dimanche 12 juillet 2015

Uber : symptôme des excès de notre société




Bulle Internet 3.0 ?

Il est tout de même assez effarant que ces chiffres n’aient pas fait l’objet d’une plus grande attention. Mais comment une société qui n’a généré que 415 millions de dollars de revenus en 2014, mais qui en dépense plus de deux fois plus, pourrait-elle valoir 50 milliards de dollars ? D’ors et déjà, Uber vaudrait plus que 80% des entreprises cotées à la bourse de New York, comme le rapporte The Economist ! Bien sûr, certains soulignent sa position de leader des VTC, qui en a fait le méchant de la révolte des taxis, ou sa croissance, qui atteindrait 300% par an. The Economist souligne aussi qu’Uber se prépare à étendre son activité aux livraisons, ce qui offre de nouvelles perspectives de croissance.


Mais ces arguments sont un peu courts pour justifier qu’Uber vaille plus de cent fois son chiffre d’affaires, d’autant plus que l’entreprise réalise encore des pertes abyssales. Ce qui est compliqué avec les marchés, c’est que le succès météorique de certaines entreprises stars d’Internet fait que les investisseurs ne veulent pas passer à côté du futur Google ou du futur Facebook, au point de leur faire accepter des valorisations qui semblent tout de même complètement coupées de la réalité. Nous ne sommes plus dans l’évaluation de la valeur actuelle, ni même future, mais dans un casino où les investisseurs jouent des sommes absolument délirantes, dans une forme de loterie pour financiers

L’économie de la folile arbitraire

Mais ce mode de fonctionnement n’est pas sans conséquence pour le reste de l’économie. D’abord, cela permet à Uber des choses qu’une entreprise qui réalise 415 millions d’euros de chiffre d’affaire et 470 de pertes ne devraient pas pouvoir faire. Parce que les marchés et la finance sont prêts à lui donner des centaines de millions contre quelques poussières de son capital, Uber peut continuer à dépenser sans compter, que ce soit pour élargir sa base de clients, à coup de promotions, ou pour ses dirigeants. Tout ceci a un but, qui se retrouve dans l’évaluation délirante de la valeur de l’entreprise : acquérir une position dominante qui permettra à Uber d’en tirer un maximum de profits.

En effet, demain, si Uber est le leader mondial des VTC et que ces derniers ont écrasé les taxis, alors la valorisation de la société n’est peut-être pas complètement délirante. Encore qu’il faudrait qu’elle soit capable de dégager plus de 2 milliards de dollars de profits et que les Etats ne soient pas intervenus pour mettre fin à la concurrence déloyale qu’elle mène aux taxis, sans payer de licence et en payant un minimum d’impôts et de cotisations sociales, le tout, avec un minimum d’actifs et de salariés. Bref, non seulement Uber contribue à affaiblir et déconstruire les modèles sociaux et instaure une concurrence déloyale contre les taxis, mais il est financé pour le faire par des investisseurs qui parient sur sa capacité à tellement dominer son secteur qu’il sera dans une position extrêmement profitable.


Le modèle Uber est vendu comme l’économie du partage. En réalité, comme l’avait bien dit Franck Dedieu, c’est l’économie de barbares qui cassent tout sur leur passage, solidarités sociales et droits des travailleurs, uniquement pour obtenir une position dominante à vocation ultra-lucrative, le tout financé par des marchés qui semblent se comporter comme s’ils jouaient à la loterie.

16 commentaires:

  1. Ce sont des valuations de tour, c est bidon, il ne faut pas trop s y attarder, elles sont hautes juste pour préparer les sorties, motiver les troupes et aider au recrutement, personne n est dupe

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  2. Moins connu : autre grande entreprise au chiffre d'affaires très élevé, à la valeur boursière très élevée, mais toujours déficitaire : Amazon !

    Pour en revenir à UberPop (et non à Uber), qui met en relation des particuliers cherchant à gagner un peu d'argents avec des gens faisant face à la pénurie de taxis organisée par la profession: l'économie du partage, c'est l'officialisation du travail au noir, sans charges sociales, donc la fin du financement de notre système de protection sociale ( maladie, retraites.)

    Mais Uber, (pas UberPop), le service des VTC, est, lui, une bonne réponse à la pénurie des taxis et à son système de l' Ancien Régime de l'achat et de revente des charges ( les plaques), qui est condamné, et qu'il est vain de défendre.

    Lors de l'apparition des premiers journaux dits "gratuits" (en fait : entièrement financés par la publicité, et pas par le lecteur - et d'ailleurs aujourd'hui en difficulté financière, pas assez de pub), il y a eu aussi des agressions des vendeurs par des ouvriers du livre. En vain.

    Beaucoup de métiers protégés seront remis en question, il est vain de chercher à défendre leurs privilèges. Il faut réorganiser autrement la profession de chauffeur de taxi, sinon c'est le travail au noir qui aura le dernier mot ( pourquoi pas, demain, des plombiers-Uber, des jardiniers-Uber, des garagistes-Uber, etc.) ; car les Français adhèrent de plus en plus à l'économie de partage, voir :

    http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2015/07/12/32001-20150712ARTFIG00145-les-francais-adherent-de-plus-en-plus-a-l-economie-du-partage.php



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    1. @ Arié,

      L'Etat ne vends pas les plaques de taxi... donc on ne peut pas comparer ça à l'Ancien Régime.

