lundi 19 août 2013

Grèce, Irelande, Portugal : l’échec complet des plans européens





Des dettes insoutenables

C’est The Economist qui émet ce jugement en plein cœur de l’été. Mais son jugement, que partage François Lenglet dans son dernier livre (bientôt en résumé) semble très réaliste. Le graphique de l’évolution de la dette de la Grèce, du Portugal et de l’Irelande est instructif. On connaît le cas grec, avec cette dette, passée de 100 à 170% du PIB. Un accord d’allègement lui a permis de baisser, mais l’effondrement économique du pays l’a fait remonter à 160%. Le Portugal, qui était sous 70% en 2008, vogue vers les 130% du PIB. Et l’Irlande est passée de 30 à 125% du PIB, un quadruplement !

L’Irlande est théoriquement le pays le plus solide, mais l’hebdomadaire britannique souligne que si l’on étudie le PNB (qui exclut les profits des multinationales qui passent par le pays, au contraire du PIB), la situation n’est pas si brillante, avec une dette qui atteint alors 150% du PNB. Pire, le déficit est encore de 7,5% du PIB… Le Portugal est secoué par une crise politique majeure et se pose la question du maintien dans l’euro. Enfin, la situation de la Grèce est toujours aussi dramatique : le pays ne tient toujours pas ses objectifs et aura besoin de toujours plus d’argent dès 2014.

Vers un nouveau défaut ?


C’est la thèse de François Lenglet : en l’absence de monnaie nationale (et donc de la possibilité de dévaluer pour relancer leurs économies ou de monétiser leur dette publique), ces pays (et potentiellement, l’Espagne et l’Italie) devront restructurer leur dette et faire défaut, comme l’a déjà fait la Grèce. Le niveau de la dette publique, qui ne cesse de s’envoler, est totalement incompatible avec une monnaie aussi forte que l’euro, qui pénalise l’activité et ne permet donc pas à ces pays de faire face à leur endettement. La situation est donc totalement intenable, même si peu l’admettent.

Toute la question est de savoir comment cela se passera. S’agira-t-il d’une grande négociation européenne, où toutes les dettes souveraines seront réexaminées, des défauts suffisamment importants décidés et un accompagnement du secteur financier mis en place parallèlement avec le soutien de la BCE ? Un tel scénario est très improbable car il se heurtera à l’opposition farouche et logique de l’Allemagne. L’issue la plus probable est donc la reprise de crises ponctuelles quand un pays ne peut plus payer ou est attaqué avec la possibilité qu’un peuple dise au revoir à la monnaie unique.

L’explosion de la dette publique de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande est la preuve de l’échec patent des plans européens. Certes, ces deux derniers peuvent revenir sur les marchés financiers, mais à la moindre tension, ils ne le pourront plus. On peut parier qu’il y aura de nouveaux défauts.

25 commentaires:

  1. Irlande, plutôt qu'Ireland, vaudrait mieux dans le titre, non?

    Bon été à vous.

    Emmanuel B

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  2. Où en est donc l'Italie?

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  3. cessons les constats ???
    La constatation c'est de l'histoire ancienne.
    La question maintenant (notre changement) que faisons nous ? Qui est d'accord avec nous ?
    Finir avec cette europe, et commencer par gérer la FRANCE? Comment ? des mesures !!!!! de bonne gestion ????

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  4. @Laurent Pinsolle,
    il paraît que le prochain candidat à la restructuration de sa dette (légalement, il faudrait dire moratoire ou renégociation, mais le terme restructuration est le seul compris par les marchés...) risque d'être l'un des plus petits pays de la zone euro: la Slovénie, dont les banques ont déjà eu très chaud au mois d'avril dernier, suite à la crise Chypriote. Le gouvernement slovène avait alors réussi à convaincre la Troïka UE-FMI-BCE qu'elle n'avait pas besoin de sauvetage, mais franchement, rien n'a été réglé: le système bancaire slovène continue à prendre l'eau de toute part...

