jeudi 5 décembre 2013

Bitcoin : à vendre, et surtout à interdire !


En début d’année, les Bitcoin valaient moins de 15 dollars. Aujourd’hui, le cap des 1000 dollars a été franchi ! Mais le plus incroyable, quand on prend un peu de recul, c’est que les gouvernements laissent faire ce qui est de facto de la fausse monnaie, et pire, parfois, l’autorisent, comme en Allemagne.



Un produit de l’anarchie économique

Certes, le processus de création des Bitcoins est extrêmement sophistiqué, comme le rapporte ce papier qu’Olaf m’avait indiqué lors de mon précédent article sur le sujet. Il ne repose, semble-t-il, que sur des particuliers et présenterait un haut niveau de sécurité. Néanmoins, la sécurité du système a été mise en défaut, comme le rapporte The Economist, pourtant soutien du système. Un million de dollars ont été récemment volés de BIPS, une plateforme d’échange européenne et GBL, une plateforme d’échange asiatique a disparu avec 4,1 millions de dollars. Ensuite, comme The Economist le notait également il y a six mois, l’anonymat du système attire logiquement l’argent sale.



Après un premier krach au printemps, qui avait vu la valeur du Bitcoin divisée par trois en quelques jours, la marche en avant des cours a repris en début d’été, amenant la valeur du Bitcoin à plus de 1000 dollars, contre un peu plus de 200 lors du pic printanier et 15 en début d’année. Sa valeur a été multipliée par 60 en moins d’un an, amenant même The Economist à recommander de vendre ! Il semblerait que ce soit la demande chinoise qui ait porté le prix à ses plus hauts, révélant le statut hybride, entre (fausse) monnaie et actif ultra-spéculatif. Car le Bitcoin est un peu les deux à la fois. C’est une sorte d’actif virtuel échangeable et discret, à l’usage limité mais sans les garanties d’usage d’une monnaie.

En réalité, de la fausse monnaie

Les partisans du système avancent en général deux arguments en sa faveur. Tout d’abord, ils soulignent que les Bitcoins reposent sur de la puissance de calcul. Mais certains affirment que le coût de la puissance de calcul pour « miner » un Bitcoin est inférieur à 1 dollar. Dès lors, comment justifier des valorisations supérieures ? Pourquoi ceux qui « minent » les Bitcoins pourraient empocher un tel bénéfice ? Qui est vraiment derrière ce système ? Pire, comme le rapporte ce papier, cette puissance de calcul ne servirait qu’à faire fonctionner le système. Du coup, cela ressemble à un schéma de Ponzi, où les entrants ne créent aucune valeur. Le système ne tient que parce que les prix montent.

Ensuite, ils avancent que le fait que sa gestion soit décentralisée éviterait la concentration traditionnelle du pouvoir au sein d’une banque centrale, argument les libéraux libertaires en faveur de la banque libre, un système monétaire du 19ème siècle où chacun pourrait créer sa monnaie. Mais le problème est que la monnaie est un pilier de nos sociétés. Elle repose normalement sur un Etat, qui la fondait jadis sur les réserves métalliques de sa banque centrale, et aujourd’hui sur un rapport de confiance avec les citoyens. Et cette confiance repose les actifs de l’Etat et le fait qu’il a le pouvoir de lever des impôts assurant donc un flux de recettes. Les deux étant, de facto, informellement, le gage de la monnaie.

Les Bitcoins posent un triple problème. Ils ne reposent sur rien de concret, à part une puissance de calcul dont le coût est négligeable par rapport à la valeur actuelle. Cette valeur ne repose donc sur rien et n’est que le énième exemple des bulles produites par un marché dérégulé. Ensuite, se pose fondamentalement la question des bénéfices réalisés par cette création. Plus de dix millions de Bitcoins doivent encore être « minés ». Au bénéfice de qui ? Comment se repartira le profit ? Enfin, la monnaie est un service public. Il revient donc à l’Etat d’en avoir la seule responsabilité, dans un cadre démocratique (d’où le scandale des banques centrales dites indépendantes) et d’interdire toute alternative.

Dans quelques années, après quelques bulles et krachs, il est probable que les monnaies virtuelles seront reconnues pour ce qu’elles sont, à savoir de la fausse monnaie, qui vise aussi à soustraire l’économie du contrôle étatique, et donc démocratique. Alors, les Etats les interdiront, malheureusement avec retard.

9 commentaires:

  1. Bien sûr, ne pas utiliser la monnaie de son pays est un moyen de s'extraire de la communauté nationale. Je suis aussi assez perplexe sur les monnaies SEL qui sont moins spéculatives mais qui détournent une partie de la population des vrais problèmes (monnaie unique, BCE...). La mise en avant de fausses alternatives permet le maintien du système existant. Et les régions (en tous les cas en Midi-Pyrénées c'est le cas), égales à elles-mêmes, promeuvent ces monnaies locales. UE-régions, même combat.

