lundi 10 août 2015

Bernard Maris, le libre-penseur




Savoir penser comme les préjugés de son camp

Pour un anarchiste internationaliste, il démontre une belle ouverture d’esprit. Outre Todd et Le Bras, il corrige les chiffres de l’immigration d’Attali par ceux de Tribalat et note que « ces flux d’immigrés ne sont plus des flux de travailleurs attirés par un emploi local, mais des ‘regroupés familiaux’ très peu qualifiés ». Il cite Finkielkraut pour qui « les bobos typiques célèbrent le métissage et vivent dans des forteresses ». Pour lui, les brûleurs de voiture « sont la loi de la jungle, la pire, c’est à dire l’absence de loi. Comme la Mafia, ils ne connaissent que la famille, et jamais le pays ». Il dénonce ceux qui sifflent la Marseillaise, qui « participent d’un internationalisme tout à fait en phase avec le crime ».

Sur les émeutes de Villiers Le Bel, il rend hommage à « la police républicain (qui) s’est remarquablement comportée, un commissaire a été lynché en essayant de ramener le calme », comme un étrange écho au rassemblement des Français derrière nos forces de l’ordre après les massacres de janvier. Il dénonçe aussi les intellectuels qui ont soutenu les inculpés dans Libération. Il dénonce le communautarisme des mairies socialistes qui accordent des horaires de piscine aux femmes. En réalité, sur bien des questions, il rejoint le point de vue défendu par les chevènementistes et les gaullistes, une évolution qui peut paraître surprenante, mais qui est aussi un formidable vecteur d’espoir pour l’avenir.

Des banlieues et de la question sociale

Pour lui, « jamais les violences urbaines ou les émeutes n’ont débouché sur une quelconque remise en cause du système économique ». Il reprend les « Fractures françaises » de Christophe Guilluy : « comme il ne s’y passe rien, pas d’ascenseur social, pas de réussite scolaire, et pas d’emploi. Le périurbain est occupé par des personnes qui ont quitté la banlieue, laissée aux immigrés de première, deuxième, ou troisième génération », en faisant les zones « de la déchéance industrielle et des plans sociaux », plus le territoire de l’exclusion que la banlieue : « la France pavillonnaire ne profite pas ou plus de l’ascenseur social ». Il note que « si les investissements publics vont vers la banlieue et les quartiers sensibles, ils ne vont pas ailleurs… Or 85% des pauvres ne vivent pas dans ces quartiers ».

Il reprend encore Guilluy en concluant : « Est-ce que les élites, les puissants, n’auraient pas intérêt à transformer la question sociale en question ethnique, à voir un conflit de communautés là où il n’y aurait qu’un conflit social ? ». Pour Maris, « par un cynisme sans doute inconscient, les catégories supérieures, celles qui profitent de la mondialisation (…) ont caché la question sociale sous la question ethnique, plus vague, plus morale, plus lointaine. La lutte pour l’égalité laisse place à celle pour la diversité ». Mais, bien heureusement, il conclut en citant Guilluy, « au regard de l’universalisme républicain, le développement du séparatisme sonne évidemment comme un échec, mais la faiblesse relative des tensions interculturelles confirme aussi un profond attachement aux valeurs républicaines ».

Par ce livre, Bernard Maris rappelle que l’éloge de la diversité et du communautarisme produit un oubli de la question sociale, rejoignant les analyses des Lordon, Sapir ou Todd qui font le procès de la trahison sociale de la gauche et développe une pensée patriote progressiste que je développerai demain.

Source : Bernard Maris, « Et si on aimait la France », Grasset

28 commentaires:

  1. Guilluy est une piètre référence, ses études sont peu étayées et ses conclusions sont souvent une falsification logique :

    http://seenthis.net/sites/555389

    http://www.laviedesidees.fr/Une-France-contre-l-autre.html

    "Cette opposition s’accompagne d’un discours excessivement défensif et pessimiste sur la France périphérique. Sans nier leurs difficultés, les territoires situés à l’écart des métropoles sont loin d’être uniformément en déshérence. En outre, si les métropoles disposent de ressources qui font défaut à la France périphérique, cette dernière possède des atouts qui font défaut aux métropoles : le logement y est moins onéreux, la proximité à la nature et à l’agriculture plus grande, etc. "

