jeudi 17 juillet 2014

Les plaques d’immatriculation, paraboles de cette mauvaise Europe


Pendant les vacances, beaucoup d’entre nous faisons des kilomètres sur la route. L’occasion d’observer les plaques d’immatriculation de nos véhicules, actuelles, mais aussi anciennes. Une des meilleures illustrations de ce qui ne va pas dans cette construction européenne.



Petit rappel historique

Bien sûr, les eurobéats trouveront que les plaques d’immatriculation ne sont qu’un détail insignifiant de nos vies. Cependant, il n’est pas inintéressant de constater l’évolution d’un de ces symboles de notre vie en société. Il y a quelques décennies, les plaques françaises étaient noires, avec l’immatriculation indiquée en blanc. Déjà, il y a environ 20 ans, au nom de l’Europe, une première standardisation fut instaurée, avec des plaques blanches devant, et l’immatriculation en noir, avec un petit bandeau bleu comprenant en haut les étoiles européennes et en dessous la lettre du pays. On peut déjà voir dans cette première évolution un double sens. Le premier, qui place l’Europe au-dessus du pays, semble instaurer une hiérarchie entre les deux. Ensuite, le pays est ravalé à une simple lettre quand l’UE est représentée par son drapeau, comme si le seul pays d’attachement des citoyens de l’UE était l’Europe.



Déjà, quand j’ai eu ma première voiture, la première chose que j’ai faite a été de cacher ce drapeau dont je ne voulais pas. Puis, est venue la nouvelle plaque d’immatriculation européenne, avec la standardisation de l’immatriculation des véhicules dans l’UE. Dans un premier temps, elle devait supprimer toute référence au numéro du département et ne comporter que le bandeau bleu de gauche, où les étoiles européennes trônent au-dessus de l’Etat, ravalé à une simple lettre. Après d’intenses polémiques, la France a décidé d’ajouter un second bandeau bleu, à droite, avec la mention de la région mais aussi le numéro du département. Cette dernière trône au dessus du second, un autre symbole qui montre bien les préférences des concepteurs de cette nouvelle plaque d’immatriculation, d’inspiration euro-régionaliste.



Ce que cela dit de cette Europe

Ce petit rappel historique permet de saisir beaucoup de choses au sujet de l’Union Européenne. D’abord, il faut quand même rappeler que le processus d’uniformisation des plaques d’immatriculation n’apporte sans doute strictement rien aux européens, si ce n’est peut-être aux entreprises dominantes qui les fabriquent. Car qu’est ce que cela apporte aux citoyens des pays européens d’avoir la même plaque d’immatriculation de Naples à Hambourg, en passant par Bayonne ? D’abord, cela apporte le désagrément de devoir changer de référence et de plaque. Ensuite, cela fait perdre cette diversité qui nous permettait de reconnaître d’un coup d’œil le pays d’origine à sa plaque il y a vingt ans. Et en France, cela nous a fait perdre la référence historique aux départements, qui nous a occupé pendant des décennies. Autant certaines uniformisations semblent apporter quelques bénéfices, autant ici, non.

Pire, comment ne pas y voir une allégorie de cette mauvaise Europe ? En effet, on y voit une volonté maladive d’uniformiser tout ce qui existe, même si cela revient à effacer les cultures et créer des désagréments, uniquement pour uniformiser sous le drapeau étoilé. Comment ne pas y voir une forme de volonté de créer un nouvel homme européen derrière cette plaque d’immatriculation unique, sans aspérité, sans personnalité ? Cette plaque met également l’Europe au premier plan, devant la nation et en France, elle submerge les citoyens de quatre allégeances. Il s’agit sans doute d’un moyen de plus, aussi insignifiant soit-il, pour essayer de distendre le lien si fort qu’il y a avec la première d’entre elle, celle à la nation ? Bref, il est difficile de ne pas y voir un agenda politique précis.

Voilà pourquoi, même si cela est un détail, outre le fait de remiser tous les drapeaux européens des bâtiments officiels de notre pays, comme l’avait proposé NDA, il faudra définir de nouvelles plaques d’immatriculation, qui pourront alors incorporer à nouveau le numéro du département à la fin.

34 commentaires:

  1. @Laurent Pinsolle,

    bonnes remarques! Mais pour votre proposition de plaque, je pense que ce sera déjà trop tard: les socialistes veulent revenir à la France d'avant 1789 avec 13 euro-régions (contre 15 provinces avant la création de 83 départements en 1790).
    Nos dirigeants européistes apparaissent pour ce qu'ils sont : de vrais réactionnaires! Philippe Séguin avait vu juste: l'UE de Maastricht est bien la revanche de 1789, et il est sidérant, pour ne pas dire écoeurant, que cette contre-révolution fut conduite par les socialistes, bref, par la gauche dite progressiste!

