dimanche 11 janvier 2015

Le sens de la hausse des tarifs du service public


Il y a quelques jours, de nombreux médias se sont émus de la hausse du prix de certains tarifs du secteur public ou para-public, le Monde titrant « pas de déflation pour les tarifs publics ». Mais, tristement, peu se posent la question des raisons de ces augmentations.



Pourquoi une telle inflation ?

A dire vrai, les médias mélangent des choux et des carottes, au point que le Monde en profite pour annoncer une hausse de son tarif de 10%, suite à la baisse de sa diffusion ! Elle est sans doute liée aux hausses de son prix et à un ciblage de plus en plus assumé sur les lecteurs les plus fortunés. Il ne s’agit pourtant pas d’un service public, même si l’Etat aide largement la presse. L’augmentation de 4 centimes des taxes sur le gazole sera largement compensée par la baisse récente du prix du baril et réduit un écart difficilement justifiable avec l’essence. Mais le ponpon est décerné à la Poste pour la hausse du prix du timbre, devant l’abonnement téléphonique d’Orange ou celle de la SNCF.

L’augmentation du prix du timbre vient en bonne partie de l’effondrement du volume du courrier et du recul moins rapide de sa couverture du territoire. Mais il ne faut non plus oublier les effets de la libéralisation de la distribution des colis, probablement plus rentable, qui elle, progresse. Bref, la partie la plus juteuse du chiffre d’affaire de la Poste a été ouverte à la concurrence, contrairement à la partie en chute. Pas étonnant que les tarifs du timbre s’envole. On peut aussi voir dans la hausse du prix de l’abonnement téléphonique d’Orange un effet de la libéralisation du marché. Quand à la SNCF, la crise joue sans doute un rôle, que la différenciation toujours plus grande des tarifs peut amplifier.

L’attaque contre le secteur public

Ce que l’on constate ici, c’est que ces hausses de tarifs viennent à point nommé pour tous ceux qui veulent démanteler les services publics, que ce soit en les vendant ou en les ouvrant à la concurrence. L’article du Monde pourrait être signé par l’Opinion. Cela permet d’entretenir le mythe d’un Etat incapable d’avoir des services publics efficaces, alors même que c’est le démantèlement de ce service public qui provoque ces hausses de tarif. Car si EDF doit monter ses tarifs, outre les contraintes de rachat de production d’énergies renouvelables, c’est à cause d’une libéralisation qui fait perdre des économies d’échelle en fragmentant le marché et faisant exploser les dépenses de communication.

Pire pour nos services publics historiques, il est bien évident que les nouveaux entrants se concentrent sur les parties du marché les plus rentables, abandonnant les portions les moins intéressantes aux services publics historiques. Cela explique sans doute en partie l’envolée du prix du timbre car la Poste affronte des concurrents féroces sur les colis quand elle assume seule la distribution déclinante de courrier. Si le marché ferroviaire s’ouvre demain, il est bien évident que les concurrents de la SNCF se concentreront sur quelques lignes à fort volume et plus profitables. Et nous aboutirons, comme presque toujours, à une augmentation des tarifs pour les usagers dont on extraiera plus de profits.

D’ailleurs, l’Etat a tellement oublié le service public qu’il se comporte de plus en plus comme un actionnaire, ce qui peut expliquer certaines hausses de tarif, une nouvelle forme de prélèvements obligatoires. Mais les hausses de tarif sont généralement la conséquence tristement logique de la libéralisation.

11 commentaires:

  1. Analyse fallacieuse et biaisée par dogmatisme.

    Le problème de la SNCF c'est un surinvestissement dans le TGV qui coûte une fortune au détriment du reste.

    L'abonnement téléphonique Orange est de moins en nécessaire en raison de l'accroissement de la téléphonie IP et de la progression du haut débit. Les FAI remplacent progressivement la téléphonie classique dont Orange a le monopole. Monopole inutile dans la mesure où la technologie évolue.

    Quant au timbre, il est de moins en moins utilisé, car le mel moins cher et plus rapide a progressivement remplacé la lettre.

