l’huile de palme

Le reportage de France 5 était édifiant à plusieurs titres. Il rappelait les conséquences de l’exploitation des palmiers sur la forêt équatoriale, montrant bien également que ce sont essentiellement les multinationales qui profitent de son exploitation, et non les paysans, parfois réduits à une condition proche de l’esclavage au nom du progrès économique. Le reportage dénonçait également l’utilisation de pesticides Syngenta extrêmement dangereux pour la santé et dont la multinationale fait pourtant une promotion cynique, la population pensant s’en protéger avec du lait concentré Nestlé…

Problème, les industriels peuvent camoufler aujourd’hui l’utilisation d’huile de palme sous le nom générique d’huile végétale ou matière grasse végétale. Pourquoi l’Europe ou nos gouvernants n’imposent-ils pas d’indiquer s’il s’agit d’huile de palme ou non ? Les consommateurs ne devraient-ils pas pouvoir choisir de consommer tel ou tel produit en toute transparence ? Il est difficile de ne pas voir dans cette possibilité offerte par le législateur le lobbying des grandes entreprises…

Le reportage évoque le label RSPO, créé par les industriels (et auquel Syngenta et… le WWF sont associés) qui garantirait une exploitation responsable de l’huile de palme, assurant respect des forêts et des paysans. Malheureusement, il est difficile de vérifier sur place ce qu’il en est en réalité puisque les exploitations RSPO ne peuvent pas être visitées. Les journalistes ont réussi à le faire en caméra cachée et pas grand chose ne semble distinguer l’huile de palme « responsable » de l’huile de palme ordinaire, dont le principal bénéfice est d’être la matière grasse la moins chère du marché.

Des politiques aux abonnés absents ou du mauvais côté

Il est effarant que le ministre de la consommation, Benoît Hamon, ne soit pas plus actif sur ces questions. Il y a pourtant tant de sujets sur lesquels agir, assurer une plus grande transparence, traquer les abus des multinationales qui sont parfois plus soucieuses de leurs profits trimestriels que de la santé de leurs consommateurs et plus encore de celle des paysans des pays en voie de développement auprès desquels elles s’approvisionnent. Car derrière les discours fermes à l’égard des OGM à la télévision, dans la réalité, certaines multinationales savent faire avancer leurs intérêts.

C’est ainsi que Red Bull s’est appuyé sur l’Union Européenne pour pénétrer le marché français, malgré les avis négatifs de nos autorités sanitaires. C’est ainsi également que les industriels ont obtenu que le label Bio européen autorise la présence 0,9% d’OGM ! C’est ainsi que la Commission Européenne autorise de nouveau l’utilisation de farines animales, malgré le scandale de la vache folle. Depuis le 1er juin, les poissons peuvent donc être nourris de farines de carcasses de poulets et de porc

Pire, après une multitude de rebondissements, la commercialisation des OGM Monsanto est toujours en suspend en europe, malgré l’opposition de 80% des Etats, du fait des manœuvres de la Commission et de la Cour de Justice. En outre, l’UE, pourtant toujours prompt à réglementer, ne daigne pas informer les citoyens de la présence d’OGM dans leur nourriture… En revanche, elle est toujours prête à étendre les droits des semenciers au détriment des paysans, comme aux Etats-Unis.

Bref, merci aux manifestants du 25 mai. Le combat contre la privatisation du vivant et la marchandisation anarchique de la filière agro-alimentaire au profit de quelques multinationales et au mépris du principe de précaution est un combat de tous les jours. C’est le seul moyen pour se faire entendre.

14 commentaires:

  1. Nicolas Villette30 juillet 2013 à 08:13

    Bonjour Laurent,

    Je suis d'accord, c'est inadmissible que les industrielles puissent tromper le consommateur avec des noms génériques du style "huile végétale".
    Maintenant soit le consommateur est conscient du risque de l'huile de palme et à ce moment là il sait que dans 99% des cas, huile végétale = huile de palme.
    Soit le consommateur n'en est pas conscient et là on peut marquer ce que l'on veut, ça ne change pas grand chose. Par contre dans ce cas se pose la question de la prévention en terme de santé. Mais on sait très bien qu'aujourd'hui en France on préfère le curatif au préventif car ça coute moins cher à court terme (mais bien plus cher sur le long terme).

