jeudi 24 mars 2016

Cash Investigation : le plaidoyer de France 2 pour les frontières

Mardi soir, la très recommandable émission d'Elise Lucet, Cash Investigation, était consacrée aux salariées à prix cassé. Même si on pouvait noter quelques lacunes (la concentration sur les fraudeurs, oubliant trop souvent la concurrence déloyale des travailleurs détachés légaux), il est heureux qu'une émission de grande écoute sensibilise l'opinion aux dérives de notre monde sans frontières. Et ce faisant, l'émission était aussi un véritable plaidoyer pour les frontières.



Le laisser-passer, plus dangereux que les fraudeurs

L'émission s'est largement concentrée sur les entreprises qui fraudent, souvent des sous-traitants, qui paient leurs salariés sous le SMIC, ou pour des durées de travail sans rapport avec le droit du travail Français, qui ne versent pas les cotisations sociales qu'elles disent payer, privant leurs employés de droits à la retraite, ou qui leur font payer des sommes exorbitantes pour les héberger dans des conditions inhumaines. Et il est bien évident que tous ces fraudeurs doivent être poursuivis et condamnés. Mais ce que l'émission montrait de facto, c'est que la meilleure protection de ces fraudeurs, c'est justement  l'absence de frontières, qui leur permettent de créer une entreprise de travail temporaire en Irlande, en recrutant des Roumains avec un contrat Chypriote pour le compte d'une entreprise Française.

Et quand les manoeuvres frauduleuses sont découvertes, il leur suffit de transférer leur activité dans une nouvelle entité, basée dans les Iles Vierges Britanniques. Bref, en permettant des montages extrêmement complexes, sur plusieurs pays, on laisse surtout passer et faire les escrocs qui profitent et exploitent la misère humaine. Mais n'est-ce pas la logique de cette société ultralibérale sensée être équiilbrée par la somme des égoïsmes, comme le défendait Raphaël Enthoven sur Europe 1 ? Mais, ce faisant, l'émission est un peu passé à côté du caractère profondément déloyal du recours légal aux travailleurs détachés, qui ne paient que les cotisations sociales de leur pays d'origine, et pas les cotisations sociales Françaises, plus élevées, même en respectant le droit du travail Français.

Car avec des salaires sont beaucoup plus bas en Roumanie, il y a également un dumping salarial pour les emplois habituellement payés sensiblement au-delà du SMIC pour les nationaux en France (on peut penser aux routiers ou aux bouchers), et où un SMIC est largement suffisant dans les yeux d'un Roumain. Bref, le statut même de travailleur détaché, produit du dogmatisme ultralibéral bruxellois qui ne voudrait aucune frontière, est inacceptable. Bien sûr, les fraudeurs doivent être condamnés, mais ce n'est pas nouveau et ce ne sera pas suffisant car les travailleurs détachés légaux représentent sans doute une menace encore plus importante pour notre modèle social. Ils représentent une légalisation de la course au moins-disant social et salarial dans un ensemble comme l'UE, où les salaires varient de 1 à 10. Ceci montre encore une fois que ce cadre légal affaiblit les citoyens par rapport aux entreprises.

Merci donc à Elise Lucet et son équipe pour cette émission qui a le mérite d'alerter les citoyens sur ce que nos dirigeants "socialistes" ou "républicains" ont permis de faire. Mais si la lutte contre les fraudeurs est nécessaire, elle ne sera pas suffisante. Il faut casser cette logique de course au moins-disant, produit du laisser-passer et du laisser-faire. Et les frontières sont sans doute un des meilleurs moyens pour en venir à bout. De telles histoires auraient-elles été possibles si l'entreprise avait été Française, signant des contrats de droit Français, et avec des salariés Français ? 

7 commentaires:

  1. On recherche toujours des solutions au changement de paradigme alors que l'on vient juste de les détruire!

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  2. J'avais entendu parler de cette émission ici :

    http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2589

    http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2614

    mais cette fois plutôt en mal.

    A qui se fier, décidément...?

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    1. Les articles en lien n'ont rien à voir avec le reportage expliqué par Monsieur Herblay ;

      Les articles en lien n'évoquent que le reportage sur les pesticides dans les aliments... et il n'est pas dit que le articles en lien soient honnêtes ou exacts.

      Il est parfaitement normal de trouver des traces de pesticides dans nos aliments... la bataille porte sur la quantité que les uns vont trouver inadmissible (et c'est logique) et ceux qui vont trouver les quantités de poison chimique normales (du moins conformément aux normes -quand même laxistes-).

      Pour en revenir au sujet réel, merci pour la tactique qui consiste à chercher à relativiser les opinions...

      Comme si la simple expression de deux avis contraires ne permettraient plus de savoir à quoi s'en tenir. Les libéraux poussent le niveau de rhétorique très loin !

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  3. "la signature de ce traité sera un Munich sociale"
    Séguin 1991/1992
    Nous y sommes.

    Laurent MICHEL

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  4. Évoqué également par NDA sur son blog :

    http://blog.nicolasdupontaignan.fr/post/Travailleurs-d%C3%A9tach%C3%A9s-%3A-Cash-Investigation-d%C3%A9voile-le-visage-de-l%E2%80%99esclavage-moderne-en-Europe

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  5. Il n'y a pas que les migrants qui arrivent par la Turquie.

    Il y a aussi les migrants qui arrivent par la Libye.

    Jeudi 24 mars 2016 :

    Libye : 800 000 migrants attendent de passer en Europe.

    Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a estimé jeudi qu'environ 800.000 migrants attendaient de pouvoir passer en Europe depuis la Libye.

