jeudi 15 octobre 2015

Le sens de la baisse des taux à 10 ans

C’est sans doute une des courbes économiques les plus importantes à suivre : celle des taux d’emprunts à 10 ans des Etats. Les soubresauts de la crise de la zone euro s’y lisent avec précision. Mais aujourd’hui, elle indique beaucoup d’autres choses, tout aussi cruciales.



Indicateur avancé de croissance



Ces évolutions récentes disent plusieurs choses intéressantes pour les prochains mois. En effet, des taux sous le cap des 1%, c’est la poursuite de la baisse de la facture des intérêts sur la dette publique pour l’Etat. Cela pourrait faciliter les équations budgétaires du gouvernement. Mieux, la baisse des taux peut apporter un soutien à la croissance en diminuant les coûts d’emprunts, des entreprises pour investir, des ménages pour investir dans l’immobilier comme pour consommer. Bref, cette information qui passe inaperçue est pourtant un élément déterminant pour la croissance des prochains trimestres. Et sachant que les derniers résultats confirmaient les hypothèses de Bercy, on peut juger que cette nouvelle baisse des taux, avec le faible niveau du prix des matières premières, les conforte.

Indicateur avancé de bulle

D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que les banques centrales baissent les taux pour relancer l’économie. Et donc, une baisse des taux est plutôt annonciatrice d’une progression de la croissance, un nouvel élément qui peut permettre d’atteindre les 1,5% de croissance du PIB en 2016. Bien sûr, cela ne permettra pas une croissance forte, mais cela devrait assurer la poursuite de la légère accélération de la croissance atteinte cette année. En revanche, le maintien de taux au plancher risque de nourrir une nouvelle bulle financière. Les très faibles taux permettent toute sorte d’opérations typiques des périodes de bulles, comme le rachat de SAB-Miller par AB-InBev, ou les rachats de leurs propres actions. Le robinet à crédit est grand ouvert et on ne peut pas dire que les précédents sont rassurants.

D’ailleurs, la Chine en a fait l’expérience ces derniers mois, avec la chute de 40% de la bourse de Shanghai. Mais paradoxalement, même si la correction a été brutale, elle est venue trop tôt pour provoquer un véritable krach. Même si les marchés ont bien baissé, cela n’a fait que réduire temporairement la pression spéculative qui, à part en Chine, n’avait pas encore atteint un sommet d’où toute glissade ne pouvait que se transformer en krach. Cependant, le niveau tellement faible des taux d’intérêt porte en lui les germes du prochain krach en finançant à un si faible coût toutes les opérations financières, spéculatives comprises, mais elle apportera quelques miettes à la croissance économique…


Malheureusement, la faiblesse des taux n’apportera pas grand chose à l’immense majorité de la population, qui n’y trouvera que quelques bénéfices secondaires très limités. Mais elle peut en revanche avoir un effet significatif sur la conjoncture des prochains mois et certaines échéances. A suivre de près donc.

5 commentaires:

  1. J'espère que la France profite de la baisse des taux pour renégocier en permanence sa dette ce qui peut permettre d'avoir moins a emprunter! Surtout quand elle doit verser son obole a l'UE de Bruxelles!

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  2. Regardez, Laurent Herblay :

    http://www.lefigaro.fr/international/2015/10/15/01003-20151015ARTFIG00137-migrants-paris-prone-un-eurocorps-de-gardes-frontieres.php

    Hop ! Encore un (gros) morceau de souveraineté qui s'en va.

    Si les choses continuent ainsi, il ne restera plus rien de la France.

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  3. "Si les choses continuent ainsi, il ne restera plus rien de la France."

    Oh la la ! C'est affreux, c'est la cata, on va tous mourir de la rougeole.

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    1. De la rougeole ? Peu de chances, mais dans la pauvreté, voire la misère dans un pays en voie de sous-développement, plus sûrement. La France et l'Inde vont se croiser, le premier piquant du nez -ce n'est pas 1% de croissance qui va changer grand chose pour le péquin de base - alors que la seconde va décoller. Là, ça sera moins le moment de faire de l'humour, sauf pour ceux qui pourront se le permettre because leur fortune personnelle.

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  4. "D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que les banques centrales baissent les taux pour relancer l’économie. Et donc, une baisse des taux est plutôt annonciatrice d’une progression de la croissance, un nouvel élément qui peut permettre d’atteindre les 1,5% de croissance du PIB en 2016."

    Je ne partage pas cette analyse... au contraire la courbe des taux matérialise la potentielle croissance...

    Avoir des taux à 1% signifie une croissance de 0%, voire -0,5%
    S'ils étaient à 5%, on pourrait escompter une croissance de 3 ou 4%

    Votre analyse est à l'envers... les taux bas matérialise la récession !

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