    Sinon, j'entends souvent des gens (je précise: des étrangers ET des Français) dire que la France est dans la même situation que l'Espagne, l'Italie ou la Grèce: outre un racisme (oui, j'ose le terme!!) anti-français, cela participe surtout à démoraliser les Français pour les forcer à vendre les bijoux de famille, facilitant de fait la privatisation du pays: qui peut croire que si la 5è ou 6è puissance économique mondiale est en rade, d'autres pays se porteraient bien mieux? Je ne dis pas que tout est rose, loin de là (nous sommes en route vers une dette à 100% du PIB: merci Sarko, merci l'euro , merci l'UE) et le chômage grève à la fois notre système de protection sociale et nos retraites. Mais tout de même, arrêtons ce catastrophisme, prenons notre courage à deux mains et essayons tout autre chose, faute de quoi, la politique mortifère de l'UE ruinera notre pays, et pire, rallumera les conflits entre pays voisins...

    CVT

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  5. "Le niveau de la dette publique, qui ne cesse de s’envoler, est totalement incompatible avec une monnaie aussi forte que l’euro".

    L'euro et les politiques qui sont mises en oeuvre par l'UE aggravent la situation de nombre de pays en les mettant à genoux sur le plan économique, mais cette situation insupportable est favorable aux financiers. Plus le niveau de la dette progresse, plus ils gagnent de l'argent. Sans aucun risque puisqu'ils sont certains d'être remboursés par l'UE. Ils peuvent même gagner facilement de l'argent en rachetant des titres bradés qui leur seront au final remboursés par la BCE. Autrement dit, ce système pervers et destructeur fait les affaires de ceux qui dirigent le système : les financiers qui gagnent de l'argent et les possédants qui mettent la pression sur les salariés (chômage, baisse des salaires ...).
    Combien de fois va-t-il falloir répéter que ce système est un incroyable levier ultra-libéral !

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  6. Un consensus est en train de s'établir autour de l'idée d'un retour probable de la question des dettes souveraines (Patrick Artus en avait par exemple démontré le risque dans un Flash Économie du 16 août 2013). Mais un aspect de la crise est souvent négligé, en dépit de ses implications à long terme sur la soutenabilité de la dette : la question démographique.

    Du fait de l'inadéquation des réponses apportées aux difficultés économiquse actuelles, on assiste dans nombre de pays européens à la pérennisation d'un processus de dénatalité susceptible de conduire à terme à une réduction de la base fiscale des pays en crise (d’où difficultés accrues pour réduire les déficits publics et rembourser la dette, assurer le financement des retraites, maintenir le niveau de la demande intérieure, etc.). Les solutions austéritaires enferment l'Europe dans un cercle vicieux en la poussant sur la voie du déclin démographique. Voir à ce propos l’analyse récente du démographe Gianpaolo Lanzieri pour Eurostat : « Towards a ‘baby recession’ in Europe? Differential fertility trends during the economic crisis », mai 2013 (http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_OFFPUB/KS-SF-13-013/EN/KS-SF-13-013-EN.PDF).

    YPB

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    1. compter sur le peuple pour payer la dette, et servir de base à la fiscalité, c'est en faire un esclave

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  7. Quand on a créé l'euro on a supprimé deux choses :
    1)Les variations du taux de change monétaire entre pays membres de la zone euro avec la monnaie unique.
    2) le Statut de prêteur en dernier ressort de la banque centrale pour les États membres de la zone euro.

    En juillet 2012, la BCE a en quelque sorte violé l'interdiction qui lui est faite par les traités européens de financer les Etats en disant qu'elle pouvait être prêteur illimité dans le cadre de l'OMT pour des Etats qui feraient une demande officielle d'aide. Sans ce viol des traités européens par la BCE, on parlerait sans doute déjà aujourd'hui de l'euro au passé :

    http://www.capital.fr/bourse/actualites/le-programme-omt-est-illimite-redit-la-bce-849754

    Mais les problèmes demeurent du fait notamment de la suppression 1 et du caractère conditionnel du rétablissement du statut de prêteur en dernier ressort de la BCE dans le cadre de la suppression 2. En Italie par exemple on a déficit de croissance, une dette énorme et croissante et des taux d'intérêts trop élevés au regard du déficit de croissance. Si ce pays reste dans l'euro il aura besoin d'une restructuration de la dette, ce qui nécessitera l'accord de ses partenaires. S'il sort de l'euro, il ne demandera pas forcément l'autorisation pour restructurer sa dette, comme d'autres pays en difficulté de la zone euro.

