lundi 24 mars 2014

Français recherchent opposition, désespéremment





Poussée nationale de la droite

Ce qui frappe dans les résultats de ce soir finalement, c’est la progression des scores de la droite et de l’extrême-droite dans la grande majorité des villes, même si la situation pourrait ne pas avoir beaucoup bougé dans une grande partie des plus grandes villes, qui semblent conserver le biais favorable à la gauche qu’elles affichent systématiquement depuis quelques années. Mais la question qu’il faut également poser c’est de savoir si le mouvement de balancier marque un succès de l’UMP ou pas. En effet, il ne faut pas oublier que les scores de référence datent de 2008, une année très largement favorable à la gauche, et que le contexte national était extrêmement favorable à l’opposition.

En effet, jamais un chef d’Etat et un gouvernement n’ont été aussi impopulaires de toute l’histoire de la Cinquième République. Du coup, on pouvait s’attendre à une redite des élections de 1983, qui avaient vu un fort mouvement de balancier en faveur de l’opposition, qui avait alors profité du profond rejet de l’équipe au pouvoir. La modération de l’ampleur du mouvement au premier tour (qui demande à être confirmée lors du second tour de dimanche prochain néanmoins), alors même que la majorité n’a jamais été aussi impopulaire, a forcément un sens. Certains y verront le fait que lors de ces élections locales, les Français ont sans doute principalement voté en fonction des enjeux locaux…

Une poussée faible et par défaut ?

Mais on peut aussi y voir une forme de paradoxale mais relative sanction à l’égard de l’opposition, qui ne réalise pas un score aussi bon qu’elle aurait du. En effet, sachant que les précédentes élections avaient eu lieu dans un contexte très favorable à la gauche (depuis six ans dans l’opposition, et face à une majorité dont le chef avait beaucoup déçu et était devenu très impopulaire), la progression limitée des résultats de l’UMP en dit finalement aussi long sur le jugement des Français à l’égard de l’opposition que sur l’immense déception à l’égard de la majorité, d’ors et déjà largement documentée.

En effet, avec un président et un premier ministre dont la cote de popularité ne parvient pas à dépasser 20%, le recul de la gauche semble faible et par défaut. Outre le poids des enjeux locaux, cela indique que les Français ne sont pas plus enthousiasmés par l’UMP et le FN que par le PS. Il faut dire que la campagne des dernières semaines a sans doute contribué à ce résultat. L’UMP a été secouée par les affaires et des polémiques ridicules (l’évocation de la Stasi était totalement outrancière). Et le FN a été confronté à de nombreux dossiers embarrassants, entre les incroyables candidats malgré eux, ou les candidats qui démonétisent immédiatement la stratégie de dédiabolisation.

Ce premier tour des municipales est sans doute l’expression d’une crise profonde de notre démocratie, entre le record d’abstention et le manque criant d’enthousiasme pour la majorité, tout comme, finalement, pour les deux premiers partis d’opposition. Et si les Français voulaient autre chose que le PS, l’UMP et le FN ?

23 commentaires:

  1. En résumé :

    "Si en plus, comme on peut le prévoir, les résultats des élections municipales et européennes ne sont pas bons, la gauche n'aura plus d'énergie à consacrer aux réformes. Notre pays en a pourtant bien besoin !

    J'ai peur que les années 2014-2017 ne soient des années perdues pour la France. Je n'ai pas vraiment envie que nous nous retrouvions au même niveau que l'Italie. Malheureusement, nous en prenons le chemin..."

    http://authueil.org/?2014/03/20/2241-sur-la-route-de-l-italie

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    1. J'ajoute que cette idée ridicule des "années perdues" est stupéfiante. Il s'agirait donc d'une course contre la montre entre les pays, les entreprises, les individus ..., le summum de la stupidité de cette société productiviste qui est sous pilotage automatique après avoir été programmée par les ultralibéraux.

      Je suis complètement d'accord avec Ivan pour dire qu'il vaut mieux ne rien faire que de faire n'importe quoi, mais je sais que, malheureusement, les socialos vont continuer sur la même voie. La seule vraie question pour nombre de Français déçus, voire désabusés, est d'identifier une alternative susceptible de remplacer cette classe politique d'une nullité crasse.

      Demos

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  2. @ Anonyme 09:53

    Au contraire, mieux vaut pas de réforme du tout que celles que le PS a en tête !

    Le "pacte de responsabilité" ne vous suffit donc pas ?

