mardi 3 juin 2014

Quand les libéraux dénoncent l’euro


En 2000, Charles Gave, actuel président de l’Institut des Libertés, disait : « L’euro amènera trop de maisons en Espagne, trop de fonctionnaires en France et trop d’usines en Allemagne ». On peut reconnaître qu’il a vu juste pour le 1er et le 3ème point. Avant les élections européennes, son cercle de pensée a publié un dossier intéressant sur l’euro.
 

 

Un Frankenstein monétaire

Bien sûr, l’Institut des Libertés est un cercle de pensée très libéral, avec toutes les limites que cela implique, mais il faut reconnaître que la critique la plus articulée de la monnaie unique européenne est assez souvent venue de ce camp, même si d’autres ont apporté des contributions fortes depuis, notamment Jacques Sapir. On peut rappeler ici le rôle joué par Maurice Allais dans les débats de 1992 ou encore ceux de Gérard Lafay, Philippe Villin, Alain Cotta ou Jean-Jacques Rosa, ces deux derniers ayant publié de bons livres sur l’euro ces dernières années. On peut également évoquer l’opposition de Milton Friedmann, rappelée dans le livre « Casser l’euro pour sauver l’Europe ». La contribution de l’Institut des Libertés est une pièce de plus à l’édifice d’intérêt général du démontage de ce monstre monétaire qu’est la monnaie unique européenne.

Naturellement, l’argumentation de l’Institut des Libertés a des limites, un biais néolibéral marqué. C’est ainsi qu’il fait de l’Allemagne un modèle avec ses réformes Harz. On aimerait que Charles Gave note que la compression des salaires est une voie sans issue si elle était pratiquée à l’échelle du continent ou qu’il rappelle l’appauvrissement important des classes populaires depuis 10 ans en Allemagne, qui fait que le taux de pauvreté y a augmenté plus vite qu’en France, au point de nous dépasser sur ce sinistre indicateur. De même, il vante les programmes de baisse des dépenses publiques sans noter suffisamment l’effet que cela a sur l’ensemble de l’économie. Enfin, vanter la baisse du poids de l’Etat au Canada depuis les années 1990 sans même rappeler le rôle majeur des exportations de matières premières dans la croissance du pays est un travestissement de la réalité.

L’euro : boulet monétaire


Malgré tout, Charles Gave et ses acolytes apportent de l’euro au moulin de ceux qui critiquent la monnaie unique. Alors que quelques eurobéats parviennent encore à écrire que l’euro nous aurait protégé dans la crise, l’Institut des Libertés, par quelques chiffres et un graphique parlant démonte cette fadaise. Bien au contraire, depuis 2008, la zone euro a la plus faible croissance de l’ensemble des pays développés, ce qui montre que l’euro, loin d’être le bouclier annoncé est en réalité un boulet accroché aux pieds des économies européennes. Il montre également à quel point il provoque une divergence de ses économies et un effondrement industriel en dehors de l’Allemagne (où la production a cru de plus de 20% depuis 2000, quand elle a baissé de plus de 20% en Italie et en Espagne et de plus de 10% en France, pour une moyenne de la zone euro stable).

La raison de cet échec est simple : l’euro n’est qu’un mark bis, qui, s’il convient bien à l’Allemagne, n’est absolument pas adapté à des pays aussi différents. Il  rappelle qu’aucune expérience de monnaie transnationale n’a duré et que la période de croissance ne s’expliquait que par une envolée temporaire de l’endettement, suite à la convergence des taux d’intérêt, que les pays ont payé cher ensuite. En fait, l’euro fait diverger les pays membres. Il dénonce le cumul de l’austérité et des changes fixes, quand la dévaluation permet de donner une bouffée d’oxygène économique. Ils soulignent l’impossibilité d’une fédéralisation, du fait des coûts astronomiques que cela représenterait pour l’Allemagne (entre 7 et 12% de son PIB tous les ans). Ils dénoncent également la mise en commun des dettes, qui représenterait également un sérieux aléa moral.

Comme dans « Casser l’euro pour sauver l’Europe », ils tempèrent les conséquences de la fin de la monnaie unique sur l’inflation et la dette publique pour appeler à un démontage concerté de ce monstre pour permettre « la renaissance de l’Europe ».

13 commentaires:

  1. pas de contradiction à etre libéral et à dénoncer le biais de construction de l'euro : chaque économiste sait que l'UE n'est pas une zone monétaire optimale (la France ne l'tait pas non plus, à une moindre échelle). Le but de l'euro est politique (construire un pays) et non pas strictement économique.

    Vous qui préférez tant voir le politique prendre le pas sur l'économie, vous devriez etre content, non ?

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    1. @Le Parisien Liberal

      Ce que vous dites est faux. L'UE depuis le départ est un projet certes politique, mais dont la visée finale était justement de mettre fin à tout politique économique. Toute l'idéologie de base de l'UE est libérale au sens économique du terme que cela vous plaise ou non. Et l'on en voit justement aujourd'hui les conséquences du laissez-faire généralisé, ça ne marche pas.