    CVT

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  2. Si l'Europe ce n'était que ce genre de machin symbolique, on n'en serait pas là... Le problème c'est le package idéologique, ordolibéral, vendu avec ces petites ajustements esthétiques. L'euro fort, l'interdiction du contrôle des capitaux, l'interdiction des mesures de protectionnismes. Voilà le problème de l'UE.

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  3. "la France a décidé d’ajouter un second bandeau bleu, à droite, avec la mention de la région mais aussi le numéro du département"

    Il me semble me souvenir que, si cette mention est obligatoire, elle reste au choix de chacun : rien n'empêche par ex. de choisir la Corse si vous avez l'habitude s'y passer vos vacances ou de préférer 75 ou 78 plutôt que 93 en IdF... C'est la seule chose qu'il est possible de modifier en cas de revente du véhicule contrairement à l'immatriculation dite "à vie" de celui-ci (comme quoi, cette indication n'en fait pas partie).
    Un bel exemple de stupidité bien française: l'indication inutile (puisque au choix) mais obligatoire.

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    1. elle n'est pas obligatoire. On peut avoir une plaque qui indique JUSTE le numero d'immatriculation

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    2. Tout à fait le parisien liberal. Elle n'est pas obligatoire, d'ailleurs les espagnol n'ont que la E d'espagne. Ce qui est obbligatoire c'est la nation F ou I ou E. Donc l'argumentation de Pinsolle s'éfffondre. Mais franchement il y a pas plus important que nous bassiner avec les plaques d'immatriculation pour accuser à tort l'UE ?

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    3. C'est quoi un libéral, Libéral ?

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    4. http://www.feuvert.fr/plaques-d-immatriculation/r20.html

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    5. @Georges : pour le savoir, je vous conseille de lire Libres ! 100 auteurs, 100 idées http://lamaininvisible.org/le-livre/

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    6. @parisien libéral

      Si vous êtes libéral, vous savez de quoi vous parlez. Sur le reste et en matière de lecture, j'ai mes propres listes. Je me mettrai à vos auteurs libéraux (voir quand même "Contre-histoire du libéralisme" par Domenico Losurdo, c'est redoutable et croustillant sur le sujet) quand j'en aurais fini avec la somme théologique et les pères de l'église en général - je suis en pleine crise de scolastique cet été.

      ps : parisien vous avez la définition, donc libéral vous devez l'avoir aussi non ?

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  4. @ Laurent Pinsolle
    C'est du grand n'importe quoi, mettre le symbole de la région c'est une décision de la France rien à voir avec l'europe. En Italie il y a à droite la mention comme avant du chef lieu de province genre IM pour Imperia ou MI pour Milan. Franchement ça devient ridicule.

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    1. Je signale que l'Italie a aussi ses régions avec le symbole. Tiens la seule qui a toujours eu le symbole meme avant l'UE c'est la région francophone de la vallée d'aoste.

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    2. @Fiorino,

      Oui mais ce gouvernement acte tous les désidérata de l'UE, du coup... si la Commission avait exigé le caractère obligatoire, le grand chef aurait sûrement dit oui.

      En France désormais, nous avons le grand privilège de pouvoir aménager les Hauts Avis et Eminentes Prescriptions de la Divine Commission du bonheur absolu et généralisé, enfin surtout sur le sujet des plaques d'immatriculation, élément régalien de la grande politique du Grand Chef.

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  5. @LP,

    C'en est déjà fini de l'UE. Les eurobéats le savent bien mais s'enferment plus encore dans cette aveuglement qui les définit si bien. Le problème est le même qu'avec le PS : les conséquences de sa lente désagrégation. L'UE est un astre mort dont la lumière nous parvient encore, alors que la masse est déjà froide, totalement éteinte. Nous avons donc des raisons de nous réjouir, mais il va faloir du temps avant de pouvoir éprouver concrètement la fin du terrible "machin".

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  6. Pinsolle en plein délire parano. Le gars qui se contrefout de ce qui se trouve sur les plaques est forcément étiqueté eurobéat, et puis je suppose ultra-libéral aussi... encore une fixette de plus.