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    1. Bitcoin n'est pas comparable à une monnaie locale dont les règles de fonctionnement sont déterminées par les états.

      olaf

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  2. Attention à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain ! Bitcoins n'est pas égal à monnaies libres. Premières différences : la zone géographique des produits et la finalité. Et il en existe bien d'autres.

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  3. Le Bc est intéressant dans la mesure ou il est un accélérateur de krachs et de bulles tout comme l'art contemporain je devrais dire lard ; le système actuel est insauvable tout ce qui peut accélérer sa destruction est a promouvoir .

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  4. Le bitcoin n'a aucun cours légal en France. Aucun acheteur n'est tenu de payer avec, aucun vendeur n'est tenu de l'accepter en paiement.

    On peut donc se demander ce qu'une interdiction apporterait de plus.

    Cela reviendrait à pénaliser la simple possession d'un texte, car c'est sous la forme d'un texte qui se présente un avoir en bitcoin, texte qui peut être stocké indifféremment sur une clé USB, une feuille de papier, un disque dur...ou dans la mémoire du propriétaire !

    Nous sommes arrivés à un tel degré de répression, il y a déjà tellement de choses interdites qu'il devient de plus en rare qu'on puisse gagner quoi que ce soit en ajoutant de nouvelles interdictions.

    La plupart du temps la seule manière de progresser est de supprimer une ou plusieurs anciennes interdictions judicieusement choisies.

    Interdire la pornographie par exemple c'est ajouter une nouvelle interdiction et cela ne sert pas à grand chose. Supprimer le copyright sur la pornographie c'est au contraire réduire le nombre d'interdictions qui accablent le citoyen. En faisant cela on l'autorise à copier tant qu'il veut sans avoir à payer de droits d'auteur.

    C'est beaucoup plus efficace pour mettre des bâtons dans les roues de l'industrie pornographique.

    Et si le bitcoin réussissait quand même à s'imposer en dépit du fait qu'il n'a aucun cours légal ? Cela signifierait que l'Euro est gravement malade, et c'est alors lui qu'il faudrait soigner.

    Ivan

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  5. Petit HS (vu que je suis pas capable de distinguer le bitcoin du bulbe de tulipe ou de l'or..) : une vidéo de 4min30 de Vladimir Boukovski où il compare l'UE et l'URSS : c'est quasiment pareil!!

    http://www.voie-militante.com/international/europe/paralleles-amusants-entre-ue-et-urss-par-vladimir-boukovski/

    Conclusion : "Mais il y a une alternative à être gouvernés par deux douzaines de rond-de-cuir à Bruxelles. L’INDÉPENDANCE"

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  6. @ Rieux

    Après, si ces monnaies locales restent dans le cadre républicain et national et ne permettent pas de soustraire à l’impôt, alors, pourquoi pas ?

    @ Lorrain54

    Bitcoin me semble presque pire…

    @ Patrice

    Pas faux

    @ Ivan

    Vu que l’Allemagne l’a accepté, il y a débat sur la question et il ne faut surtout pas l’autoriser en France. Il ne s’agit pas d’interdire à quiconque d’en acheter (après tout, s’il y a des gogos spéculateurs) mais simplement que l’Etat ne le reconnaisse pas, contrairement à ce que Berlin et Washington font.

    @ Bip

    La comparaison avec les tulipes est très juste

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  7. L’intérêt de reconnaitre le bitcoin est de pouvoir le taxer, l'imposer.
    Ne pas l'interdire mais ne pas le prendre en compte, serait renoncer à des revenus potentiels pour l'état.

    Fore heureusement, le bitcoin est déjà autorisé en France. La banque de France l'a déjà confirmé dans un petit opuscule, et les plus value réalisées sont à déclarer avec ses revenus.

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  8. Par ailleurs, la comparaison avec les tulipes n'est pas bonne. Les tulipes étaient destinées à s'effondrer pour la bonne raison que, une fois plantées, le nombre de tulipes croit de façon exponentielle.
    Donc, tôt ou tard, l'offre dépasse de loin la demande et le marché s'écroule.

    Au contraire, la croissance du bitcoin en nombre d'unités est limitée. La moitié des bitcoin existant on déjà été minés. Le nombre de bitcoin doublera, et c'est tout. La situation est donc comparable, non pas à celle de l'or qui a une utilité industrielle importante, mais à celle des gros diamants.

    Un gros diamant a un valeur élevée car il est rare, joli, et prisé par certaines catégories. Sa valeur industrielle est très faible.
    Si les gros diamants se multipliaient comme les tulipes, leur valeur baisserait considérablement. Ils restent chers car on ne peut pas en générer facilement de nouveaux.

    C'est pareil pour le bitcoin. à la différence que le bitcoin n'a aucune valeur intrinsèque, alors que le gros diamant en a une, faible, mais pas nulle. Par contre, le gros diamant ne peut pas servir de monnaie d'échange, contrairement au bitcoin.

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