jeudi 14 août 2014

Le débat sur les inégalités progresse partout dans le monde


Malgré la victoire de la ligne austéritaro-compétitive, ou eurolibérale, en France, malgré un gouvernement qui dit être de gauche, mais aussi dans la plupart des autres pays européens, le débat sur les inégalités ne cesse de s’imposer depuis les publications de Joseph Stiglitz et Thomas Piketty.



De Paris, Amsterdam, à Washington

Depuis maintenant plus de 10 ans, notamment porté par les travaux de Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Camille Landais, le débat sur les inégalités ne cesse de grandir dans la sphère publique. The Economist cite le cas des Pays-Bas, un pays où les revenus avant impôt sont presque aussi déséquilibrés qu’aux Etats-Unis mais qui se vante d’une tradition égalitarienne, qui fait que l’impôt sur le revenu atteint 42% au-delà de 33 364 euros par an et même 52% au-delà de 56 532 euros. Mais une étude a révélé que les 10% des ménages les plus riches possèdent 61% de la richesse du pays (contre 75% aux Etats-Unis), ce qui fait du pays le plus inégalitaire d’Europe avec la Pologne, ce qui pousse le parti travailliste à prendre des accents « pikettiens » selon The Economist, créant un débat dans la majorité.


Un débat qui progresse

Ce qui est intéressant, c’est que le débat progresse, comme l’indique l’immense succès du livre de Thomas Piketty aux Etats-Unis (plus d’un million de copies). Que le débat se développe autant dans un pays aussi inégal (on peut également citer le dernier livre de Joseph Stiglitz) démontre que le sujet pourrait s’imposer dans le débat public et que pourrait succéder au Tea Party un mouvement égalitaire. C’est d’ailleurs ce que semblait indiquer l’élection de Bill de Blasio comme maire de New York, qui l’a emporté avec un discours très à gauche pour l’échelle du débat politique étasunien. Outre-Atlantique, il faut dire que les chiffres sont accablants : depuis 2009, les revenus du 1% le plus riche ont progressé de 31,4% contre une baisse de 1,6% pour les 90% du bas. Une tendance qui date de plusieurs décennies.

Comme en Amérique Latine, on peut penser que les peuples européens finiront par élire des dirigeants qui mettront un grand coup vers plus de redistribution. Et ce ne sera que justice puisque le laisser faire et le laisser passer produisent une augmentation indécente des inégalités et une quasi exploitation d’une grande majorité de la population par une petite minorité, par le biais des multinationales et de dirigeants passifs. L’incapacité du capitalisme dérégulé à partager équitablement les fruits de la croissance (ainsi qu’à produire une croissance durable et régulière) le condamne. La question n’est pas de savoir si le changement viendra, mais quand, et si cela sera sous le visage de Lula ou Chavez.

Certains mouvements politiques avancent à la vitesse des plaques tectoniques, comme ceux qu’évoque François Lenglet dans son dernier livre, qui pronostique une réaction prochaine aux excès d’une liberté dérégulée qui devrait une nouvelle fois se condamner elle-même.

9 commentaires:

  1. Gilbert Perrin
    À l’instant ·

    A lire absolument !!!

    https://www.youtube.com/watch?v=auv...

    intéressante vidéo courte qui nous dépeint !!! et oui !
    on ne pouvait pas mieux trouver c'est exactement ce que nous vivons aujourd'hui en direct live!!!!!!!!

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  2. Gilbert Perrin
    À l’instant ·

    Propos d'économiste ... Philippe WAETCHER, sur RMC ce matin a, clairement dit : que la baisse de la dette, n'était pas la priorité pour les entreprises, que la PRIORITE était de donner de la COMPETITIVITE aux entreprises et, de BAISSER la DEPENSE PUBLIQUE ....?

    Je bois du petit lait !!, je ne suis pas économiste, je ne sors pas d'une grande école, ou plus exactement je sors de l "université de la Vie"

    Mes propos sont ceux là, depuis 3 ans, nul ne peut dire qu'il n'en a jamais entendu parler ? je le répète jour après jour... Entends celui qui veut bien entendre...

