jeudi 2 octobre 2014

Austérité molle, façon Hollande, ou dure, façon Fillon ?


Hier, le gouvernement a présenté son projet de budget pour 2015. Même si le déficit prévu l’an prochain sera comparable à celui de 2013, c’est bien la logique austéritaire qui s’impose. Et François Fillon propose d’aller encore plus loin, même s’il n’était pas allé aussi loin que le PS aujourd’hui.



L’austérité molle

Les chiffres présentés par le gouvernement peuvent paraître extrêmement paradoxaux. D’une part, Michel Sapin affiche 21 milliards de réduction de dépenses, mais en réalité la baisse des crédits en valeur absolue ne serait que de 2,5 milliards, la réduction s’exprimant par rapport à la tendance. Malgré tout, il s’agit d’un effort historique, rarement réalisé, s’il est tenu. Tout le monde est mis à contribution : Etat, Sécurité Sociale et collectivités territoriales. Cependant, le déficit budgétaire prévu ressort à 4,3% du PIB, soit à peine 0,1 point de mieux que ce qui est prévu cette année et le même niveau que l’an dernier. A quoi bon faire 21 milliards d’efforts pour un résultat si minuscule ?

La logique, reconnue par le FMI, est simple : en augmentant les impôts ou en coupant dans les dépenses, l’Etat pèse sur la croissance, ce qui réduit ses rentrées fiscales, et annule une grande partie de l’effort de réduction des déficits. Les rendements de l’austérité sont très faibles, comme on le voit depuis 2011 en France. Quatre euros d’efforts de réduction du déficit ne produisent en général qu’une baisse du déficit d’un euro, du fait de la réduction de la croissance : chaque euro d’effort de baisse du déficit produit entre 0,9 et 1,7 euros de baisse du PIB selon les études du FMI, ce qui pèse sur les recettes budgétaires, et donc la réduction du déficit. Pourtant, Hollande persiste dans l’erreur.

L’austérité vacharde

Tout le paradoxe de la situation actuelle est que l’échec des politiques d’austérité ne provoque pas leur remise en cause, mais semble pousser leur amplification, comme on peut le voir avec les idées avancées par François Fillon. Il n’est pas à un paradoxe près, en critiquant le manque de radicalité de l’équipe actuelle, alors qu’elle va plus loin que lui, qui n’avait pas diminué les dépenses en valeur. Mais l’ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy fait son mea culpa, et reconnaît son erreur dans les colonnes des Echos. La faillite dont il pointait le danger en 2007, et qui n’est pas venue malgré une situation largement dégradée, serait en vue alors que nous empruntons à des taux historiquement pas.

Modéré au pouvoir, François Fillon se fait radical dans l’opposition. Il propose 110 milliards d’économies, la suppression de 600 000 postes de fonctionnaires, en les passant aux 39 heures, tout en promettant de meilleures conditions salariales (son équation semblant bien mal ficelée), 3,5 points de TVA de plus pour financer 50 milliards de baisse des cotisations sociales, la suppression de l’ISF, la baisse de l’impôt sur les sociétés, et un élargissement de l’assiette de l’impôt sur le revenu. Un agenda moitié austéritaire, moitié néolibéral, à destination des plus riches et des multinationales, dans une course à la compétitivité internationale complètement suicidaire pour un pays comme le nôtre.

Même si l’austérité façon Hollande n’a rien à voir avec les variantes espagnole et grecque, il est effarant de constater que c’est l’agenda des austéritaires qui s’impose alors même qu’il démontre son échec dans toute l’Europe depuis 2010. PS et UMP se montrent moins nuancé que le FMI sur le sujet. Un comble !

8 commentaires:

  1. Ce sont des raisons idéologiques et non d'efficacité qui poussent nos hommes politiques à prôner l'austérité. D'ailleurs Fillon est ouvertement dans le déni du multiplicateur budgétaire. Selon lui, c'est un prétexte pour ne rien faire...

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  2. Fillon est à la fois austéritaire quand il se propose d'appauvrir encore les plus pauvres et néolibéral quand il se propose d'enrichir encore les plus riches.

    Le drame c'est que le multiplicateur étant très différent dans les deux cas, il faudrait absolument faire l'inverse.

    La mauvaise foi de Fillon ne peut faire absolument aucun doute quand il nie purement et simplement l'existence de tout multiplicateur. Nous retrouvons bien l'immonde crapule qui a poursuivi impitoyablement le démantèlement de l'assurance vieillesse, pour le compte de Sarkozy, avec la complicité d'Eric Woerth.

    Souvenons nous : il n'avait pas hésité à nier qu'en bloquant le départ en retraite des vieux on allait encore prolonger le chômage des jeunes. Même mauvaise foi grossière au point d'en devenir insultante que pour le multiplicateur aujourd'hui.

    Il faut se rendre à l'évidence, Fillon sait parfaitement que les mesures qu'il propose sont désastreuses pour la France et le peuple français, mais il s'en moque car il n'a jamais voulu servir ni le peuple ni la patrie.

