mercredi 18 février 2015

En Grèce, les fondations de la monnaie unique tremblent

La perspective d’une sortie de la Grèce de la monnaie unique européenne semble se rapprocher à dix jours d’une échéance financière importante pour Athènes et alors que les négociations avec les pays européens semblent mal se passer. Une perspective encore ridiculement caricaturée.



Tensions avant un accord

Romaric Godin est sans doute un des meilleurs chroniqueurs des soubresauts de la zone euro. Dans deux papiers « Le dialogue entre l’Eurogroupe et la Grèce est rompu » et « Grèce : Angela Merkel désormais au centre du jeu », ils donnent des clés sur les négociations en cours. La situation semble bloquée, le ministre des finances ayant refusé de signer la déclaration commune qui proposait une extension de six mois des plans pour se donner le temps de la négociation, contre un maintien des politiques de la troïka et le refus de toute mesure unilatérale. Le ministre grec a jugé le projet « absurde et inacceptable ». Un tel projet revenait à demander à Athènes de revenir dans sa prison européenne.

Il conclut que, un reniement de Syriza étant improbable « si Angela Merkel n’a voulu qu’impressionner Athènes pour tenter de faire céder le nouveau gouvernement grec par une attitude de fermeté, alors, plus l’on s’approchera de l’inévitable issue du Grexit, plus les Européens tenteront de ramener la Grèce dans le jeu de la discussion en modérant leur approche ». Il montre qu’aujourd’hui, c’est Berlin qui tient le sort de la monnaie unique dans ses mains dans un second papier. Après, on peut aussi penser que les dirigeants européens ne peuvent pas céder à Athènes sans que les négociations se soient durement tendues. S’agit-il d’une simple comédie destinée à donner le change ?

Caricatures sur le Grexit

On ne peut pas exclure non plus que les points de vue ne puissent pas être réconciliés, que les créditeurs préfèrent qu’Athènes quitte la zone euro et fasse défaut plutôt que de leur accorder une restructuration qui pourrait inspirer d’autres pays… Mais ce cas est encore présenté de manière outrageusement caricaturale, comme l’a fait The Economist en janvier. D’abord, la bible des élites globalisée continue à rabacher le mythe d’une Argentine qui ne se serait redressée que grâce au boom des matières premières alors que l’industrie a pesé beaucoup plus lourd dans sa reconquête économique, grâce à la dévaluation du peso et à la mise en place d’un protectionnisme totalement décomplexé.

Ensuite, il ose dire que « réintroduire des nouveaux billets et des nouvelles pièces prendraient des mois », en faisant mine d’oublier qu’il suffit de tamponner les billets actuels en quelques jours… The Economist ose même dire que la Grèce devrait probablement quitter l’UE, alors qu’il n’y a pas de lien. Il évoque enfin une inflation fantasmée à 35% par an et affirme rapidement qu’une issue argentine n’est pas envisageable alors que le pays profiterait d’un boom touristique avec la dévaluation. Mais surtout, l’hebdomadaire oublie même de mentionner les études dont il avait pourtant parlées, notamment celle de Jonathan Tepper, qui démontrent au contraire qu’une sortie serait bénéfique.


11 commentaires:

  1. L’accord que tente de négocier Tsipras porte sur 4 mois, soit jusqu’à l’été, date à partir de laquelle les premières grosses échéances de remboursements arrivent. Il s’agit donc pour le nouveau gouvernement de gagner du temps pour pouvoir mettre en place ses premières réformes, notamment pour améliorer les rentrées fiscales. Mais même si un accord est signé, dans 4 mois le problème grec se posera de nouveau. Et à terme, la question est de savoir s’il est possible d’avoir une politique de gauche, c’est-à-dire de relance et d’augmentation du pouvoir d’achat, dans le cadre de l’euro. Et ma réponse est non. Aujourd’hui Syriza fraîchement élu, et fort de sa nouvelle légitimité, ne peut pas céder à l’UE. Mais qu’en sera-t-il dans 6 mois ou dans un an ? Tsipras veut gagner du temps mais le temps ne joue pas forcément pour lui.

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  2. Encore un nouvel exemple du fait que l'Union européenne est aujourd'hui archi dominée par l'Allemagne et que la France y a perdu la plupart de son autorité (il n'est pas anodin, à ce titre, que le plan accepté initialement par Athènes mais rejeté par l'Allemagne vienne de Pierre Moscovici, le commissaire français).

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  3. Non un accord sera très probablement trouvé car le gouvernement de Tsipras, à tord ou à raison ne veut, en aucun cas, sortir la Grèce de la zone euro. D'ailleurs la bourse est encore en forte hausse aujourd'hui, certaine qu'il y aura un accord.

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  4. Il y a aussi Jacques Sapir

    http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/jacques-sapir-grace-dacsaccord-sur-le-programme-d-aide-1702-447679.html

    et là sur la propagande pro-euro

    http://russeurope.hypotheses.org/3453

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  5. Le "docu-fiction" hier soit sur France 5 ("bye-bye l'euro") était épouvantable de désinformation et de parti pris: on se demande d'ailleurs comment les pays qui ne sont pas dans l'euro peuvent survivre ... j'ai coupé ma TV au 3/4, avec une forte envie de vomir.

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    1. Moi, itou.
      La seule différence avec la Corée du nord, c'est qu'ici on a tous la télé ! Vive (le retour à) la démocratie.

      DemOs

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  6. @ Moi

    Assez d’accord sur la question du temps, mais le fait qu’ils refusent un accord temporaire semble plutôt démontrer leur détermination

    @ L’ami

    Très juste

    @ Anonyme

    C’est ce que je pense

    @ Toutatis

    Merci. Il faut que je regarde

    @ A-J H

    Je voulais le regarder, mais ne l’ai pas fait. Bonne pioche semble-t-il.

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  7. Les conditions que pose le gouvernement grec au maintien du pays dans la zone euro est incompatible avec les exigences du gouvernement allemand, de ses alliés et de leurs valets ( François Hollande, Matteo Renzi, Mariano Rajoy, notamment ) au sein de l'Eurogroupe, la Bce et la Commission de Bruxelles. Je pense que le gouvernement grec devra se soumettre ou se démettre, se renier ou quitter la zone euro en essayant de faire porter la responsabilité de la rupture sur leurs opposants.

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  8. "Nous ferons tout pour qu'un accord intervienne entre la
    Grèce et les institutions européennes", a dit Michel Sapin lors de la
    séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale .... C'est l'intérêt de la Grèce d'abord (...) et ensuite parce qu'évidemment
    si jamais on s'orientait vers une sortie de la Grèce de l'euro, ce serait un échec politique grave."

    Parce qu'aujourd'hui, mon cher Laurent, nous volons de succès en succès et, comme le chantaient Ray Ventura et les Collégiens: "tout va très bien, Madame la Marquise". Une chanson de 1935, une époque formidable que nous avons le bonheur de revivre aujourd'hui. Quand certains disent que l'histoire bégaie ....

    DemOs

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  9. Curieusement je suis assez d'accord avec Valéry Giscard D'Estaing qui ce matin dans les Echos explique que la Grèce doit quitter l'euro, une monnaie dit-il trop forte pour le Pays.
    D'accord aussi avec le scandaleux film sur la fin de l'euro....
    Je signale aussi un article intéressant dans le Monde de ce jour où il est question des effets externes d'un abandon de la Grèce: "Quand les tensions entre Bruxelles et Athènes peuvent faire le jeu de Moscou.

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