dimanche 1 novembre 2015

Marc Rameaux décrypte l’homme moderne

Je suis heureux d’accueillir depuis quelque mois des textes de Marc Rameaux, qui décrypte les excès de notre époque dans le monde professionnel notamment. Son dernier livre « Portrait de l’homme moderne », propose un décryptage plus global, sous la forme d’un petit roman éclairant. 



Une autre façon d’examiner notre époque

Le grand intérêt de « Candide et le monde libéral », c’est de proposer une critique différente, et donc très complémentaire des essais qui font le procès du néolibéralisme. Le roman permet sans doute de rendre plus concret certains symptômes des excès de notre époque. C’est l’histoire d’un cadre et de sa famille. Il se sent libéral mais dispose d’un cercle d’amis aux idées plus nuancées, avec qui il peut discuter de sa vie familiale comme professionnelle. Dans un exemple tristement actuel, son fils est victime de violence à l’école et lui se voit confronté aux manipulations et mensonges de collègues qui cherchent à profiter de son travail. Cela le pousse à questionner notre mode de fonctionnement.

L’habileté de Marc Rameaux est d’avoir fait du héros du roman un homme qui adhère fondamentalement au discours néolibéral dominant actuellement. Il est ce Candide qui croit que la concurrence n’apporte que des bienfaits, un peu trop bon au point de ne pas voir que ce système permet aux escrocs, malhonnêtes ou charognards de prospérer, avec un peu d’habileté. Ainsi, il peut scénariser un vrai dialogue contradictoire entre les différents protagonistes, quand la plupart des essais sont à sens unique ou alors mettent en scène une fausse contradiction, où les arguments du camp opposé sont irrémédiablement simplifiés et caricaturés. La forme que choisit l’auteur permet un dialogue plus authentique et plus sincère, peut-être la retranscription de son cheminement intellectuel, qui l’a mené à cette critique.

Mais une critique sans concession

Le proviseur, qui l’accueille après que son fils ait été amoché par les trois caïds du collège ose dire « nous devons comprendre tous les points de vue, n’est-ce pas ? Ces trois jeunes affrontent aussi des moments très difficiles dans leur vie. Croyez-moi, nous traitons entièrement le dossier. Nous avons prévenu l’infirmière, l’assistante sociale et le psychologue, qui s’occuperont de votre fils, ainsi que ce ces trois jeunes. Nous avons fait tout ce qui était humainement possible. Vous ne voulez pas du tout répressif, n’est-ce pas ? ». Devant l’indignation de la femme du héros, le proviseur en finit par dire que « si certains individus sont un peu nerveux et agressifs il faut savoir faire profil bas et ne pas les provoquer vous ne croyez pas ? ». On retrouve aussi ici l’utilisation des questions faussement ouvertes.

Le héros conclut « son ‘humanisme’ dégoulinant n’a rien à voir avec le respect du droit, c’est un simple paravent de sa lâcheté : sous prétexte de bonne entente et d’apaisement, il finit par toujours avaliser la loi du plus fort ». En somme, la synthèse du centre-gauche. En fait, « pour défendre la civilisation, il faut à un moment donné se ferme à toute discussion lorsqu’on a des barbares en face de soi, et faire preuve d’autorité ». Il dénonce le « règne de la loi du plus fort, appuyé par l’absence de règles et par le culte de la spontanéité » Mais pour lui, « il n’y a pas de grands ordonnateurs machiavéliques pour en tirer les ficelles » et parle de phénomène « d’auto-organisation (…) un esprit simpliste croira qu’il y a quelqu’un qui tire les ficelles. En réalité, même ceux qui sont en haut de l’échelle sont des pantins, prisonniers d’une logique collective malsaine dans laquelle ils se sont laissés entrainer ».

Dans ce livre, Marc Rameaux tient une critique piquante des excès de l’époque sous une forme totalement complémentaire des travaux des grands économistes. Ce faisant, il montre de nouvelles voie pour défendre une vision plus humaniste du monde que ce que provoque le néolibéralisme.