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    1. Guilluy est, je suis d'accord, approximatif dans bien des domaines. Il verse dans le complotisme, bien sur. Néanmoins, les faits qu'il met en évidence ne peuvent être écarté d'un revers de la main. Les différences de traitement et de renouvellement des équipements publics sont bien différents entre grandes agglomérations et territoires ruraux.
      Il ne faut pas confondre mauvaise interprétation (notamment sur l'immigration de Guilluy), et mauvais diagnostique d'une situation.
      Bernard Maris reprend le même constat que Guilluy (qui a mis en lumière ces problèmes) sans donner dans les mêmes conclusions. Les différences peuvent sembler subtiles, voire inexistantes. Elles sont pourtant fondamentales. L'auteur de "La France Périphérique" voit un complot ourdi de longue date pour dissimuler une réalité alors que Maris perçoit plutôt une pente glissante idéologique des responsables politiques. Ce n'est pas un complot, mais des actions locales pour gagner des électeurs locaux. Brosser dans le sens du poil la minorité la plus bruyante, la plus visible. Ce n'est pas tant un problème de corruption que d'idéologie mais un ensemble de petits arrangements locaux délétères aux longs termes.

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  2. "À n’en pas douter avec cet essai, l’auteur franchit un cap et contribue à alimenter le populisme politique contemporain. Le fait que son ouvrage joue systématiquement la carte de l’opposition et du conflit possible et légitime entre les populations de la France périphérique et celles de la France métropolitaine, qu’il considère explicitement que le seul espoir pour les premières passe par un renversement du modèle porté par les secondes n’est pas sans danger. Le fait qu’il maquille ces prises de positions idéologiques et politiques d’un vernis de scientificité et qu’il parte d’un constat lui tout à fait valide et déterminant de la réalité sociale contemporaine renforce cette dangerosité."

    http://www.espacestemps.net/articles/les-dangers-du-populisme-geographique/

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    1. J'ai pas lu les livres de Christophe Guilluy mais j'ai lu le rapport de Terra Nova qui théorisait cette nouvelle séparation en invitant la gauche de gouvernement à l'exploiter politquement , les sites que vous citez l'ont-ils dénoncé ?

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    2. Je trouve les thèses de Guilluy simplificatrices, sinon simplistes ; mais l'argument du populisme appliqué à de tels travaux, c'est le degré zéro de l'argumentation : coller une étiquette infâmante sur des idées ou leur auteur pour ne pas avoir à réfléchir sereinement et en profondeur au rapport que la réflexion proposée entretient avec le réel.

      Le procédé rhétorique consistant à manipuler le thème de la « dangerosité » n'est pas moins malhonnête. La question n'est pas de savoir si les idées de Guilluy sont dangereuses, mais si elles sont fondées. L'article d'Éric Charmes dans La Vie des idées est d'ailleurs beaucoup plus nuancé dans ses remarques critiques que celui de Stéphane Cordobes sur Espaces Temps, qui se propose ni plus ni moins comme objectif de « déconstruire » la géographie sociale élaborée par Guilluy, parce qu'elle fait le jeu de forces politiques qu'il désapprouve. C'est faire l'œuvre de militantisme qu'il reproche justement à l'auteur qu'il commente.

      L'introduction de l'article de Cordobes met en place un postulat critique qui qui a valeur de prise de position politique : « [Guilluy] verse dans un radicalisme politique délétère qui écarte toute possibilité de penser et construire collectivement des solutions pour répondre à ces problèmes socio-spatiaux, et ce de manière conforme à notre idéal républicain et démocratique ».

      Le reproche adressé par Cordobes aux critiques des premiers travaux de Guilluy sur les Fractures françaises (« Les thèses avancées auraient alors sans doute mérité une déconstruction plus sérieuse. Malheureusement, les critiques se concentraient davantage sur le ton et la façon ») est involontairement comique de la part de quelqu'un qui qualifie d'emblée La France périphérique de « brûlot malvenu » au service d'une « idéologie identitaire et séditieuse », bref qui fait dans la stigmatisation moralisante. Plus de 2700 mots pour reprocher en gros à Guilluy de faire le jeu du FN et nous expliquer que c'est mal… S'il ne s'agissait que de cela, il était possible de faire plus court.

      Les travaux de Guilly ne satisfont peut-être pas tous les critères épistémologiques de la recherche universitaire, mais les analyses de certains de ses commentateurs critiques, quelle que soit par ailleurs leur position académique, ne valent pas mieux. À supposer que l'extrême-droite, sur la bases d'idées empruntées à Guilluy ou à d'autres, menace la démocratie ou la paix sociale en France, je ne compte pas sur des intellectuels du type de Cordobes pour nous en protéger.