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    1. Se baser sur la santé est à mon avis une erreur, car les études prouvant les effets néfastes d'une exposition difficile à évaluer (faisant donc courir le risque d'erreur dans son estimation et par voie de conséquence sur l'estimation du risque qui lui est éventuellement attaché) et sont très longues à mettre en oeuvre et seule leur multiplicité concordante constitue un faisceau d'arguments suffisamment fort pour parler de causalité. Avant d'atteindre ce niveau de preuve, toutes les contestations et contre expertises sont évidemment légitimes, ce dont les lobbyistes si en cour à Bruxelles ne se privent pas.
      Il s'agit davantage d'un problème de droit ou de souveraineté. Si un peuple ne veut pas quelque chose (OGM, huile de palme, Red bull, farines animales, etc...), il en a le droit.

      Le Gars Huzac

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    2. D'accord avec Le Gars Huzac c'est un problème de souveraineté rien d'autre et c'est surtout ce point qu'il faut défendre le reste suit

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    3. Nicolas Villette30 juillet 2013 à 09:55

      C'est effectivement un problème de souveraineté, mais ça ne suffit pas. Les lobbyistes sont présents à tous les niveaux. On l'a vu avec le mediator, les vaccins H5N1, ...
      Même si les preuves scientifiques sont effectivement longues et couteuses à obtenir, à partir d'un certain niveau de doutes, le principe de précaution devrait prévaloir. Car comment un peuple peut juger s'il veut ou ne veut pas quelque chose s'il n'a pas des études pour étayer son avis ? Pourquoi refuser l'huile de palme et pas l'huile d'olive ?

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    4. Pour étayer l'avis du peuple il y a les conférences de citoyens

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  2. Bravo de vous engager sur de tels sujets. L'huile de palme produite par l'agro industrie est en effet un vrai scandale social, environnemental et sanitaire. Il faut toutefois admettre que l'huile de palme bio
    n'est pas mauvaise pour la santé, si consommée raisonnablement, et elle peut être produite dans des conditions satisfaisantes pour les producteurs et l'environnement. C'est l'hydrogénation - chauffage - réalisée par les industriels qui rend dangereux cette huile ; pour eux , c'est une commodité d'utilisation qui fait fi de la santé des consommateurs.
    On aimerait bien ausssi vous voir dénoncer d'autres dangers de l'agro-alimentaire, comme les additifs alimentaires : de vrais poisons avec lesquels les enfants sont particulièrement exposés. (aspartame, glutamate monosodique E 651 etc .). Ils sont présents partout comme : les sodas, les confiseries, la pâtisserie industriel, les chips, les chewing-gums, dans la plupart des plats préparés, etc ..!

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  3. Jean-Marc Ayrault vient de rassurer la Malaisie : « La France n'est pas contre l'huile de palme » (http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/service-distribution/actu/afp-00539107-le-premier-ministre-francais-rassure-la-malaisie-sur-l-huile-de-palme-590740.php).

    YPB

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  4. COUP de GUEULE !
    Seul le PROTECTIONISME en FRANCE, apportera la solution....
    Le PROTECTIONISME, sur le prix, mais surtout sur la QUALITE...
    OUI à la SOUVERAINETE...
    J'en ai marre d'entendre des rossignols défendre (en définitive, les lobbys, les laboratoires, les organismes d'état de contrôle etc... qui ne font pas leur travail !! TOUT SIMPLEMENT parce qu'il sont complices pour TROMPER sciemment les consommateurs, pour de simple question de FRIC...
    Il faut sortir de l'Europe, de la mondialisation sauvage, d'un état corrompu et incompétent.

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  5. Bonjour Laurent


    De retour de vacances, je reprends contact avec...les tristes réalités et continue à apprécier votre blog ou tous les sujets sont traités.
    Il est quand même frappant de voir que les néolibéraux qui ne veulent aucune entrave pour eux-mêmes s'opposent à la transparence quant à la nature des produits ce qui va à l'encontre des principes libéraux que l'on trouve dans les cours d'économie.