Source : « Portrait de l’homme moderne – Candide et le monde libéral », Marc Rameaux

21 commentaires:

  1. Les abus de pouvoir ont toujours existé dans le public et le privé, c'est le principe de subordination salariale qui entraine ces abus.

    Ça n'a pas grand chose à voir avec le libéralisme. Une entreprise où les pratiques de cadres dirigeants charognards sont exacerbées ne sera pas efficace et disparaitra plus ou moins vite, selon sa taille.

    En revanche, une administration publique ne disparaitra pas, quelque soit le nombre de charognards à l'emploi garanti qui y sévissent.

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  2. Le principe de subordination est toujours un danger potentiel, effectivement.

    Mais un phénomène bien plus récent est apparu, lié au néo-libéralisme : le remplacement du mérite par un règne d'usurpateurs dans les hauts niveau de décision.

    Un bonne partie de ce que j'écris est la description fine de ces stratégies d'usurpation, notamment le dernier billet de ma part paru sur le blog de Laurent.

    Votre argument de sélection naturelle faisant disparaître les entreprises à mauvaises pratiques ne fonctionne hélas pas : la mafia est un mode d'organisation très efficace et parfaitement inique, comme l'a très bien montré Roberto Saviano : Cf le passage de "Gomorra" sur la haute couture italienne.

    Je vous rejoins en revanche sur le principe de subordination, d'où ma proposition de société alternative faite de communautés d'hommes indépendants échappant à la dépendance du salariat.

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  3. Vos constats concernant la France et se rapprochent des observations de Graeber, à savoir une bureaucratisation croissante dans le public mais aussi dans les grandes entreprises privées qui étouffent tout esprit créatif et innovant.

    Aux USA, l'émergence des géants du GAFA qui ont supplanté des sociétés anciennes comme IBM ou Texas Instrument montre que les entrepreneurs innovants peuvent encore naitre.

    En France, à qui rapporte une invention quand elle parvient à sortir de la bureaucratie managériale ? Pas à l'inventeur, mais à son patron, aux financiers et aux juristes de la propriété intellectuelle( qui ont des salaires de 3 à 4 fois supérieurs à un chercheur du public ou du privé ) qui n'ont jamais rien inventé mais tirent à tous les coups les marrons du feu.

    Ce sont les bureaucrates politiciens, souvent opportunistes, qui ramassent la mise, les créatifs travaillent pas cher pour eux et à leurs risques et périls, licenciement, mis au placard, harcèlement moral et juridique...

    Donc, je vous suis sur le principe de travailleurs autonomes et d'institutions à créer pour permettre de sortir du salariat qui n'est qu'une version édulcorée de l'esclavagisme.

    Le statut de consultant travaillant en portage lors de missions est une des solutions. Des coopératives plate formes de compétences apportant diverses aides, formation, prospection, administratif... à des travailleurs autonomes ayant de véritables filets sociaux de sécurité, pas Uber donc, est une autre voie à construire.

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  4. 100% d'accord avec votre description. Mes écrits visent à décrire dans le détail les tactiques de dépossession, notamment pour comprendre comment elles parviennent à étouffer la révolte des productifs.

    Les communautés auto-gérées sont une bonne façon de mener une révolte intelligente et constructive, sans violence mais avec un fort potentiel de déstabilisation.

    Effectivement, je suis très proche de Graeber. J'avais écrit un article cet été le rapprochant de mes thèmes favoris :

    http://le-troisieme-homme.blogspot.fr/2015/08/coeur-de-metier.html

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    1. Graeber éclaire d'ailleurs très bien le paradoxe apparent que le néo-libéralisme qui se veut moderne et dynamique engendre une bureaucratie de parasites.

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  5. Il y a en effet beaucoup de gens qui pensent qu'il y a des gens qui tirent les ficelles. Est-ce le cas ? Peut-être pas, en effet.