      Les conclusions d'un commentaire de François Jarraud (lui-même historien-géographe) dans Le Café pédagogique me semblent plus éclairantes :
      « Mais l’intérêt du travail de C. Guilluy, c’est qu’il laisse la porte ouverte à la démocratie. Un lieu où les périphéries seraient représentées politiquement, portées par un parti politique. Pour lui, « la politique est tuée par le consensus, les faux débats entre la gauche et la droite » expliquant l’abstention. « Des affrontements politiques de fond, avec des responsables politiques assumant ce qu’ils pensent ». On ne saurait être plus clair.

      La géographie scolaire et universitaire doit donc abandonner ses lubies sur la banlieue et s’intéresser aux espaces du peuple. Ceux que les urnes dessinent élection après élection dans une carte de France méconnaissable pour ceux qui pensent encore des oppositions binaires Est contre Ouest, Nord et Sud. En bousculant le jeu politique, le Front National donne à lire une France que Christophe Guilluy a le mérite d’avoir exploré » (http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/09/19092014Article635467071302815607.aspx).

      YPB

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  3. Wolinski avait aussi publié un album s'intitulant Vive la France en 2013.
    Il y a un anarchisme français comme il y a un anarchisme itallien , idem pour le fascime ou tous les mouvements de pensée...
    L'évolution de la société française avec ses propres problématiques interroge la gauche et la transforme , c'est normal...bon pour la gauche de Charlie Hebdo on verra pas la suite de la transformation mais ce n'est que le début.
    Les militants qui vivent dans leurs livres et leurs chiffres continuent de gloser mais on peut pas le leur reprocher , tout est fait pour les maintenir en état de stase.

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  4. YPB

    Guilluy a médiatisé un sujet qui est étudié depuis des décennies, c'est son mérite. Le problème est qu'il le traite mal et de manière caricaturale, il laisse penser qu'il a fait une découverte et une révélation majeure. Alors que le sujet est étudié par de nombreux scientifiques et de manière bien plus rigoureuse et nuancée.

    C'est grave parce qu'il s'agit d'un sujet important qui mérite bien mieux qu'une approche superficielle et idéologisée opposant petits blancs délaissés des campagnes aux basanés chouchoutés des banlieues.
    Ce qui est clairement une schématisation tout simplement fausse et qui de surcroit accessoirement renforce le discours du FN.

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    1. Résumer la pensée de Guilluy à une opposition entre petits blancs délaissés des campagnes et basanés chouchoutés des banlieues est caricatural. Ce que dit Guilluy, avec ses approximations, maladresses ou excès, mérite d'être pris en compte dans le champ politique, ce qu'a justement noté François Jarraud que j'ai cité. Que le FN soit le seul parti à le prendre en compte marque une vraie carence à cet égard. On ne peut reprocher au citoyen lambda de ne pas lire les « bons » géographes ou sociologues universitaires avant de mettre son bulletin dans l'urne.

      Malgré les limites de son travail, Guilluy a attiré l'attention du grand public sur des questions d'un intérêt fondamental. Bien sûr, son approche peut être qualifiée de superficielle et idéologisée, mais celle des spécialistes qui font la moue devant ses essais est-elle réellement moins idéologisée ? La rhétorique d'un Cordobes montre qu'il n'en n'est rien. Sauter sur sa chaise comme il le fait en criant à tue-tête « attention aux théories qui font le jeu de l'extrême-droite ! » ne peut pas suffire, parce qu'on en est encore à attendre la réponse politique « démocratique et républicaine », pour reprendre ses propres termes, aux problèmes dont il reconnaît la réalité. La question de l'anonyme de 12:03 sur la stratégie de Terra Nova ou d'autre groupes équivalents qui conseillent nos «décideurs » me semble pertinente par ailleurs.

      YPB

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  5. Merci pour ce débat ! J'avoue que je trouve aussi que ces études sont un peu trop caricaturées...

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  6. "On ne peut reprocher au citoyen lambda de ne pas lire les « bons » géographes ou sociologues universitaires avant de mettre son bulletin dans l'urne."

    Non, mais on peut lui conseiller de ne pas se fier uniquement à celui qui fait le buzz médiatique et de s'informer auprès d'autres sources moins tapageuses et simplificatrices.