    Saul

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    1. Patrick ARTUS : « Rien n’est prêt pour organiser la restructuration d’une dette publique d’un pays de la zone euro » :

      http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=72441

      Saul

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  8. l'EOROPE, l'EUROPE, l'EUROPE ? ce MACHIN , ce qu'aurait dit Charles de Gaulle en sautillant sur na chaise !!!!

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  9. Info intéressante de dernière minute sur la Grèce ...
    http://www.latribune.fr/vos-finances/immobilier/20130819trib000780703/immobilier-athenes-prefere-sauver-ses-banques-que-les-petits-proprietaires-grecs.html

    "Selon le quotidien libéral grec Kathimérini de dimanche, les créances douteuses des banques s'élèvent en effet à 59,6 milliards d'euros dont 30 milliards proviennent de prêts entreprise, 16,8 milliards de crédits immobilier et le reste de prêts à la consommation."

    Le corolaire de tout cela est :
    "Pour parer aux pertes importantes des banques provenant de prêts non remboursés en raison de la crise, la fin de la suspension des ventes aux enchères, qui profite aux propriétaires d'un seul bien immobilier servant de résidence principale, est cependant nécessaire selon le ministre des Finances grec."

    "Toujours selon ce journal, le nombre de ventes aux enchères entre 2009 et 2012 a chuté de 50%, alors que la fin de la suspension devrait permettre la vente de 110.000 habitations. Pour Yannis Stournaras, sans la levée de la mesure, le secteur de l'immobilier, qui était avant la crise un moteur important de l'économie du pays, va définitivement dégringoler, vu la chute des prix déjà enregistrée d'environ 30% depuis 2010."


    Il faut donc s'attendre a de l'agitation car quand on a plus rien à perdre alors on est prêt à tout ...

    De nouveau tout cela pour sauver les banques alors qu'il y avait une alternative plausible à ce qui a été fait et sans couler nos banques.

    Je peux en témoigner pour en avoir discuté à la BCE avec les équipes de Jurgen Stark (juste avant que ce dernier ne démissionne), et échangé briévement avec Olivier Blanchard au FMI.

    Quel gâchis ...

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  10. Rien n'est prévu, même en cas de sortie d'un pays de l'Euro :

    A la différence des économistes (et du FMI, les gouvernements de la zone euro et les autorités européennes rejettent totalement l’idée de restructuration de dettes publiques de la zone euro.

    Ceci se comprend en l’absence :

    -d’une possibilité de restructuration «ordonnée et douce»;
    -d’un mécanisme empêchant la contagion (OMT «préventif»);
    -d’un mécanisme de recapitalisation immédiation des banques détenant la dette publique restructurée.

    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=72441

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  11. @ Emmanuel B

    Merci de m’avoir indiqué ce grossier anglicisme. Bon été

    @ Anonyme

    Bien sûr, il n’y a pas que ces pays. On pourrait parler de l’Espagne, de Chypre, mais là, l’objectif était de montrer l’échec des plans de soutien.

    @ CVT

    En effet, la Slovénie serait sur les rangs. Comparer la situation de la France avec celle de l’Espagne ou de l’Italie est franchement abusif, même si tout n’est pas rose, loin de là

    @ Démos

    Bien d’accord, le système financier en profite. Et comme les politiques ont peur des banques comme de leur ombre, non seulement ils laissent faire, mais ils les aident

    @ YPB

    Très juste. Il en parle depuis assez longtemps. Très intéressant point sur la démographie. En outre, il est horrible que dans des pays où la population diminue déjà, les jeunes soient poussés à partir. L’Italie et l’Espagne : de futurs Détroit ?

    @ Saul

    Exactement.

    @ Anonyme

    Effarant !

    @ Olaf

    C’est juste, mais le passé nous fournit des exemples…

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  12. Anonyme19 août 2013 17:13

    Quelle était l'alternative plausible selon vous ?

    olaf

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  13. Mettre tous les actifs (à leur valeur de marché) de la Grèce dans un fonds souverain de résolution et échanger des parts de ce fonds contre de la dette au nominal.

    Les intérêtes auraient été payés par les profits des dits actifs, et les excédents (au-delà des intérêts) auraient permis le rachat progressif des parts par le fonds souverain.