    LA PRIORITE DES PRIORITES, c'est la BAISSE de la DEPENSE PUBLIQUE, à l'origine des emprunts pour payer les fonctionnaires et qui nous retire toute compétitivité vis à vis de nos concurrents locaux européens (10% du PIB de différence de dépenses publiques"

    Mon propos a toujours été celui là, reconnu par beaucoup sauf .....

    Cette économie de dépenses,( en réduisant les effectifs, en passant par la réforme du mille feuille, politique et au même rythme administratif, en supprimant doublons, emplois inutiles, comités théodules, institutions inutiles : sénat, conseil économique et environnemental, en agissant sur les frais et dépenses inutiles, en régulant l'immigration ET, en ALIGNANT les CONDITIONS SALARIALES du PUBLIC et du PRIVE, du point de vue des salaires, impots, privilèges et retraites....etc...., cette économie DIS JE, doit en priorité, passer VERS l'économie interne et la consommation, en diminuant charges et impots, sur les entreprises et les ménages ....afin de rendre le prix de revient interne, compétitif avec les importations et, de donner un coup de pouce au pouvoir d'achats des plus faibles !!!!

    PS, le dit controle aux frontières porte aussi sur les marchandises en provenance des entreprises françaises délocalisées, celles qui ont produit le plus de chomage ?

    10% du PIB fait 200 milliards d'euros par an !!!!

    Le fonctionnement de l'état et de la fonction publique doit être soumis au peuple par une INSTITUTION de CONTROLE CITOYEN, élu au suffrage universel départemental de citoyens, non élus politiques ou syndicaux et non dirigeants de partis politiques ou de syndicat, Les élus le sont pour la durée d'un mandat et SONT REVOCABLES IMMEDIATEMENT, lorsqu'ils sont auteurs d'une infraction pénale ?

    Terminé alors la nommination à la tête du client par cooptation (controle neutre de la GESTION !!!)

    La compétitivité des entreprises, aidée par le protectionisme aux frontières, sur la qualité et les prix des importations, conduisant à une taxe d'importation régularisant les différences de prix. Quant à la qualité, les produits ne répondant pas à nos règles doivent être rejetés...

    Ne me dites pas que, tout ceci appliqué, le commerce ne s'y retrouve pas ? ce serait de la mauvaise fois ....

    1ère Phase : Réduction du mille feuilles et réorganisation de l'état ....
    Paralèlement Alignement PUBLIC/PRIVE...

    2ème Phase Protection des Fontières : PROTECTIONISME
    Développement des controles sanitaires
    Parallèlement, baisse des IMPOTS et CHARGES sur la PRODUCTION INTERIEURE, par conséquent baisse des prix intérieurs, alignés sur les importations.., par ailleurs vérifiées sur la qualité (aide au pouvoir d'achat des ménages, moins de pertes les ménagères comprendront, les fruits sont périmés au bout de 24 heures)

    3ème phase : Naturellement consécutive, mise en place du CONTROLE CITOYEN de la bonne exécution des mesures, c'est son OBJET ....

    La mise en place nécessite connaissance et pratique réels du fonctionnement de l'économie, c'est beaucoup de travail, de la patience et de l'opiniatreté, du pragmatisme et du patriotisme, de l'égalité et de la justice...

    AVIS AUX AMATEURS....

    Gilbert Perrin

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  3. Jeudi 14 août 2014 :

    Evolution du PIB au deuxième trimestre 2014 :

    France : 0 %.

    Italie : baisse de 0,2 %.

    Allemagne : baisse de 0,2 %.

    Allemagne : brutal coup de frein à la croissance au 2e trimestre.

    Le produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne a subi un brutal coup de frein au deuxième trimestre. Il a reculé de 0,2%, encore plus que prévu, selon un chiffre provisoire de l'Office fédéral des statistiques, Destatis.

    http://www.romandie.com/news/Allemagne-brutal-coup-de-frein-a-la-croissance-au-2e-trimestre/507448.rom

    François Hollande disait en 2012 : « En Europe, la crise est derrière nous. »

    Pauvre clown.