    En tout cas, dire qu'il y a des gens qui tirent les ficelles est une manière de se rassurer. Parce que si c'est le cas, ces gens sauraient où ils nous emmènent, et auraient sans doute au moins la volonté d'éviter les catastrophes.
    Au contraire, s'il n'y a personne qui tire les ficelles, les catastrophes sont possibles. Voire probables...

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    1. Oui, nous ne sommes pas dans un monde dirigé par des manipulateurs machiavéliques contrairement aux dires des théories du complot, mais dans une logique collective devenue folle dont certains - peu regardants sur l'éthique - profitent au passage mais sans rien maîtriser.

      Il n'y a plus personne aux commandes, ce qui est tout aussi effrayant. La question clé n'est donc pas "qui tire les ficelles" mais "à quel jeu joue-t-on" ? L'organisation sociale - quelle qu'elle soit - nous oblige à certains jeux d'acteurs. Autant que ceux-ci soient pratiqués en toute connaissance de cause.

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  6. Mr Rameaux

    " d'où ma proposition de société alternative faite de communautés d'hommes indépendants échappant à la dépendance du salariat.......


    il faudrait s'entendre sur ce que contient "communautés d'hommes indépendants"

    si la subordination contractuelle du salariat est un fait, l'indépendance type "autoentreprenariat ou autre structure juridique de TPE ne dégage en rien cette subordination puisqu'elle la remplace vers d'autres agents...les exemples abondent comme les sous traitants face à leur donneurs d'ordre, les PME face à la grande distribution, pour ne prendre que ces deux exemples.

    il en va de même pour des communautés associatives qui sont aussi dépendantes d'autres facteurs qu'il serait possible de développer...mais ce n'est pas le sujet.

    Ayant lu quelques uns de vos derniers textes , il me semble voir à peu près là où vous en êtes.
    Toutefois, à l'encontre de ces grosses organisations où peuvent s'épanouir nombre de névrosés sévères comme vous le décrivez,, il me semble qu'un essaimage de petites communautés ne soient pas la solution non plus, car au centre de tout, se trouve l'homme.

    On le voit bien d'ailleurs aujourd'hui, dans une économie plus que frileuse (et je suis poli), des hommes relativement "équilibrés" au sommet (entrepreneurs, cadres dirigeants) peuvent glisser vers des "stratégies de survie" au stress qui les amènent à se défausser vers leurs salariés, ou faire peser sur eux une partie de la violence économique qu'ils ne peuvent plus endurer.

    On le voit bien, les groupes pèsent encore beaucoup sur le tissu des PME, par le chantage à la rareté, ou à une époque, celui des "audits qualité " était un moyen pratique pour demander des baisser de prix au final.

    Stan

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    1. Je pense au renouveau que connaît l'autogestion, débarrassée des aspects militants du socialisme utopique, ayant pris corps dans des structures très concrètes comme les SCOP.

      Ces communautés sont devenues parfois réalité dans l'histoire, avec les Mir russes ou les communautés montées par les républicains espagnols au début de la lutte contre le franquisme par exemple. Les phalanstères fouriéristes ont représenté de telles tentatives. A chaque fois, il est intéressant d'analyser ce qui a permis le succès ou l'échec de ces organisations.

      Bien entendu, qui dit communauté humaine dit contrat social. Les communautés que j'appelle de mes voeux imposeront donc aussi certains liens de dépendance.

      Ils seront autres que ceux d'aujourd'hui, l'important étant qu'ils répondent à un besoin de justice que la société néo-libérale ne parvient plus du tout à assurer.

      Je reste en cela un platonicien de "La République" : lorsque les hommes s'assemblent en société, ce n'est ni la liberté ni le bonheur qu'ils recherchent, mais avant tout un ordre juste. Car ils savent que le contrat social les rend dépendants de leurs semblables et limite leurs libertés : ils n'acceptent donc cette dépendance que s'ils l'estiment fondée en justice.

      Le premier libéralisme politique a tenté de répondre à ce besoin de justice, en appelant à la méritocratie. Le néo-libéralisme, comme je l'ai montré dans plusieurs billets précédents, est en cela une trahison du libéralisme historique.

