dimanche 6 avril 2014

L’arnaque de l’Europe sociale du PS


Mercredi, j’ai participé à un débat sur la chaine du Parlement Européen. Un débat intéressant sur lequel je souhaite revenir étant donné que Catherine Trautmann n’a cessé d’évoquer les positions protectrices que prendrait son parti, renaissant le mythe d’une Europe sociale.


Le mythe de l’Europe sociale

C’est le très bon livre de Vincent Coussedière qui rappelle que François Mitterrand disait en 1971 que « s’il est interdit d’envisager une Europe socialiste à court terme, à partie d’une France socialiste, l’évolution s’accélérera ». Il est assez ironique de constater que 43 ans après, toute la campagne du Parti Socialiste pour les élections européennes pourrait être construite autour de ce postulat. Selon eux, l’Europe ne serait anti-sociale que parce qu’elle serait dirigée par une majorité de gouvernements de droite. Et si jamais les amis du PS devenaient majoritaires, alors le projet européen deviendrait enfin plus progressiste et protecteur pour les citoyens. On imagine déjà le slogan « Votez pour l’Europe sociale ».

Mais qui pourrait gober de telles énormités, infirmées par tout ce qui s’est passé depuis des décennies ? C’était la promesse du PS lors de la campagne pour le traité de Maastricht. Depuis, l’UE n’a cessé d’aller dans la mauvaise direction. A la fin des années 1990, les partis de gauche étaient largement majoritaires en Europe et les traités qu’ils ont ratifiés n’avaient rien de social, certains ayant pour objectif affiché d’envoyer nos services publics français à la décharge (comme le montre la récente remise en cause par la Cour de Justice Européenne du statut de la Poste et de la SNCF), au mépris des utilisateurs et de ses salariés. Et il faut bien reconnaître que le PS a accepté tous les traités qui ont permis un affaiblissement ou une déconstruction de nos acquis sociaux, de l’Acte Unique à Lisbonne…

Grosses ficelles de communication

Le plus incroyable est que Catherine Trautmann a l’air sincère quand elle évoque les batailles que son groupe et elle auraient menées. Tout d’abord, il faut relativiser la place du Parlement dans le processus de décision, notamment sur les sujets aussi essentiels que les accords commerciaux ou la politique monétaire. De deux choses l’une, soit elle est sincère et il est stupéfiant que son expérience ne lui indique pas que la gauche n’a jamais su pousser l’UE dans une direction plus sociale et qu’au contraire, elle est en train de détruire patiemment mais méthodiquement de nombreuses conquêtes sociales de la plupart des pays. Soit elle joue la comédie, n’arrivant pas à assumer les conséquences de ses idées, au contraire de Pascal Lamy. Pourtant, la députée européenne socialiste avait l’air sincère...

Mais pour enfin défendre nos conquêtes sociales, il ne faudra pas faire dans la demi-mesure. Il faudra bruler cette Europe devenue complètement folle et antisociale. Il faudra quitter le piège de la monnaie unique, un délire qui consistait à penser que l’Allemagne et l’Espagne pouvaient avoir la même politique monétaire. Il faudra retirer toute autorité sur les négociations commerciales pour enfin se protéger, comme le font presque tous les pays du monde. Les Etats-Unis ont fermé leurs frontières aux pneus chinois quand l’Europe les a accueilli à bras ouverts : ils ont pris 10% du marché, les usines Goodyear et Continental ont fermé. L’UE est le béni oui-oui du commerce international, comme même des journalistes courageux de l’Expansion et l’Express le reconnaissent aujourd’hui. Et il faudra naturellement reprendre le contrôle des lois et des normes, trop souvent fixées dans l’intérêt des multinationales à Bruxelles.

Depuis plus de 40 ans, le PS et ses amis avancent la perspective d’une Europe plus sociale si on leur faisait confiance. La réalité est qu’ils ont accepté la construction d’une Europe profondément antisociale. C’est pourquoi il ne faudra pas croire ses promesses (tout comme celles de l’UMP).

