lundi 16 juin 2014

Alerte à la déflation sur l’Europe





La déflation en marche dans le Sud

Si l’inflation moyenne de la zone euro est tombée à 0,5%, contrairement à d’habitude, c’est l’Allemagne qui fait monter la moyenne globale, puisque certains pays sont rentrés dans une phase de baisse des prix. En Grèce, où ils baissent depuis un an, la chute des prix a atteint un nouveau sommet en mai, pas moins de 2% sur un an (ce qui signifie aussi que le poids de la dette augmenterait mécaniquement de 2% en un an, même avec un déficit nul). La baisse des prix semblent se généraliser à la majorité des secteurs, à quelques exceptions près (tabac, alcool, santé).  Et les prix ont également baissé de 0,2% en mars en Espagne, une première depuis 2009 et ils baissent au Portugal depuis février.

Bref, le processus déflationniste est bien entamé dans une partie de la zone euro, et notamment dans sa 4ème économie, sachant que l’Italie n’en est pas très loin. Ceci est une conséquence directe de la monnaie unique puisqu’auparavant, en cas de déficit de compétitivité, un pays pouvait dévaluer, mais aujourd’hui il faut jouer sur le niveau des salaires, comme l’ont montré ces pays qui ont baissé leur SMIC. Certes, cela permet de rééquilibrer la balance commerciale, mais en jouant principalement sur la baisse des importations et en produisant un cataclysme social, illustré par un taux de chômage au-delà de 25% et une descente aux enfers d’une majorité de la population, que l’histoire jugera durement.

La France est-elle à l’abri ?


Le pire est que la France semble entrer dans la même logique, même si cela est à une échelle moindre. Il faut bien noter que le PS, après 10 ans d’opposition n’a donné qu’une minuscule obole au SMIC, trois fois inférieure à celle donnée à Jacques Chirac en 1995 et ne se soucie que de la baisse du coût de travail. Pire, avec la persistance d’un fort déficit commercial, et alors que certains de nos partenaires baissent le coût du travail chez eux, la pression risque de continuer, une illustration horrible mais concrète de la folie de cette unification monétaire et de la quête perpétuelle d’une compétitivité qui pousse à une horrible casse sociale dans les pays qui rentrent dans cette folle logique.

Xerfi vient de pointer le danger qui existe en France en notant que si l’inflation est tombée à 0,5%. Il note que les prix à la consommation ne sont qu’un indice partiel puisqu’ils prennent en compte la marge de la distribution. Si on considère le déflateur de la valeur ajoutée, on constate que les prix sont en baisse de 1,3% dans l’industrie sur un an, comme au pire de la récession en 2008-2009. La légère reprise des volumes camoufle une détérioration des prix. Et la situation se corse dans les services où les prix sont proches de la zone rouge. Pour Xerfi, « de proche en proche, c’est bien tout le tissu économique qui est contaminé (…) un piège qui nous rapproche toujours plus d’un scénario japonais et pourrait casser nos velléités de reprise » au moment même où Tokyo s’en sort.

Bref, le risque de déflation semble se préciser et les mesures de la BCE ne seront pas suffisantes étant donné le cours de l’euro. C’est toute la logique même de la monnaie unique qui pousse les pays à baisser leurs salaires et les prix pour être compétitif, et donc à entrer en déflation.

4 commentaires:

  1. La déflation et la croissance bancale rendent quasi impossible le fait de stopper la progression de l’endettement public. Par exemple l’Espagne a fini l’année 2013 avec un endettement à 93,9% du PIB :

    http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/2-23042014-AP/FR/2-23042014-AP-FR.PDF

    Trois mois plus tard, fin mars 2014, il est passé à 96,8% du PIB, malgré les taux bas auxquels ce pays a pu emprunter sur les marchés et une croissance trimestrielle de 0,4%:

    http://www.lesechos.fr/monde/europe/0203563030842-espagne-la-dette-publique-atteint-un-nouveau-record-historique-1012546.php

    L’Italie a fini l’année 2013 avec une montagne de dettes de 2 069,216 milliards d’euros à 132,6% du PIB. Fin avril 2014, 4 mois plus tard donc, la montagne de dettes est passée à 2.146,4 milliards d’euros, soit 77,184 milliards d’euros de plus au compteur.

    http://www.investireoggi.it/economia/il-debito-pubblico-italiano-cresce-ancora-vediamo-perche/?refresh_ce

    Inutile de reparler de la Grèce, c’est évidemment pire en proportions. Les PIGS, dans l’euro, continuent d’aller lentement mais surement dans le mur. Ils devraient se diriger vers un autre système, radicalement différent, mais ils n’en font rien. C’est comme s’ils étaient dans une prison, où ils risquent la mise à mort, mais en ayant décidé qu’il était malgré tout préférable de ne pas essayer de sortir de cette prison, ça pourrait être pire ! S’agit-il d’incompétence de dirigeants politiques dépassés par les événements et soumis à une oligarchie de gens non élus mais influents ? Comptent-ils sur la BCE pour les tirer d’affaire le moment venu ?

    Saul

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  2. Un article intéressant et très pertinent sur la souveraineté française promue par le général de Gaulle, puis bradée par Hollande : "Hollande débarque..." publié le 15 Juin 2014 par sur le site de Descartes.


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  3. Nous sommes dans une cocote minute et la pression augmente toujours plus. A votre avis, que se passe-t-il inévitablement dans ce genre de situation et au bout de combien de temps ?

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  4. @ Saul

    Merci pour ces précisions.

    @ Démos

    Vous pouvez nous mettre le lien ?

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