dimanche 22 mars 2015

Un nouveau pas vers la fin de l’hégémonie de l’Oncle Sam ?

C’est une annonce qui est passée relativement inaperçue mais qui représente pourtant une nouvelle faille dans l’hégémonie des Etats-Unis, après la décisions de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de la Russie de concurrencer le FMI : les 4 principaux européens ont rejoint une initiative de la Chine en Asie.



Washington n’est plus seul

Après la chute de l’URSS, pendant quelques années, les Etats-Unis ont été la seule super-puissance. Et déjà que leur comportement avait été souvent très critiquable pendant la Guerre Froide, soutenant des dictatures militaires contre des démocraties penchant vers Moscou, le fait de se retrouver un peu seul au monde ne les a pas rendu plus responsables, déclenchant des guerres bien plus pour protéger leurs intérêts que par altruisme, faisant des centaines de milliers de morts. Et les Etats-Unis ont aussi la fâcheuse habitude de prendre leurs règles pour les règles du monde, n’hésitant pas à les appliquer par delà les frontières, pour l’impôt, comme pour sanctionner BNP-Paribas.

Si UE n’a pas permis aux pays européens de peser dans les relations internationales, semblant même les affaiblir plus qu’autre chose, l’ascension économique des pays émergents, au premier rang desquels la Chine, semble devoir redessiner les rapports de force à l’échelle de la planète. Il y a moins d’un an, la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie ont monté une banque concurrente du FMI, dotée de 100 milliards de dollars. Pour être honnête, à moins qu’elle finisse par intervenir en Grèce, si Tsipras voulait enfin desserrer le nœud coulant européen du cou de son peuple, elle n’a pas encore véritablement changé les rapports de force économiques de la planète, mais il s’agissait d’un premier pas.

L’Europe défie Washington en Asie

Jusqu’à l’émergence finalement assez récente de la Chine, l’Asie était la chasse-gardée des Etats-Unis, qui avaient même monté une Banque Asiatique de Développement, dominée par eux et le Japon. Sans doute encore une pseudo-institution multilatérale où Washington gardait un pouvoir exorbitant, comme au FMI. Mais la Chine a décidé de créer une institution concurrente de la Banque mondiale, la Banque Asiatique d’Investissement dans les infrastructures, que la France, l’Italie et l’Allemagne ont décidé de rejoindre, avec le Royaume-Uni, ce qui ne semble pas vraiment plaire à Wahington. Cette nouvelle banque devrait être officiellement établie d’ici la fin de l’année et sera basée à Pékin.

Mais il ne faut sans doute pas voir ici une forte intention géopolitique dans les décisions de Londres, Paris, Berlin et Rome de rejoindre l’initiative de Pékin, mais si cela représente une faille dans la domination des Etats-Unis en Asie et une carte de plus dans le jeu de la Chine. Il s’agit sans doute plutôt d’une adaptation au nouveau contexte, les capitales européennes suivant le vent dominant. On peut aussi y voir une conséquence du comportement excessif des Etats-Unis, qui pousse même ses alliés les plus serviles à saisir des opportunités de rééquilibrage des relations internationales, y compris avec le régime chinois, qui n’est pas une démocratie, mais dont la puissance économique grandit.

L’avènement de cette nouvelle banque en Asie représente une nouvelle faille dans l’édifice construit au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, trop dominé par les Etats-Unis. Le fait que les pays européens choisissent d’apporter leur concours à la Chine, même s’il est intéressé, est une évolution importante.

9 commentaires:

  1. Vu comment est mobilisée la BEI avec peu de moyens en Europe, on peut supposer que les 4 européens vont y faire de la figuration en mission de spectateur.

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  2. La présence de Londres au sein de cette nouvelle Banque de développement est suspecte en effet les Anglais ne seront pas prêt de mettre fin à leur relation privilégiée avec les US en tant que Cheval de Troie de ces derniers.