11 commentaires:

  1. Bonjour Laurent

    Bien d'accord avec vous. Les européistes du PS Mènent le même combat que l'UMP pour ce qui est de l'Europe. Ils sont même plus dangereux car ils leur restent un vernis de gauche bien mince d'ailleurs.
    Le combat de DLR doit s'articuler autour de cette idée force:
    Le maintien du rôle de la nation va de pair avec le maintien d'un haut niveau de protection sociale. Espérons que l'on puisse faire entrer cela dans le crane de nos compatriotes

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  2. Un salut amical en passant à un « gaulliste libre », dont j'apprécie la vivacité d'esprit. Comme vous, je ressens une terrible inquiétude relative au démantèlement programmé de la superbe organisation sociale de la France, qui constitue notre colonne vertébrale. Chaque jour ou presque, de bons esprits tentent de nous persuader qu'il est temps de passer à autre chose et que, la Chine étant ce qu'elle est, nous devrions nous satisfaire d'un bol de riz et d'acupuncture (non remboursée).
    Pour ce qui est de l'Europe et de l'Euro, je vous avoue que je ne me suis pas encore fait ma religion. La France, seule, peut-elle quitter le système, revenir à la liberté de sa monnaie, et abandonner l'Euro en effet très au-dessus de ses moyens ? Je demeure partisan des nations dans l'Europe, je suis un français d'Europe, et je ne saute pas comme un cabri…J'écoute attentivement, et je lis ici (chez vous) et là (ailleurs).
    Amitiés

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  3. Le principal mystère n'est pas tant le mensonge persistant de 40 ans du PS que la capacité de l'électeur moyen à s'y faire reprendre 2, 3, 7, 12 fois...

    Allez dans un parc zoologique, donnez une coque de cacahuète vidée à un cercopithèque : il s'y fera prendre 2 fois, la troisième fois, je vous conseille de craindre ses réactions. Ainsi, à la station zoologique de Paimpont (35), un malheureux qui a tenté cette expérience a reçu les excréments du cynocéphale en pleine figure.

    Tout se passe comme si, chez l'électeur du PS, toute réaction biologique élémentaire de survie et tout circuit neurologique associé avait été totalement aboli.

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    1. Tout cela constitue un mystère. Quelle propagande peut arriver à trafiquer le cerveau des gens à ce point, jusqu'à violer les mécanismes de survie darwiniens les plus fondamentaux ?
      Il me semble que Aldous Huxley avait anticipé cela...

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    2. Si on n'arrive pas à casser le bipartisme je pense que c'est en partie du à ce fichu principe de vote utile.
      Les gens ne votent que pour éviter ceux qui ne veulent pas et donc pour le plus gros parti capable de gagner.

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  4. Madame Trautmann est sincère, parait-il? N'est-elle pas plutôt profondément naïve comme bien des socialistes qui, voulant l'Europe à tout prix, acceptent une Europe libérale au lieu d'absence d'Europe,sont prêts à accepter les régressions sociales les pires comme le Pasok grec, notamment. J'éspère qu'ils seront sévèrement sanctionnés le 25 mai comme en mars dernier lors des municipales.

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  5. @ André

    Le PS et l’UMP sont les deux faces d’un danger très proche. Totalement d’accord sur le fait que la nation et les frontières sont le moyen de défendre nos conquêtes sociales.

    @ Patrick Mandon

    Merci. Démonter la monnaie unique (et l’UE), ce n’est pas être seul dans son coin, c’est le moyen de reconstruire une autre Europe depuis une page blanche, une Europe des coopérations entre nations souveraines, sans ce centre délirant et autocratique qui veut créer un Homo Europeaus uniforme des bords de la Méditerranée au Danemark. Une Europe des projets, avec une monnaie commune, où chaque Etat reste pleinement souverain pourrait nous aider. Amitiés républicaines

    @ Rodolphe

    En même temps, le nombre d’électeurs du PS diminue (et ce parti a perdu les classes populaires), ce qui montre que les électeurs en tirent les leçons. Ils sont néanmoins en partie protégés par le fait qu’à part l’UMP, aucune autre alternative solide n’a encore émergée.

    @ Anonyme

    Interprétation intéressante.