      En plus d'être une monstruosité sociale, il ne tient plus qu'un discours hypocrite sur la méritocratie, auquel il ne croît même plus lui-même, pour lui substituer une brutale économie de rente semblable à celle du XIXème siècle, ce que Laurent montre à chaque billet de son blog.

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    2. toujours complet, merci de votre attention.

      Je suis en phase avec vos développements et ceux de Mr Herblay également, hors le fait d'une éventuelle reprise économique prochaine, que j'appelle pourtant de mes vœux pour la petite PME que je dirige (cadre salarié d'une centaine de personnes)


      Il me semble que nous ne sommes pas près de voir les petites organisations reprendre une place d'équilibre face ou avec les grandes structures que vous connaissez
      apparemment bien. Si nous n'avons pas à connaitre le jeu "psychotique" (mes excuses pour ce raccourci) des acteurs de la grande entreprise, la petite connait aussi ses problèmes dans son ensemble, en particulier dans une situation de fortes contraintes qui tendent les corps, les nerfs et les relations professionnelles.

      Vous citez l'exemple des SCOP, et vous avez raison de penser qu'elles sont une formule intéressante concernant la prise de décision en commun. Toutefois , vous n'ignorez pas qu'elles se trouvent parfois dans des impasses momentanées liées à la prise de décision puisque le principe est une part/une voix. Ca peut être perturbant pour le fonctionnement, et parfois ça l'est à travers deux ou trois exemples que je connais.

      Pour en revenir à votre sujet de la prise de pouvoir dévoyée que nous subissons aujourd'hui, il me semble que le rééquilibrage que vous appelez de vos vœux ne pourra véritablement avoir lieu si n'apparaît pas un arbitre, un tiers puissant (l'état?) , pour rééquilibrer le jeu social entre petites et grandes structures.

      On peut développer le sujet à travers le prisme économique. Si on observe bien les évènements actuels, le déséquilibre va jusqu'à conduire des politiques publiques qui transfèrement massivement de l'argent public pour "soulager" des groupes qui dégagent d'abord des dividendes (au nom de la compétitivité), et dans le même temps on augmente les charges (IR et IS) de celles qui équilibrent tout juste leurs bilans. Sans évoquer un certain nombres de contraintes légales qui vont alourdir les charges en 2016.

      Tout cela me laisse songeur, la perversion de la gouvernance vient de haut

      Stan


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    3. mes excuses j'ai fait des fautes, mais l'idée y est..

      Stan

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    4. Le rôle de l'état comme tierce partie pour réguler l'équilibre entre entreprises classiques et auto-gérées est certain.

      Je partage votre pessimisme, la puissance publique étant aujourd'hui en collusion avec les dérapages des sociétés privées, non en arbitrage.

      Les communautés auto-gérées visent à répondre à cela : les compromissions sont arrivées à un tel niveau de profondeur que seule une démarche "provocatrice" peut pousser à changer de fonctionnement, par un contre-exemple visible de tous.

      C'est la raison pour laquelle je ne crois plus à une solution politique classique, mais à des communautés qui vivent leur vie pour redonner à des hommes leur indépendance, mettant la société néo-libérale face à ses contradictions.

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  7. Il n'y a pas de cohérence, ni de plan, seulement des connivences de gens ayant squatté les positions de pouvoir pour avoir les moyens de piller ce qu'ils peuvent piller en toute impunité. Ils se débrouillent pour surfer d'un maroquin à l'autre et laisser le déluge à ceux qui leurs succèdent.

    Un exemple flagrant des comportements appropriateurs et usurpateurs de ces habiles parasites sans complexes :

    http://jeanpaulmartin.canalblog.com/archives/2015/10/03/32722051.html

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    1. Merci pour ce lien instructif. De telles situations ont été fréquentes dans les pires moments de ce qui s'appelait à l'époque France Telecom, lorsque l'entreprise connut une vague de suicides : les personnes harcelées étaient généralement les éléments les plus créatifs et les plus aptes à l'initiative, ayant déposé de nombreux brevets pour leur entreprise.