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  3. Que quatre pays européens rejoignent la Banque Asiatique d'Investissement ne change rien aux rapports de force mondiaux, ni à la domination des Etats-Unis d'autant que ces derniers multiplient les traités avec l'UE (TAFTA, TISA). Le risque vient pour les Etats-Unis d'un rapprochement entre deux grands, comme la Russie et la Chine, ce qui paraît peu probable, ou du choix de nombreux pays de se placer dans l'orbite d'un de ces grands.
    A ce propos, nous avons pris depuis quelques années la direction inverse à celle qu'il nous fallait prendre pour faire de l'UE un bloc puissant et indépendant, comme nous l'avaient promis les politiciens français européistes. Nous nous éloignons de plus en plus de cet objectif et notre soumission aux Etats-Unis n'a fait que s'accroître jour après jour.

    DemOs

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  4. Arte a diffusé aujourd'hui un excellent film sur la lutte de Larry Lessig aux Etats-Unis pour restaurer la démocratie. Comme il le dit, la situation est la même dans toutes nos "démocraties". Nous ne comptons pas, ne pesons rien, d'où les réactions de colère ou d'indifférence avec des médias et des politiciens qui nous expliquent qu'il faut voter. Surréaliste, grotesque !

    Nous ne devons plus accepter ces politiciens qui ne représentent qu'eux-mêmes et les lobbies, qui les financent. Nous devons reconquérir le pouvoir en agissant pour changer les règles du jeu qui nous en écartent au profit de privilégiés, de riches toujours plus riches.

    LE problème est pourtant simple à identifier, il ne vient pas des électeurs qui ne comprennent pas (cf. BFM ce matin), ni de leur conservatisme et les émissions, les articles sur la progression du FN, la gue-guerre entre l'UMP et le PS, les déclarations ridicules du Premier ministre ou de l'ancien Président de la république n'ont pas de début de commencement d'une once d'intérêt s'ils ne font pas l'analyse des causes de cette situation. Nous vivons une époque formidable.

    DemOs

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  5. Bien dit DemOs
    mais pour cela il faudrait un miracle car nous n'avons aucun moyen (si ce n'est surnaturel) d'écarter ce Gouvernement de l'Ombre (Etat profond) travaillant clairement pour des intérêts qui ne sont pas le Bien commun.
    Seule La Vérité nous libérera.
    Franck

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  6. @ Démos

    Cela ne change pas grand chose bien sûr, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières. Bien d’accord sur l’Union Européenne. Bien d’accord, cela vient de la médiocrité de nos dirigeants et de la principale force d’opposition

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  7. Aucun parti qui se prétend alternatif à cette oligarchie n'adopte la hauteur de vue qu'il faut pour rassembler les français.
    Le FN séduit certes dans les classes populaires mais il reste peu crédible pour gouverner et même de nombreuses affaires de magouilles lucratives commencent à entâcher leur beau discours de chevalier blanc.

    Le Front de Gauche s'enlise dans son obstination à maintenir le cap à gauche toute, contre la tendance culturelle de fond, qui est l'inquiétude du "tout va à vaut l'eau" et la demande d'ordre, de limites et d'autorité qui en découle.

    La solution de rassemblement républicain anti-libéral existe mais elle est entièrement à construire!

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    1. Il n'y a aucune alternative crédible aujourd'hui pour plusieurs raisons, mais là n'est pas l'essentiel. Le vrai problème réside dans le fait que les politiques sont des professionnels issus d'appareils monstrueux, déconnectés de la réalité, dont le seul objectif est de maintenir une situation de rente. La solution est donc de changer les règles du jeu pour revenir à une vraie démocratie : modalités des élections, éligibilité, non-cumul des mandats, référendum, initiative populaire, possibilité de révoquer les élus ... La question est posée, tout le reste n'est que mensonges et faux-semblants.

      DemOs

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  8. @ Jauresist

    Bien vu

    @ Démos

    Tristement juste

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