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    1. Tenez une lecture non simplificatrice des travaux de Christophe Guilluy , et aussi l'occasion de se plonger dans les brouilles débiles des chercheurs français :
      :
      http://www.slate.fr/story/102469/pauvrete-urbaine-guilluy-insee

      Pour résumer : le géographe ne dit pas que le villes-centres n'acceuillent pas de populations pauvres et que le périurbain concentre toute la misère du pays, ses travaux portent sur les classes populaires qui y vivent uniquement.
      Guilluy souffre de la promotion que lui fait Zemmour , en réalité c'est lui et le FN qui sont attaqués à travers lui.

      @YBP
      Même l'orientation de leur combat est sujet à caution : le FN progresse dans les territoires désindustrialisés mais aucun de ces chercheurs n'accusent nos dirigeants qui votent les traités de libre-échange de faire le jeu de...
      le FN monte dans les communes ou les services publics ferment les uns après les autres , aucun de ces chercheurs n'accusent nos politiques de faire le jeu de...
      Les islamistes recrutent à tour de bras et forment des milices des moeurs qui agressent les filles qui font bronzette ou portent une juppe , aucun de ces chercheurs n'accusent les islamistes de faire le jeu de...
      L'accusation est a géométrie variable.

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    2. Qu'il soit utile de « s'informer auprès d'autres sources », voilà qui n'est pas contestable. Mais je voulais dire simplement que les Français ne détermineront pas leur vote en fonction de la lecture d'ouvrages savants, aussi bons qu'ils puissent être. Guilluy n'aurait pas fait le buzz dont il a bénéficié s'il n'avait pu se glisser dans une béance de la réflexion et du discours politique.

      YPB

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    3. Guilluy a fait le buzz, possiblement non intentionnellement, parce que ses conclusions erronées flattent une forme de néo-conservatisme de droite et de gauche, jusqu’à l'extrême droite.

      Les médias se ruent sur ce genre de brûlots approximatifs, ça fait vendre coco...

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    4. Le buzz s'est fait tout autant sur une mise en cause contestable des intentions ou de la validité des travaux de Guilluy, à travers des brûlots souvent au moins aussi approximatifs que les siens… Bref, on tourne en rond..

      YPB

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  7. GraphysT

    Les études de Guilluy sont caricaturales, il confond corrélation et causalité, l'erreur à ne pas faire quand on prétend être scientifique.

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  8. je ne sais pas pourquoi tout le monde se concentre sur ce fameux guilluy, que je n 'ai pas lu...

    en revanche quoi qu'on en dise, c'est bien un problème de choix de société et de ses composantes qui est en jeu.

    Nous assistons à une dissolution de notre tissu social, qu'il soit à la ville ou à la campagne.
    Il s'agit d'une lutte des places en période de pénurie, tout le monde se compte, les indésirables sont forcément montrés du doigt ; et quand les places sont comptées, nous sommes toujours l'indésirable de quelqu'un


    Stan

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  9. "Nous assistons à une dissolution de notre tissu social, qu'il soit à la ville ou à la campagne."

    Affirmation purement gratuite, peut être que vos fréquentations sont mal choisies, mais il y a de multiples réseaux associatifs, collectifs formels ou informels qui se développent.

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    1. Affirmation tout aussi gratuite sur les "multiples réseaux associatifs ... qui se développent". Je me méfie des généralisations. Dans le cas des associations, collectifs ou autres, ceux qui s'expriment déclarent toujours qu'il est de plus en plus difficile de faire appel à des bénévoles ou de faire vivre une association. Je précise que je fais personnellement partie de plusieurs associations.

      Quant à la dissolution du tissu social, mais je ne vais pas me substituer à Stan, mais pour ce que j'en vois, elle semble se vérifier dans le recul des solidarités, le chacun pour soi, dans la vie privée et, encore plus dans la vie professionnelle, où il s'agit, en général, au mieux, d'indifférence et au pire, de tir au pigeon. C'est en tout cas ce que je vois là où je suis. Je ne prétends pas avoir une vision à 360°, ni tout connaître, mais l'individualisme s'est visiblement bien renforcé depuis quelques (dizaines) d'années, non ?

      DemOs

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    2. anonyme 20 / 42

      vous devriez faire attention à votre tentative de vouloir paraître sur un blog Monsieur ou madame. je peux vous faire une démonstration sur les fameux réseaux associatifs sociaux et médico sociaux qui subissent de plein fouet cette année l'impact des politiques de restrictions budgétaires à des degrés divers

      je peux également vous situer assez précisément l'état des politiques sociales en France, puisque je suis un des lecteurs en complet du CASF (code de l'action sociale et des familles)....

      je serai assez heureux de vous expliquer en détail s'il fallait, l'impact précis des restrictions budgétaires sur nombre d'associations de l'insertion, de l'hébergement, l'état des tentatives depuis quelques années de reparamétrer les coûts des associations ainsi que de la fameuse réforme de l'IAE depuis juillet 2014..

      tout ce milieu est en lien direct et journalier avec ce que j'appelle le tissu social pour faire bref ici.