    Les organisations financières ayant des parts de ce fonds auraient donc dû continuer à soutenir le bon fonctionnement des actifs et du pays, sinon leurs intérêts et capital auraient été mis à risque.

    Du début à la fin, les grecs seraient restés propriétaires de leurs actifs, lesquels représentaient, en 2011, 280 milliards euro (valeur de marché) à mettre en relation avec une dette de 330 milliards euros, soit seulement 70 milliards de dette à supporter à 100% au budget de l'Etat ...

    Cela aurait pu se faire par phase afin de ne pas restructurer la dette de suite sur les 280 milliards d'actifs potentiellement nantissables.

    Quel gâchis de voir ce qu'il se passe maintenant ...

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  14. Merci pour la réponse. Le montage me parait astucieux mais la confiance nécessaire en de tels actifs n'est pas là.

    J'ai récemment discuté avec un membre de la BuBa qui, fataliste, m'a dit qu'il faudrait s'habituer à cette situation instable consistant à jeter un peu d'eau de temps en temps pour calmer la situation, mais rien de plus comme mesures à long terme.

    En attendant, le gâchis continue...

    olaf

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    1. Il n'y a pas de fatalité, mais un manque de volonté (ou de l'incompétence) ...

      Fin 2008, j'évoquai à la BCE s'ils disposaient d'un outil d'analyse systémique en cas de défaut de contrepartie ... Et Bien NON ...

      On réalise des échanges de vues, puis Mr Trichet donne le OK, les gens en interne ont pas mal d'idées, on évoque l'idée d'un trade/deal repository central et plus aucune nouvelle ...

      Il y a 1 mois (soit bientot 5 ans après) certains états commencent à déclarer vouloir lancer bientot un outil de ce type au niveau national mais pas encore de l'UE ...

      Conclusion, alors que fin 2008 il y avait déjà des bonnes pistes sur comment faire, rien n'a été fait depuis et on est toujours dans le brouillard sur le risque systémique. Mais on a un Comité Européen du Risque Systémique qui surveille ...

      "Et pourtant ils existent" ... David Vincent ...

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  15. @ Anonyme19 août 2013 20:04
    Je pense vraiment que la solution que vous proposez serait idéale pour que, sans coup férir, les plus riches se retrouvent propriétaires de biens réels au lieu de se contenter de signes monétaires qui peuvent être effacés.
    Le système est vicié à la base: un Etat n'a nul besoin d'emprunter sur les marchés alors qu'il peut monétiser ses besoins.

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    1. Cher AJH (partie 1/2)

      De l'approche pour la Grèce, j'en ai fais un concept de fonds d'investissement (Sharia compliant) issu de la finance islamique, mais utilisant des outils de finance conventionnelle, après 2 ans passés en Arabie Saoudite et Kuwait et Qatar et UAE.

      Les pays Arabes (et plus généralement les pays musulmans) ont une avance sur nous, car leur principe est de ne pouvoir augmenter sa richesse qu'en contribuant à en créer de nouvelles (on ne fait pas de l'argent avec l'argent, mais par le fruit d'un travail et de la création de richesse) ...

      Quand vous avez besoin de 10 millions pour faire une usine, la banque d'un pays arabe vous donnera vos 10 millions et sera actionnaire à 60 ou 70% de la société tout en supportant 100% du risque (contrat de type Mudarabah) ou alors il y a un apport de votre part et vous partagez les risques à hauteur de votre apport (contrat de type Musharakah). Il y a d'autres possibilités mais je voulais souligner les plus distinctives.

      Notez bien, on parle de partager les risques ... Avec ce genre d'approche, si vous ne pouvez pas payer l'équivalent d'une mensualité alors la banque ne vous fait pas saisir (puisqu'actionnaire) et ne ruine pas vos projets pour un montant dû qui est ridicule, comparé aux montants en jeu.

      Imaginez une telle approche ici ... Et pourtant certains parlent de réorienter la finance vers l'économie réelle ...


      Pour revenir plus particulièrement à votre remarque, un Etat n'a même pas besoin d'argent pour investir, mais de création monétaire éphémère durant la phase de développement de ses investissements.