    Interrogé sur la radio française Europe 1, il a d'abord évalué le nombre de migrants concentrés en Libye à des centaines de milliers. Au journaliste qui avançait une estimation de 800.000 personnes, le ministre a ensuite répondu qu'il s'agissait d'un chiffre à peu près convenable.

    Jeudi 19 novembre 2015 :

    Sur France 2, Manuel Valls a eu beaucoup de mal à reconnaître la vérité qui dérange : des djihadistes se sont infiltrés au milieu des migrants.

    20 heures 41 :

    Certains « ont profité de la crise des réfugiés pour se glisser » en France

    Le premier ministre Manuel Valls a affirmé que certains des auteurs des attaques de vendredi contre Paris et Saint-Denis « ont profité de la crise des réfugiés pour se glisser » en France.

    « Ces individus ont profité de la crise des réfugiés, notamment au moment de ce chaos, peut-être, pour certains d'entre eux, se glisser... » en France, a indiqué Manuel Valls, sans finir sa phrase. Il a aussitôt ajouté que « d'autres étaient en Belgique, déjà. D'autres, je veux le rappeler, étaient en France », a-t-il assuré.

    http://www.lefigaro.fr/actualites/2015/11/19/01001-20151119LIVWWW00005-daech-execute-deux-nouveaux-otages-et-menace-new-york.php

    Mardi 1er mars 2016 :

    Général Philip Breedlove : « Les terroristes infiltrent les flux de réfugiés aujourd’hui. »

    Le général US quatre étoiles, Philip Mark Breedlove, à la tête du commandement des forces des États-Unis en Europe, témoignait le 1er mars 2016 devant le Sénat américain.

    Interrogé par la Sénatrice du New Hampshire, Kelly A. Ayotte, à propos de l’infiltration de l’État islamique parmi les réfugiés, le Général Philip Mark Breedlove a répondu que ces infiltrations sont déjà une réalité et qu’il faut se méfier de tous les flux de réfugiés.

    https://www.youtube.com/watch?v=KsHNDq4p8KU

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  6. Attentats de Bruxelles : deux terroristes sont arrivés en Europe cachés au milieu des migrants.

    Naim Al Hamed et Sofiane Ayari se sont infiltrés parmi les « vrais » migrants. Ils se sont fait passer pour des réfugiés syriens. Ils sont arrivés en Europe en débarquant sur l'île grecque de Léros le 20 septembre 2015.

    Lisez cet article du journal LE MONDE :

    Selon les informations du Monde, « Naim Al Hamed » est arrivé en Europe le 20 septembre par l’île de Léros, en même temps qu’un autre suspect des attentats de Bruxelles : Sofiane Ayari, porteur lui aussi d’un faux passeport syrien au nom de Mounir Ahmed Alaaj.

    Si les deux faux migrants sont arrivés en Europe pour commettre des attentats, la présence de l’un dans un appartement rempli d’armes laisse craindre que les trois hommes qui se terraient dans l’appartement de Forest avant d’en être délogés par la police pouvaient constituer une troisième équipe censée frapper Bruxelles ce jour-là.

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/03/25/attentats-de-bruxelles-la-police-recherche-un-homme-presente-comme-naim-al-hamed_4890109_3214.html

    Mais ce ne sont pas les seuls terroristes infiltrés au milieu des migrants.

    Attentats de Paris : six terroristes sont arrivés en Europe cachés au milieu des migrants.

    Ukashah Al-Iraqi, Ali Al-Iraqi, Adel Haddadi, Muhammad Usman, X et Y sont arrivés tous les six sur l'île grecque de Leros le 3 octobre 2015. Ils se sont fait passer pour des réfugiés syriens. Ensuite, ils ont traversé plusieurs pays d'Europe, cachés au milieu des migrants.

    Exemple : Ukashah Al-Iraqi, de nationalité irakienne. Il avait été formé au terrorisme par l'Etat Islamique. Il avait pris un faux-passeport syrien au nom de Ahmad Al Mohammad. Il était arrivé en Europe caché au milieu des « vrais » réfugiés syriens le 3 octobre 2015, date de son enregistrement dans le fichier Schengen Eurodac lors de son arrivée sur l'île grecque de Leros.

    Le journal LE FIGARO a reconstitué le parcours de ce djihadiste irakien :

    - Syrie, puis Turquie, puis arrivée sur l'île grecque de Leros le 3 octobre 2015 au milieu des « vrais » réfugiés syriens. Contrôlé et enregistré par la police grecque.
    - Passage en Macédoine, puis en Serbie. Contrôlé dans le camp de réfugiés de Presevo par la police serbe.
    - Passage en Croatie. Contrôlé dans le camp de réfugiés de Opatovac par la police croate.
    - Passage en Slovénie, puis en Autriche, puis en Allemagne, puis en France. Il se fait exploser devant le Stade de France.

    La carte est ici :

    https://i.imgur.com/21t0EUK.jpg

    Les six terroristes ont débarqué sur l'île grecque de Leros. Ensuite, ils ont pris un ferry pour rejoindre Le Pirée. Le djihadiste qui a acheté les six billets de ferry n'a pas été identifié. A Leros, le patron de l'agence de voyage témoigne :

    "Je ne sais pas s'ils se connaissaient tous, mais celui qui a payé m'a acheté six billets", confirme au JDD Dimitri Kastis, le patron de l'agence de voyage qui a vendu au faux réfugié les tickets du ferry Leros-Le Pirée.

    http://www.lejdd.fr/Societe/L-insaisissable-Salah-Abdeslam-762845

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