mercredi 30 mars 2016

Pourquoi la rémunération de Carlos Tavares pose problème




Passer de 150 à 300 SMICs en une année !

Bien sûr, certains défendent le doublement du salaire de Carlos Taverez, en soulignant que Carlos Ghosn gagne trois fois plus que lui, que cela serait la juste récompense de la réussite de son plan de redressement de PSA. D’autres pourraient dire que sa rémunération ne dépasse que légèrement la moyenne de ceux du CAC 40, ou même que les salariés de PSA ont touché 2000 euros de prime de résultats l’an dernier. Pierre Gattaz a estimé qu’il fallait le « féliciter du redressement exceptionnel qu’il a fait de PSA (…) Quand il y a de réussite, ça ne me choque pas qu’on récompense la réussite ». Sauf que le patron des patrons oublie que les récompenses de la réussite n’ont pas le même poids en haut et en bas. En bas, elle est au mieux de 10%, pour le patron, c’est 100%. Deux poids, deux mesures.

Qui plus est, il faut rappeler ici que les écarts de rémunérations ont explosé en deux décennies. Au début des années 1990, Jacques Calvet avait choqué quand le Canard Enchainé avait révélé qu’il touchait alors plus de deux millions de francs par an, environ 300 000 euros aujourd’hui, soit 35 SMICs de l’époque. Raymond Lévy, son homologue de Renault, émargeait à un million de francs par an, soit un peu plus de 15 SMICs de l’époque. Aujourd’hui, Carlos Ghosn gagne environ 15 millions d’euros pour ses deux postes, environ 1000 SMICs. Non seulement les rémunérations des grands patrons progressent beaucoup plus vite que celles des autres employés, mais en plus, l’écart a explosé en 20 ans. Et on peut ajouter que le taux maximum d’impôt sur le revenu est passé de 56,8 à 45% dans le même temps !

Il est bienheureux que l’envolée de la rémunération du patron de PSA provoque une polémique. Car cela montre que nos sociétés sont en train de toucher des niveaux d’indécence dans les inégalités qui pousse l’opinion publique à réagir. Le temps du sursaut démocratique approche. 

22 commentaires:

  1. Les résultats de Peugeot sont très mitigés et fragiles, ne justifiant en rien une telle augmentation qui correspond à un complexe narcissique de Tavares par rapport à Ghosn, du genre qui a la plus grosse :

    http://lexpansion.lexpress.fr/entreprises/psa-le-salaire-de-carlos-tavares-fait-la-culbute-l-etat-actionnaire-desarme_1777391.html

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  2. Mais quel culte de la personnalité!!!
    Tous ces "grands patrons" soi-disant géniaux que le monde entier s'arrache.. Foutaise!
    C'est pas eux qui font tourner la boutique, qui conçoivent les voitures, les vendent, ni les réparent. Une voiture, c'est un tout; Alors, Tavares ou un autre, à ce poste là, n'a pas grande importance. Le génie n'a rien a voir la-dedans. Il a fait, comme tous les autres, son lobbying et ses communicants ont fait le reste
    Louis Renault et André Citroen savaient ce dont ils parlaient, mais c'était avant guerre...

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    1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    2. Toute l'arnaque du capitalisme consiste à faire croire que la seule chose qui compte dans l'entreprise, c'est l'apport de capitaux...

      Mais si l'apport de capitaux est essentiel, ce n'est pas la seule chose importante et vitale pour une entreprise ; le savoir-faire des employés est tout aussi primordial.

      Réussir à faire passer comme normal que le patron gagne plus que l'ouvrier... alors que les deux sont tout aussi importants pour le bon fonctionnement de l'entreprise.

      Le rapport de force est occulté... l'un impose son intérêt contre l'ouvrier, mais en justifiant son salaire plus élevé par "la justice" de cette norme.

      C'est une norme arbitraire que rien de logique ne justifie... c'est juste que celui qui apporte les capitaux peut attendre en cas de conflit... et qu'il y a moins de possédants que de gens qui ont leur force de travail à vendre !