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  2. Gilbert Perrin a partagé un statut.
    il y a 2 minutes
    VOILA, je suis conforté dans mon papier d'hier !!! un fouillis, des protectorats, des petits princes, le peuple soumis à BRUXELLES et aucune économies.
    Il est simple de réformer le mille feuilles.
    1° mesure : supprimer les compétences des régions : en faire de simples "Coordinatrices régionales afin d'assurer une continuité des structures départementales....(sans pouvoir exécutif.)
    2°) donner aux départements le pouvoir exécutif enlévé aux régions chargé de coordonner l'action des communautés de communes...
    3°) donner aux communautés de communes les compétences d'exécution dans les communes de sa circonscription, sur proposition des communes...
    4°) maintenir les communes en l'état avec encouragement à des regroupements... les communes intégrées dans une structures conservant une mairie de quartier....Mairies de quartier et commune ayant compétence à l'animation, l'état civil et proposition de développement, aménagement etc....
    5°) suppression des cantons, donc des conseillers généraux, le conseil général étant constitué des communautés de communes et des maires des communes à titre consultatif.
    6°) Les conseils régionaux, se réunissant périodiquement, étant constitués d'élus départementaux....
    DANS TOUS LES CAS, à tous les niveaux les élus le sont par élection au suffrage universel.
    Les CUMULS de mandats éventuels sont proscrits.? En cas de cumul de mandat, seul le mandat le plus élevé est rémunéré.
    AINSI :
    Les effectifs et élus :
    - des communes : diminuent
    - des régions : diminuent
    - des départements augmentent légèrement (1)
    - des communautés de communes augmentent légèrement (1)

    (1) la faible augmentation des effectifs est justifié par la suppression de doublons et d'emplois inutiles.

    CECI est ma proposition, elle demande chiffrage dont je ne dispose pas de moyens. Cette proposition apporte cohérence et économie certaine. Chacun ayant un role bien défini, avec à sa disposition matériel et hommes drastiquement sélectionné. Il devient responsable !!!!
    Gilbert Perrin a partagé un statut.
    il y a environ une heure
    la REFORME du MILLE FEUILLES ... la plus GROSSE de TOUTES les ESCROQUERIES.....

    Imaginez un peu : en Créant de plus grosses régions avec sans nul doute les mêmes compétences, redondantes... comme c'est le cas aujourd'hui, on va créer des "baronnies", par conséquent un ETAT qui coutera encore plus cher et MOINS de RESULTATs et ?
    DAVANTAG... Afficher la suite

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    1. On se demande bien ce que ça a à voir avec le billet de Laurent ^^
      Arthur

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    2. Sur un sujet aussi important, dites moi donc sur quel billet je peux le mettre ?
      J'aime bien parler des choses quiopnt une grande importance pour tous les citoyens français, c'est le cas de ce post ....

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  3. "vanter la baisse du poids de l’Etat au Canada depuis les années 1990"

    d'après l'étude du CAS en 2010 sur les effectifs de la fonction publique, les dépenses liées à la fonction publique sont plus importantes au Canada qu'en France.
    (Ils étudiaient à la fois les effectifs et la somme salaires+sous-traitance, je ne sais plus si c'était le cas seulement sur le 2eme critère ou sur les deux)

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  4. Tres interessant :)

    Talisker.

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  5. @ Le Parisien Libéral

    Bien d’accord pour dire qu’il n’y a aucune contradiction entre être libéral et la dénonciation de l’euro et dire aussi que c’est avant tout une construction politique.

    @ Gilco56

    Commentaire que vous pourrez poster pour le papier de demain.

    @ Anonyme

    Merci pour cette précision. Vous avez un lien ?

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  6. Dites moi, le problème des USA, du japon de la GB, c'est l'euro?
    cela n'allait pas déjà fort dés les années 80-90, c'était l'euro?
    Les dévaluations, si tout le monde fait pareil, à la fin cela donne quoi?

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    1. Ce que vous dites est idiot. Si tout le monde dévalue, mais pas vous, vous êtes le dindon de la farce. On ne s’étonnera pas de voir la zone euro être à la fois la plus inflexible sur ses taux de change et être en même temps le trou noir de la croissance mondiale. Cependant, vouloir sortir de l'euro ce n'est pas vouloir nécessairement continuer les dévaluations compétitives, mais retrouver des marges de manoeuvre pour entrer dans des politiques macro-économiques différentes. Il faut contrôler à nouveau la circulation des capitaux et des marchandises pour permettre un vrai retour à long terme de la croissance. Mais ces politiques ne sont pas possibles dans le cadre européen dont l'euro n'est que l'un des aspects délétères. La sortie de l'euro n'est que la première marche d'une longue route consistant à revenir sur les orientations économiques prises depuis les années 70 sous l'influence américaine et qui ont conduit l'occident au désastre actuel.

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    2. Vous regardez mon doigt ou la lune ?
      Veuillez bien m'expliquer l'idiotie, L'auteur parlait des dévaluations, je remarquais que si tout le monde faisait pareil, cela ne servait à rien...

      "Il faut contrôler à nouveau la circulation des capitaux et des marchandises pour permettre un vrai retour à long terme de la croissance"

      Expliquez moi le lien entre vos propositions (auxquelles j'adhère) et le retour de la croissance, j'ai du louper une case..?

      "Mais ces politiques ne sont pas possibles dans le cadre européen "
      Pourquoi ? Si vous changez les hommes et le système tout est faisable, pas besoin de perdre du temps à détruire l'europe, mais essayons de faire appliquer vos propositions plutôt...?


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  7. J'ai lu ici et là que NDA a qualifié le programme économique du FN "d'extrême-gauche" et que récemment sur Radio-Courtoisie il a adopté un ton franchement national-libéral.

    Est-ce que c'est vrai ?

    Ca me décevrait moi qui pensait que c'était un honnête homme, avec de vraies convictions.

    Charles

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