      Oui, pour comprendre qu'il s'agit de dynamiques collectives et non d'un complot organisé, cf mes billets que Laurent a reproduit sur le pourquoi des théories du complot.

      En théorie des jeux, si une stratégie gagnante existe, elle sera tôt ou tard empruntée, qu'elle soit éthique ou non. Par le simple raisonnement que chacun se fera à lui-même : si je n'emploie pas moi-même cette stratégie, d'autres le feront et je serai perdant. Aucune éthique ne résiste longtemps à ce jeu de contraintes.

      Dans les grands groupes, les jeux grotesques et avilissants auxquels se livrent les niveaux exécutifs ne sont d'ailleurs pas le fait d'être machiavéliques.

      Si vous les prenez individuellement un par un, ils déploreront toujours que les hommes agissent selon de tels jeux, et pris à part ils en seront tout à fait conscients.

      Mais dès qu'ils seront à nouveau en situation de jeu de pouvoir, ils seront les premiers à se précipiter à nouveau vers ces logiques, de peur que d'autres ne le fassent avant eux. Le mécanisme du "dilemme du prisonnier" est l'un des plus puissants que je connaisse pour expliquer les jeux internes d'organisation.

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    2. C'est un peu facile la logique des trois derniers paragraphes quand même ! "C'est pas d'ma faute m'sieur, je ne fais qu'appliquer la théorie des jeux :)" "Si je ne le faisais pas, d'autres le feraient" (la phrase la plus hypocrite qui soit au monde !).
      Je trouve ça fort de café, cette forme de déculpabilisation à bon compte !
      ça me rappelle les gars qui font les pires crasses au boulot et qui viennent ensuite te taper sur l'épaule en disant "Rien de personnel bien sûr", avec un grand sourire de faux-cul.

      On peut toujours dire "non" à ce qu'il me semble, on n'encourt pas la peine de mort à ce que je sache, juste peut-être se mettre mal avec son chef et/ou flinguer sa carrière. Mais est-ce si grave, vu l'état d'esprit de ces grands groupes ? Au moins, on dort peut être plus tranquille la nuit.

      Si on n'est pas capable de dire non à un couillon de chef, en temps de paix dans un environnement relativement privilégié quand même, faut pas s'étonner de ce que l'on peut voir en situation de crise grave et de guerre.

      Et après, si on justifie ces comportements (de petits bourgeois privilégiés qui font les pires crasses car ils ont peur, de quoi ? j'en sais rien, de ne pas pouvoir se payer le dernier i-Phone ?), faut surtout pas donner de leçon en tout cas !

      ***Jacko***

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  8. Attention, révéler les logiques systémiques ne dédouane par les individus de leur responsabilité morale.

    Je n'ai jamais dit que ceux qui s'engagent dans de tels jeux et en profitent n'étaient pas condamnables. Le traitement doit être le même que pour ceux qui ont employé le célèbre et sinistre argument "j'ai obéi aux ordres". Il y a aussi une "banalité du mal" néolibéral. Personne n'a sciemment construit "le système". Mais certains ont choisi de jouer son jeu et d'en profiter : ils devront être condamnés - durement - lorsque le vent aura tourné.

    On peut toujours résister aux logiques systémiques, mais il faut au moins du courage, voire de l'héroïsme. Car de plus en plus, c'est notre propre survie matérielle et celle de nos proches qui est en jeu, pas seulement le fait de "se faire bien voir".

    SI l'héroïsme est louable, on ne peut fonder une société entière dessus. Car la grande majorité ne sera pas héroïque, et pliera aux engrenages systémiques. Comprendre la logique permet de la changer, et de fonder une société sur d'autres valeurs. Les hommes orientent leur comportement sur ce que la société valorise, consciemment ou inconsciemment.

