dimanche 15 février 2015

Stagnation en 2014, légère reprise en 2015 ?




2014 : une année à oublier

On retiendra de cette année une croissance de 0,4%, mais ce chiffre ne représente qu’imparfaitement la situation économique du pays car si l’on compare toujours l’évolution du PIB, on compare moins souvent l’évolution du PIB par habitant, qui mesure sans doute de manière plus proche l’évolution de la richesse. En effet, il ne faut pas oublier qu’en France, la population croit justement d’environ 0,4% par an, ce qui signifie alors que le peu de croissance que nous avons traduit en réalité une stagnation de la richesse par habitant. L’écart avec l’Allemagne, où l’évolution de la population est moins dynamique, est donc encore plus grand qu’annoncé. Ce même type d’analyse relativise la crise du Japon.

Sur le dernier trimestre, la consommation progresse de 0,2%, et grâce à la traditionnelle contribution positive du commerce extérieur au 4ème trimestre, cela permet de compenser la traditionnelle baisse des stocks. En revanche, il est extrêmement inquiétant de constater que pour le 4ème trimestre consécutif, l’investissement recule, de 1,6% sur l’ensemble de l’année (contre -0,8% en 2013) : guère réjouissant pour les prochaines années ! Au global, l’année 2014 est aussi mauvaise que 2013, signant l’échec de la politique de la majorité, qui vantait l’illusoiree plan de croissance européen de 2012. La cherté de l’euro en début d’année a amplifié les effets néfastes des politiques d’austérité à l’échelle du continent.

L’horizon qui se dégage (un peu) en 2015 ?

Mais malgré ces résultats, beaucoup d’économistes et d’instituts valident la prévision de légère accélération de la croissance du gouvernement pour 2015, autour de 1%. Bien sûr, l’impact ne sera pas énorme, mais cela serait le meilleur résultat depuis 2011, et permettrait de donner une dynamique légèrement positive à la conjoncture. Il faut dire que trois facteurs positifs se sont réunis depuis plus de six mois, qui expliquent sans doute déjà pourquoi les deux derniers trimestres de l’année étaient positifs quand les deux premiers étaient en négatif. Ces trois facteurs sont la forte baisse de l’euro (passé de près de 1,4 dollars à 1,15), celle du prix du pétrole et enfin, le léger desserrement des politiques d’austérité.

Bien sûr, ceci ne compensera pas tout à fait les conséquences suicidaires d’un laisser-faire et d’un laisser-passer désastreux, qui poussent à la délocalisation et la désertion fiscale. Mais cela peut apporter une bulle d’oxygène aux économies européennes, car la baisse de l’euro est forte, environ 20% par rapport aux plus hauts d’il y a à peine plus de six mois, celle du pétrole aussi, cruciale pour des économies qui en importent beaucoup. Enfin, le climat européen est moins à l’austérité devant l’échec des plans menées depuis des années, d’autant plus que des pays se rebellent, comme cela se passe à Athènes. Dès lors, l’hypothèse d’une croissance de 1% en 2015 semble réaliste, sauf gros choc.


Bien sûr, cette minuscule reprise ne changera pas fondamentalement la donne. Elle restera très limitée, inégale et temporaire, comme les précédentes, puisque les leçons du passé n’ont pas été tirées. Toute la question est de savoir quelles en seront les conséquences politiques…

7 commentaires:

  1. Il est vrai que les prévisionnistes annoncent une reprise de la croissance, mais il faut rappeler que ces mêmes prévisionnistes annoncent la reprise depuis 5 ans. Vous-même, il y a un an, vous annonciez pour 2014 une reprise, certes « illusoire », qui ne s’est pas réalisée. Le problème, c’est qu’il n’y a pas eu de reprise de l’investissement et que la croissance potentielle a baissé car la crise de 2008 a détruit des capacités de production. La croissance potentielle française est estimée à 0.8 ou 0.9 % il me semble (selon Natixis).

