mercredi 24 mai 2017

Patrons, travailleurs pauvres : la grande divergence s’amplifie




Champagne en haut, misère en bas

Les chiffres sont frappants : les patrons du CAC 40 ont vu leur rémunération progresser de plus de 5%, à 4,5 millions d’euros, contre 4,2 millions seulement en 2015. Quand on pense qu’au début des années 1990, Raymond Levy gagnait 150 000 euros par an comme patron de Renault et que les plus de 300 000 euros de Jacques Calvet à la tête de PSA lui avaient valu la une du Canard Enchainé… Bien sûr, les Etats-Unis font tout en plus grand. Outre-Atlantique, les grands patrons gagnent 13,1 millions de dollars par an en moyenne, 347 fois plus que leurs salariés, et environ mille fois plus que le SMIC local ! C’est le patron d’Alphabet, la holding de Google, qui est en pole-position, avec 100 millions.

Et à tous les ultralibéraux, conscients ou inconscients, qui critiquent le modèle social français, on constate les immenses limites des pays proches du plein emploi comme les Etats-Unis ou l’Allemagne. Même le FMI s’inquiète de la pauvreté outre-Rhin, qui concerne 17% de la population, contre 14% en France. Le pseudo-modèle Allemand n’en est pas un, pour sa non-reproductibilité, sa monnaie trop bon marché pour le pays, et plus encore les réformes Schröder, qui ont produit ces travailleurs pauvres. La situation n’est pas plus riante outre-Atlantique, avec un tiers de la population, 73 millions de personnes, qui ont des difficultés financières et 40% qui ne peuvent pas faire face à une dépense de 400 euros !

Une autre étude montre que de 1980 à 2010, si le nombre de ménages pauvres a augmenté de 60%, les ménages riches ont progressé de 33% et la classe moyenne a décliné de 27%. Ce qui est intéressant ici, c’est de voir que dans ce monde globalisé, où règne le laisser-passer, dans des pays développés comme le nôtre, cela produit un terrible appauvrissement de la population, plein emploi ou pas car les salariés sont mis en concurrence avec ceux de pays où les salaires sont 10 à 30 fois plus bas. Voilà pourquoi la course à la compétitivité, qui est la seule voie imaginable pour les eurobéats de gauche, de droite, ou même en marche est complètement folle, antisociale et totalement illusoire.


Il est tout de même que ce sujet ne soit pas davantage ressorti pendant la campagne présidentielle, même Mélenchon préférant mettre l’accent sur de nouvelles institutions. La moindre dégradation de la situation dans notre pays explique peut-être notre retard dans l’évolution du débat public, alors que la question s’impose dans les pays anglo-saxons, au point de faire bouger Theresa May.

7 commentaires:

  1. Cette question évoquée de creusement des inégalités sera de plus en plus à l'ordre du jour quand de plus en plus de gens des classes moyennes seront déclassées. Et alors bonjour la récession.

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    1. Les indices d’une situation révolutionnaire selon Lénine sont :
      1. « Impossibilité pour les classes dominantes de maintenir leur domination sous une forme inchangée ; crise du sommet, crise de la politique de la classe dominante ; […] que la base ne veuille plus vivre comme auparavant et que le sommet ne le puisse plus. »

      2. « Aggravation, plus qu’à l’ordinaire, de la misère et de la détresse des classes opprimées. »

      3. « Accentuation de l’activité des masses. »

      L'ultralibéralisme est une forme d'autodestruction, reste à voir si "les masses" sauront s'en libérer avant qu'il ait rendu notre planète inhabitable...

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  2. La thésaurisation participe a la stérilisation de la monnaie parce qu'elle ne circule plus et pousse a une création inutile! Dans ce cas là que vous ayez ou non une "fortune", la confiance n'est jamais présente!

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  3. Ce qui m'a semblé significatif c'est la propagande gouvernementale qui commence, essayant de justifier la baisse de pouvoir d'achat organisée pour les retraités dits "aisés", au nom de la solidarité avec les jeunes actifs.
    Alors que la baisse prévue de l'ISF n'est apparemment pas contraire à la "solidarité" elle.
    Ce qu'on organise sciemment c'est la réduction des inégalités, mais uniquement au sein du bloc classes moyennes-pauvres. Ceux qui sont au dessus, ne sont pas concernés apparemment....

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  4. Il faudra s'en rappeler pour les élections de septembre prochain.

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  5. Les USA ne sont certainement pas proches du plein emploi :

    http://www.businessbourse.com/2016/12/02/usa-nouveau-record-au-30-novembre-2016-plus-de-95-millions-damericains-sont-en-dehors-du-marche-du-travail/

    http://www.businessbourse.com/2016/09/08/usa-remake-des-annees-30-le-pourcentage-dhommes-sans-emploi-est-identique-a-celui-de-la-grande-depression/

    Le taux de chômage réel est donc très proche du notre.

    Autant il est certain qu'un chômage élevé tire les salaires vers le bas et accroît les inégalités, autant il n'a jamais été prouvé qu'on pourrait faire baisser le chômage en aggravant volontairement les
    inégalités.

    Pour la France, le RU et les USA cela est très clair.

    Et pour l'Allemagne ?

    1) Comme le montrent ses énormes excédents commerciaux elle exporte énormément de chômage chez ses partenaires commerciaux,

    2) L'Allemagne bénéficie d'une démographie très favorable, contrairement à la France, le RU et les USA,

    3) Et bien malgré cela le plein emploi semble hors d'atteinte même en Allemagne. Bien que les statistiques allemandes ne soient pas aussi massivement et grotesquement falsifiées qu'en France, RU et USA, plus d'un million de chômeurs sont quand même escamotés et le chiffre réel est d'environ 4 millions de chômeurs.

    Deux fois moins qu'en France donc, mais on est encore très loin du plein emploi.

    http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/arbeitslosenstatistik-so-hoch-ist-die-verdeckte-arbeitslosigkeit-a-1133354.html

    Les réformes Harz-Schroeder n'ont pas aidé l'Allemagne, elle l'ont au contraire handicapée. Compte tenu des circonstances exceptionnellement favorables dont bénéficie le pays il aurait certainement fait bien mieux sans les réformes Harz-Schroeder.

    Ivan

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  6. @ André

    Pas faux

    @ Monezza

    Intéressant

    @ Toutatis

    Très juste. Cf papier d’aujourd’hui

    @ Ivan

    Merci

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