jeudi 1 octobre 2015

La baisse des inégalités ne touche pas les patrons du CAC 40




Des rémunérations devenues extravagantes

Bien sûr, ceux qui défendent les salaires des grands patrons prennent soin de revenir jusqu’en 2006 pour montrer que la rémunération moyenne de 2014 n’est pas à son plus haut. Bien sûr, elle atteignait plus de 5 millions d’euros peu avant le grand krach. Mais une telle présentation des choses est biaisée. Car si l’on remonte un petit peu plus dans le temps, au tout début des années 1990, Raymond Lévy, patron de Renault, gagnait alors 1 million… de francs, soit 150 000 euros, par an ! Et la rémunération de Jacques Calvet, alors patron de PSA, avait fait grand bruit quand il avait été révélé qu’elle dépassait 2 millions… de francs, soit plus de 300 000 euros. Aujourd’hui, Carlos Ghosn, patron de Renault et Nissan, touche la bagatelle de 15 millions d’euros, 100 fois ce que touchait son prédecesseur !

Quand le patron de Renault touchait un peu plus de 20 SMICs il y a 25 années, son successeur en ramasse aujourd’hui 1000 en une seule année ! Voici sans doute le meilleur résumé de l’explosion des inégaliltés au sommet de la pyramide, qui rend totalement caduques les analyses de l’INSEE, qui, suivant l’indice de Gini, comparent les 10% les plus riches et les 10% les moins riches. Cette moyenne écrase l’envolée des salaires du 1%, ou même du 0,1% le plus riche, sur laquelle dissertent Thomas Piketty et ses comparses, ou Joseph Stiglitz. Il est vrai que Carlos Ghosn est en pôle position du classement 2014, devant l’ancien patron de Sanofi, qui émarge à plus de 12 millions seulement et celui de Dassault Systèmes, à 11 millions. Un patron du CAC 40 gagne aujourd’hui environ 300 SMICs par année !

L’alliance des grands patrons et des actionnaires

Mais il y a un autre élément très intéressant dans cette étude, c’est la variabilisation grandissante de la rémunération des grands patrons, puisque seulement un quart de la somme considérable qu’ils gagnent est fixe aujourd’hui. Plus de 30% provient d’une rémunération variable désormais, le reste venant d’avantages divers et variés : actions gratuites, primes de départ, et plus marginalement de stock options. On en a bien vu un exemple avec le patron du groupe Volkswagen, qui touchait à peu près la même somme que Carlos Ghosn, et qui, malgré un départ précipité suite à l’énorme scandale de la tricherie aux tests de pollution, va toucher entre 30 et 60 millions d’euros de cadeaux de départ. Cette variabilisation a pour objectif et effet de bien aligner les intérêts des patrons sur ceux des actionnaires.



En effet, en déversant des montagnes l’or dans les comptes en banque des grands patrons s’ils atteignent les objectifs qu’ils leur ont donnés, les actionnaires ont poussé l’obsession des résultats trimestriels, des rachats d’action, du transfert de plus en plus exagéré de la valeur dans leur poche. Mais ce sont ces obsessions qui ont poussé la finance au bord d’un précipice en 2008, dont seul les Etats pouvaient les rattraper. Ce sont aussi ces obsessions qui ont envoyé les taux de rentabilité à des niveaux tellement hauts (rattrapant ceux de 1929, c’est dire) que même The Economist s’en est inquiété. Et si les actionnaires et une petite élite en profitent, en revanche, la situation est bien moins rose pour les 99% restant, qui n’ont jamais profité du ruissellement fantasmatique des néolibéraux.

Mais ce qu’il faut noter, c’est que le capitalisme actuel peut aussi être barbare et expéditif avec le sommet de la pyramide. Certes, l’or amassé permet de relativiser, mais cela a sans doute aussi pour effet de distiller l’idée que cette violence est normale, sans réaliser qu’elle est bien plus cruelle plus bas… 

5 commentaires:

  1. C'est pourquoi j'ai toujours du mal à entendre et à recevoir des mêmes patrons le discourt sur le cout du travail soit disant élevé en France. Quand on gagne soit même 1000 smic ( et qu'en est il des n-1-2-3 et du cabinet?) il faut avoir du culot pour dire qu'il faut délocaliser une usine car le travail coute trop cher.

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  2. Vu sur herblayistelibre.com :

    De Gaulle dans Mémoires d’Espoir, Livre 1, Le Renouveau, L’Europe :
    « Pour moi j’ai, de tous temps, mais aujourd’hui plus que jamais, ressenti ce qu’ont en commun les nations qui la peuplent. Toutes étant de même race blanche, de même origine chrétienne, de même manière de vivre, liées entre elles depuis toujours par d’innombrables relations de pensée, d’art, de science, de politique, de commerce, il est conforme à leur nature qu’elles en viennent à former un tout, ayant au milieu du monde son caractère et son organisation. C’est en vertu de cette destination de l’Europe qu’y régnèrent les Empereurs romains, que Charlemagne, Charles Quint, Napoléon, tentèrent de la rassembler, qu’Hitler prétendit lui imposer son écrasante domination. Comment, pourtant, ne pas observer qu’aucun de ces fédérateurs n’obtint des pays soumis qu’ils renoncent à être eux-mêmes ? Au contraire, l'arbitraire centralisation provoqua toujours, par choc en retour, la virulence des nationalités. Je crois donc qu'à présent, non plus qu'à d'autres époques, l'union de l'Europe ne saurait être la fusion des peuples, mais qu'elle peut et doit résulter de leur systématique rapprochement.»

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  3. Qui vote ces rémunérations? Dans les conseils d'administrations des grandes firmes, j'ai bien l'impression qu'on retrouve souvent les mêmes personnes, on pratique l'entre-soi. X ne va tout de même pas brider Y, qui demain pourra lui renvoyer l'ascenseur, ou rendre service à Z, qui lui même...
    Les 15 M de Ghosn lui viennent en récompense de l'accord de compétitivité ? Ce serait indécent quand on sait ce que cela implique pour les salariés de Renault.

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  4. Laurent, avec des gauchistes comme toi, c'est pas demain que la France va relever la tête dans la compétition mondiale.

    Il faut arrêter de taper sur les riches enfin!

    Les Français doivent apprendre à aimer les riches, s'ils veulent que ceux-ci restent chez eux et distillent des miettes comme des oboles...

    Tu fais de la démagogie populiste quand tu dis que les grands patrons ne méritent pas leur 300 SMIC par an. Ils suivent scrupuleusement la charte déontologique du MEDEF. Preuve qu'ils sont raisonnables, ils sont bien plus mal payés que leurs homologues américains.

    Non vraiment, il faut arrêter ta propagande marxiste sinon ta carrière va être aussi pathétique que celle d'Elise Lucet.

    J'espère que tu vas te ressaisir Laurent et que tu vas à l'avenir piocher ton inspiration dans des revues sérieuses, comme L'Opinion de ce charmant Nicolas Beytout.

    ;-)

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  5. @ Anonymes

    En effet, ils ne semblent même pas se rendre compte de l’indécence de leurs propos et de leurs décisions

    @ Jauresist

    ;-)

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