      Ensuite, une fois le projet terminé (autoroute, pont à péage, usine électricité, station épuration ...) il lui suffit de le placer dans un fonds (forme de SICAV, qu'il garanti) dont il place les parts sur le marché (y compris pour les particuliers) avec un certains rendement lié à l'exploitation de l'actif mais avec une grande sécurité car lié à un actif tangible et non pas papier.

      De plus, un actif de ce type produit une valeur économique, laquelle à une contrevaleur monétaire. Si la monnaie change (on sort de l'euro) alors la valeur économique produite ne change pas mais sa contre valeur monétaire est traduite en équivalent de la nouvelle monnaie, et très probablement à parité de pouvoir d'achat. En effet, si avec 10 kWh je pouvais acheter une baguette avec mes euros, alors en revenant au Franc alors 10 kWh devraient encore me permettre d'acheter une baguette (et peut importe le taux euro/franc).

      De fait, la création monétaire éphémère s'éteint d'elle même, et personne ne peut vous reprocher de faire de la planche à billets.

      Les revenus de l'actif paient un dividende (comme un coupon d'intérêt) et un amortissement du capital (avec une valeur résiduelle de disons 2% après 20 ou 25 ans). Si l'actif ne produit rien (rond point ...) ou n'est pas profitable (piscine ...) alors c'est la collectivité propriétaire qui compense la différence pour payer le dividende (ce qui revient à rembourser un crédit classique).

      Chaque part est négociable/nantissable/transférable, et si cela ne suffit pas alors un mécanisme interne peut être mis en place pour augmenter légèrement la liquidité.

      Au fur et à mesure que le temps passe la valeur résiduelle diminue, et en fin de période l'Etat rachète l'actif pour 2% de sa valeur nominale d'il y a 20 ou 25 ans (avec l'inflation cela représente plus beaucoup).

      Au cours de ces 20 ou 25 années vous avez progressivement créé de la richesse par l'exploitation/utilisation de l'actif sans un effet de pic de création monétaire lié à l'investissement, et surtout SANS AVOIR AJOUTE DE DETTE AU PAYS.

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    2. Cher AJH (partie 2/2)

      Cela est comparable à une forme de sale & leaseback, et est applicable à beaucoup d'actifs et pas que des actifs publics. Cela peut aussi laisser penser à une forme de 100% monnaie car après la création monétaire éphémère alors c'est de l'épargne qui est mobilisée. Mais si c'est un crédit classique que les investisseurs utilisent alors il y a création monétaire, laquelle se résorbera au fil des remboursements de quote-part de capital.


      Au risque de vous contrarier, je pense qu'un Etat ne doit pas monétiser ses dépenses/dettes mais peut le faire pour ses investissements productifs dans la mesure où face à la création monétaire il y a un actif (donc une contre valeur tangible).

      Un investissement financé aujourd'hui à 100% dans le budget est une approche anormale si le même investissement aura une contribution positive au budget dans les années suivantes. Grace au mécanisme que j'ai détaillé, alors l'Etat effectue une création monétaire éphémère puis liquide celle-ci en cédant les parts du fonds. Au final, il n'y pas de création monétaire durable, ni de dette mais l'actif n'a encore rien produit de significatif.

      Chaque mois/trimestre/année les parts paient un dividende (qui peut varier en fonction de l'activité, et donc de la bonne santé du pays et de sa croissance), mais aussi et surtout les parts remboursent une quote-part du capital utilisé pour développer l'actif.

      Cette quote-part du capital (qui pourrait être monétisée) représente la part annuelle de l'investissement qui a été nécessaire pour produire un revenu la même année dans le budget de l'Etat (en plus de l'impact lors de l'investissement initial au tout début). On passe donc à une synchronisation de la part de l'investissement (par création monétaire si besoin) avec les revenus annuels en contre partie, ce qui a un effet plus que modérateur sur l'endettement de l'Etat (comparé au système actuel).

      Si les revenus ne sont pas au rendez-vous alors seuls les dividendes sont concernés, mais le capital reste dû et ne crée pas d'inflation par la création monétaire puisque la valeur de l'actif (mise en contre partie de cette création monétaire) sera toujours supérieure à la création monétaire réalisée (du début et à la fin puisque la valeur résiduelle sera de 2% (par exemple)).