      Stan

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    3. DEMOS

      en plus de ce que tu as pu écrire, je rajouterai que le sujet du "social" (pour résumer ce qui concerne l'action à proximité des groupes en difficultés.) est un sujet qui fait peur parce qu'il montre l'état de nos sociétés et qu'il vaut mieux parfois fermer les yeux et profiter soi même de ce que nous avons si nous avons eu la chance de ne pas avoir tombé hors de la grande roue de la socialisation qui commence par le travail.

      le sujet social est aussi une véritable "boite à fantasmes" ; tout s'y raconte, de sorte que contrairement à nombre de sujets (sociétaux, politiques, économiques) on voit très vite celui qui a une idée du problème vu du terrain et pas des bouquins (il y a des bouquins bien écrit qui ne font pas la une des journaux comme ce Monsieur Guilluy)

      Le système des aides sociales, des réseaux sociaux sont bien plus verrouillés que d'aucuns le disent ou le pensent, la chasse à la fraude est bien plus serrée que celle de l'exil fiscal et celle qui consiste à vérifier que l'optimisation des bénéfices des groupes est correcte..

      comme je l'ai déjà écrit, je ne comprends pas pourquoi une fraude aux prestations déclarée, déclenche autant de tollé alors que celle qui évapore 100 fois plus de recettes publiques ne déclenche aucune réaction..

      il suffit d'ailleurs de voir ici, une réaction ultra rapide et suspicieuse à la simple affirmation :
      "Nous assistons à une dissolution de notre tissu social, qu'il soit à la ville ou à la campagne."

      pour ce rendre compte à quel point en parler provoque de l'urticaire..

      nous sommes bien face à la nécessité d'une prise de conscience collective pour faire un choix de société différent, dans une époque où l'individualisme est à son comble. Il n'y a donc pas de solution...


      Stan

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    4. j'ai oublié de dire que ma connaissance du sujet n'est pas seulement livresque et qu'elle concerne la ruralité et le maillage de petites villes de province qui rencontrent exactement les mêmes problèmes.

      Stan

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  10. "à travers des brûlots souvent au moins aussi approximatifs que les siens"

    Pas du tout, en dehors de la polémique FN ou pas, les remises en cause méthodologiques sont largement pertinentes. C'est l'essentiel du débat, la partie FN est un corolaire accessoire, discutable sur la forme, mais pas du tout à négliger en termes de tactique FN récupératoire.

    Ce qui conforte le FN, ce sont tous ces buzz justifiés ou pas. Le FN fait feu de tout bois médiatique, pertinent ou pas. Il est nécessaire de faire la part des choses.

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    1. @Anonyme de 21:42

      Je ne tiens pas à défendre systématiquement Guilluy, mais toutes les critiques méthodologiques contre ses travaux sont loin d'être pertinentes. On en trouve des éléments d'explication dans l'article de Jean-Laurent Cassely de Slate cité plus haut. Certaines peuvent même être qualifiées d'indigentes et se limitent à des pinaillages sur des points de détail, sur arrière-plan de procès en sorcellerie (celle de Martin Vanier dans Urbanismes n° 391 : http://www.urbanisme.fr/issue/debate.php?code=391&code_menu=98).

      Des géographes universitaires ont aussi exprimé leur intérêt pour les questions posées par Guilly, comme Gilles Fumey (auteur de l'article du Café pédagogique que j'ai à tort attribué au webmaster François Jarraud), ou Éric Charmes, dans La Vie des idées, qui reconnaît à Guilluy le mérite de la mise en évidence des recompositions des territoires sous l’effet de la mondialisation et de la concentration des richesses dans les grandes métropoles, mais lui reproche d'être passé du travail d'analyse géographique au manifeste politique dans ses conclusions.

      Surtout, lorsque le FN se renforce, c'est pour des motifs infiniment plus profonds que la diffusion de buzz dans les médias, même si ceux-ci n'arrangent pas les choses. Il va falloir qu'il rencontre sur sa route des opposants capables d'autres analyses que celle-là. Dans le cas contraire, son avenir est assuré.