      Les possédants pouvant mettre en concurrence les travailleurs...

      Il n'y a en fait rien de plus actuel que la lutte des classes... et la préservation des intérêts bien compris dans la solidarité des possédants.

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  3. Ces rémunérations du CAC 40 montre que de l'argent, il y en a... c'est le point essentiel que vous oubliez de souligner dans votre article.

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    1. Ouais, enfin si on redistribue cette augmentation sur les 184 000 salariés de PSA on se retrouve avec 16€ par salarié et par an.

      Ce qui pose problème, c'est plutôt le divorce entre une petite clique médiatico-politico-financière et le reste, à tous les points de vue.

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    2. On peut toujours compter sur les libéraux pour jouer sur les mots...

      Evidemment, que les gains des PDG, des actionnaires, c'est un euro par pièce ici, 5 euros sur chaque pièce transportée là, 7 euros de gagnés sur le prix des heures sup pour chaque boulon encore ici...

      Les uns cumulent les gains de productivités... on a compris. Les profits des uns sont les pertes des autres... quand les carnets de commandes restent méchamment vides. La machine ne peut que cannibaliser les salaires et les coûts de production à défaut de faire des vrais bénéfices (supplémentaires).

      Ce qui pose problème, c'est bien la gloutonnerie des actionnaires et des PDG ! cette argent n'est pas utilisé pour la R&D ni pour n'importe quelle forme d'investissement... qui pourrait générer des vrais profits nouveaux qui pourraient eux justifier des salaires mirobolants pour les nantis (et rêvons un peu, un vrai partage des profits avec les ouvriers).

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    3. P.S. : ne pas se focaliser sur la seule augmentation du PDG... si les actionnaires ne sont pas contres, c'est que le PDG touche une partie d'un pactole et que les actionnaires en gardent pas mal.

      C'est sur que la seule part du PDG divisée par l'ensemble des ouvriers... mais ce n'est là que la part du PDG, y'a les autres membres de la DG, les actionnaires... et les profits dissimulés.

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    4. héhé ... je suis bien d'accord avec l'anonyme de 15:21 ; si les salariés avaient le bon goût d'être moins nombreux, ils se feraient des couilles en or..

      ils n'avaient qu'à choisir leur camp avant ..

      Stan

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  4. Ce qui me choque aussi c'est qu'un patron qui se plante retrouve tout de suite une place ou une situation confortable même si il a coulé son entreprise et mis des milliers de personnes dans la rue ou dans la misère. je pense à Alcatel, Carefour, Areva.... Ils ont des gros salaires il devrait être réellement responsable en cas de faillite Ils ont le beurre et l'argent du beurre

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  5. ça barde chez les thatchériens :

    http://www.telegraph.co.uk/business/2016/03/30/uk-industry-rocked-as-tata-confirms-plan-to-offload-steel-busine/

    "Temporary UK government ownership an option - Soubry

    The Government is considering nationalising the Tata steel works to allow more time to find a buyer for the firm's British operation, it has emerged.

    Industry minister Anna Soubry told the BBC's Today programme that it was the "dream" of the Government to secure a buyer and it would consider "holding" the plants under public ownership until a sale can be made."

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  6. je serais heureux d'examiner les conditions de redressement de ce groupe international, possible d'y trouver des perles assez extravagantes en terme de fiscalité ou de transactions intrafiliales..

    mais bon, ça ne résoudrait pas le problème puisque tout est possible y compris les effets de levier pour distribuer des dividendes..alors


    il y a un moment que le niveau d'indécence est dépaasé dans nombre de domaines et à mon avis c'est loin d'être terminé...

    comme disait Confucius "quand il y a un problème et qu'il y a une solution, il n'y a de quoi s'en faire ; quand il y a un problème et qu'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de quoi s'en faire non plus"..


    qui veut mettre son corps en face du maous rouleau compresseur des bandes de sociopathes qui sont au pouvoir ? (et je ne parle pas du tout des politiques qui ne sont que les sous fifres de service)..