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  6. Ce qui me surprend le plus dans ce blog mais aussi dans les réactions qu'il suscite c'est plutôt cet unanimisme pour glorifier ce "modèle social" à la française dont tous semblent si fiers ? A l'instar des anglo-saxons, je souhaite le voir anéanti. Si avec le temps, une preuve a été faite, c'est bien celle de son inefficacité, de son archaïsme, des rentes de situation qu'il génère et de l'appel d'air qu'il représente face à une immigration massive, dévastatrice et incontrôlée totalement ruineuse et stérile dans un pays à l'économie désormais exsangue. Comment ne pas admettre que les rigidités de notre droit du travail constituent un frein épouvantable à l'embauche que ne cessent de serrer encore et toujours les syndicats sur fond d'arrière-pensées, derniers exemples en date avec le travail de nuit ou dominical ...
    Vous mettez en exergue la Poste ou la SNCF en omettant complètement de faire mention d'un régime spécial de retraites éhonté injuste et dispendieux, sans parler des C.E. qui se gavent au plus grand profit de syndicats voyous et de leurs dirigeants quasi-mafieux : Est-ce donc là ce que vous prétendez maintenir contre toute évidence ?

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    1. Au regard des 6 dernières années, le modèle français semble bien plus performant que la plupart des autres grands pays dits développés. Sur l'immigration, attention aux caricatures (selon Gourévitch, elle ne représente qu'une part mineure de nos déficits) même si je suis d'accord pour dire qu'il faut la réduire fortement aujourd'hui.

      Les rentes ne sont pas une caractéristique française. On les trouve aussi aux Etats-Unis (cf dernier livre de Stiglitz) et partout ailleurs. Les rentes des banques sont particulièrement choquantes.

      On peut vouloir défendre notre modèle tout en le rendant plus juste.

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    2. Il faut arrêter le 1% du CE d'EDF... Quand les prix de l'électricité et du gaz augmentent de 15% à cause des profits, les veaux du Figaro disent "c'est normal, c'est le marché" mais ils hurlent contre ces 1%.

      Idem avec les cheminots : en prenant les délires des figaronautes (genre payés 5000 euros pour 10h00 de conduite), on arrive à un coût de 3 euros sur un billet de TGV pour le salaire du conducteur...

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    3. @ Anonyme7 avril 2014 12:11

      L'immigration massive dont vous parlez n'existe pas. L'appel d'air causé par notre soi-disant merveilleux système social n'existe que dans la propagande de ceux qui veulent démanteler le peu qui existe et accuser des innocents sans défense de tous les malheurs du peuple français. C'est abject et méprisable.

      La vérité :

      1) la France est un des pays les plus inégalitaires du monde,
      2) notre système social est tellement discriminatoire, injuste et pervers qu'il vaudrait mieux encore pour les jeunes pas de système social du tout,
      En effet on refuse tout droit à indemnisation à la majorité des chômeurs et ensuite on subventionne l'embauche des chômeurs indemnisés. Pour les jeunes c'est pire que s'il n'y avait pas d'assurance chômage du tout. Au moins ils ne seraient pas exclus systématiquement du marché du travail au motif que comme ils ne perçoivent aucune indemnité ils ne donnent pas droit aux subventions à l’embauche des chômeurs indemnisés,
      3) ce système social inique n'attire personne, et la soi-disant immigration massive dont vous parlez se réduit quasiment depuis des décennies aux rapprochements familiaux des citoyens français. Un flux qui ne devrait même pas être compté comme relevant de l’immigration.
      Vous feriez mieux de vous inquiéter des détachés d'Europe de l'Est, autorisés à faire de la concurrence déloyale à la main-d’œuvre française. Un flux qui devrait, lui, figurer dans les statistiques de l'immigration.

      "Comment ne pas admettre que les rigidités de notre droit du travail constituent un frein épouvantable à l'embauche"

      Comment pouvez-vous écrire de telles âneries ?

      CDD, intérim, temps partiels, apprentissage, stages non rémunérés, sous-traitance, emplois aidés...le patron n’a vraiment que l’embarras du choix !
      Je vous défie d’inventer plus facile, souple, confortable pour lui que le code du travail français.

      C'est dans le code de l'urbanisme que vous trouverez les rigidités qui étranglent impitoyablement toute reprise de la croissance (et donc de l'embauche) dans notre pays depuis 40 ans. Certainement pas dans celui du travail.

      @ Laurent Pinsolle

      Je ne comprends pas comment vous pensez "réduire fortement" l’immigration. Ou plutôt j'ai peur de comprendre : vous voulez aggraver encore les persécutions barbares et fascistes que doivent endurer pendant des années, en application des lois Pasqua-Sarkozy, les citoyens français qui ont commis le crime d'épouser ou de vouloir épouser un ressortissant extra-européen ?

      http://www.wlt-avocats.fr/actualites/delais-excessifs-certificat-capacite-mariage-transcrire-mariage-etranger/

      Ivan

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