jeudi 26 janvier 2017

Le crépuscule du Parti dit Socialiste

Bien sûr, le PS a montré une capacité stupéfiante à traverser des heures difficiles, de la fin crépusculaire des années Mitterrand, entre chômage de masse et affaires, les congrès haineux ou marqués par des irrégularités. Mais cette fois-ci, avec ces primaires, il semble en voie d’autodestruction, et que la concurrence de Macron et Mélenchon va signer son acte de décès.



Eurolibéral robotique contre apparatchik libertaire

Ces primaires ressemblent à un long chemin de croix. Sensées remobiliser les troupes, elles semblent plutôt marquer l’agonie de ce parti au pouvoir 20 ans sur les 36 dernières années. Non content de n’avoir attiré qu’environ un million et demi de participants, le PS s’est disqualifié plus encore en trafiquant les chiffres de résultats comme dans une vulgaire république bananière : comment critiquer Poutine ensuite ? Le résultat de la participation démontre que les Français ne se soucient guère du choix du candidat socialiste qui semble d’ors et déjà réduit au rang de figurant, relativisant le succès d’un Benoît Hamon, qui n’a recueilli qu’à peine plus de la moitié des voix de Sarkozy en novembre.

Comme gaulliste, qui a grandi politiquement dans la France affairiste, dogmatique et coupée du peuple de Mitterrand, et opposant au pouvoir en place depuis le début, je n’avais aucune espérance en regardant les débats de ces primaires. Les participants ont pourtant réussi à être encore plus mauvais que je le pensais. Passons sur les éliminés, y compris Montebourg, auquel je n’accordais aucune confiance, puisqu’il est à l’origine de la première loi Macron, ses accents alternatifs et démondialistes n’étant pour moi que des postures électoralistes que n’auraient pas reniées Mitterrand. N’oublions pas que c’est lui, le chantre d’un « fabriqué en France » exprimé en anglais (sic), qui a livré Alstom à GE.

Manuel Valls n’a pas brillé dans ces primaires. Bien sûr, en tant que porteur du bilan du gouvernement, il n’a pas une position facile (la hausse du chômage en décembre le rappelle), même si le casting des primaires lui a permis de se recentrer du fait de la présence de deux candidats qui l’ont opportunément débordé sur sa droite, Pinel et de Rugy. Mais il est apparu comme un Sarkozy du PS un peu fatigué, avec ses tics, certaines des postures et même parfois le programme, sur les heures supplémentaires, de l’ancien président. Sur le fond, c’est la même soupe eurolibérale qui échoue depuis des décennies, entre compétitivité, rigueur et Europe. Sur la forme, c’est un discours souvent très robotique.

Face à des candidats jouant beaucoup sur les postures, Hamon a sans doute percé par ses propositions. Mais, plus que le représentant de l’aile gauche, il en est surtout celui de l’aile libertaire, dont l’émergence s’est sans doute cristallisée face à un Valls autoritaire. Dépénalisation du cannabis, acceptation et relativisation des dérives communautaristes, attribution des causes de l’insécurité à la prison, revenu universel : Hamon n’est-il pas l’enfant de mai 68, un concentré de libertarisme ? Et sans levier pour changer le cadre européen, sa nouvelle Europe est aussi crédible que celle que le PS promet à chaque fois et qui ne vient jamais. Du coup, il ne se donne aucune marge de manœuvre. Ne représente-t-il pas une gauche qui a renoncé à agir économiquement pour se concentrer sur le sociétal ?


Aucun des deux finalistes n’est populaire. Quelque soit le vainqueur, il semble destiné à de la figuration, d’autant plus qu’il affrontera deux rivaux qui semblent les encadrer comme un étau le ferait d’une pièce bien fragile. La seule question qui semble se poser, c’est de savoir si les votants de dimanche choisiront celui qui gènera un peu plus Mélenchon, à savoir Hamon, ou celui qui gènera Macron, à savoir Valls.