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  7. A l'opposé de votre pensée je dirai que cette uniformisation européenne des plaques fut trop timorée. Ni faite ni à faire.
    On pouvait attendre de cette uniformisation une gestion communautaire des immatriculations couplée avec un permis de conduire européen.
    Cela aurait été un réel progrès dans la libre circulation des Hommes et un renforcement de la souveraineté des Etats : les contrevenants au code de la route aurait pu être chassés partout.
    Mais bien sur cela aurait été trop audacieux pour les (ex)-partis de pouvoir, et sommairement abattu par les souverainistes...

    Malheureusement peu d'évolution sont à attendre désormais : ce changement de plaque à coûté cher, il doit vivre quelques années voir dizaines d'année.

    Pour finir, L.Pinsolle, pensez vous réellement que débat de la forme d'une plaque d'immatriculation à du sens ? Pourquoi ne pas travailler à des sujet autrement plus graves et urgents ? L'écologie, la (re)-industrialisation de la France...
    J'attends avec impatience le lancement d'une campagne médiatique autour du traité transatlantique.

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    1. @Gaël Patton

      Ce serait un réel progrès que de passer à une gestion administrative à l'échelle d'une technostructure ne représentant rien, et surtout pas le cadre souverain et démocratique, j'avoue mon expectative.

      Là encore il va falloir s'entendre sur la notion de progrès, laquelle semble depuis très peu de temps être incarnée par des "vérités" techniques et techniciennes, superficielles, non-substantielles par essence, à côté des véritables enjeux de la politique qui passent bien au-delà des modalités de mise en oeuvre de la seule liberté du commerce.

      La libre circulation est un mensonge déjà dans le titre tant la circulation sans entrave n'est en rien un gage de liberté. La liberté non-entrave, liberté libérale, est et restera toujours une liberté d'apparence, quand seule la liberté entendue comme non-domination intègre les enjeux primordiaux d'une vraie définition de la liberté.

      Les libéraux réduisent de toutes façon la raison au calcul et la liberté à celle de la liberté de commercer sans entraves, dont on sait les terribles résultats pour les populations et les plus pauvres quand elle est laissée à elle-même...

      Par ailleurs il ne me semble pas que le sujet de Laurent Pinsolle soit ici les plaques d'immatriculation en elle-même, mais le symbole qui s'y trouve, la politique n'étant faite pour une large part que de symboles et de représentations communes.

      L'euro-libéralisme nous a amené la post-démocratie, le chômage, la misère, l'appauvrissement des plus pauvres, la perte de la liberté de se déterminer par soi-même, il faut en finir avec tout cela, et rejeter le choix des "élites", j'entends cette servitude volontaire pour tous.

      S'agissant du Traité transatlantique, il s'agit-là d'un scandale qu'une pareille chose, tout comme TISA. Mais sur ces sujets, la presse libérale ne fera pas ses gros titres.

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    2. « Seule la liberté entendue comme non-domination intègre les enjeux primordiaux d'une vraie définition de la liberté »« Les libéraux réduisent de toute façon la raison au calcul et la liberté à celle de la liberté de commercer sans entraves ». Complètement d’accord, on ne peut être plus clair.

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  8. Gaël Patton17 juillet 2014 14:00

    Pinsolle préfère sodomiser les mouches avec des sujets secondaires plutôt que de s'intéresser aux sujets importants :

    http://www.arretsurimages.net/articles/2014-07-15/Credit-impot-recherche-Le-gouvernement-Hollande-tue-de-la-PME-a-tour-de-bras-id6910

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    1. C’est pas comme toi, mon gros, tu sais aller à l’essentiel, la truffe, la truffe libérale bien entendu !


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  9. Y en a qui ont l'air au point sur la législation concernant les plaques. Donc quelques questions :

    - Est-ce qu'on a le droit de changer le drapeau de l'UE par le drapeau de la France? (au moins de coller un autocollant par-dessus?)

    - Est-ce qu'on a le droit d'inverser la partie droite : mettre le numéro du département au-dessus du symbole régional?

    Si oui on pourrait lancer un truc je pense. ;)

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    1. Non vous ne pouvez pas changer ni le logo euro ni le logo régional tel que sérigraphies sur la plaque. Cela correspond à une homologation édictée par le ministère des transports, contrôlée par l'UTAC laboratoire de contrôle en matière automobile.

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    2. Merci pour la réponse.