    En Europe, la crise est devant nous.

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    1. Hollande pensait peut être à la crise financière. La crise de l'économie réelle n'empêche pas les politiciens umps de dormir la nuit tant que les positions des nantis sont protégés. En effet avec la BCE et les diverses aides aux banques il semble que des moyens d'empecher le systeme de s'effondrer ait été trouvés. On laisse la population s'appauvrir en douceur disons.
      Je n'attends plus vraiment d'effondrement systémique, il faut que les citoyens reprennent leur destin en main sans attendre encore des années de lent declin.

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  4. @ Gilco56

    Celui-là, je le laisse, mais je ne vais commencer un débat sur les dépenses publiques tous les jours. D’abord, le niveau des dépenses publiques en France n’est pas si éloigné des autres pays, c’est un problème de périmètre. Ensuite, vous baissez les dépenses publiques de 10% du PIB, vous faites baisser le PIB de 9 à 17%, donc le poids des dépenses publiques ne baissera pas forcément et la crise sera horrible (cf Grèce).

    http://www.gaullistelibre.com/2013/09/56-du-pib-de-depenses-publiques-et-si.html

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  5. D'ailleurs je me demande si l'aggravation des chiffres de croissance en Europe au 2eme trimestre ne serait pas du, en bonne partie, à la baisse des dépenses publiques françaises prévue dans le budget 2014.

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  6. J'ai bien aimé lors de la présidentielle de 2012, la proposition de Mélenchon d'un revenu maximum. Taxer à 100% les revenus supérieurs à 360 000 euros par an.

    Certains diront que ce n'est pas réaliste ou que c'est irresponsable et que le seul effet serait de faire fuir les richesses un peu plus vite.

    Je lui trouvais cependant le premier mérite de dénoncer les inégalités indécentes de revenus en mettant les pieds dans le plat au lieu de tourner autour du pot.

    Elle permettait aussi de discuter de la valeur réelle du travail des hauts responsables d'entreprises, de leurs compétences soi-disant irremplaçables et de l'équité dans la détermination des revenus.

    Elle était intéressante aussi car elle donnait un curseur raisonnable pour voir qui s'offusque d'être bridé à 30 000€/mois (confortable tout de même!) et qui prend la défense des fortunes indécentes.

    Si elle avait été davantage mise au coeur de la campagne de Mélenchon (au lieu que celle-ci dérive sur une croisade anti-FN), cela aurait pû mieux identifier les tenants réels des deux camps: néolibéral d'un côté, interventionniste social de l'autre.

    Je parie que les socialistes auraient alors étaler leur fourberie en torpillant comme déraisonnable une telle mesure contre les ultra-riches.

    Des chiffes molles? Non, des escrocs déguisés qui ne devraient plus s'appeler "socialistes".

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  7. Peut-être faudrait-il distinguer deux niveaux d'inégalités. En France, la redistribution prend aux "classes moyennes" pour réduire l'extrême pauvreté ; en revanche les 5 % de revenus les plus élevés accroissent leur écart. Plus significatif encore, les écarts de patrimoine s'aggravent plus vite que les inégalité de revenus - effet mécanique de la succession des bulles et de la surévaluation de l'immobilier. Dans ce contexte la politique des socialiste ne consiste qu'à niveler le salariat en préservant les privilège des rentiers.

    @ Jauresist

    D'accord avec cette idée de taxation à 100%, mais ce serait surtout symbolique, car la plupart de ces revenus ont les moyens de contourner la règle. Le fond du problème est surtout de tarir à la source la rente financière et immobilière (et de contrôler les flux de capitaux qui permettent l'évasion fiscale).

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  8. @ TeoNeo

    Bien sûr que cela est lié.

    @ Jauresist

    Je suis plutôt favorable à la logique des Trente Glorieuses d’une imposition vraiment progressiste et forte (voir très forte) pour les hauts (ou très hauts) salaires. Et comment fixer le maximum ?

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