8 commentaires:

  1. Le revenu universel n'a rien à voir avec 68. S'il est l'héritier de quelque chose, c'est plutôt de la deuxième Gauche : un descendant du RMI de Rocard. RMI dont le problème était moins une question d'assistanat ou pas que sa philosophie économique: confondre acceptation de la mondialisation comme un fait et refus d'agir pour minimiser ses aspects néfastes, se contenter du coup "d'indemniser" ses victimes. La deuxième Gauche a toujours eu bonne presse auprès des élites économiques et journalistiques et de la Droite mais le PS paie sans doute beaucoup plus la façon de penser que je décris que les ambiguïtés mitterrandiennes ou les synthèses hollandaises. Cette deuxième Gauche a confondu réalisme et reddition. Le débat d'hier n'opposait pas l'aile droite et l'aile gauche du PS mais deux enfants du rocardisme. Si Hamon gagne, il ne gênera pas Mélenchon qui, à défaut d'en avoir les moyens, affiche l'intention de ne pas se contenter de mettre un sparadrap sur la mondialisation. Si Valls gagne, il ne gênera pas Macron qui est un meilleur candidat "rocardien" que lui. En refusant un lâchage de lest sur la loi El Komri qui aurait permis d'éviter le 49.3, Valls a oublié la leçon de son mentor, celle du changement dans le consensus. Alors que si Macron fascine c'est parce que les électeurs des villes gagnantes de la mondialisation projettent sur lui (comme sur DSK à une autre époque) la possibilité d'une adaptation à la mondialisation sans fracturer la société française. Et si le vrai Bad Godesberg de la Gauche était non de sortir de l'ombre de Mitterrand... mais de celle de Rocard?

    JZ

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  2. Quelle époque :

    https://www.theguardian.com/technology/2017/jan/25/elon-musk-la-traffic-tunnel

    ils se croient vraiment tout permis.

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  3. "Dépénalisation du cannabis, acceptation et relativisation des dérives communautaristes, attribution des causes de l’insécurité à la prison, revenu universel : Hamon n’est-il pas l’enfant de mai 68, un concentré de libertarisme"

    N'êtes vous pas l'enfant de Néandertal avec votre bien pensance de néo-réac calcifié ?

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  4. Concernant le revenu universel, il reste conditionel aux ressources et Piketty y est favorable, sans doute un enfant de 68...

    http://piketty.blog.lemonde.fr/

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  5. Après la lecture du papier, la proposition de Hamon ne mérite plus d'être nommée revenu universel. Elle apparaît comme une aide sous conditions de plus remplaçant d'autres aides et censée aider les jeunes à avoir des qualifications adaptées au marché du travail. On passe de l'utopie à du réchauffé social-démocrate. Hamon est plus roublard qu'il n'y paraît: il a donné à du vieux les couleurs d'une grande promesse sociale type 35 heures. Hamon, ce nouveau Hollande?

    JZ

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  6. mâme Martichou, la soupe, le peçtacle est trop bon !
    ***Jacko***

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  7. Le PS est mort.
    Quant au candidat du parti Les Républicains ...

    Vendredi 27 janvier 2017 :

    67% des Français trouvent que François Fillon n'est pas honnête.
    61% des Français ont une mauvaise opinion de François Fillon.

    Selon un sondage Odoxa pour France Info rendu public vendredi, 61% des Français ont désormais une mauvaise opinion de François Fillon, après les révélations du Canard enchaîné selon lequel il a rémunéré son épouse.

    François Fillon est désormais jugé négativement par une large majorité de Français (61%). Une cote de popularité en chute libre par rapport à début novembre, où il récoltait 54% de bonnes opinions, selon un sondage réalisé par l’Ifop.

    Cependant, ces affaires ont plombé tous les autres atouts dont il disposait dans l’opinion. Ainsi les Français sont 61% à ne pas le trouver "convaincant", 67% à ne pas le juger "honnête", et 68% à penser qu’il n’est "pas proche des préoccupations des Français". Même auprès de son noyau dur, les dégâts sont visibles.

    http://www.francetvinfo.fr/politique/francois-fillon/penelope-fillon/affaire-penelope-fillon-76-des-francais-veulent-interdire-aux-parlementaires-d-embaucher-des-membres-de-leur-famille_2037513.html

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  8. @ JZ

    Pas forcément, mais au final, je persiste à penser qu’il penche dans ce sens : évoqué par Milton Friedmann, populaire dans la Silicon Valley. Et le fait qu’il soit devenu le cheval de bataille du très libertaire Hamon ne fait que me renforcer dans ma conviction… N’est-ce pas une composante essentielle de la 2ème gauche, ce qui l’a poussé à accepter l’ultralibéralisme dans bien des domaines ? Hamon ne gènera sans doute pas trop Mélenchon, en revanche, je pense que Valls pourrait faire du mal à Macron. Ils sont trop proches à la base.

    @ Anonyme

    Le revenu de base peut avoir plusieurs personnalités. Celui de Piketty est sans doute un peu différent

    @ BA

    Tendance de fond ou simple réaction ?

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