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    1. Lisez Michéa, "l'empire du moindre mal", par exemple. Vous verrez que ces gens sont parfaitement cohérents.
      Le principe du libéralisme, c'est le "doux commerce" et le droit procédurier pour éviter le combat du bien contre le mal car le bien des uns n'est pas celui des autres et cela aboutit à la guerre de tous contre tous.
      Ces deux mamelles du libéralisme se développent de concert afin que le "doux commerce" apporte la paix sociale jusque dans les familles si nécessaire.

      Pour les Etats qui, au nom de principes de souveraineté ou de défense du bien commun évoquant les heures les plus sombres de notre histoire, s'opposent à l'huile de palme ou tout autre vecteur de progrès, l'union européenne s'occupe de tout. Dormez tranquille...

      Le Gars Huzac

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  6. @ Nicolas

    Pas d’accord. Je ne suis pas sûr que les consommateurs sachent cela. Et je suis partisan d’imposer la transparence aux industriels. Bien d’accord sur le principe de précaution, à condition quand même de ne pas se fermer à tout progrès.

    @ Le Gars Huzac

    Bien d’accord, la souveraineté est clé. Il est hallucinant d’imposer à des peuples de consommer des choses qu’ils ne souhaitent pas.

    @ Patrice Albert

    Merci. Bien d’accord si on produit de l’huile de palme dans de bonnes conditions environnementales et sociétales. Je ne suis pas spécialiste de ces sujets, donc si vous avez des articles à me recommander pour faire des papiers, je suis preneur.

    @ YPB

    C’est le gouvernement de tous les abandons.

    @ Gilco56

    Bien d’accord.

    @ André

    Totalement d’accord. En cela, le néolibéralisme n’est pas vraiment un libéralisme.

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  7. Le médicament "Diane 35 " retiré du marché par la France y revient par obligation de cette ue de merde et c'est peu dire

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  8. Je crois que cet article est volontairement polémique en s'appuyant sur des arguments discutables.

    1er point : la transparence. Personne ne la conteste et elle est déjà votée. Fin 2014 elle sera effective.

    Ensuite, le seul avantage de l'huile de palme c'est son faible coût? Non c'est une déformation. Son principal avantage c'est son rendement, qui permet d'abaisser considérablement son coût, par rapport aux autre oléagineux.

    Enfin, et ça ce n'est pas JM Ayrault qui dira le contraire, le palmier donne du travail à des millions de personnes à travers le monde. Je ne vois pas en quoi c'est aux bobos de France de leur refuser de travailler.

    Voyez ce qu'on en dit à l'étranger : http://www.btimes.com.my/Current_News/BTIMES/articles/tibolt29/Article/

    Et en Afrique, elle aussi productrice d'huile de palme, on ne fait que subir la mauvaise image des plantations en Indonésie. Ca aussi ce n'est pas totalement juste.

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  9. Bonjour, nous avions échanger via Twitter il y a quelque temps. Je vous avez communiqué un point de vue un peu différent sur l'huile de palme. Je vois que vous avez remis en ligne votre billet après l'avoir mis de côté :). L'émission de France 5 est totalement à charge et fait partie de l'entreprise de dénigrement qui a actuellement lieu sur l'huile de palme. Comme je le dis souvent, imaginez que les Africains fassent une émission à charge intitulée "la peur du beurre" dans laquelle on expliquerait que les Européens ont déforesté leurs belles forêts pour faire des pâturages... Sans compter que si vous voulez remplacer l'huile de palme par du beurre, par exemple, et bien, il faudra des tourteaux de soja et pour cela, il faudra déforester au Brésil. Donc franchement, le problème est beaucoup plus complexe que ce que le reportage de France 5 n'affirme. J'ai vraiment de plus en plus de mal à comprendre que les médias et les politiques ne cherchent pas à creuser davantage pour connaître la vérité. Si vous souhaitez avoir un autre point de vue sur l'huile de palme, je vous invite à consulter cette petite info-graphie qui est très bien faite http://fr.slideshare.net/WeboV/huile-de-palme-un-bouc-missaire

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