samedi 23 décembre 2017

Fiscalité : le deux poids – deux mesures du Monde sur Trump et Macron

« Une réforme fiscale inique », « un pari à haut risque » : voici comment le Monde a qualifié les réformes fiscales initiées des deux côtés de l’Atlantique. D’un côté, un éditorial au lance-flammes contre le projet de l’administration Trump, de l’autre, une présentation assez neutre. Pourtant, les projets fiscaux des deux côtés de l’Atlantique sont extrêmement proches en réalité

Le Monde pris en flagrant délit de favoritisme

La lecture de l’éditorial du Monde sur la réforme fiscale votée cette semaine est croustillante. Le quotidien vespéral prévient que « les plus pauvres risquent d’en faire les frais (…) cette réforme fiscale ne s’attaque à aucun des problèmes auxquels les Etats-Unis sont confrontés aujourd’hui : creusement des inégalités, faiblesse de la croissance de la productivité, détérioration du système éducatif (…), insuffisante criante des investissements publics dans les infrastructures ». Aucun effet à attendre sur la croissance étant donné que « les profits des entreprises sont à leur zénith » et on peut craindre au contraire des coupes « dans les dépenses, à commencer par les programmes sociaux ».


Mais cette attaque en règle est à double tranchant dans la mesure où tout cela s’applique à la France, où les inégalités se creusent, les profits des entreprises sont aussi au plus haut, le système éducatif est en crise et l’Etat n’investit pas assez. Pire, les coupes dans les programmes sociaux ont commencé, avec les APL. Mais surtout, les mesures qui ont été votées sont tout de même très proches. Les grands gagnants des deux côtés de l’Atlantique seront les entreprises, (l’IS passant de 35 à 21% outre-Atlantique et de 35 à 25% en France), et les plus riches (suppression de l’ISF, baisse des taxes sur les revenus du capital chez nous, de l’impôt sur les revenus et les successions de l’autre).

Pourtant, dans son éditorial de fin septembre, pas de condamnation : le budget Macron n’est pas « inique », ce n’est qu’un « pari à haut risque ». Et si le Monde admet un « allègement fiscal substantiel accordé aux contribuables les plus aisés et, en particulier, aux fameux 1% les plus fortunés », cela est tout de même dit en termes bien délicats… Le quotidien vespéral parle de « mesures symboliques (qui) risquent de parasiter l’ensemble de la démarche budgétaire », et ne pas plaire aux Français. Même s’il reconnaît l’ampleur des mesures (la taxation maximale des revenus du capital passera de 58 à 30%), il évoque davantage un souci d’image et seulement un pari incertain sur ses effets.

Bref, ce grand écart absolument extravagant dans la façon de juger les budgets 2018 des deux côtés de l’Atlantique montre à nouveau le manque de sérieux et les préjugés effarants de ce journal qui se veut être une référence. Selon qu’elles viennent d’une personne qu’il combat ou qu’il soutient, exactement les mêmes mesures passent de l’inique dangereux et injuste au pari audacieux mais incompris… Pire encore, le Monde ne se pose pas la question des paradoxes de cette époque qui voit la richesse des uns au sommet, et ceux-là même obtenir de toujours moins contribuer à la société qui les fait riches. Ce n’est pas faute de ne pas avoir tous les éléments réunis dans le même papier…


1 commentaire:

  1. Il n'y a pas que Le Monde. Je me souviens d'un commentaire amusant de Nicolas Doze sur BFMTV au sujet des récentes réformes fiscales de Trump. Bien sûr ces réformes étaient jugées de manière positive, et estimées impossibles en France, en raison du déficit public. Malheureusement pour le commentateur, le déficit public était déjà supérieur aux USA à celui de la France avant les mesures de Trump, et ces dernières vont le faire exploser. J'en conclue qu'on se fout complètement des chiffres réels du moment qu'on fait passer un message idéologique conforme. C'est pourquoi on peut fourguer à ces "commentateurs" n'importe quelle statistique truquée (comme celle sur le chomage US), ils vont la valider sans aucun examen critique.

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