      Du coup mon projet de révolution par les plaques d'immatriculations tombe à l'eau... ;)

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  10. @ anonymes(s) 12h24, 14h23 et 14h27
    Je comprends assez mal votre agressivité à l'égard de LP...
    Quoique le sujet semble effectivement anodin, il paraît du moins représentatif de la manière dont l'union européenne pèse sur notre quotidien (cf. "Le doux monstre de Bruxelles" de Hans Magnus Enzensberger).
    Pour ce qui est du libéralisme, il me semble que le mot est largement galvaudé et vidé de son sens par les néo-libéraux (tout comme l'a été "socialisme" par le PS et celui "entreprise" par le MEDEF).
    PM29

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    1. Non parce que l'UE n'a absolument exigé de la France qu'elle mette les logos des régions. D'ailleurs il y a pas mal de voiture qui ne l'ont pas. C'est pas un sujet anondin c'est simplement un sujet qui démontre le contraire de ce que dit LP parce que l'obligation c'est de mettre l'etat auquel la voiture appartient les regions et autre departement c'est du choix de l'etat français. d'ailleurs sur les plaques espagnlole il n'y a que la E et pourtant l'on sait comme les communautés espagnoles autonomes sont attaché à leur symboles.

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  11. @anonyme

    Je demande une réponse politique ou philosophique et vous me renvoyez à BFM TV, vous voyez le problème non...

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  12. Georges17 juillet 2014 18:16

    Le ou plutôt les diverses formes de libéralisme relèvent de l'économie pas de la philosophie sur le sexe des anges. C'est pas parce que c'est BFM qu'il y a pas des entretiens intéressants, faut un peu diversifier ses sources et pas se contenter de lire l'Humanité.

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    1. @anonyme 19:39

      Jamais lu l'Huma. Je reste sur la philo et les textes religieux des 2500 dernière années - avec un peu de théologie pour la route.

      Mais j'ai rien contre BFM TV, ni contre l'Huma d'ailleurs. Les sources sont diverses et c'est bien comme cela.

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  13. @ Georges
    Mais au contraire l'UE a imposé le logo F pour la France et I pour l'Italie obligatoire. Les regions c'est un choix français. En Italie pas des regions seul les provinces en Espagne rien du tout seule la E d'Espagne. Et je crois que c'est la majorité des Etats qui ne mettent pas les regions car déjà avant ils ne les avait pas. La France, l'Italie et l'Autriche sont des cas particuliers parce que meme avant l'UE ils avait le departement sur la plaque, en France en nombres et Italie et Autriche en lettres (les initiatiales du chef lieu de region.

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  14. @LaurentPinsolle Vos infos sur les plaques d'immat sont très approximatives et assez largement erronés. Le vrai scandale des plaques d'immat en France est ailleurs. Je pourrai vous en parler de vive voix si vous le souhaitez. J'ai travaillé 25 ans dans l'industrie de la plaques en France et à l'étranger.

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  15. Le diable se cache souvent dans ce genre de détails à priori insignifiants. Ce qu'il faudrait pouvoir analyser, c'est toute la "machinerie" mise en oeuvre par ce genre de trucs anodins en apparence. Tenez, savez-vous que sur vos chéquiers figure le discours de 1950, (attribué a Schumann mais probablement écrit par le Departement d'Etat) fondateur de l'Europe?
    Cherchez-bien, il est dans les pointillés qu'il faut grossir environ 20 fois...

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    1. Maurice Schumann aurait été un eurobéat à la solde des Etats Unis ?
      Vision original d'un gaulliste assez gaullien pour figurer au panthéon du Général, d'un fondateur de l'Europe certes mais d'un opposant au fédéralisme européen.

      Si vous voulez vous opposez à ce texte faite le, mais ne cherchez pas le complot à tout prix !

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  16. @ Fiorino

    Vous êtes incorrigible. Je n'ai pas dit que l'UE a imposé la présence de la région. Si vous relisiez mon texte avec attention, vous verrez que je précise bien que c'est un choix de la France

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  17. @ CVT

    Il faudra alors défaire cela également

    @ Karg se

    Bien d’accord pour dire qu’il y a des choses plus importantes, mais il ne faudra pas oublier les détails quand le changement viendra

    @ Claribelle

    Merci pour la précision

    @ Georges

    Bien d’accord

    @ Gaël

    Je parle depuis longtemps du traité transatlantique, auquel j’ai consacré de nombreux papiers. Et naturellement, je suis contre une gestion européenne, qui n’a pas de sens puisqu’il n’y a pas de démocratie européenne et qu’elle est impossible.

    @ Bip

    Bonne idée ! Merci pour la vidéo

    @ PM29

    Merci

    @ JJ Foucher

    Vous pouvez l’exposer ici.

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  18. Au fait, sont elles vraiment européennes, ces plaques? Au dernières nouvelles, je n'en ai pas vu sur les voitures allemandes, belges, anglaises... Et j'en oublie certainement...

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