lundi 15 août 2016

Lait, blé : les agriculteurs abandonnés au tout marché




La loi de la jungle appliquée à l’agriculture

Les chiffres sont proprement effarants. Déjà, il y a trois ans, je rapportais déjà le désespoir des producteurs de lait, dont la production était achetée 30 centimes le litre (contre 31 en 2001) et demandaient une hausse de 3 à 4 centimes. Quel stupeur d’apprendre qu’en 2016, Lactalis l’achète 25 centimes le litre et Danone 27 centimes ! Malgré les tables rondes et les engagements, la situation des producteurs de lait ne semble pas avoir changé d’un iota : ils sont encore et toujours soumis aux fluctuations du marché, la consommation en baisse de la Chine pouvant les ruiner du jour au lendemain ! Quelle plaisanterie d’oser parler d’un prix de 34 centimes le litre (moins de 10% de hausse en 15 ans). Il est logique que les agriculteurs en soient réduits à organiser des actions coup de poing contre Lactalis.

La situation des céréaliers sera extrêmement difficile cette année, car ils sont pris sous le coup d’une double mauvaise fortune. D’abord, du fait des aléas climatiques, la production de blé devrait être en recul d’un quart cette année  : la production serait au plus bas depuis 13 ans ! Malheureusement, la production mondiale est au plus haut et devrait égaler le record de l’an dernier, ce qui pousse les prix mondiaux à la baisse, proches des plus bas depuis 10 ans. Comme d’habitude, le gouvernement devrait annoncer des aides temporaires, des baisses exceptionnelles de taxes ou des aides bancaires (choses réclamées par l’opposition, comme vient de le faire François Fillon, qui parle de « plan d’urgence ») mais tout ceci ce ne sont que des solutions conjoncturelles à des problèmes profondément structurels.

Pourtant, les solutions aux difficultés des agriculteurs sont connues. Ce sont les piliers de la PAC originelle : protection des marchés européens, prix plancher protégeant les agriculteurs. Ce modèle est aussi à la base du modèle de développement des pays asiatiques, qui protègent fortement leur agriculture, le Japon ayant des droits de douane de plus de 300% sur le riz (plus de 200% pour la Corée du Sud). Au contraire, l’UE a levé les quotas laitiers en 2015 et l’on sait à quels points cela peut déstabiliser les marchés étant donnée l’agressivité commerciale de certains de nos partenaires. Il est rageant de voir que nos dirigeants continuent de fermer les yeux sur ces solutions, par dogmatisme et conformisme alors que les pays montrés en exemples économiques continuent de les appliquer


Voilà pourquoi nous devons absolument soutenir nos agriculteurs, en tirant toutes les conséquences des pratiques de certains groupes pour agir et faire pression, outre la pression politique. Il est inadmissible que ceux qui nous nourrissent soient traités comme des variables d’ajustement des marchés.

3 commentaires:

  1. Ok, votre analayse est claire.

    Quelle est la solution alors ?

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    1. Edit :

      Prix planchers et taxes décourageant l'importation, n'est-ce pas ?

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  2. Prix planchers garantissant aux agriculteurs de vivre de leur métier (comme cela existait avant), contrôle des importations par le biais de taxes ou de quotas flexibles, refonte des aides, qui semblent davantage aider les gros producteurs. Bref, faire comme les pays asiatiques pour se donner les moyens de maîtriser ce que nous mangeons et permettre à ceux qui nous nourrissent de gagner honorablement leur vie.

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