      L'Etat facture les licences de taxi : 0 euro et 0 cent.
      La spéculation sur les A.D.S. qui a lieu ensuite est strictement privée !

      Ensuite, c'est toujours marrant quand des ultra-libéraux tentent de vendre leur soupe en se parant des attraits de "l'économie du partage".

      Des ultra-capitalistes férus de boursicotage prétendent jouer le jeu de l'économie de partage et y'en a pour être acheteur de leur baratin ?
      Enfin Arié !

      Les excès capitalistes des taxis ne seront pas corrigés par les excès capitalistes des nouveaux entrants... qui en priment se proposent de ne pas payer de cotisations sociales et de ne pas payer d'impôt !

      C'est beau l'économie de partage.

      Les métiers "protégés" sont remis en question par des investisseurs/entrepreneurs qui vont organiser une vraie rente de situation protégée !

      Ce qui signifie qu'au mieux, une rente va en remplacer une autre !

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    2. N'empêche, des ultra-capitalistes de la finance côté en bourse qui se présentent comme : économie de partage.

      Vive la pravda ultra-libérale ! moi je dis.

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    4. Je sais bien que les mairies délivrent gratuitement les autorisations d'exercer la profession de taxi; mais si elles se revendent aussi cher, c'est bien la preuve de la pénurie de taxis.

      On peut parler d'Ancien Régime, puisque ces autorisations d'exercer peuvent être revendues - ce qui ne serait pas le cas si elles n'étaient délivrées qu'à titre personnel.

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    5. En fait la loi n'interdit pas et n'autorise pas la revente des "licences" de taxis...

      En l'occurrence, il s'agit simplement de libéralisme... l'Etat s'abstient d'intervenir... le marché s'auto-régule.

      Et le marché s'auto-régule de la seule manière possible : pas bien.

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  3. @ Elie Arié

    Très juste sur Amazon. En revanche, sur Uber, ce qui n’est pas normal, d’autant plus que le problème n’est pas nouveau, c’est la concurrence déloyale faite aux taxis (sur les cotisations sociales, les impôts). Des pirates trouvent les failles des protections du passé, mais cela ne profite vraiment qu’à une infime minorité. Il faut adapter les protections aux changements technologiques et sanctionner. Cela n’empêche pas de corriger certains dysfonctionnements (le système de licence)

    Le plus effarant, c’est qu’Uber continue du fait de sa valorisation sous stéroïdes. Est-ce juste ?

    @ Abd_Salam

    Bien d’accord

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    3. @ Laurent Herblay

      Mais ce ne sont pas les gouvernements qui fixent la valeur boursière des sociétés : ce sont les prix que des investisseurs sont prêts à mettre pour acheter leurs actions.

      Et sans des groupes comme Uber, qui vient bouleverser une profession protégée archaïque et dont les gouvernements ont toujours eu une peur bleue ( ils ont quand même réussi à obtenir qu'il n'y ait aucune liaison ferroviaire directe entre le centre de Paris et les aéroports de Roissy et d' Orly, comme il en existe dans la plupart des grandes capitales), il n'aurait jamais été question de modifier la réglementation de cette profession.

      Et ce sera aussi le cas de bien d'autres professions:il faut bien reconnaître que le libéralisme a le mérite de bousculer les rentes de situation abusives et ne répondant pas aux besoins du public.

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    4. Le "libéralisme" ce sont des profiteurs qui vont casser la rente des autres pour instaurer une rente pour eux-mêmes...

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    5. Et les investisseurs mettent toute l'économie en péril... et ne pourront pas mourir en silence quand ça pète.

      Ils entraineront beaucoup de monde avec eux... ils prennent les profits, et partagent les pertes.

      En fait, je viens de comprendre pourquoi on parle d'économie de partage en fait...

      Survaloriser une entreprise montre que l'auto-régulation ne fonctionne pas.
      Tout le monde mise sur le même concurrent en espérant être celui qui va rafler la mise !
      C'est juste aberrant.

      Il n'y a pas développement de l'économie... au contraire, les fonds sont vampirisés par des monstroïdes qui ne font même pas de profits !

      L'allocation des ressources ne se fait pas de manière optimale, comme qui dirait... et c'est rien de le dire.

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  4. @ Abd_Salam

    Merci pour les réponses

    @ Elie Arié

    Uber, ce sont juste des tricheurs qui ont trouvé le moyen d’exploiter des failles légales pour exploiter de pauvres personnes et faire une concurrence déloyale aux taxis. Et le but d’Uber est de créer à terme une rente de situation abusive, comme d’autres géants de la nouvelle économie.

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  5. Je voie que l'état et le système ne peuvent plus assurer! Ce n'est pas un problème isolé... Aujourd'hui rien ne marche normalement! Tout ce qu'on fait - on espère d'éloigner la fin!

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