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  2. Le pétrole repart à la hausse. Les revendications du gouvernement grec tournent à la cacophonie, brandir la Russie ou la Chine comme menace pendant les négociations n'est pas la meilleure façon de faire.

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  3. Même 1 % de croissance ne suffiront pas à faire reculer le chômage.

    Si on n'avait pas démantelé l'assurance vieillesse les choses seraient très différentes. Aujourd’hui déjà les départs en retraite suffiraient à compenser l'arrivée des jeunes sur le marché du travail.

    Il aurait suffi de ne toucher à rien pour que la lumière s'allume enfin au bout du tunnel, et ceux qui ont démantelé l’assurance vieillesse le savaient parfaitement. A quoi bon pleurer sur l'aggravation continue du chômage quand on n'a pas le courage de dénoncer le démantèlement de l'assurance vieillesse, de revendiquer le retour immédiat à la retraite à 60 ans avec 37 ans et demi de cotisations ?

    Le dividende démographique qui aurait dû sauver la jeunesse actuelle (c'est ce qui était prévu) a été confisqué au profit de la finance et de la rente.

    Tout discours du type "les choses vont s'améliorer à partir de telle année grâce à tel ou tel phénomène naturel, économique ou démographique déjà prévisible" pêche sur ce point : l'honnête homme raisonne comme s'il n'y avait pas de prédateurs qui comptent faire main basse sur tous les fruits qu'il espère.

    Même les plus modérés parmi les partisans des "réformes structurelles", ceux qui acceptent de les retarder un peu en période de crise économique et sociale grave, ne cachent pas qu'à leurs yeux toute période de croissance ou de rémission doit ensuite être mise à profit pour accélérer ces réformes, et donc qu'aucun espoir n'est permis au peuple, aucun retournement de conjoncture ne pourra lui profiter et lui permettre de souffler.

    Ivan

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    1. Intéressant ce point de vue.
      Et en effet ceux qui veulent adoucir l’austérité pour l'étaler le temps sont peut être les plus dangereux.

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  4. Je suis désagréablement surpris que la baisse de l’Euro de 1,40 à 1,15 USD et celle du prix du pétrole ait un si faible impact sur la croissance en France; d’autant que la croissance en Amérique du nord est de retour. Cette situation malheureusement renforce ceux qui prétendent que l’Euro n’a rien à avec la situation économique médiocre du pays et que ce dernier doit se réformer (en appliquant les recettes néolibérales) pour s’en sortir.

    EB.

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  5. @ Moi

    Attention, je ne parlais que de 0,5 à 1% de croissance en 2014 mi-2013. On ne peut pas dire qu’avec 0,4% au final, je suis loin, d’autant plus que le renchérissement temporaire de l’euro n’a pas aidé.

    @ Ivan

    Bien d’accord. Je ne dis pas le contraire. La détérioration pourrait se ralentir, ou même juste s’arrêter. Sur la retraite, je ne suis pas d’accord a priori, car l’allongement de l’espérance de vie change la donne tout de même. Je suis d’accord en revanche sur le point sur la réforme : il est bien évident qu’une légère accélération de la croissance pourrait favoriser de mauvaises réformes.

    @ EB

    On verra en 2015/2016 si la situation se maintient. La monnaie unique et la course suicidaire à la baisse du prix du travail explique malheureusement cela, comme je le pressentais il y a longtemps

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    1. L’allongement de l’espérance de vie change la donne parce que les jeunes chômeurs n'ont droit à aucune indemnisation, pas même au RSA.

      Si tous tous les chômeurs pouvaient prétendre à une indemnisation permettant de vivre décemment il n'y aurait plus d'intérêt financier à condamner les jeunes au chômage plus longtemps pour écourter les retraites des vieux, et l’allongement de l’espérance de vie ne changerait rien à cette donne.

      Ivan

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