    C'est une crapule au service exclusif de la petite caste de parasites à laquelle il appartient.

    ivan

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  3. L'ex-séguiniste François Fillon a tout oublié des leçons politiques de son mentor, lequel lui a bien indiqué la voie du renoncement. Fillon est devenu un notable conservateur de province, a été la carpette de Sarkozy pendant 5 ans. Ce qui indique un esprit velléitaire et un manque de caractère. Comme l'on disait en 2003 lors de la "réforme" des retraites dudit personnage : ne nous fiions pas à Fillon!

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  4. Il va falloir attendre que l’austérité soit appliquée au point que sa réalité ne devienne plus contestable. Parce qu'on entend encore trop d'austeritaires prétexter que la France n'a pas encore fait les "reformes", ce qui n'est pas faux.
    Alors si il faut des preuves, en France , de la validité des thèses keynésiennes (car en Europe on les a deja ces preuves, mais bon) on les aura en 2017. Avec 3 ans de réductions de dépenses publiques à venir sans effet, les austeritaires commenceront à fermer leur bouche ou à finir sous le goudron et les plumes.
    On pourrait ainsi avoir un bouleversement du paysage politique dès les prochaines présidentielles/législatives.
    Le FN à tourné le dos au neoliberalisme au bon moment finalement et pour l'instant c'est eux qui récoltent les voix des perdants de la concurrence libre et déloyale.
    Des partis comme DLR ou Nouvelle Donne, malgré toute la sympathie qu'ils méritent, sont arrivés trop tard. Je ne vois pas comment éviter un passage par la case FN, si je dois choisir entre les austeritaires et le FN je n’hésiterais pas, nous n'avons plus le choix.
    Il faudra espérer qu'ils se conduisent de façon responsable et ne décrédibilisent pas complétement les hétérodoxes, ce qu'ils font déjà un peu mais c'est un risque à prendre.

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    1. TeoNeo,
      - d'abord ceux qui entonnent le discours sur l'austérité n'ont aucune prétention à raisonner afin de démontrer quoi que ce soit. C'est le produit d'un subconscient idéologique en béton armé, qui résiste à tout choc du réel. Donc ils ne percevront jamais les effets des réductions de dépense publique : aucune chance de les voir "commencer à fermer leur bouche".
      - Le passage par "la case FN", c'est justement leur meilleure arme, celle qui permet de dénigrer pour l'éternité toute alternative économiquement hétérodoxe, fondée politiquement sur l'intérêt général, celui des citoyens dans le cadre de la nation, et à laquelle vous aspirez sûrement comme moi.
      Le FN, c'est comme le roi Midas inversé : tout l'or qu'il touche se transforme en sable. Quelle aubaine pour les crapules de l'UMPS.

      Francis Commarrieu.

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  5. Le nombre de demandeurs d'emploi indemnisés en France en hausse de 0,3% en août

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    AFP , 02/10/2014 10:21:11

    Le nombre des demandeurs d'emploi indemnisés a augmenté de 0,3% en août par rapport à juillet

    Le nombre des demandeurs d'emploi indemnisés a augmenté de 0,3% en août par rapport à juillet et de 1,6% sur un an en métropole, selon des données provisoires communiquées jeudi par Pôle emploi.

    Ainsi, 2.744.300 demandeurs d'emploi ont été indemnisés en août, le nombre des bénéficiaires de l'assurance chômage ayant progressé de 0,3% sur un mois et celui des bénéficiaires des allocations de solidarité versées par l'Etat de 0,5%.

    En revanche, toutes allocations confondues, y compris formation et préretraites, le nombre des personnes indemnisées par Pôle emploi a baissé de 0,3% sur un mois, tout en restant en hausse sur un an (+1,3%). Au total, 2.929.100 personnes ont été indemnisées en août.

    L'évolution du nombre des chômeurs indemnisés ne suit pas toujours la courbe des inscrits à Pôle Emploi car tous les demandeurs d'emploi ne réunissent pas les conditions pour toucher une allocation.

    Le chômage a légèrement baissé en août, pour la première fois après neuf mois consécutifs de hausse, s'établissant à 3,41 millions de demandeurs d'emploi sans activité en métropole.

    © 2014 AFP

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  6. @ Moi

    Très juste, notamment sur Fillon. Le PS et l’UMP ne réfléchissent plus

    @ Gilco56

    Mon blog n’est pas un panneau publicitaire. Merci en revanche pour l’information

    @ Ivan

    Très juste

    @ TeoNeo

    Mais c’est le FN qui permet le maintien du PS et de l’UMP, depuis 30 ans !

    @ Francis

    Bien vu

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  7. alors ? comment faire ???? informez c'est nécessairement pour moi, dire ce que je ressens ... celà ne veut pas dire que je fais de la pub pour quiconque !!!!! je préfère mon "franc parler" à l'anonymat !!! je mérite tout de même la moyenne ?

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