    Ivan

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  3. Gilbert Perrin
    2 s ·
    ANALYSE de ce SCRUTIN :
    Pas de sectarisme, comprendre la voix du peuple. C'est un rejet total du SYSTEME....La FRANCE a besoin d'un RASSEMBLEMENT PATRIOTE pour une FRANCE indépendante, UNE et INDIVISIBLE, afin de développer l'EGALITE et la JUSTICE pour TOUS les FRANCAIS, devant l'IMPOT, la salaire, les avantages, la retraite....ce doit être la fin des chapelles, du communautarisme, des partis enfumeurs, pour l'UNITE d'objectif....passant par la PROPORTIONNELLE et, le PROTECTIONNISME, une FRANCE INDEPENDANTE, des FRANCAIS EGAUX...

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    1. Ce que nous attendons, c'est que les classes dirigeantes s'engageant dans l'action pour nous et pour notre pays et non pour eux-mêmes et pour les privilégiés qu'elles servent, alors que, depuis des décennies, elles démontrent le contraire. Ce que nous voulons, ce ne sont pas des mots, mais des preuves.

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  4. Enfin Pinsolle,
    Vous êtes avec le FN à Béziers...

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  5. @ Fiorino

    Non, c'est plutôt le FN qui a décidé de soutenir la liste soutenue par DLR.

    Mais il y a quand même un problème, car soutenir Menard c'est se retrouver parfois en fâcheuse compagnie, je pense notamment à Vanneste.

    http://www.lexpress.fr/actualite/municipales-a-beziers-pourquoi-le-fn-et-dupont-aignan-soutiennent-robert-menard_1302843.html

    Ivan

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  6. Enfin un article qui ose dire la vérité sur la tragédie du logement en France, c'est tellement rare !

    Extraits :

    « On ne fait attention aux économistes que lorsqu'ils sont profondément divisés sur une question ; lorsqu'il y a un consensus scientifique sur un sujet, personne ne les écoute. Le logement en est l'exemple le plus pur et parfait. »

    « Il y a des domaines où la simple loi de l'offre et la demande ne suffit pas à apporter la justice sociale. (…) Mais le logement n'en fait pas partie »

    « Le problème du logement en France est extrêmement simple : il y a plus de foyers que de logements. (…). Un enfant de trois ans qui a plus de cubes que d'emplacements pour ses cubes dans son jeu sait qu'il ne pourra pas y mettre tous ses cubes. (…). »

    « Une politique de logement qui viserait vraiment à mettre fin à la crise, on l'a dit, chercherait à libérer l'offre - donc, en clair, à permettre et favoriser la construction de nouveaux logements. Le problème, c'est que la droite s'y refuse autant que la gauche. Pourquoi ? Parce que son cœur de cible électoral ne veut pas en entendre parler. »

    http://www.atlantico.fr/rdv/nettoyeur/loi-logement-sommes-toujours-dans-moyen-age-economique-pascal-emmanuel-gobry-1017865.html

    Ivan

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    1. La simple loi de l'offre et de la demande ne suffit pas à apporter de la justice sociale en particulier dans le logement.

      Vous croyez que des gens vont se précipiter pour faire construire des logements avec l'idée qu'ils vont gagner moins d'argent car l'offre serait adaptée à la demande ? "lol". Non, mais vraiment.

      Voilà que la bêtise des élus qui choisissent des fausses solutions (car ces "solutions" coûtent moins chères, en apparence en tout cas) pour justifier des croyances ultra-libérales.

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    2. @ Abd_Salam

      Quand l'offre n'est pas libre de satisfaire la demande seuls les plus riches trouvent à se loger. C'est la situation dans notre pays depuis 40 ans.

      Quand pour 100 foyers à loger le marché n'est autorisé à construire que 90 logements ce sont les 10 foyers les plus pauvres qui se retrouvent sans abris. On ne peut même pas dire que c'est immoral, cela n'aurait pas de sens.

      Si c'étaient les 10 foyers les plus riches qui se retrouvaient sur le trottoir, alors ce seraient les pauvres et pas les riches. Si ma tante en avait...

      Une fois que vous avez créé une pénurie vous ne trouverez jamais une manière satisfaisante (ni juste) de la gérer car il ne peut pas être juste qu'un être humain, même un seul, soit privé de toit.

      Votre idée que si les constructeurs étaient autorisés à bâtir autant de logements qu'ils le veulent ils n'en construiraient pas un de plus parce que cela rapporterait moins à l'unité n'est pas logiquement recevable (outre qu'elle est factuellement fausse) pour continuer à le leur interdire.

      Si vous êtes persuadé que de toute façon ils ne le feront pas, pourquoi voulez absolument continuer à le leur interdire quand même ?