      Pour conclure sur ce dernier point, ma conviction est que l'on ne peut pas faire de la création monétaire (ou planche à billets) sans prendre le risque d'une inflation importante et de voir la monnaie se déprécier.

      D'où mes réserves sur la monétisation (à considérer avec prudence), et une approche alternative permettant un soutien à la croissance par l'investissement, sans monétisation durable importante et sans augmenter la dette.

      Bien à vous

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  16. A retardement la fievre de l'immobilier joue encore des tours en Espagne avec ce gratte ciel depourvu d'ascenseurs.

    http://www.express.be/joker/fr/world/a-benidorm-le-plus-haut-gratte-ciel-de-lue-sans-ascenseurs/194180.htm

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  17. @ Anonyme20 août 2013 09:29

    Merci de ces explications... je vais essayer de lire ça tranquillement, mais j'ai un a-priori sur la finance d'une manière générale (je me soigne)
    Bien à vous, X, également

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    1. Il ne faut pas avoir d'a-priori sur la finance, le point le plus important est à quoi elle sert ou est utilisée ...

      Moi, je préfère que ce soit pour l'économie réelle.

      J'ai rencontré un des gouverneurs de la BCE, il y a peu, et ils cherchent des idées pour aider l'économie réelle mais ce n'est pas évident en raison de leur manière de raisonner en produits mais pas en finalité.

      La bonne nouvelle est qu'ils semblent vouloir trouver des solutions en dehors des sentiers battus. Pour l'instant, les Project Bonds sont à coté de l'objectif malgré leurs bonnes intentions.

      Bien à vous.

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  18. Je l'avoue, je suis dépassé ! je sais simplement que l'origine de cette situation se trouve être une mauvaise gestion de la FRANCE et de l'EUROPE...
    Quant on dépense sans retenue et qu'on fait des cadeaux amputant les recettes avec partialité, la décroissance est démultipliée....
    Serrons les boulons chez nous, sortons de cette europe des fonctionnaires et, petit à petit, pierre par pierre, reconstruisons notre Chère FRANCE - AVEC les français, POUR les français

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  19. @ Anonyme

    Très intéressante comme proposition. Néanmoins, je crois qu’il est important de faire contribuer les créanciers. J’avais imaginé un dispositif partant du niveau des taux d’intérêt, dont on pourrait déduire une décote qui pourrait s’appliquer automatiquement aux dettes souveraines à partir du taux le plus bas : par exemple, si l’Allemagne emprunte à X% et l’Espagne à Y%, on pourrait en déduire que les taux impliquent une décote de Z% de la dette espagnole, qui s’appliquerait alors (ainsi, les créanciers n’auraient pas le beurre et l’argent du beurre).

    Très intéressante vision de la finance islamique. Sur le placement des actifs de l’Etat, je suis plus circonspect : la privatisation d’éléments du service public revient à constituer une rente privée. Ou alors, si j’ai bien compris votre système, cela ressemble fortement à un bon du trésor en version plus longue (20 ou 25 ans). Cela peut être, en partie ou en totalité, être remplacé par de la monétisation.

    J’ai tendance à penser que la monétisation doit principalement servir aux investissements. Après, si on suit les théories du 100% monnaie, il me semble que le montant de monétisation n’est pas fonction du niveau d’investissement, mais plus celui du montant de croissance de la masse monétaire que l’on souhaite pour l’année (même si on peut penser que ce montant ne devrait pas dépasser le montant des investissements en pratique la plupart du temps).

    Pas sûr sur la création monétaire : 5 à 6% de PIB de monétisation pour augmenter la masse monétaire du même montant que l’augmentation du PIB nominal ne devrait pas provoquer d’inflation (dans un système de 100% monnaie où le système financier ne pourrait plus créer de la monnaie). Après, cela est différent si les banques continuent à pouvoir faire ce qu’elles veulent (NB : on peut se souvenir qu’au milieu des années 2000, les banques privées augmentaient la masse monétaire de 10% par an).

    Je crois que la monétisation doit être contrôlée par le Parlement, avec un débat spécifique (équivalent du débat budgétaire) et un vote solennel, une fois par an et un vote exceptionnel en cas de changement de politique important.

    @ Olaf

    Cela semble tristement probable.

    @ TeoNeo

    Effarant

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