    Pourquoi faudrait il donc un transport de colis monopole d'état ?
    A ce compte, alors il faudrait aussi un transport des légumes, des casseroles, des huitres... tout le fret routier monopole d'état.

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    1. C'est vous qui êtes dogmatique.

      Aux considérations tarifaires de Laurent Pinsolle, on peut aussi ajouter l'exemple des effets délétères d'un excès de concurrence dans le domaine de l'information :

      http://www.lefigaro.fr/vox/medias/2015/01/08/31008-20150108ARTFIG00319-traque-des-terroristes-droit-d-informer-et-devoir-de-se-taire.php

      de gros malins de journalistes étant apparemment allés, sous l'effet de la pression concurrentielle, jusqu'à diffuser le fait que des personnes étaient cachées sur le site des prises d'otages.

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  2. Anonyme11 janvier 2015 09:53

    "C'est vous qui êtes dogmatique."

    Ah bon, quoi d'autre ?

    Quel est le rapport entre l'attentat et le billet ?

    J'ai rarement vu un commentaire aussi stupide.

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  3. Dans le cas d'EDF je pense que nous ne sommes pas prèts d'arrèter de payer le choix nucléaire. De multiples centrales arrivent en effet en fin de vie, et les coûts de retraitement et de décontamination explosent, il y en aura certainement pour des centaines d'années.

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  4. Toutatis11 janvier 2015 11:27

    Sans compter que de moins en moins de pays sont client d'Areva, soit ils ne veulent pas de nucléaire, soit ils trouvent Areva trop cher qui de plus accumule retards sur retards de livraison, un fiasco commercial qui rappelle le Concorde.

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  5. Il y a un profond malentendu généralisé : EDF et La Poste ne sont plus des services publics à la française tels qu'on croit qu'ils sont encore censés être. L'idéologie européenne de la concurrence libre et non faussée est bien passée par là pour les détruire de l'intérieur en les transformants en pure société de droit privé où seule compte la logique de rentabilité maximale à court terme.

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  6. Merci pour cet article salutaire; effectivement quand on ouvre à la concurrences ce genre d'activité, le privé ne reprend que le plus rentable et le public n'a plus les sous plus pour le reste qui a long terme serra tout simplement abandonné (cf les postes de nos campagnes ou les petites lignes sncf quand les regions ne les reprennent pas....).
    Je reste par ailleurs d'accord avec le dernier message anonyme, nos services publics depuis leur transformation ( sous forte pression européenne...) en sociétés anonymes dont l'actionnaire principal est l’Etat ne sont plus des services publics mais des sociétés standards. Elle sont donc à but lucratif et en plus pour certains en position de monopole, pas étonnant dans ces conditions que les prix augmentent...

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  7. Ce que j'espère, c'est que l''ImMonde crèvera de cette libéralisation qu'il soutient depuis 20 ans.

    Qu'il emboîte le pas du Libé.

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  8. @ Toutatis

    Je serais curieux de savoir quelle est la part de la libéralisation dans l’augmentation des prix. Elle pourrait être considérable.

    @ Anonyme

    Très juste, ce sont de moins en moins des services publics. Je devrais employer des guillemets maintenant

    @ Red2

    Bien d’accord

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  9. Ca se passe en ce moment :

    « En Arabie saoudite, le blogueur Raif Badawi a été fouetté publiquement ce vendredi 9 janvier, après la prière hebdomadaire, près d'une mosquée de Jeddah. Condamné à 10 ans de prison et à 1 000 coups de fouets pour avoir plaidé en faveur de la Saint-Valentin et pour des mesures libérales en Arabie saoudite. » (RFI)
    La même barbarie, la même brutalité que celles de l’assassinat de nos amis de Charlie Hebdo.

    Où et quand la lutte contre le fanatisme et la sauvagerie doit-elle commencer ?

    DemOs

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  10. Excellente dénonciation de la privatisation et de la libéralisation. Rien à redire.

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