      En tout cas il est certain que les rentiers et les spéculateurs en place qui défendent bec et ongles les normes d'urbanisme malthusiennes en vigueur (zones classées, hauteurs limites de construction, coefficients maxima d'occupation des sols...) et en réclament sans cesse de nouvelles ne raisonnent pas comme vous, c'est le moins qu'on puisse dire.

      Ivan

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    3. arrêtez avec votre idéologie qui présente le dieu marché sous une perspective EXAGEREMENT positive. Merci d'avance.

      Le fait qu'une baisse des prix des loyers démotiverait l'investissement dans l'immobilier est un fait.

      Contentez-vous, par respect, de ne prendre en compte que les idées que j'exprime réellement ; ne me prêtez aucune affirmation supplémentaire. Merci d'avance.

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    4. Quel investissement ? On n'a plus le droit de rien construire.

      Une baisse importante des loyers ne se produira pas tant que la pénurie ne sera pas résorbée. Et une fois la pénurie résorbée peu importe que la construction cesse à nouveau.

      Je ne me prosterne pas devant le dieu marché, je reconnais même à l'Etat le droit de construire de son propre chef les logements qui manquent, comme il l'a fait sous De gaulle et Pompidou.

      Mais ce que fait l'Etat depuis je ne l'accepterai jamais. D'un côté il se refuse à construire les logements qui manquent et de l'autre il interdit au secteur privé de le faire à sa place.

      Cela s'appelle de l'assassinat. Les sans-abris qui meurent sur les trottoirs ont été assassinés.

      Ivan

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    5. Je maintiens donc que le raisonnement...

      1) si on autorise la construction des logements qui manquent les investisseurs vont les construire,

      2) mais alors les loyers vont baisser,

      3) donc si on autorise la construction des logements qui manquent les investisseurs ne vont pas les construire,

      4) donc il ne faut pas autoriser la construction des logements qui manquent...

      est absurde.

      Et quand bien même les investisseurs raisonneraient vraiment comme cela, pour moi ce n'est pas un problème car rien dans mes convictions philosophiques et religieuses ne s'oppose à ce que dans un tel cas l'Etat prenne lui-même les choses en main.

      Ivan

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  7. A quoi bon voter ?

    Mais si les choix économiques ne sont pas négociables, si les budgets sont encadrés par des structures non élues, si toute discussion est impossible, à quoi bon voter ? Logiquement, un sentiment se développe : celui de l'impuissance du politique. Face à cette impuissance, deux réactions sont possibles : ou l'abstention qui prend acte de cette impuissance en refusant de participer à un vote devenu inutile, ou le vote « populiste » qui promet de redonner des alternatives et de la capacité d'action au politique.

    http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20140324trib000821580/municipales-francaises-un-coup-de-semonce-pour-l-europe.html

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    1. @anonyme 17:02
      en fait d'impuissance, c'est plutôt la démission au sommet de l'Etat que les politiciens essaient de masquer. Quoique François Hollande a ceci de bien qu'il ne fait même plus d'effort pour donner le change! En ce moment, il paraît que la question qui se pose en ce moment dans le gouvernement est : "il est où, François?". Probablement en train de roucouler, j'imagine... C'est sûr que c'est qu'il a de mieux à faire, vu qu'il ne sait rien faire d'autre que de s'esquiver!

      Mais à quelque chose, malheur est bon: on va enfin savoir ce que les Lepenistes (et non "Marinistes", comme on essaie de nous le vendre du côté du FN) ont dans le ventre. Le souvenir laissé par les trois mairies FN il y a presque vingt ans de ça, n'a pas été vraiment impérissable...

      Pour moi, tout ce beau monde se tient, et installe la France dans un triangle des Bermudes FN-PS-UMP des plus périlleux...


      CVT

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    2. Se battre pour les idées ultra-libérales, j'appelle pas ça une démission.
      Il faut peut être commencer à comprendre que les deloristes ont beau garder l'étiquette P.S, ils n'ont rien de socialo dans l'âme ou dans la tête !
      Hollande est deloriste, ce n'est pas de l'impuissance que d'appliquer ses idées, c'est juste que ses idées sont pas socialistes. Il est ultra-libéral.

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    3. Disons qu'Hollande est un libéral tendance pâte molle.
      Alors, d'accord, l'avantage d'une telle pâte est qu'elle se glisse partout, dans tous les interstices, qu'elle bouche les trous, mais en plus du fait qu'elle suscite le dégoût, il y a un vrai problème, c'est qu'au moindre mouvement, tout l'édifice s'écroule.