    Stan

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  7. http://www.marcelgauchet.fr/blog/wp-content/uploads/2016/lepoint10032016.pdf

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    1. J'aimais bien Marcel Gauchet, mais je dois dire qu'il commence à m'emmerder.

      Enfin...dans un autre article sur son livre, il reconnaît en partie ses erreurs en reconnaissant s'être trompé (il faisait partie de la gauche rocardienne, qui souhaitait affaiblir l'Etat, et il reconnaît que cela a été une lourde erreur).
      Ce qui ne l'empêche pas de vouloir continuer dans la même direction, en proposant de supprimer les grandes écoles aux profits des facs (dont il dit pourtant par ailleurs qu'elles ne marchent pas, en particulier dans son domaine des sciences humaines ; ce que tout le monde sent bien).

      Dernière remarque, impossible sur le site (qui n'est pas de lui) de laisser un commentaire. La fonctionnalité est présente, mais quand on laisse une remarque elle ne passe pas...

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    2. Gauchet fait l'erreur habituelle... présenter la mondialisation comme le problème que les politiques ont du mal à gérer...

      Alors que la mondialisation est la situation produite par les élus... situation problématique, certes. Mais c'est la situation construite et entretenue à toute force par les élus comme étant la solution.

      Et ce Gauchet fait parti des pétainistes-2.0 : la France est nulle, la France est ridicule, nous devons jeter tout ce qui est français. Tout en reprochant aux autres d'avoir honte d'être Français et de vouloir être américain (donc des pétainistes-2.0).

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  8. Pardonnez moi mon ignorance. Mais, PSA n'a-t-elle pas été en partie nationalisée il y a quelques mois ?
    Donc, n'a-t-on pas renfloué avec de l'argent public, plusieurs dizaines de millions d'euros, une entreprise privée ?
    D'où ma question : sans cet argent public, ce "brillant" (sic) gestionnaire aurait-il redressé "aussi bien" cette entreprise ? N'Est-ce pas plutôt cet argent public qui a produit ce "redressement exceptionnel de l'entreprise" ?
    Si cet argent public avait été distribué, par exemple, aux RSA-istes, n'aurait-on pas pu alors dire que les gens aux minima sociaux parviennent à nettement mieux finir leur mois financier et que, par conséquent, voyez comme ils sont tous d'excellents gestionnaires ? Ils peuvent même s'offrir, en prime, une pomme fraiche supplémentaire...
    La pleureuse du MEDEF oublie cet aspect : se sont des fonds publics qui ont redressés une entreprise privée nationalisée le temps que l'on puisse tout redonner aux actionnaires. Exactement comme le Crédit Lyonnais que nous avons renfloué avant de le privatiser.

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    1. Sans oublier toutes les aides comme le CICE et compagnie...

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  9. On aura tout vu : un journal anglais faisant la promotion du protectionnisme, et la commission accusant les Anglais d'empêcher de prendre des mesures protectionnistes :

    http://www.telegraph.co.uk/business/2016/03/30/britain-sacrifices-steel-industry-to-curry-favour-with-china/

    http://www.telegraph.co.uk/news/politics/david-cameron/12207876/EU-row-over-deal-to-save-steel.html

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    1. Pourquoi rapprocher l'avis d'un journaliste et le la politique du gouvernement britannique ?

      C'est le "telegraph" qui gouverne au Royaume Uni ?

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  10. @ Abd_Salam

    Ce faisant, les actionnaires achètent les dirigeants…

    @ Stan

    C’est beaucoup plus le redressement du marché qui explique les bons résultats

    @ CanluCat

    L’Etat a pris 14% du capital

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  11. Pour une explication de l'explosion des rémunérations des dirigeants, voir https://theconversation.com/ghosn-tavares-les-raisons-de-lexplosion-des-remunerations-des-grands-patrons-56992

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    1. Cet article est particulièrement stupide... comme si un retour au secret des rémunérations aller permettre de freiner leur augmentation...

      Ça ressemble plus à : pour éviter les scandales, il faut que ça redevienne secret.

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