    Marc

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    1. On est d'accord Marc, mais ce qui m'a fait réagir de la sorte dans mon précédent commentaire c'est que tu avais l'air assez indulgent vis à vis de ces personnes.
      Je le suis beaucoup moins que toi, car j'ai vu des exemples innombrables de personnes dans ces grosses boites qui se soumettaient totalement et qui étaient les pires raclures alors qu'ils étaient bien souvent dans des situations três très confortables. Celles-là me dégoutent et je ne leur trouve aucune excuse.

      Dire "non" dans ces conditions, ça n'est pas faire preuve d'héroisme (mot bien trop fort), en sachant qu'il y a bien d'autres moyens de ne pas rentrer dans ce jeu débile et stérile sans utiliser le "non" ouvertement : le "oui cause toujours tu m'intéresses", l'"évitement", la "fuite", le "mouvement", le retournement style prise de judo"...

      ***Jacko***

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    2. @Jacko : tu avais raison de poser la question, car elle se pose toujours dès que l'on fait une analyse systémique d'une société ou d'une organisation.

      Michel Crozier a dû répondre à la même critique lorsqu'il a écrit "le phénomène bureaucratique" : en démontant tous les rouages d'un système placé au-dessus des individus, il lui a été reproché de dé-responsabiliser la personne.

      La réponse est que si l'on comprend la logique des jeux d'acteur, l'homme reste responsable d'avoir été ou non complaisant sur ces jeux, et qu'il a fait le choix d'y rentrer ou non. Nous sommes donc d'accord.

      Si je démonte les rouages systémiques, c'est qu'il faut considérer deux temps : celui de l'analyse et celui du combat.

      Dans l'analyse systémique, l'on met toute considération morale de côté, l'on essaie d'analyser froidement la situation, comme le ferait un ordinateur qui examine les différents coups d'une partie d'échecs.

      Le but est de bien connaître l'adversaire, pré-requis important pour le combattre, et pour cela il faut garder la tête froide.

      Pour un ordinateur, les tactiques que nous trouvons répugnantes ne sont qu'une suite de coups parmi d'autres. Et s'il parvient à la conclusion que c'est la suite de coups optimale, il dira simplement que c'est la stratégie gagnante, ce qui est une information importante quant au jeu auquel la société veut nous faire jouer.

      Puis vient le temps du combat. L'on exerce alors son libre arbitre d'homme, et les coups joués ne sont plus neutres moralement. A ce moment là, je t'assure n'être d'aucune indulgence...

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    3. OK Marc, on est d'accord.
      Le problème, dans les faits, c'est de continuer à garder son sans-froid devant des situations qui te dégoutent...
      Mais dans la théorie, tu as raison.

      ***Jacko***

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    4. "sang froid" et pas "sans froid" (lapsus révélateur ? :)
      Certains sont plus doués pour les jeux d'échec que d'autres... D'ailleurs le joueur d'échec peut aussi se perdre parfois.

      ***Jacko***

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  9. Mardi 3 novembre 2015 :

    Le chaos.

    Il va y avoir le chaos en Europe.

    Migrants : record historique battu en octobre.

    Le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) a fait ses comptes : 218 394 migrants ont traversé la Mer Méditerranée pour le seul mois d'octobre.

    Cette arrivée des migrants pose question :

    Dans les pays européens, quelle va être la conséquence politique de l'arrivée des migrants ?

    Autrement dit : dans les années qui viennent, pour quels partis politiques vont voter les peuples européens ?

    Lisez cet article :

    Migrants : record de 218.000 arrivées via la Méditerranée en octobre.

    Jusqu'à présent, le HCR prévoyait que 700.000 migrants allaient chercher refuge en Europe cette année en empruntant les routes périlleuses de la Méditerranée, et qu'ils seraient au moins aussi nombreux en 2016.

    Mais étant donné que plus de 744.000 sont déjà arrivés, le HCR va revoir à la hausse ses estimations et les publier d'ici la fin du mois.

    http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/migrants-record-de-218-000-arrivees-via-la-mediterranee-en-octobre-02-11-2015-5240213.php

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