      Demos

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  8. Les Français ne veulent pas autre chose que l'UMPS et le FN. Les premiers représentent l'épuisement de l'élite française. Le second reflète la volonté populaire. La grandeur, l'intelligence n'intéressent pas assez de monde. En plus, les intelligents ne sont même pas capables de s'unir.
    Nous sommes avec deux conformismes face-à-face. Il reste à espérer que Le Pen soit grande.
    jard

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    1. Oui. Ca devient comme aux USA : le parti democrate ("l'UMPS") et le parti republicain (le FN).

      Talisker.

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  9. Les discours moralisateurs sur le FN sont une vaste hypocrisie. Et ceci est révélé par les événements d'Ukraine.

    En effet pourquoi jurer ses grands dieux ne vouloir aucun dialogue avec le FN pour ne proner que la lutte contre eux alors que le gouvernement P.S a reconnu et donc légitimer rien de moins, un pouvoir ukrainien composé d'un tiers de neo-nazis assumés ?
    Ou sont les cris d'orfraie de Valls ? De Desir ? Qu'aurait on dit si Poutine avait soutenu des neo nazis ?
    DLR est plus coherent sur le sujet.

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  10. @ Anonyme

    La comparaison avec l’Italie ne me semble pas très opérante. Cette défaite risque de pousser Hollande à aller toujours plus loin dans l’eurolibéralisme… En outre, on imagine un peu trop ce que l’auteur considère comme réforme : la baisse du coût du travail…

    @ Démos

    Merci pour cette réponse que je partage.

    @ Fiorino

    Merci Ivan pour la réponse. En effet, Ménard a soutenu NDA en 2012. NDA l’a soutenu dans son opération à Béziers, et, après seulement, n’ayant pas trouvé de tête de liste convenable, le FN a joué au coucou.

    @ Ivan

    Il y a des éléments justes mais le papier sur le logement souffre d’un biais libéral fort. La simple loi de l’offre et de la demande produit beaucoup d’âneries (actions France Telecom qui dépasse 200 euros en 2001 avant de tomber à 7 euros deux années après). Il ne faut pas sanctifier le marché, qui a tendance à se planter à la hausse comme à la baisse. Il peut y avoir des effets de spéculations par exemple… Et les incitations fiscales par exemple ? Et la réglementation du crédit immobilier ?

    @ Anonyme

    Voter pour rejeter cet état de fait.

    @ CVT

    Assez d’accord

    @ Jard

    Pas d’accord. La participation au plus bas et la montée des listes non officielles montrent au contraire que les Français veulent autre chose. J’espère que cela sera confirmé en mai.

    @ TeoNeo

    D’accord

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    1. Certes je ne crois guère à l'efficience des marchés et il arrive souvent aux investisseurs de se tromper mais en l'occurrence l'État, s'il se décidait à prendre en main la résorption de la pénurie de logements, ne pourrait pas faire mieux que l'initiative privée puisque les collectivités locales interdisent purement et simplement la construction des millions de logements qui manquent, principalement en ville.

      En effet les normes d'urbanisme malthusiennes sont opposables aussi bien à l'État qu'aux entreprises privées, ce qui est proprement scandaleux.

      Pire encore elles créent une pénurie de foncier telle que l'État serait obligé d'acheter les rares terrains constructibles (là où il en reste) à des prix monstrueux pour ensuite les gaspiller dans des constructions de petites hauteurs et faibles densités incapables de satisfaire les énormes besoins des masses de sans-logis et de mal-logés.

      Qu'on se place dans l'optique d'un marché libre ou d'une planification centralisée, peu importe, il faut dans tout les cas ôter aux collectivités locales le pouvoir d'imposer la pénurie.

      Les incitations fiscales ? Elles ne peuvent produire ni un logement en plus ni un logement en moins là où on a déjà construit tout le peu qui était autorisé, notamment à Paris, ou encore à Biarritz pour prendre un exemple plus près de chez vous.

      La réglementation du crédit immobilier ? Pour la même raison elle ne peut rien changer au niveau de la pénurie, elle ne peut pas faire un sans-abri en plus ou en moins. La réglementation du crédit immobilier ne peut servir qu'à modifier la répartition de la rente entre banques et propriétaires.

      Tout le monde trouve normal que l'immobilier baisse quand les taux d'intérêt montent et inversement, autrement dit que la baisse des taux ne profite jamais à l’acheteur et que la hausse ne lui nuise jamais non plus, alors que c’est totalement aberrant. C’est une réaction pathologique.

      C’est comme si les constructeurs auto étaient obligés de relever leurs tarifs quand les taux baissent, faute d’avoir le droit d’augmenter la production pour servir la demande.

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    2. J'ai oublié mon pseudo : Ivan

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