      YPB

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  11. On ne m'avait dit que du bien de Bernard Maris que je ne connaissais pas, en tant qu'économiste. Maintenant que je le découvre comme essayiste sortant de son domaine de compétence je suis beaucoup plus partagé.

    "ces flux d’immigrés ne sont plus des flux de travailleurs attirés par un emploi local, mais des ‘regroupés familiaux’ très peu qualifiés"

    Si c'était vrai il devrait s'en réjouir, car notre économie regorge de main-d’œuvre inemployée qualifiée ou pas, elle n'a aucun besoin d'immigration économique. Alors que le besoin des enfants de pouvoir vivre avec leurs parents, celui des époux d'habiter ensemble n'ont aucunement diminué. Et je ne parle pas du droit à une vie familiale normale des étrangers extraeuropéens vivant en France, cette bataille a été perdue depuis longtemps, je parle du droit à une vie familiale normale des français eux-même qui sont désormais en première ligne face aux abjectes propagandes racistes visant à leur interdire de vivre normalement avec leurs conjoints et leurs enfants en aggravant encore les persécutions scandaleuses dont ils sont déjà victimes.

    Mais est-il seulement vrai qu'il n'y a plus d'immigration économique dans notre pays ? On peut en douter quand on sait que les travailleurs détachés européens, les seuls qui soient autorisés à venir librement disputer leurs emplois aux français même sans avoir aucune attache avec la France, et pire que tout sans devoir respecter la législation sociale française, ne sont pas comptés dans les statistiques officielles de l'immigration.

    "Le périurbain est occupé par des personnes qui ont quitté la banlieue, laissée aux immigrés de première, deuxième, ou troisième génération »

    Un mensonge répété un million de fois devient-il une vérité ? L'immigré de deuxième ou troisième génération n'est pas un immigré, il est né en France, alors pourquoi veut-on absolument en faire un immigré quand même à coups d'oxymores de plus en plus grossiers (il n'y a pas de raison de s'arrêter à la troisième génération) ?

    Quand on parle d'immigré de deuxième génération on ne parle plus d'immigration mais uniquement de racisme. Et Michèle Tribalat a tort de croire qu'elle a contourné cet écueil en inventant son français "natif au carré" qui n'est rien d'autre que l'image inversée dans un miroir de l'immigré de deuxième génération qu'elle cherchait à éviter.

    « la France pavillonnaire ne profite pas ou plus de l’ascenseur social »

    Ah bon maintenant il ne s'arrête plus à l'étage des lotissements ? Cela fait des décennies qu'il ne dessert plus les étages en-dessous et tout le monde s'en foutait.

    « si les investissements publics vont vers la banlieue et les quartiers sensibles, ils ne vont pas ailleurs… Or 85% des pauvres ne vivent pas dans ces quartiers »

    Alors ils vivent dans les villes, dans des appartements minuscules ou sous les ponts, car on ne peut pas vivre à la campagne sans voiture, or ce n'est pas vrai que 85% des pauvres en France ont une voiture. Où veut-il en venir avec ce genre de réflexion ? Est-il seulement sûr de ce qu'il avance ?

    Je crois que je vais le lire car cela m'intrigue d'être d'accord avec ses conclusions mais pas avec les arguments qu'il utilise pour les atteindre, que ce soit sur la mafia, la famille, les bobos, le rapport entre question sociale et question ethnique, l'étonnante résistance de l'esprit français à cette entreprise de lavage de cerveau sans précédent dans notre histoire...

    Ivan

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    1. "notre économie regorge de main-d’œuvre inemployée qualifiée ou pas, elle n'a aucun besoin d'immigration économique"

      Supprimez le dernier mot et votre phrase met dans le mille.

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  12. "notre économie regorge de main-d’œuvre inemployée qualifiée ou pas, elle n'a aucun besoin d'immigration économique"

    Supprimez le dernier mot et votre phrase met dans le mille.

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  13. @ Samson R

    Merci pour votre réponse. Je suis d’accord avec vous.

    @ YPB

    Merci pour vos réponses. N’ayant pas encore lu son livre, je ne peux pas en dire plus que vous.

    @ Anonyme

    Je n’ai pas lu ce livre, mais l’adhésion de Maris est plutôt un gage de sérieux, non ? Et les extraits me semblent faire du sens.

    @ Ivan

    Il ne faut pas oublier que ce manuscrit était un premier jet, ce qui en fait sans doute aussi en partie la valeur

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